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Top 10 : les légendes ukrainiennes
Que ce soit sous les couleurs de l'URSS ou pour leur pays émancipé, ils sont nombreux à avoir marqué l'histoire du football ukrainien . De Lobanovski à Timochtchouk en passant par Chevtchenko, retour sur les carrières de 10 hommes qui ont participé de l'adversaire des Bleus en barrages. Un top sponsorisé par Des Chiffres et (surtout) des Lettres.
Valeri Lobanovski : Le précurseur
Ailier gauche de formation, Valeri Lobanovski n’a pas tant marqué le football par ses performances sur le terrain que par son talent d’entraîneur. Dans les années 70, il prend les rênes du Dynamo de Kiev et inculque sa discipline de fer aux joueurs soviétiques qui composent l’équipe. Il écrase le championnat d’URSS (7 titres) et s‘illustre également sur la scène européenne avec deux Coupes des coupes. Parallèlement coach de la sélection, Valeri s’exile lors de la dislocation de l’Union. Après un crochet par le Golfe persique, il continue son parcours dans une jeune Ukraine en 97, où il enlève 6 titres avec le Dynamo Kiev et l’aide d’un certain Andrei Chevtchenko. À la tête de la sélection nationale en 2000, il ne réussit pas à se qualifier pour la Coupe du monde 2002. Sosie officiel d’un Boris Elstine à la fin d’un déjeuner d’affaire, Lobanovski ne résistera pas à cet échec. Quelques mois plus tard, un AVC aura raison de ce coach de légende.
Oleg Blokhine : Un bloc à lui tout seul
Joueur de génie, Blokhine remporta le Ballon d’or 1975 et une flopée de titres de champion d’URSS agrémentée bien souvent du titre de meilleur buteur du championnat. Un buteur unique qui n’eut jamais la même réussite en équipe nationale qu’en club. Loupant successivement les Coupes du monde 74 et 78 ainsi que les Euros 80 et 84, Blokhine détient tout de même le record de sélections pour l’URSS avec 112 matchs pour 48 réalisations.
Mais Oleg Blokhine c’est avant tout la réussite du football à l’ancienne, un pur produit du régime soviétique. Impassible, pas très loquace, l’homme n’est pas connu pour sa cordialité démesurée. Entraîneur de l’Ukraine lors de son Euro 2012, beaucoup retiendront sa relation conflictuelle avec Andrei Chevtchenko. Deux caractères diamétralement opposés entre la star des années 2000, élevée par Berlusconi et le froid Blokhine, bonne pousse de l’école soviétique.
Igor Belanov : Le furet soviétique
Ballon d’or 1986 : ça claque ! Certes, Maradona était hors-jeu puisque non européen (règle abolie en 1994), mais ça claque tout de même. À l’époque, il devance des gars de la trempe de Lineker, Butragueño ou Amoros et envoie définitivement Platini dans les livres d’histoire.En cette année de Coupe du monde, trois autres de ses coéquipiers figureront dans la présélection de France Football ( Yakovenko, Dassaev, Zavarov). L’URSS semble revivre. L’Euro 88 le confirmera. Belanov n’est sans doute pas le plus doué de cette génération, mais régale par ses appels en profondeurs et son sens du but. Rapide et puissant, mais aussi doté d’une frappe de mule, Igor est avant tout un joueur dévoué et combatif. Le plus drôle dans tout ça c’est qu’il sort le match de sa vie le jour de l’élimination de l’Armée Rouge en 8e de finale de la Coupe du monde mexicaine. Un triplé fantastique contre la Belgique de Pfaff pour une défaite 3-4 à la surprise générale. La faute à pas de chance comme deux ans plus tard contre la Hollande de Van Basten en finale de l’Euro 88… Foutu plat pays !
Aleksandr Zavarov : Le plus français
Entre Nancy et la Juventus, il n’y a qu’un pas qu’avait franchi Michel Platini en son temps. Même trajet mais dans le sens inverse pour Aleksandr Zavarov, qui a terminé sa brillante carrière du côté lorrain. Avant cela, Sacha, son surnom chez les Bianconeri, s’était fait remarquer sous le maillot de l’URSS (finaliste de l’Euro 88) et avait empilé les titres avec le Dynamo de Kiev de la fin des années 80. Milieu de terrain offensif désigné meilleur joueur soviétique en 86, il entame sa reconversion sur le banc de Saint-Dizier en 95. Des choix étranges qui n’ont en rien altéré sa stature et pourraient lui servir puisqu’il a intégré le staff de l’équipe d’Ukraine qui accueillera la France en barrages ce vendredi.
