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Top 10 : les Nice-Nantes d’anthologie

Par Jérémie Baron
8 minutes
Top 10 : les Nice-Nantes d’anthologie

Il y a fort fort longtemps, les Nantes-Nice - affiche de la finale de Coupe de France ce samedi - étaient de vrais chocs du championnat de France. À travers les années, cette confrontation a en tout cas offert plusieurs épisodes mémorables. En voici une sélection qui sent bon les années 1970, saupoudrée de quelques belles déculottées, du coup de patte de Julio Hernán Rossi, des coups de canon d'Hervé Revelli, des larmes d'Henri Michel et d'un doublé fantôme de Valère Germain.

3 mars 1968 : Nice 5-1 Nantes

Division 1, 26e journée, stade du Ray

Alors que Nantes reste sur deux titres de champion (1965, 1966) et une deuxième place (1967), la saison 1967-1968 est un violent coup d’arrêt pour les Canaris. Au contraire, Nice retrouve les sommets atteints dans les années 1950 : début mars, les Jaune et Vert de l’illustre José Arribas déboulent au stade du Ray et explosent (5-1) malgré une égalisation de Bernard Blanchet après l’ouverture du score de René Fioroni dès la 8e : Charly Loubet, Jean-Pierre Serra, Rafael Santos (sur penalty) et Albert Robin font s’envoler les Aiglons, qui termineront dauphins de Sainté en fin de saison.


15 mars 1972 : Nice 0-0 Nantes

Coupe de France, 8es retour, stade du Ray

Les 0-0 aussi marquent des rivalités, et cela fut le cas lors du premier affrontement entre ces deux équipes en Coupe de France. En huitièmes retour, après une victoire niçoise 1-0 quatre jours plus tôt (la première en terres nantaises depuis 26 ans) à une époque où la compétition se jouait en deux manches à partir de ce stade, l’Argentin du FCN Ángel Marcos s’élance sur penalty, alors que le score est encore nul et vierge. « Je n’en ai jamais raté un seul », assurait l’attaquant. Le cuir file pourtant à côté, et Nantes passe à la trappe. « Je n’en tirerai plus jamais de ma vie », conclut-il. Nice se fera néanmoins sortir dès le tour suivant par l’OM.


28 mars 1973 : Nantes 2-2 Nice

Division 1, 28e journée, stade Marcel-Saupin

À ce jour, voir Nantes et Nice truster ensemble les deux premières places de l’élite est une chose qui ne s’est produite qu’une seule fois. Lors de cette saison 1972-1973, Nantes est dans une période faste, et le Gym retrouve peu à peu les sommets, qu’il effleurera pendant cette décennie 1970. Lors du match aller dans les Alpes-Maritimes, Nantes est cinquième au moment de se déplacer chez le leader niçois, qui s’amuse de la bande d’Henri Michel (3-0, réalisations de Dick Van Dijk, Hervé Revelli et Charly Loubet après la pause). À Saupin, six mois plus tard, c’est un choc au sommet qui se joue à dix journées du terme, et les rôles sont inversés puisque les Jaune et Vert sont passés leaders et les Azuréens troisièmes. Ces derniers reviennent deux fois dans le match : Revelli – encore lui – répond en une minute à Didier Couécou, puis le Suédois Leif Eriksson égalise sur penalty à quelques minutes du coup de sifflet final après le but contre son camp de Christian Vandini en fin de premier acte. Ensuite invaincu sur ses sept dernières sorties, le club du 44 raflera son troisième titre de champion, cinq points devant son dauphin niçois.


9 avril 1974 : Nice 1-1 Nantes

Division 1, 31e journée, stade du Ray

En 1973-1974, l’OGCN affiche une équipe remplie d’internationaux (en amical face à l’Allemagne de l’Ouest le 12 octobre 1973, six Niçois seront même alignés ensemble en équipe de France) et s’offre deux frissons européens en sortant le Barça puis Fenerbahçe, en Coupe de l’UEFA. Mais en championnat, le Gym ratera le top 4, et c’est le FCN qui accrochera une belle deuxième place. En fin de saison au stade du Ray, Nantes et Nice font match nul (1-1) dans une rencontre restée célèbre côté canari d’un point de vue statistique : il s’agit du 111e et tout dernier caramel en première division avec le Football Club de Nantes pour Bernard Blanchet, onze saisons au FCN et plus grand artilleur de l’histoire du club en D1. C’est également le 140e but nantais de Blanchet toutes compétitions confondues, chiffre que seul le mythique Philippe Gondet a dépassé (146 entre 1963 et 1971).


