- France
Top 10 : Les sorties de route de Noël Le Graët
Avec son dérapage au sujet de Zinédine Zidane, Noël Le Graët a fait fort. Mais le président de la FFF n'en est pas à son coup d'essai. La preuve par dix.
La succession
La bastos à Zinédine Zidane n’est pas la seule déclaration choc de l’intervention de Noël Le Graët sur RMC ce dimanche. Il a notamment sous-entendu qu’il ne comptait pas laisser n’importe qui devenir son successeur… Et que Didier Deschamps aurait son mot à dire : « Il sera désigné assez rapidement, ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’habitude de faire n’importe quoi dans le football. […] Ce n’est pas une désignation ni un passage de témoin. Mais on peut aider quelqu’un si on veut bien. Avec Didier Deschamps, on a regardé quelques noms possibles pour me succéder. Je regarderai de près. »
?️? « Il y aura de toute façon une élection. Ce n’est pas un passage de témoins, mais on peut quand même aider quelqu’un si on le veut. En tout cas, je regarderai de près. Je serai là jusqu’à la fin de l’Euro » Noël Le Graët s’exprime sur son successeur à la tête de la FFF. pic.twitter.com/V7xECY779d
— RMC Sport (@RMCsport) January 8, 2023
Le Qatar
La gestion des polémiques liées au Qatar aura été un festival pour le président. La question du boycott de certaines fédérations, évoquée pour l’AFP à un an de l’évènement ? « Il fallait peut-être qu’ils rouspètent au moment de la désignation. C’est plus facile de critiquer quand on n’est pas qualifié. C’est trop tard. La Coupe du monde se fera au Qatar, il n’y a aucune raison que ce pays n’organise pas de grand évènement. » La défiance montrée par certaines figures françaises vis-à-vis du Qatar, évoquée dans Télématin dans les semaines précédant la compétition ? « Il aurait fallu en parler avant. On va faire le mieux possible pour respecter le pays et se respecter nous-mêmes. Les querelles d’aujourd’hui sont un peu tardives. Lorsque la Coupe du monde a été attribuée, il y a plus de dix ans, je n’ai pas vu beaucoup de manifestations. À l’inverse de beaucoup de personnes, je pense que la compétition va faire évoluer le Qatar. » Les logements insalubres des salariés travaillant sur le camp de base des Bleus, dans l’émission Complément d’enquête en octobre dernier ? « Ce n’est pas insoluble ça, c’est un coup de peinture. Il y a encore le temps de réparer ça. »
?Confronté à nos images, le président de la FFF, Noël Le Graët n’a pas semblé prendre la mesure du problème. « C’est pas insoluble, ça. C’est un coup de peinture. » dit-il. ?Maintenant sur @France2tvpic.twitter.com/y1bKqKefKw
— Complément d’enquête (@Cdenquete) October 13, 2022
Le racisme
Septembre 2020, après un PSG-OM polémique à souhait, le président pose un constat lunaire sur le racisme dans le ballon rond, en direct sur BFM Business : « Sur un match, il peut y avoir des écarts, mais dans l’ensemble, on a moins de 1% de difficultés. Il y en a eu, mais vous savez, quand un black marque un but, tout le stade est debout. Le phénomène raciste dans le sport et dans le foot en particulier, n’existe pas, ou peu. » Quelques mois plus tard, dans nos colonnes, il se justifiera d’une drôle de manière sur ce même problème au sein des instances du foot français : « Attends, moi je suis chef d’entreprise, j’ai des salariés, jamais… Même ici, ma secrétaire, allez voir sa couleur de peau. Et le directeur que je viens d’embaucher, un Diallo. Tout ça, ce sont des querelles inutiles. » En juin 2022, après l’élimination des Bleus face à la Suisse et la vague d’insultes racistes essuyée par Kylian Mbappé, ce dernier sera obligé de monter au créneau pour dénoncer le manque de soutien reçu de la part de son président, visiblement toujours convaincu que les discriminations racistes sont imaginaires.
Oui enfin je lui ai surtout bien expliqué que c’était par rapport au racisme et NON au penalty. Mais lui considérait qu’il n’y avait pas eu de racisme… https://t.co/wZ1nQfb4l4
— Kylian Mbappé (@KMbappe) June 19, 2022
L’homophobie
Noël et l’homophobie, c’est souvent un grand moment, lui qui estimait par exemple en 2019 que « le racisme et l’homophobie dans les stades, ce n’est pas la même chose », à l’antenne de France Info. « L’arrêt des matchs(pour faire face aux actes homophobes)ne m’intéresse pas. C’est une erreur. J’arrêterais un match pour des cris racistes, j’arrêterais un match pour une bagarre, des incidents s’il y a un danger dans les tribunes.[…]Je suis navré de choquer les beaux esprits, mais des banderoles comme « LFP, enc… » ne sont pas homophobes. La vraie homophobie n’est pas là. Il faut être sérieux. C’est peut-être déplacé, ordurier, mais ce n’est pas homophobe et arrêter un match pour ces propos n’a aucun sens.[…]Considérer que le football est homophobe[…], c’est un peu fort de café. » « On arrête trop de matchs, exprimait-il quelques jours plus tôt dans les colonnes de Ouest-France. Cela fait plaisir à certains ministres, mais moi, ça me gêne. » Cette année, avec la mise en place du fameux brassard One Love « inclusif » au Qatar, NLG s’en est donné à cœur joie : « J’ai été l’un des leaders pour qu’il n’y ait pas ce brassard. Trois ou quatre pays, toujours d’Europe de l’Ouest, le voulaient. D’ailleurs, ils ne sont plus en lice pour la plupart. » Il faut saluer l’audace.
