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Top 10 : les odeurs du football
S’accouder à la rambarde gelée, sentir l’odeur de la merguez grillée, la bouffer, voir un joli but, puis gueuler pour le fêter. Le football a toujours été une affaire de sens et ce n’est pas pour rien que certaines odeurs du football sont devenues incontournables. Sur un terrain en terre, sur un synthétique ou devant 50 000 personnes, dans des vestiaires pourris ou à l’Allianz Arena, voici dix odeurs qui font le football. Partout.
- La puanteur des chasubles sales
« Mais si, je les ai lavées, promis ! » Depuis ce mercredi soir d’été, vous savez bien que votre entraîneur est un menteur. Lui-même qui, avec le sourire du mec qui sait pertinemment qu’il va vous avoir, vous tend cette chasuble orange, un peu déchirée par endroits. Mais le vrai problème, vous le connaissez, et ce ne sont pas les trous, mais plutôt cette odeur aussi pestilentielle que singulière. La « puanteur chasuble » , c’est un savant mélange entre la transpiration et le mal-séché. Une vraie arme chimique. Du coup, bah on voit des types qui se battent pour être dans l’équipe des « sans-maillot » et d’autres qui, mis devant le fait accompli, proposent de se mettre torse nu par -10 degrés, quitte à risquer une pneumonie. La prochaine fois, tu les laveras à la maison.
- L’odeur du vestiaire
Un pot-pourri, mais vraiment pourri. Pas l’espèce d’horreur d’Ambi Pur ou d’Air Wick. Un mélange de sacs qui puent, de sacs qui sentent bon, de déodorants – il y a toujours un salaud pour avoir le « Brut » vert qui pue bon – de gels douches et de porcs qui ne se douchent pas.
- Le protège-tibia
Deux écoles, un résultat. Il y a ceux qui avaient le « protège-tibia double » , avec chevillère intégrée, une vraie ode au renfermé. Et le combo « protège-tibia simple + élastoplaste à l’extérieur » , un truc d’esthète. Mais finalement, esthète ou adeptes du renfermé, la donne est la même : on prend un immense plaisir à les retirer ainsi qu’à faire des petites boules de peau morte en frottant de manière circulaire sur son tibia. Ça, c’est un peu crade, mais mille fois moins inavouable que cette odeur de transpiration ignoble causée par la protection. Ceux qui ont eu un plâtre savent de quoi on parle.
- La buvette d’un tournoi
La buvette d’un tournoi, c’est le lieu convivial par excellence. On y trouve les petits qui, en plein tournoi et dix minutes avant un match, se mettent un coca, un merguez frites puis un Mister Freeze bleu – le meilleur -, mais aussi les parents qui sont venus passer la journée à boire des bières avant d’utiliser la rambarde pour tenir debout. De ce palais des plaisirs émane une odeur fabuleuse. Celle du barbecue, de la friteuse et de la sueur, des sauces trop grasses et des produits parfois dégoûtants. Des souvenirs olfactifs plein le nez et de la nostalgie gustative dans les papilles pour les petits qui, à cause de cette buvette, ont été éliminés au « concours de penalty » , parce qu’ils n’ont pas pu se présenter sur le terrain F quand on les appelait. Alors bien sûr, pour ceux qui avaient quelques Portugais dans leur équipe, il y avait aussi l’odeur du poulet-patate-sumol. Oui, ce menu qu’ils dégustaient sur cette table en plastique pliable totalement folle.
- La pelouse fraîchement tondue
Cette odeur n’a pas à voir qu’avec le foot. D’ailleurs, avec celle de l’essence, celle de la laverie, et celle du bitume chaud refroidi par la pluie, l’odeur d’une pelouse fraîchement tondue est sans aucun doute dans le top des odeurs de la vie. Mais pour ceux qui ont eu la chance de fouler un bon gazon, l’odeur fraîche de la verdure donne comme un coup de fouet olfactif. Un vrai produit dopant. Mais ce n’est pas une raison pour arracher des petites touffes quand vous êtes assis dessus. Ça use le gazon. On va le dire au gardien du stade.
- Le terrain synthétique sous un soleil de plomb
Vous ne le savez pas encore, mais ces petites boules noires des synthétiques « nouvelle génération » qui sont en train de brûler sous le cagnard sont un véritable calvaire pour vos articulations et plus particulièrement pour vos genoux. Ce que vous savez en revanche, c’est qu’il se passe quelque chose de suffisamment néfaste chimiquement pour que l’odeur de ces petites boules qui se mettent un peu partout chez vous quand vous rentrez vous monte au nez et rentre dans vos poumons. Donc non, il ne faut pas s’allonger dessus. En plus, ça brûle.
- Le sac de foot que tu as délaissé comme un idiot
Vous êtes du genre à remettre les choses à demain et c’est très bien comme ça. Mais là, vous venez de rentrer à la maison et ça pue. Fort. Quelque part entre la décharge napolitaine en plein air et ces remontées de cuisine de votre voisine portugaise, amoureuse de bacalao et d’oignons. Vous sniffez, un peu partout, et le coupable est là, devant vos yeux. Ce sac de foot qui traîne la depuis trois jours avec tout ce qu’il faut à l’intérieur. Le maillot encore mouillé, le short qui sentait bon et qui n’avait rien demandé, mais qui s’est mis au diapason et les chaussettes, sur lesquelles poussent des cultures de champignons. Maintenant, il faut les laver. À vos masques à gaz.
- Le fumigène
Typiquement l’odeur qui rappelle qu’on a franchi la ligne de la légalité. Outre son bruit particulier, tel un crépitement, le fumigène a une odeur atypique, bien à lui. Il mêle le soufre et le sec. Il fait planer une odeur très massive, qui n’est pas sans rappeler celle des défilés étudiants contre la mise en place du CPE. Surtout, le fumi dégage quelque chose une fois consumé et jeté à terre par un steward. Comme un sentiment d’après-guerre. Du genre « il s’est passé quelque chose ici ». L’odeur prend surtout au nez. À la différence des pots de fumées qui font cracher les poumons. C’est l’odeur du bordel organisé, de la ferveur, de la folie.
- Le gaz lacrymogène
Tu es plutôt poivré. L’odeur te prend d’abord à la gorge avant de ravager ta cloison nasale et tes orbites. Tu as presque envie d’éternuer, mais tu as peur de cracher du sang. En règle générale, tu découvres cette odeur en dehors du stade. Soit parce que tu as voulu te balader trop longtemps en ville, soit parce que tu as souhaité rencontrer tes homologues. Pis, l’odeur reste sur tes fringues. Comme la mort. Ou la clope. Le soir, une fois rentré chez toi, tu enlèves ton sweat de manière désordonnée et les relents du lacrymo viennent te pourrir les draps et la rétine. Ton nez est rouge. Tu as flingué la moitié de tes Kleenex. Oui, tu pues.
- L’équipement neuf
Nouveau survet’, nouveau short, nouveau maillot. Le tout, encore dans une espèce de plastique qui arrive tout droit de Chine. Un truc qui, sentimentalement, sent un peu comme le protège-cahier qu’on achète avant la rentrée. Ça sent le début d’année. Le moment des courses pour retrouver la forme. Le moment des petits vomis, aussi.
Par Swann Borsellino, avec Mathieu Faure