4 juin 1976 : Nantes 1-1 Nice

Division 1, 36e journée, stade Marcel-Saupin

« En 1976, les Aiglons pensent enfin être couronnés en D1, mais de grosses erreurs d’arbitrage contre Saint-Étienne et à Nantes anéantissent leur rêve » : selon le site officiel du Gym lui-même, c’est donc notamment en partie pour ce déplacement dans la cité des ducs de Bretagne, lors de l’avant-dernière journée, que le club sudiste – oscillant alors entre la deuxième et la troisième place – laisse le titre une nouvelle fois s’échapper en 1975-1976. Grâce à ce nul (avec un but d’Eric Pécout avant l’égalisation niçoise par Daniel Sanchez), Nantes vient de son côté sans le savoir de poser les bases de l’une de ses périodes les plus mémorables : à partir de ce 4 juin et de ce succès polémique, les Canaris enchaîneront 92 rencontres sans défaite dans leur forteresse de Saupin, jusqu’en avril 1981, soit presque cinq années complètes. Encore et toujours un record, évidemment.


2 mai 1978 : Nantes 6-1 Nice

Division 1, 38e journée, stade Marcel-Saupin

En 1978, Nantes et Nice se retrouvent pour l’ultime journée, alors que le club breton, deuxième après être resté muet sur le terrain de la lanterne rouge Rouen (0-0), espère un faux pas de l’AS Monaco – un point devant – pour pouvoir lever les bras à la photo-finish. Et les Jaune et Vert ne font pas dans la dentelle : menant 1-0 à la pause et après avoir concédé l’égalisation de Josip Katalinski, ils en collent six aux coéquipiers de Jean-Marc Guillou, Dominique Baratelli, Roger Jouve et Henri Zambelli (Patrice Rio, Gilles Rampillon, Michel Bibard, Eric Pécout, Henri Michel et Maxime Bossis pour les buteurs). Peu après le but du 2-1 de Rampillon, Saupin exulte même, laissant penser aux acteurs sur le terrain à une égalisation de Bastia contre Monaco. Mais au coup de sifflet final, stupeur : si le peuple nantais s’est excité, c’est simplement pour un penalty monégasque raté par Delio Onnis, et pas pour une égalisation bastiaise. Le club du Rocher s’impose (2-1) et Nantes perd le titre.

Henri Michel

Mais ce n’est pas la fin de l’histoire, comme le racontera le coach Jean Vincent : « J’avais convoqué les joueurs pour qu’on visionne le film de la rencontre.[…]J’avais pensé que c’était une bonne occasion de se retrouver une dernière fois, avant le départ en vacances. Au début, c’était décontract’, les gars parlaient entre eux, ils plaisantaient presque. Mais au fur et à mesure que les images défilaient, le silence s’est installé dans la salle. Ils se revoyaient sur l’écran, balayant les Niçois comme des fétus de paille, rayonnant de bonheur à chaque but marqué. J’étais au premier rang et quand le film s’est achevé, constatant qu’il n’y avait toujours pas un bruit, je me suis retourné. La lumière venait de se rallumer, et là, j’ai vu un spectacle incroyable, je ne l’oublierai jamais, tous les joueurs pleuraient. Oui, tous. Et croyez-moi, voir des gaillards comme Bossis, Rio, Michel et Bertrand-Demanes chialer comme des gamins, ça vous prend à la gorge. »


5 octobre 1996 : Nantes 7-0 Nice

Division 1, 11e journée, stade de La Beaujoire

Après deux saisons de frissons entre un titre légendaire en 1995 et une épopée en Ligue des champions en 1996, le FC Nantes démarre très mal son exercice 1996-1997 : début octobre, avant la onzième journée, les Canaris sont relégables au moment d’accueillir Nice, dix-septième et trois points plus haut. Le réveil sera brutal : les locaux cognent sept fois avec sept buteurs différents (Jocelyn Gourvennec, Japhet N’Doram, Éric Decroix, Bruno Carotti, Nenad Bjeković, Claude Makélélé sans oublier le bonbon de Frédéric Da Rocha). Ce sera le début du redressement, pour le futur champion de France 2001.


