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Top 10 : les pires scènes de football
Le ballon rond et le grand écran ont quelquefois fait bon ménage. Mais bien souvent, le réalisme reste au vestiaire et les aberrations s'invitent sur la pelouse. À l'occasion du festival du film de football La Lucarne, qui se tient ce week-end à Paris, revue d'effectif des scènes les plus improbables jamais filmées. Avec beaucoup de spoilers. Mais sans Les Seigneurs, 3 Zéros et Didier. On est fair-play.
Goal ! : Naissance d’un prodige – le coup franc impossible
Santi Nuñez, jeune Mexicain émigré aux States, taquine la gonfle sur des terrains poussiéreux, sans espoir de percer un jour. Mais un ancien pro de Newcastle repère « par hasard » son immense talent. Il file alors vers l’Europe et finit titulaire lors du match décisif pour la qualification en Europa League. À la dernière minute, les Magpies obtiennent un coup franc à l’angle de la surface de réparation adverse. Maintenant, il faut savoir que Goal ! dispose du soutien de la FIFA. Les coéquipiers de Santi se nomment donc Alan Shearer, Patrick Kluivert ou Laurent Robert. Et Gavin Harris, la « star » anglaise de l’équipe inventée pour l’occasion. Mais c’est bien Santi qui tire le coup franc. Après avoir embrassé sa croix pendant dix minutes et au bout d’une course d’élan caricaturale, la nouvelle idole de St James’ Park trouve la lucarne opposée. Du gauche. Il est droitier.
Goal 2 : La Consécration – but raté, but encaissé
Après leurs exploits anglais, Nuñez et Harris rejoignent les Galactiques du Real Madrid. Pour finir en finale de Ligue des champions, contre Arsenal. Santi est pressenti comme titulaire, mais cède sa place à son pote Harris. L’Anglais doit faire partie du onze de départ pour que son contrat soit prolongé et être sélectionné pour la Coupe du monde à venir. Ce qui tombe sous le sens. Le match (le huitième de finale de 2005-2006 en réalité) voit Arsenal rapidement mené 2-0. Mais Santi fait son entrée à la pause. Le club merengue évolue donc avec Ronaldo, Raúl, Robinho, Harris et Nuñez en attaque, alimentés par Beckham, Zidane et Guti. Cette armada offensive ne suffit pas, et les Gunners obtiennent un penalty. L’impensable se produit : Casillas détourne le tir sur sa barre, Santi récupère et balance le ballon devant, Harris le reprend de volée à l’entrée de la surface adverse et trompe Lehman. C’est bien connu, toute l’équipe monte à l’abordage lorsqu’elle bénéficie d’un penalty. Surtout en finale de Ligue des champions. Et on peut faire une passe d’une surface à l’autre sans problème.
Les Collègues – la défense baleine
Les tribulations de « l’Espoir Club Borretti » , petit club des quartiers de Marseille, menacé de dissolution. Pour sauver sa peau, il doit remporter la « Mondialette » , compétition amateur parallèle à la Coupe du monde, et ses 300 000 francs de gains pour se sauver. Avec au casting, rien de moins que Joël Cantona et Patrick Bosso. Avec leur équipe faite de bric, de brac et de branques, les Marseillais doivent recourir à des gestes peu académiques pour triompher. Comme mettre un bon coup de bidon pour stopper l’attaquant lancé à pleine vitesse. Pourquoi pas.
À nous la victoire – Rocky dans les bois
Inspiré d’une histoire vraie, le film retrace un match entre les prisonniers d’un camp de concentration allemand et leurs geôliers. Outre Pelé, Bobby Moore, Osvaldo Ardiles ou Kazimierz Deyna, l’équipe des captifs peut surtout compter sur son gardien américain, Robert Hatch, interprété par rien de moins que Sylvester Stallone himself. Résultat, des prises de balle loin d’être rassurantes et des sorties kamikazes à la pelle. Le pire reste tout de même la confrontation elle-même, où la seule possibilité de récupérer le ballon consiste en un bon tacle glissé des familles et où on peut savater les joueurs au sol sans problème. Le meilleur, c’est cette Marseillaise entonnée par le public du stade de Colombes. Tout le monde chantait à l’époque. Pas comme maintenant.
She’s the man – It was just a dream
Dans cette espèce de sous-téléfilm Disney, l’équipe de soccer de Viola est supprimée par l’administration de son lycée. Lorsqu’elle tente de rejoindre celle des garçons, elle se fait rembarrer par le coach, un tantinet macho sur les bords. Elle met alors au point un stratagème consistant à se faire passer pour son frère jumeau dans l’équipe de l’école rivale. Une situation pas facile à vivre qui l’amène à rêver de jouer un match en robe de gala. Sous les ordres de coach Vinnie Jones (encore lui). Malgré sa tenue et les contacts pour le moins violents entre les joueurs, Viola parvient à se frayer un chemin jusqu’au but. Malheureusement, elle glisse au moment de sa frappe. Bernard Lacombe like this.