Alexeï Mikhailtchenko : L’anonyme
Moins connu que ces colistiers, Mikhailitchenko à la particularité non négligeable de s’être produit pour trois équipes nationales différentes, toutes reconnue par la FIFA. Excusez du peu. À la chute de l’URSS, avec qui il avait déjà connu 36 sélections et une breloque en Or aux J.O de Séoul, il deviendra le capitaine de l’équipe de la communauté des états indépendants du football (C.E.I) avec laquelle il disputera l’Euro 1992 avant d’honorer deux sélections sous le tout nouveau maillot canari des Ukrainiens. Sa carrière en club mentionne une autre rareté. De 1990 à 1996, Alexei remportera sept titres de champion consécutifs dans trois pays différents avec le Dynamo Kiev, la Sampdoria de Gênes et les Rangers. Même Zlatan et ces 8 titres n’ont pas fait mieux. Malin, Alexei commence sa carrière d’entraîneur sous les ordres de Lobanovski au Dynamo Kiev. À sa mort, c’est lui qui assurera avec brio la succession de la légende. On le retrouve en 2008 à la tête de l’Ukraine. C’est essayé mais c’est raté. Une élimination en barrage de la Coupe du monde 2010 plus tard, Alexei retrouve l’anonymat.
Sergueï Rebrov : Dans l’ombre du maître
Avec Andrei Chevtchenko, Sergueï Rebrov a composé l’un des duos d’attaque les plus redoutés d’Europe. Moins populaire mais tout aussi efficace que son compère, Rebrov a débuté sa carrière à l’effondrement du bloc en rejoignant les rangs de Donetsk avant d’exploser avec le Dynamo de Lobanovski. 93 buts en 189 rencontres et un titre de meilleur buteur de la Ligue des champions en 1999 conduiront Sergueï à rejoindre la Premier League et Tottenham l’année suivante. Doté d’une frappe aérienne, l’attaquant de poche (1,73m) ne s’acclimatera jamais à ses nouvelles couleurs, pas plus qu’à celles de Londres : « Les gens foncés te voleront » , adressera Sergueï à un Roman Pavlyuchenko fraichement débarqué chez les Spurs. Une polémique qui influencera son retour à Kiev avant une fin de carrière anonyme à Kazan. En sélection et malgré son statut de pilier, il n’inscrit que 15 buts (75 capes), laissant la gloire et les paillettes à ce playboy de Cheva.
Andrei Chevtchenko: L’Homme but
Chevtchenko c’est 764 matchs au plus haut niveau et 374 buts… Bon déjà ça ça calme. Après c’est aussi un palmarès individuel immense ou se confondent les distinctions de meilleurs buteurs des championnats ukrainien et italien, de la sélection ukrainienne aussi, le tout auréolé d’un Ballon d’or 2004. En club son palmarès est tout aussi long puisqu’il mentionne une Ligue des champions (2003), une Supercoupe d’Europe(2003), une coupe d’Italie (2003), un Scudetto (2004), la Cup, la Coupe de la Ligue Anglaise (2007) et encore une flopée d’autres trophées avec le Dynamo Kiev.Jusque-là tout est parfait. Pour un joueur lambda, la suite serait tout aussi parfaite, mais Andrei n’a jamais été un joueur comme les autres. Dès lors, ce penalty raté lors de la finale de la Ligue des champions la plus improbable, en 2005, reste sans doute sa plus grosse déception. C’est lui, sans doute impressionné par un Dudek transcendé ce soir-là, qui offrira le sacre à Liverpool.Il n’en reste pas moins qu’Andrei Chevtchenko a su tirer sa révérence au bon moment. Chez lui, en Ukraine, lors de son Euro et avec un doublé pour son entrée dans la compétition. De quoi faire rêver tout un peuple à une seconde jeunesse. Sauf qu’à 34 ans, Cheva avait déjà tout donné. Au revoir l’artiste.
