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Top 10 : Les Red Star
De toutes les étoiles, la rouge se révèle celle qui brille le plus dans la galaxie football. Partout dans le monde, des équipes affichent ainsi leur couleur. Mais attention, les apparences s’avèrent souvent trompeuses et les résultats rarement au rendez-vous.
1 – Red Star FC
Fondé en 1897 par Jules Rimet – démiurge du foot tricolore, de la FIFA et de la Coupe du monde –, le choix de patronyme n’avait rien de politique dans la tête de ce prestigieux géniteur, ancien militant démocrate-chrétien du « Sillon » (sorte de Modem avant l’heure). Il ne s’agissait alors que d’un hommage à l’anglophilie très en vogue parmi cette bourgeoisie parisienne de la fin dix-neuvième qui allait chercher ses nurses ( « gouvernantes » en VF) outre-Manche et découvrait les sports athlétiques dans la langue de William Shakespeare. D’ailleurs, installé au départ dans le quinzième arrondissement, il faudra qu’il passe la petite ceinture et franchisse les « fortifs » (les anciennes fortifications de Paris, ndlr) en s’installant à Saint-Ouen pour que s’opère une longue et lente mue culturelle. Aujourd’hui, on crie « étoile rouge » dans les gradins de Jean-Bouin, destin paradoxal d’un club revenu contraint et forcé dans les beaux quartiers.
2 – Le FC Red Star Merl-Belair
Au cœur du Grand-Duché du Luxembourg, sympathique paradis fiscal niché dans l’UE, il existe depuis 1927 un Red Star qui continue le combat sur les pelouses de première et, aujourd’hui, seconde divisions. En toute humilité bien au chaud dans son stade Prince-Jean où s’égaillent ses nombreuses équipes de jeunes. Il demeure des lieux où un nom ne pourra jamais troubler la quiétude des verts pâturages et des humbles terrains de l’éternelle paix sociale.
3 – Red Star Strasbourg
Anciennement dénommé FC Frankonia 1900 Straßburg, du temps de Guillaume II, le retour dans la mère patrie lui vaut un changement de nom pour marquer le coup : Sport-Club Red-Star Straßbourg. Ayant refusé de passer pro, ce qui laissa le champ libre au Racing Club, son destin sera terrible pendant l’occupation nazie. L’Alsace annexée, notre Red Star se retrouve ainsi défiguré en un paravent de la Waffen SS (SG SS Strasbourg), dressé face au RCS, symbole de l’attachement à la France. Il parviendra même en quart de finale du championnat du troisième Reich. Ironie de l’histoire, un certain Fritz Keller, ancien Bleu, y tapera le cuir pour la plus grande satisfaction de la propagande nazie. Après la libération, le club retournera pour toujours à l’anonymat des divisions inférieures.
4 – Red Star Belgrade
« Étoile, d’accord, mais elle sera rouge alors ! » En mars 1945 l’affaire est tranchée dans une Yougoslavie qui s’est délivrée seule de l’envahisseur nazi, sans l’aide du grand frère soviétique, grâce à Tito et ses partisans. Le club portera ensuite très haut l’oriflamme footballistique du « socialisme autogéré » d’un pays qui fait le funambule entre les blocs. Contre-pied sanglant, il incarnera aussi, le temps d’un terrible match contre le Dinamo Zagreb, le renouveau du nationalisme serbe. Ses ultras en formeront, entre autres, le bras armé durant le conflit, crime de guerre compris. Mais, avant, il aura eu le temps d’accrocher une Coupe des champions à son palmarès, et dans le dos de la fierté marseillaise.
5 – Red Star Club de Champigny
Le RSCC fut fondé en 1925. Adhérent à la Fédération sportive du travail, section française de l’Internationale rouge des sports, cette belle désignation illustre bel et bien les convictions des dirigeants. Chose surprenante quand on connaît alors le peu de goût des communistes français pour tout ce qui peut arriver de l’autre côté du Channel ou tendre à imiter les us et coutumes de l’ennemi de classe. Le football sera l’un des fers de lance de cette grande association omnisports, incrusté au cœur du futur (et désormais ultime) bastion rouge du Val de Marne.
6 – Estrela Vermelha Beira
Quelque part en Afrique australe, au Mozambique, l’Estrela Vermelha de Beira fraie son chemin sur les bords de l’océan indien et à l’ombre du Ferroviário, grand club de la ville jumelée avec Porto. Avouez que cela sonne tellement plus joli et poétique en portugais…
7 – Chicago Red Stars
Aux States, les étoiles sont nombreuses. Et elles se déclinent au féminin. Évoluant en professionnel dès le départ, l’équipe première est désormais inscrite dans la National Women’s Soccer League. Seule petite particularité – et note distinctive –, elle fut la première équipe féminine à compter des supporters vraiment organisés et qui adoptèrent le patronyme de « Local 134 » , référence à la section syndicale des électriciens de l’Illinois. Un hommage à l’histoire ouvrière de cette ville qui se dressa souvent contre le patronat et l’injustice sociale.
8 – Red Star Football Club (Seychelles)
Dans l’océan indien, les Seychelles ne sont pas seulement une destination touristique pour riches Européens. Voici treize années que son Red Star rivalise avec le Saint-Michel United pour dominer l’élite de l’archipel. Tout cela pour finalement se heurter dans les compétitions de la CAF à la terrible AS Saint-Louisienne de La Réunion ou aux Tanzaniens. Une étoile ne meurt jamais vraiment.
9 – Rote Stern Leipzig
Si, souvent, Red Star ne signifie rien d’autre qu’un nom du patrimoine footballistique un peu plus original que FC ou Olympique. Sauf qu’en Allemagne, on connaît et respecte encore le poids des mots. À Leipzig, en ex-RDA donc, où sévissent le chômage et l’activisme néo-nazi, la Rote Stern défend les valeurs d’un football populaire, à l’identité antifasciste assumée. Au point de se faire attaquer dès sa naissance, à Brandis, par des militants d’extrême-droite. La marque Lonsdale, souvent associée au mouvement skinhead et récupérée par sa frange raciste, ne s’y est pas trompée en en devenant l’un des sponsors.
10 – Stella Rossa
Pas trop loin de Naples, à Ponticelli, l’UISP (UISP Sport per Tutti) – vous savez, la vilaine Fédération de rouges contre laquelle jouaient les footballeurs de Don Camillo – propose un modeste championnat, soutenu par l’association « Rock For life » . Et où s’est évidemment inscrit la bande de copains de la Stella Rossa.
Bonus – Club Deportivo Estrella Roja de Bogota
Si l’Estrella Roja Fútbol Club de Caracas, appuyée fortement par les militaires sous Chávez, n’a pas survécu à la déliquescence économique du régime, l’Estrella Roja de Bogota continue, elle, avec plus de modestie et d’indépendance, sa route progressiste. Initiée en 1987 par des professeurs et des universitaires pour « former nos jeunes athlètes, non seulement pour le football professionnel, mais aussi pour atteindre l’excellence professionnelle dans d’autres tâches qui apportent des progrès et de la prospérité à notre pays » , il se préoccupe moins de ses performances que de l’apport social de son activité. Gageons que dans une Amérique latine où les révolutionnaires gardent toujours de faux airs christiques – n’est-ce pas le Che –, Jules Rimet aurait finalement approuvé…
Par Nicolas Kssis-Martov