Kicking & Screaming – les vertus du dialogue
La confirmation que les Américains ne comprennent définitivement rien au foot. Le film comporte pourtant son lot de séquences drolatiques. Forcément, puisque l’inénarrable Will Ferrel y campe l’entraîneur d’une équipe de gamins tendance losers profonds. En revanche, rayon réalisme, on s’approche du néant le plus total. Mention spéciale au moment où le fils de Will et le dernier défenseur adverse se lancent dans un clash digne des plus grands westerns. Comme ça, peinard. Le gentil blondinet enchaîne ensuite avec une roulette du plus bel effet, efface le gardien qui sortait pour rien et marque. Le tout au ralenti et sur fond de musique grandiloquente.
Mean Machine – Vinnie the Poo
Après avoir joué les méchants pour Guy Ritchie, Vinnie Jones renoue avec le football dans ce remake de Plein la Gueule, où il incarne Danny Meehan. Cet ancien capitaine des Three Lions, banni par la FA pour avoir arrangé un match Angleterre-Allemagne, prend trois ans de taule pour coups et blessures sur deux policiers. Le directeur de la prison lui propose d’entraîner l’équipe des gardiens, mais de peur des représailles, il choisit le camp des taulards. Arrive fatalement le temps du match entre les deux camps. À la mi-temps, les Mean Machines mènent 1-0, mais le directeur fait chanter Danny pour qu’il arrête de jouer. Ce qui fonctionne, jusqu’à… la dernière minute ! Coup franc pour les matons, bien sûr tout le monde est monté, le gardien stoppe le tir, le ballon est dégagé. Vinnie, un mec qui a fait carrière sur sa réputation de bad guy, efface le dernier défenseur d’un somptueux combo sombrero/aile de pigeon, puis le gardien d’un crochet. Là, au lieu de simplement marquer dans le but vide, il attend l’arrivée du pire joueur de son équipe pour que celui-ci marque. Vinnie, un cœur gros comme ça.
Soccer Dog – toutounaze
On n’a pas mis Didier. Parce qu’il existe bien pire. Soccer Dog est exactement ce que son titre laisse entendre : un film à propos d’un chien qui joue au football. Et pas sporadiquement, comme Chabat, mais de façon officiel, avec un maillot à sa taille et une place dans l’équipe type. Et même le statut de joueur-clef. Il faut dire qu’avec sa conduite de balle léchée, sa vision du jeu instinctive et ses frappes de mule, Lincoln (son petit nom) a les arguments pour rendre jaloux plus d’un humain. Prends-ça, Frank Lebœuf.
Battleship – Quel genre de bourrin êtes-vous ?
La vidéo n’existe pas encore, il va donc falloir nous croire sur parole. Ou vérifier par vous-même. Quoi qu’il soit, ce superbe navet met en scène l’attaque d’Hawaï par une race extraterrestre répondant au doux nom de « Régents » . Fort heureusement, un exercice militaire de grande ampleur regroupant plein de navires américains et japonais a justement lieu au même temps. Et, avant que les envahisseurs venus d’ailleurs ne se pointent, les types se font un petit match de soccer pour passer le temps. Outre Rihanna qui met des mains au panier et des ciseaux défensifs, on a le droit à la crème de la crème du dialogue. Lorsqu’un Yankee s’apprête à tirer un pénalty, un Jap s’approche et lui balance : « Il y a deux sortes de bourrins Hopper. Celui qui regarde où il va tirer, et celui qui regarde où il ne va pas tirer. Quel genre de bourrin êtes-vous ? » . Ce à quoi, ledit Hopper, pas décontenancé pour deux sous, rétorque : « Le bourrin qui patate en visant le goal en pleine gueule » . Fatalement, son tir s’envole vers les nuages. D’où Ramos face au Bayern.
Guys and Balls – la physique n’a rien à voir là-dedans
Ecki se fait virer de son club parce que ses coéquipiers l’ont surpris en train d’emballer un mec. Ce qui est assez mal vu dans son bled – fictif – en périphérie de Dortmund. Rancunier, il décide alors de monter une équipe de gays pour battre ces rustres homophobes. À qui rien ne sera épargné : regards équivoques, marquage au caleçon, pelotage en règle… Tout l’éventail des clichés possibles et imaginables. Le mieux reste tout de même ce pénalty où le ballon fait gardien, poteau, barre, gardien, barre, sol, air, arrêt du gardien juste avant l’arrivée de l’attaquant. Un coup à vous fâcher avec la tolérance.
Par Charles Alf Lafon