Andreï Voronin : Le Francis Lalanne de l’Est
Un physique de tueur à gages dans un mauvais James Bond au service d’une bonne patte droite : c’est tout en paradoxe qu’Andreï Voronin traîne son catogan blond sur les pelouses européennes depuis plus de 18 ans. Milieu de terrain prolifique en Bundesliga, il tente l’exode en Angleterre, à Liverpool précisément, en 2007. Raté. Le maillot des Reds ne sied guère à l’international aux 74 sélections, qui finira par accepter sa condition en regagnant l’Est après 3 saisons du côté d’Anfield. Malgré un talent indéniable gâché par des blessures récurrentes, le principal fait d’arme d’Andreï reste d’avoir épousé Yulia, créature divinement dotée et qui participe désormais à la légende d’un joueur à la carrière en dents de scie.
Anatoly Timochtchouk: Encore et toujours
Une longue tignasse blonde en guise de signe distinctif et surtout trois finales de Ligue des champions en 4 saisons au Bayern Munich. Cantonné au banc sous le règne de Van Gaal, il retrouvera le terrain avec l’arrivée de Jupp Heynckes. En alternance avec Luiz Gustavo, il formera un milieu plein de roublardise et de sang-froid aux côtés de Bastian Schweinsteiger. Au total le bonhomme jouera tout de même 131 matchs étalés sur trois saisons avec le club bavarois. Capitaine depuis le départ à la retraite Andrei Chevtchenko, il ne dépareille pas encore au sein d’une équipe bleue et jaune dont il détient le record de sélection (121). Dans quelques mois et à 35 ans il pourrait s’envoler pour une deuxième Coupe du monde… ou pas !
Dmitri Chigrinski : Un talent couteux
Dmitri a forgé sa légende à coups de millions. Profitant de la hype du Shakhtar Donetsk lors de la saison 2008-2009, Chigrinski débarque en Catalogne pour prendre la place d’un Rafa Márquez vieillissant dans la défense centrale de Barcelone. Malgré son prix (25 millions d’euros plus une clause libératoire atteignant les 100 millions) et les compliments de Pep Guardiola, il ne s’imposera jamais et repartira à Donestk la queue entre les jambes au bout d’un seul exercice couronné d’un titre en Liga. Avoir la coupe de Carles Puyol ne suffit pas pour séduire le Camp Nou.
Bonus : la triste histoire de Myroslav Stupar
Arbitrer un match de Coupe du monde n’est jamais simple. Mais officier durant ce France-Koweït de 1982 l’était encore moins. La faute au président de la Fédération koweïtienne de football, par ailleurs frère de l’émir, qui a décidé, ce jour-là, de pourrir la vie de Myroslav Stupar. Arbitre professionnel et sans histoire, il n’en a pas cru ses yeux quant à la 82e minute d’un match déjà plié depuis longtemps en faveur des Bleus (3-1), il a vu Fahid Al-Ahmad Al-Sahab, descendre sur la pelouse et demander à ses joueurs de rentrer aux vestiaires. La cause : un but de Giresse totalement valable, mais entaché d’un coup de sifflet venant des tribunes et déstabilisant la défense koweïtienne. La suite est connue par beaucoup. Stupar reviendra sur sa décision en invalidant le but français et sera radié de la FIFA jusqu’à la fin de la compétition. Plus jamais Myroslav n’officiera dans un Mondial. Une histoire à faire pleurer quand on sait que l’arbitre soviétique (aujourd’hui ukrainien) n’avait pas grand-chose à se reprocher. Il témoignera des années plus tard dans l’excellent livre consacrées aux anecdotes ayant parcouru l’histoire de l’équipe de France Les miscellanées des Bleus : « Personne ne m’a critiqué parce que dans les règles officielles, il n’y avait pas encore de consignes sur ce qu’il fallait faire dans ce genre de situation. Le statut n’a été adopté qu’en 2006, 24 ans après. Et on a alors écrit que lorsqu’un joueur était déconcentré par un coup de sifflet dans les tribunes…l’arbitre doit faire un entre-deux. »
Oui, mais voilà en 2006 Myroslav avait 65 ans et plus personne ne pouvait rien pour lui. Triste histoire qu’on vous disait…
par Raphael Gaftarnik et Martin Grimberghs