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Top 10 : les n°10 de l’ex-Yougoslavie
La France va se frotter aux talents venus de Serbie. Un pays de football par excellence qui, avant l'explosion du début des années 90, a su balancer aux yeux du monde les plus grands meneurs de jeu du game. Si Miralem Pjanić, Misimović ou Kovačić caressent la gonfle pour le compte de la Bosnie et de la Croatie, avant eux, la Yougoslavie unifiée régnait sur le monde des numéros 10 et a enfanté des génies. Les Brésiliens d'Europe.
1. Safet Sušić
Le contre-pied a été inventé par l’ancien numéro 10 du PSG. Quand tout le stade attendait une passe à droite, Sušić régalait à gauche. Toujours là où personne ne l’attendait. Sušić, au-delà d’une exceptionnelle longévité sur le pré (1968 – 1992), c’est surtout une dégaine, chaussettes baissées, gros mollets, coupe de cheveux médiévale et jamais de protège-tibias. Le Bosnien savait tout faire : dribbler, conserver, percer, régaler et marquer. La Yougoslavie si douce des années 80 porte sa marque à tout jamais. Un génie.
2. Dragan Stojković
C’est simple, l’Olympique de Marseille n’a jamais vraiment vu le talent de Pixie. À Belgrade, son étoile est au firmament et le numéro 10 gère tout de A à Z. Ironie du sort, il porte le mauvais maillot quand Belgrade braque l’OM en finale de C1 1991. Son Graal, il l’a connu en 1990 en Italie lors du Mondial. Pour la dernière sortie unifiée de la Yougoslavie, le joueur emmène son équipe en quart de finale. Pour Dragan Stojković, on payait sa place au stade. Et sans rechigner.
3. Dejan Savićević
Comment mentionner le Monténégrin sans parler de son doublé en finale de Ligue des champions contre la dream team barcelonaise de Cruijff (4-0) ? Obligé de fuir Belgrade suite à la guerre, le gaucher divin débarque à l’AC Milan en 1992. Avec lui, Fabio Capello hérite d’un chef d’orchestre. D’un maestro. International yougoslave depuis 1988, il se fait injustement braquer le Ballon d’or 1991 par un certain Jean-Pierre Papin. Un JPP qui va très mal vivre l’arrivée en Lombardie de Savićević (à cette époque, une équipe ne pouvait aligner que trois étrangers). Depuis, le joueur s’est rapproché de sa région d’origine puisqu’il est devenu le patron de la Fédération de football du Monténégro.
4. Zvonimir Boban
Boban a joué pour la Yougoslavie et la Croatie. La crise qui a secoué son pays d’origine, il connaît. 13 mai 1990, lors du match Dinamo Zagreb – Étoile rouge qui se déroule peu de temps après les élections ayant vu triompher le parti de l’Union démocratique croate, la tension est vive entre les supporters de Zagreb (les Bad Blue Boys) et ceux de l’Étoile rouge (les Delije). Naturellement, le match part en sucette en tribunes. Pour beaucoup, c’est le point de départ de la future guerre qui va déchirer le pays. Dans ce bordel, Boban sort du lot. Capitaine du Dinamo, le joueur balance une reprise de volée dans un policier qui molestait un supporter de Zagreb. Héros pour les uns, traître national pour les autres, Boban est suspendu six mois et rate le Mondial italien. C’est finalement avec le maillot à damier que Boban va régaler la chique. Comme Savićević, il s’amusera également à l’AC Milan de Capello. Grand, élégant, droit, Boban puait le football.
5. Dragan Džajić
Officiellement, Dragan « Dzaja » Džajić est plus un ailier qu’un numéro 10. Peu importe, son talent était tel que l’oublier aurait été un crime. L’homme aura joué pour deux clubs dans sa vie : l’Étoile rouge de Belgrade et Bastia. En Corse, le Yougoslave s’achète une visibilité que son pays natal lui refusait. Pourtant, Džajić était un magicien. Un vrai. Meilleur joueur de l’Euro 1968, Dzaja avait un Ryan Giggs dans chaque orteil. Devenu président de l’Étoile rouge en 2012, l’homme est un fidèle. À Bastia, personne n’a oublié les reins cassés par ce pied gauche insolent. Un cochon.
6. Velimir Zajec
Yougoslave de naissance, Zajec est originaire de Zagreb et a longtemps joué au Dinamo (1974-1984) avant d’aller piger au Panathinaikos pendant 4 ans. Avec Zajec à la mène, le Dinamo remporte le titre national pour la première fois depuis 24 piges. Élu meilleur joueur yougoslave avec un certain Safet Sušić en 1979, il récidive en 1984 alors qu’il bosse en Grèce. Plutôt robuste et bourrin, Zajec avait quand même cette petite touche technique des Balkans qui envoie du jeu. Et une bonne tête de vainqueur.
7. Ivica Osim
1,89m sous la toise, Ivan le terrible n’a pas eu la carrière de joueur qu’il méritait malgré des bons débuts à Željezničar. Bosnien comme Sušić, ce grand échalas va surtout briller sur le banc même s’il termine l’Euro 1968 dans l’équipe type du tournoi. Devenu coach rapidement, Osim va briller avec la Yougoslavie qu’il emmène en quart de finale du Mondial italien avant de prendre le chemin de l’Autriche et du Sturm Graz quand le pays s’embrase en 1992. Une guerre qui prive la Yougoslavie de l’Euro 92 alors que la sélection faisait partie des favoris…
8. Zlatko Zahovič
Quand il pousse ses premiers cris à Maribor en 1971, le petit Zlatko est officiellement yougoslave. D’ailleurs, c’est au Partizan qu’il apprend le football au poste de numéro 10. L’explosion du pays le force à tracer sa route vers le Portugal, où il va exploser (Guimarães, Porto) avant de devenir l’idole de son nouveau pays : la Slovénie. Avec sa sélection, il s’invite à l’Euro 2000 ainsi qu’au Mondial 2002. Plus buteur que passeur, il adorait jouer entre les lignes et planter des caramels. « Zaho » , c’est autre chose que Valter Birsa.
9. Jovan Aćimović
Finaliste de l’Euro 1968 et quatrième en 1976, Jovan Aćimović a fait l’essentiel de sa carrière à l’Étoile rouge de Belgrade où son talent est resté méconnu en raison du rideau de fer. Milieu de terrain travailleur, celui que l’on surnommait « Kule » aurait donné sa vie pour son club de cœur.
10. Branko Bošković
Pour la plupart des supporters parisiens, Branko restera l’homme qui a planté un doublé au Vélodrome en 2004. Mais l’ancien de l’Étoile rouge de Belgrade était plus que ça. Il avait cette qualité de passe si classe des Balkans. Ses prestations contre Le Mans ou Montpellier, pour deux fessées (5-1 et 6-1), sont encore gravées dans les mémoires des plus fidèles du Parc des Princes. Un numéro 10 low cost.
Par Mathieu Faure