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Top 10 : les sensations du foot
Il y a des choses comme ça, que l’on ne peut vivre que sur un terrain de football. Que celui-ci soit carré, en synthétique, en terre, dans la ville ou sur un champ, tous les footballeurs, amateurs ou pro, bons ou bidons, partagent quelques galères et petits plaisirs. En voici quelques-uns.
1 – La brûlure de la « pizza » qu’on a sur la jambe après avoir taclé sur le synthétique
Il était beau, ce tacle glissé pour arrêter la contre-attaque adverse. Au vrai, vous vous étiez presque senti dans Olive et Tom, à parcourir un bout du terrain bombé et interminable sur les fesses. Sauf que dans la vraie vie, la joie d’avoir endossé le costume du sauveur évaporée, une petite plaque rouge-marron commence à prendre la moitié de votre tibia. Avec un peu de chance, quelques « boules noires » de synthétique sont collées dessus, pour un effet « olives noires » sur pizza. La vérité, c’est que comme en cas de petite entorse, tant que vous continuez à jouer, tout va bien. Ce n’est qu’une fois sous la douche chaude que la brûlure va vraiment faire effet. Évidemment, vous n’avez pas de pansement, sinon ce n’est pas drôle, alors sur le chemin du retour, la plaie va se coller à votre jogging. C’est parti pour quelques jours de souffrance avant cicatrisation. Avant de recommencer, quoi. Oui, pour un latéral, la pizza est un éternel recommencement.
2 – Le ballon dans les bijoux de famille
Une sensation proche de l’étouffement, mais finalement indescriptible. Prendre une balle dans les parties intimes, c’est un bruit sourd, un moment de solitude et surtout, un élan de sympathie pour les pauvres lapins qui se font tirer dessus sans s’y attendre – au fond, c’est un peu comme ça qu’on se sent. Les bons réflexes à avoir, tout le monde les connaît, mais il y a toujours un type qui tire sur l’ambulance en balançant un « il faut se lever et sauter hein, il ne faut pas rester au sol » . Le souffle retrouvé, la douleur plus supportable, vient l’heure risquée du premier pipi post-choc. Courage.
3 – La respiration qui fait mal quand il fait froid
On peut s’équiper comme on le veut contre le froid (bonnet, cache-oreille pour les amoureux du jeu de tête, collants, gants…), il y a toujours un hic. Quand la cadence de l’entraînement ou du match commence à augmenter et que la température est très basse, le corps chauffe, mais l’air que l’on inspire est beaucoup trop froid pour laisser les joueurs indemnes. De cela découle une sensation horrible de brûlure tout le long de la trachée, un peu comme quand on boit de l’eau bien fraîche après un chewing-gum à la menthe, mais en pire. La prochaine fois, tu signeras au Qatar, tu seras tranquille.
4 – La courbature du lendemain
Au lieu de boire de l’eau, tu bois du coca ? Au lieu de t’étirer, tu te marres avec tes potes avant d’aller déguster un McDo bien mérité ? Alors tu n’as pas le droit de te plaindre, juste celui de contempler. Contempler cette douleur atroce et handicapante qu’est la bonne vieille courbature. Évidemment, les footeux ne sont pas égaux devant elle. Les plus entraînés subissent moins que les footballeurs occasionnels, des gens qui souffrent. Les cuisses qui tremblent dès que l’on pose le pied par terre, une manière de marcher tout sauf naturelle, l’impression d’être couvert de bleus et, surtout, d’être un naze. Le week-end prochain, tu t’étireras.
5 – La difficulté du foot du dimanche après une cuite
15h. Un heure où vous pensiez sincèrement en avoir fini avec le trop plein d’alcool de la veille. D’ailleurs, cette sensation de mieux-être est traîtresse, car au fond, sur la route du football, vous vous sentez quand même beaucoup mieux que ce « matin » à 13h. Premier petit bémol, la moindre publicité pour de la nourriture vous ayant fait tourner de l’œil chez vous, vous n’avez pas mangé avant votre activité sportive dominicale. De toute façon, manger, c’est tricher et dormir, c’est mourir. Deuxième problème, on ne se rend jamais assez compte que Paul Gascoigne, George Best et Sidney Govou sont de véritables héros. Les sprints sont plus difficiles, les crampes plus présentes, le souffle plus court, les remarques des collègues plus pénibles. Attention au piège du débutant : ne pas cracher. En plein foot « cuité » , c’est se rapprocher du vomi.
