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Top 10 : les motions de censure dans le foot
Il n’y a pas qu’en politique que la carte "motion de censure" existe. Dans le football, de nombreux acteurs ont exprimé leur mécontentement sur divers sujets et par de nombreuses actions, réussissant parfois à faire tomber les responsables. Retour sur dix accomplissements, parfois brefs mais historiques pour la plupart.
1- Les sélections féminines, coupeuses de têtes
Les footballeuses devraient peut-être s’ériger en leaders du mouvement contre la réforme des retraites. Elles ont, ces derniers temps, été d’une grande efficacité au moment de protester. En témoigne la récente éviction de Corinne Diacre de la tête de l’équipe de France féminine, à la suite d’une mise en retrait de certaines joueuses aux rapports compliqués avec la coach. Quelques semaines plus tôt, ce sont les joueuses de l’équipe nationale du Canada qui s’étaient mises en grève pour dénoncer les inégalités dont elles sont victimes, forçant le président de la fédération Nick Bontis à rendre son tablier.
2- Raymond Domenech, leader syndical à Lyon en 1972…
Raymond Domenech, grosse moustache et gilet marron, est le Philippe Martinez de l’époque. Au début des années 1970, le futur sélectionneur des Bleus, alors joueur de l’Olympique lyonnais, se mue en leader d’une grève des joueurs de première division. Il réclame alors, au nom des joueurs, le maintien du contrat à durée librement déterminée menacé par des présidents désireux de rétablir le contrat « à vie ». Raymond et sa troupe obtiennent gain de cause en 1973 après que le ministre des Sports de l’époque, Joseph Comiti, s’est saisi de l’affaire.
3- … et emporté par la grève à Knysna en 2010
Un bus, 22 joueurs dedans et un sélectionneur sur le terrain d’entraînement forcé de lire un message devant les caméras du monde entier. Lors de la Coupe du monde 2010, le sit-in des joueurs de l’équipe de France a pour but de montrer son désaccord avec l’exclusion par la FFF de Nicolas Anelka, qui avait insulté son sélectionneur à la mi-temps du match contre le Mexique. Sont emportés par cette vague d’indignation plusieurs cadres de la fédération dont Jean-Louis Valentin, le président Jean-Pierre Escalette et Raymond Domenech himself. Quand on connaît la suite de l’histoire pour l’équipe de France, on ne peut que saluer ce blocage.
4- L’opposition farouche des supporters de l’ASSE contre la venue d’un ancien Lyonnais
Trois petits jours et puis s’en va. L’aventure d’Anthony Mounier dans le Forez en 2017 ne dure que trois jours. N’acceptant pas de voir un ancien Lyonnais porter leur maillot, les supporters des Verts mettent tous les procédés de contestations imaginables en place pour éviter l’affront. Insultes, menaces de mort et banderoles au centre d’entraînement (« Mounier nos couleurs ne seront jamais les tiennes »), ils obtiennent finalement le départ du joueur pour le Panathinaïkos, sans qu’il n’ait joué le moindre match sous ce maillot vert.
5- La prise de la Commanderie
En 2021, les supporters marseillais obtiennent à leur tour le départ d’un membre du club contesté, le président Jacques-Henri Eyraud, à qui l’on reproche la gestion sportive calamiteuse et des déclas à côté de la plaque comme : « Il y a trop de Marseillais au club. » Alors le 30 janvier, quelques heures avant un match de l’OM face à Rennes, des supporters mènent une opération coup de poing au centre d’entraînement. Jets de fumigènes, voitures caillassées et arbres brûlés, l’insurrection est violente. Quelques jours plus tard, Jacques-Henri Eyraud quitte son poste de président. Il est remplacé par Pablo Longoria, sans qu’on sache à ce moment que son mandat aurait une tout autre couleur.
6- Les supporters anglais contre la Superligue
La passion plutôt que le pognon. En avril 2021, le Real Madrid, le Barça et la Juventus, soutenus par les plus gros clubs de Premier League, lancent le projet d’une Superligue européenne. Cette décision provoque alors un mouvement de réactions chez les supporters anglais engagés. Entre communiqués et rassemblements dans les rues, tout est fait pour faire capoter ce projet. À peine deux jours plus tard, face à la pression des fans, les six clubs anglais finissent par se retirer.
7- La couleur du sponsor Uber Eats sur le maillot de l’OM
Fiers de leurs couleurs. En marge de la saison 2019-2020, l’OM dévoile son nouveau maillot. Au centre, le sponsor Uber Eats, de couleur verte ne passe pas. Trop proche de la couleur de l’AS Saint-Étienne, un rival historique et trop loin de l’identité du club, les supporters boycottent la tunique et lancent le hashtag #PasDeVertSurNotreMaillot. La mise à jour est effectuée par la société américaine qui remplace le vert par du noir.
8- Abramovitch est poussé à vendre Chelsea
Une victime collatérale. Quand la Russie décide d’envahir l’Ukraine, la situation de Roman Abramovitch, proche de Vladimir Poutine, devient brûlante. Le président de Chelsea, alors placé sur la liste noire du gouvernement britannique et donc interdit de séjour sur le territoire, est forcé à céder le club. Propriétaire depuis 2003, l’homme de 56 ans quitte tout de même le Royaume-Uni avec les 4,5 milliards d’euros de la vente du club à Todd Boehly. Une somme qui pourrait, dans notre cas, bien aider la caisse des retraites.
9- Les joueurs de la Salernitana forcent le retour du coach
Suite à une défaite 8-2 en janvier dernier, sur la pelouse de l’Atalanta, le coach de l’US Salernitana, Davide Nicola, est démis de ses fonctions. En opposition à la décision de la direction, les joueurs poussent pour son retour. 48h après la décision de le mettre à pied, Nicola est de retour aux commandes. Malheureusement pour lui, les résultats ne s’améliorent pas et la porte lui est de nouveau indiquée un mois plus tard. Quand ça veut pas, ça veut pas.
10- Le centre au quatrième poteau de David Ginola
En novembre 1993, l’équipe de France ne doit pas perdre contre la Bulgarie au Parc des Princes pour se qualifier à la Coupe du monde 1994. L’ambiance dans le groupe n’est pas bonne et les tensions se cristallisent autour de la relation entre Gérard Houiller et David Ginola. Mais sur le terrain ce soir-là, tout roule. La France a ouvert le score par Cantona avant de se faire égaliser, mais le point du match nul suffit au bonheur des Bleus. Entré à l’heure de jeu, David Ginola fait basculer la soirée. Alors que le cuir lui revient proche du poteau de corner à la 90e minute, El Magnifico envoie un long centre au deuxième poteau. Personne n’est à la réception, et les Bulgares partent en contre. Au bout duquel Emil Kostadinov crucifie l’équipe de Gérard Houllier d’une frappe sous la barre. Houllier affirme après le match que « Ginola a commis un crime contre l’équipe » et quittera la sélection quelques semaines plus tard.
Marius Le Moual et Mathis Healy