Noël Le Graët demande aux arbitres de ne plus arrêter les matchs après des chants homophobes : « considérer que le football est homophobe, c’est un peu fort de café »#8h30Politique pic.twitter.com/Q1DiTvjOp6
— franceinfo (@franceinfo) September 10, 2019
L’épisode Cash Investigation
Déjà en 2013, Noël faisait polémique, dans le cadre de la diffusion d’un Cash Investigation – émission phare de France 2 – sur la thématique « Foot business : enquête sur une omerta ». L’émission mettait en lumière les pratiques, pas toujours légales, des agents de joueurs. Quid des agents qui ne déclarent pas les joueurs dont ils s’occupent, et notamment de l’influent Christophe Hutteau ? « C’est pas important important, franchement ; c’est obligatoire qu’ils envoient leur liste, mais s’ils ne le font pas, ce n’est pas un drame. Je défends aussi les agents qui se comportent bien, et ce monsieur se comporte très bien. Je n’ai jamais entendu parler de lui sur un incident, nulle part. » Le Syndicat national des agents sportifs (SNAS) avait demandé la démission du président à la suite de cela.
Les SMS
En septembre dernier, dans nos colonnes, une ancienne employée de la fédé déclarait au sujet de Le Graët : « C’est bien simple, il saute sur tout ce qui bouge. » Dans cette enquête au cœur de la fédé, des SMS graveleux envoyés par le président à des salariées du boulevard de Grenelle avaient également été révélés : « Venez dîner chez moi ce soir », « Je préfère les blondes, donc si ça vous dit… » ou encore « Vous êtes drôlement bien roulée, je vous mettrais bien dans mon lit. » Des révélations, entre autres, à l’origine de l’audit au sein de la FFF lancé par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera peu de temps après.
Noël et les ministres
Il y a un mois, en plein milieu du Mondial, Noël Le Graët se lâchait devant la caméra de La Chaîne L’Équipe, histoire d’en remettre une couche dans son conflit avec Amélie Oudéa-Castéra : « Les seules personnes à qui je dois rendre des comptes, c’est l’assemblée fédérale. J’ai été élu il y a quinze mois avec 72% des voix contre un très bon candidat, Thiriez. C’est à eux que je dois rendre compte, pas aux autres. Une revanche ? J’ai eu trois cancers. Revenir en poste, ça, c’est une victoire. Le reste… Un mot de travers dans n’importe quel journal ne peut pas me contrarier, impossible. Les ministres, ça change, beaucoup plus vite que les présidents. […] Chacun doit rester à sa place. » Défier les ministres des Sports, NLG s’en fait une spécialité, lui qui lâchait à Roxana Maracineanu, pour Le Figaro, au moment de la polémique des chants homophobes dans les stades : « Elle n’a pas l’habitude de venir au stade. C’est vrai que, dans les piscines, on n’entend pas ce qu’il se dit. » Classe.
Son soutien à Sepp Blatter
Trop content d’avoir obtenu le Mondial féminin, Le Graët n’avait rien trouvé de mieux, en 2015, de voter pour Sepp Blatter, réélu cette année-là à la tête de l’instance internationale pour un cinquième mandat consécutif malgré une flopée de casseroles à son actif. « Depuis que nous avons obtenu l’organisation de la Coupe du monde féminine, en 2019, nous travaillons très bien avec les salariés de la FIFA », lâchait-il dans L’Équipe. Le Suisse annoncera sa démission trois jours plus tard.
Les Bleues et les « tirages de cheveux »
En mars 2021, l’ambiance est désastreuse en équipe de France féminine, notamment entre la sélectionneuse Corinne Diacre et les Lyonnaises Wendie Renard, Sarah Bouhaddi et Amandine Henry, d’autant plus après une interview de cette dernière pour Canal+, en octobre 2020, dans laquelle Diacre en prend pour son grade. Interrogé à ce sujet, le big boss de la fédération est fidèle à lui-même, dans des propos rapportés par RMC : « Aucun match perdu(depuis la sortie d’Henry). Voilà ce que je retiens. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal. » Un cynisme et un sexisme qui ne passeront pas, notamment auprès d’Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances : « Sexisme ordinaire en action, écrira-t-elle. Ces propos véhiculent des stéréotypes d’un autre temps. L’égalité entre les femmes et les hommes reste à accomplir dans les faits comme dans les esprits. »
Sexisme ordinaire en action.Ces propos véhiculent des stéréotypes d’un autre temps.L’égalité entre les femmes et les hommes reste à accomplir dans les faits comme dans les esprits. https://t.co/MBOUZ1Axl0
— Élisabeth Moreno (@1ElisaMoreno) March 4, 2021
La polémique Youssoupha
À l’occasion de l’Euro 2021, l’artiste Youssoupha a interprété une chanson accompagnant l’annonce des 26 Bleus sélectionnés. Le morceau, publié sur les réseaux sociaux par la FFF, a entraîné une polémique raciste, l’extrême droite – incarnée par Jordan Bardella du Rassemblement national – étant visiblement peu heureuse de voir son pays représenté par un rappeur, qui plus est né à Kinshasa. Face au tollé, Noël Le Graet avait discrédité sans vergogne Youssoupha et son morceau, dans les colonnes du Parisien, n’hésitant pas à reporter toute la responsabilité sur autrui : « Ce sont nos jeunes salariés du service commercial qui ont eu cette idée pour accompagner le dévoilement de la liste des 26 Bleus. Personnellement, je l’ai découvert. Certains aiment le rap, d’autres moins. Youssoupha est un bon rappeur qui, comme d’autres, a pu avoir des paroles déplacées. Je crois que nous n’aurions pas dû le faire et laisser la liste être divulguée comme d’habitude, sans communication. » La grande classe, comme toujours.
Par Jérémie Baron et Léna Bernard