6 – Le bonheur d’une transversale/passe réussie
« Une belle passe. Coup du pied ou plat du pied. C’est très agréable. » Cette poésie est signée Didier Digard. Au vrai, sur une pelouse de Ligue 1 ou sur un stabil’ un peu vilain, le plaisir d’une belle ouverture en profondeur n’est pas dissimulé. C’est un moment où on se regarde un peu jouer, où on regarde le fruit de son travail et où on est prêt à sauter à la gorge de l’attaquant s’il vendange l’offrande. Et puis une bonne passe, c’est ce doux mélange entre un bon bruit et un beau rendu visuel. Au fond, c’est juste mieux qu’un spectacle de Jean-Michel Jarre.
7 – La haine de se faire voler par l’arbitre
Le malheur des petites divisions. Parce que tous les jeunes n’ont pas pu jouer en 13 DH ou en 14 fédéraux et parce que, même si certains ont eu cette chance, il arrive de se faire arnaquer en poussin et en benjamin, l’heure de la justice a sonné. Quoi de plus frustrant que de survoler un match à l’extérieur, mais de se dire que l’arbitre de touche qui porte un jogging du club adverse siffle souvent, quand même. Quoi de plus frustrant que d’être arbitré par le doyen des vétérans qui ne voient pas plus le ballon que votre tante Jeannine, qui vous donne souvent 100 boules pour votre anniversaire, mais qui est aveugle. Non, on ne parle pas là de vulgaires erreurs d’arbitrage comme cela arrive tous les week-ends en Ligue 1, mais d’arnaques véritables et presque volontaires. L’avantage, c’est qu’il y a un match retour. Ah, cette phrase « on verra au match retour » , qu’elle est bonne…
8 – La volée dont on sait qu’on va la dévisser
Parce que le football est une affaire de feeling, de ressenti et de spontanéité. Parce qu’au fond, tout le monde a envie, même pendant un quart de seconde, de se sentir dans la peau de Marco van Basten, Zinedine Zidane ou Gaizka Mendieta. Parce que c’est comme ça et pas autrement, vous la tentez, cette volée. La « cheville un peu trop molle » , comme dirait Larqué, le tibia qui tape la balle à la place du pied, le manque de technique, les raisons de cette volée dévissée sont nombreuses, mais vous vous en seriez voulu de ne pas la tenter. Et tant pis s’il faut aller sur la route pour chercher le ballon.
9 – La déception du robinet « fermé » , parce que c’est l’hiver
L’entraînement a beau être aussi difficile qu’un marathon, au moment où le coach siffle pour vous dire d’aller boire, votre troisième poumon, appâté par l’eau, se met toujours en route. L’hiver est rude, mais le rêve de ce robinet d’eau vous émoustille autant que le décolleté de Kate Upton et les taches de rousseurs de Kelly Reilly. Arrivé devant les robinets, le sol est anormalement sec. Motivé, vous appuyez quand même sur le petit bouton. Et là, le drame : un bruit sourd, pas d’eau qui tombe et une immense déception. « Pas d’eau, il fait trop froid » , balance le gardien du stade. La douche promet…
10 – L’humiliation du petit pont, le plaisir d’en rentrer un
C’est un peu bête, cette histoire. Après tout, que le ballon passe entre les jambes ou à côté, si l’adversaire passe, le mal est fait. Mais comme si quelques réminiscences du fameux « petit pont massacreur » du collège subsistaient, le football d’aujourd’hui, joué par d’éternels gamins, accorde une place de choix au petit pont. En prendre un est toujours douloureux, même s’il l’est un peu moins si ce n’est pas un vrai face-à-face (une passe qui se faufile entre les jambes, par exemple). En mettre un est toujours bon, car cela met en confiance et donne l’impression d’avoir des ailes alors qu’au fond, on reste mauvais. Au final, tout cela n’est que de l’esbroufe. Le petit pont, c’est un dribble devenu humiliant et beau car les gens ont entretenu cela, comme le burger est devenu à la mode dans la totalité des restos parisiens. Au final, rien n’égalera jamais la beauté et la simplicité de la feinte de frappe, ni le côté « automatique » d’une roulette. Oui, une roulette, c’est comme une vague au surf : il y a un bon spot pour placer son mouvement.
Par Swann Borsellino