12 août 2006 : Nice 1-1 Nantes

Ligue 1, 2e journée, stade du Ray

Autre décennie, autre contexte : en 2006, Nice est stabilisé dans le ventre mou, alors que Nantes enchaîne les saisons galères et mettra fin à 44 années consécutives de présence dans l’élite, à l’issue de cet exercice, avec une piteuse vingtième place. Pourtant en début de saison, les coéquipiers de Mauro Cetto, Dimitri Payet ou encore Claudiu Keșerü arrachent un point précieux au Ray, dans une partie marquée par le malaise de l’ancien Canari Marama Vahirua – et sa sortie avant la pause -, mais surtout illuminée par deux superbes coups francs offerts en seconde période.

Ederson

À la 54e, des trente mètres, le crack niçois et futur Lyonnais Ederson grille la politesse à Florent Balmont et enroule un petit bijou dans la lucarne de Vladimir Stojković. L’éphémère argentin Julio Hernán Rossi lui répond à deux minutes de la fin du temps réglementaire, d’un peu plus loin, en trouant les ficelles d’Hugo Lloris. L’un des rares sourires de cette terrible saison nantaise.

Les buts à 5:11 et 6:08


16 janvier 2014 : Nantes 4-3 Nice

Coupe de la Ligue, quarts de finale, stade de La Beaujoire

Dix jours après la même affiche au même endroit, mais en Coupe de France (victoire 2-0 des Aiglons avec un but gag de Didier Digard sur une boulette d’Erwin Zelazny), Canaris et Aiglons se retrouvent en quarts de finale de Coupe de la Ligue pour un feu d’artifices presque inattendu, un mercredi soir de janvier devant moins de 12 000 personnes. Didier Digard remet ça sur coup franc, Filip Djordjevic signe un joli doublé pour renverser le score, Timothée Kolodziejczak et Oswaldo Vizcarrondo placent leur tête pour porter le score à 3-2, puis Nice ensemble arracher la prolongation quand l’inévitable Darío Cvitanich, tout juste entré, égalise à la 85e. Mais c’est compter sans Serge Gakpé, en pleine bourre cette saison-là et qui crucifie le Gym d’une frappe osée et rasante, faisant mouche à longue distance. Les supporters nantais seront également gâtés au tour suivant contre Metz (victoire 4-2) avant de déchanter en demies contre le PSG (défaite 2-1).


3 octobre 2015 : Nice 2-2 Nantes

Ligue 1, 9e journée (match arrêté à la mi-temps), Allianz Riviera

Un match fantôme. C’est ainsi que pourrait être décrite cette rencontre, qui n’a été disputée que de moitié avant d’être effacée des tablettes. Sous les trombes d’eau qui s’abattent sur Nice, Fredy Fautrel décide de ne pas reprendre après la mi-temps, et l’intégralité de la partie sera rejouée un mois plus tard pour une victoire nantaise (1-2).

Ce 3 octobre, Valère Germain avait pourtant inscrit un doublé en l’espace d’un quart d’heure, après le but de Jules Iloki et avant celui d’Adrien Thomasson. Des pions qui ont donc disparu dans l’au-delà, au contraire de la boulette du Nantais Adryan Tavares, lequel pensait avoir obtenu les trois points avant de comprendre que le match allait être reporté.

Le premier but de Valère Germain, qui vaut le coup d’œil.

Dans cet article :
Le nouvel entraîneur du FC Nantes ne sera ni Conceição ni Beye
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Par Jérémie Baron

Propos d'Ángel Marcos et Jean Vincent tirés du livre Le Chant des Canaris, de Bernard Verret (1995).

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