- Journée mondiale de la gentillesse
Top 10 : Les Gentils
Corrects envers les partenaires, les dirigeants, les supporters et les adversaires, respectueux des règles, aimables, loyaux, fair-play, généreux, courtois, sympas : ces 10 braves types en crampons d’hier et (un peu) d’aujourd’hui font ou ont fait honneur au football, chacun à leur manière. La journée mondiale des câlins et de la tendresse est l’occasion de leur rendre hommage.
Gary Lineker
Sportivement, le garçon était loin d’être un peintre. Attaquant parmi les plus brillants de sa génération, c’est en sélection qu’il se distingua particulièrement, participant aux Mondiaux 86 (dont il fut élu meilleur buteur) et 90, ainsi qu’aux Euros 88 et 92. Avec 48 buts inscrits en 80 sélections, il arrive en seconde position, à une unité de Bobby Charlton, au classement des meilleurs buteurs de l’histoire des Three Lions. Mais c’est encore son élégance et son fair-play qui restent les plus marquants, avec cette statistique à peine croyable : le beau gosse de Leicester n’aura pas récolté une seule biscotte de toute sa carrière de footballeur. Pas une ! Et pourtant, quand on fait une recherche Google sur ce gentleman, la première chose qui y est associée, c’est la référence à cet épisode peu glorieux durant le Mondial 90 où, malade, « Mister Nice Guy » s’était littéralement chié dessus en plein match. Monde de merde.
Dominique Rocheteau
Aah, le Dom’ ! Impossible de faire un top 10 des joueurs gentils sans rendre hommage aux bouclettes les plus célèbres du Forez. Rocheteau, c’est une certaine idée du football : romantique et utopique, libre, sans code. C’est aussi le symbole d’une France qui perd, mais avec élégance. Un preux chevalier, un personnage de cape et d’épée, un Poulidor de gauche et en crampons, souvent blessé dans les matchs clés, d’où un palmarès certes très correct, tant en club avec Saint-Étienne et le PSG qu’en sélection avec les Bleus, mais qui aurait pu/dû être encore plus étoffé. Reste qu’il est de ces joueurs un peu insaisissables qui font tout le charme du football, un Cantona sans l’aspect ténébreux, un garçon capable de dire sans aucune espèce d’ironie que « la violence est une forme de faiblesse » .
Lucas Radebe
L’ancien défenseur central sud-africain est la loyauté incarnée. Avec la sélection tout d’abord, dont il fut le capitaine lors des Coupes du monde 1998 et 2002. Avec son club de Leeds United surtout, où il a fait toute sa carrière « européenne » , de 1994 à 2005, la période correspondant au dernier âge d’or du club du nord de l’Angleterre. Pas un hasard. Il a su nouer une relation forte avec des supporters pourtant réputés particulièrement exigeants. En 2000, la FIFA l’honorait du trophée du fair-play pour son combat contre le racisme. Fervent admirateur de Nelson Mandela, il est toujours à 42 ans un ambassadeur actif de l’association SOS Village d’Enfants. Nice guy.
Javier Zanetti
Arrivé en 1995 à l’Inter en provenance de son Argentine natale, il n’en est plus jamais reparti depuis. Il a pourtant eu l’occasion de s’essayer à d’autres écuries au moins aussi prestigieuses, mais il a toujours poliment refusé. Pas par manque d’ambition, mais parce qu’il s’est dit toujours redevable d’une « maison » qui l’a bien accueilli. Il est comme ça Javier, poli et respectueux. Il a vu défiler des dizaines d’entraîneurs et a toujours fait passer l’intérêt de l’équipe avant le sien, jouant toujours juste, sans fioriture, avec autorité mais sans méchanceté ni tricherie : en plus de 800 matchs avec les Nerazzurri, « Le Capitaine » n’a récolté qu’un seul carton rouge, en Coupe d’Italie, il y a douze ans. Et hors du terrain, pareil, le natif de Buenos Aires, toujours titulaire à 38 ans passés, a tout bon, s’investissant discrètement pour divers organismes de charité. Classe.
Ole Gunnar Solskjaer
Voila un joueur qui a la gentillesse inscrite sur son visage. Un minois de poupon qui lui a servi toute sa carrière pour surprendre les défenses adverses. Joker de luxe d’Alex Ferguson durant une décennie à Manchester United, il s’était fait une spécialité de maximiser son faible temps de jeu, se servant de la baisse de forme physique adverse pour planter la banderille qui tue. La folle fin de rencontre de C1 face au Bayern lors de la finale 1999 en est la plus célèbre illustration. Si « Baby Face Killer » porte bien son nom, il n’y a aucune forme de méchanceté chez le Norvégien. Le « tueur » des surfaces ne fait que son job, sans en rajouter et sans jamais se plaindre de son rôle ingrat de remplaçant éternel. Norwegian good.
Bernard Diomède
Le natif de Saint-Doulchard est le bon gars par excellence. Avec lui, pas de conflit possible, le mec est une crème, autant pour l’entraîneur que pour les coéquipiers. Participant actif au doublé coupe/championnat d’Auxerre en 1996, c’est deux ans plus tard qu’il se retrouve un peu contre-nature sous le feu des projecteurs. Sélectionné par Jacquet lors de la Coupe du monde, « Petit Bonhomme » participe au bon début des Bleus, avec trois titularisations contre l’Arabie Saoudite, le Danemark et le Paraguay. Le crispant 8e de finale sera sa dernière cape, avant de retrouver un relatif anonymat qui lui convient pas mal. Le transfert à Liverpool ? Trop haut pour le discret Diodio, qui cumule les blessures. De retour en France, il se met au service d’un collectif humble à Ajaccio et réussit un dernier coup d’éclat : un triplé pour les Corses lors de la dernière journée de la saison 2003-2004 et une victoire synonyme de maintien. Un truc fort et modeste à la fois, normal.
La Dream-Team de Bernard Diomède
John Charles
Le plus ancien de ce top 10. Né à Swansea au pays de Galles en 1931, ce grand gaillard réussit une solide première partie de carrière à Leeds United, avant de partir s’exiler en Italie, à la Juventus. En cinq saisons pleines sous les couleurs bianconeri, il étoffe son palmarès de trois championnats et deux coupes nationales et gagne un surnom : « Il Gigante Buono » , le bon géant. Réputé pour sa droiture et son fair-play de tous les instants, celui qui a l’allure d’un héros de film d’aventures en noir et blanc était très populaire auprès des fans, qui l’ont élu en 1997 meilleur joueur étranger à avoir évolué avec la Juve. Devant Platini, oui.
Gianfranco Zola
Le père Zola, c’est un peu l’histoire de John Charles en inversé. Dans les années 50, le géant britannique avait gagné le respect de tous en Italie. Quarante ans plus tard, le nain sarde figurera parmi les joueurs les plus aimés de Premier League. Talentueux attaquant ayant appris ses gammes auxx côtés de Die(u)go à Naples, s’il vous plaît, « Little Big Man » fait ensuite winner Parme, plus au nord, avant de choisir en 1995 la brume londonienne pour définitivement s’épanouir. A l’époque, Chelsea n’est pas exactement le club bling bling qu’il est aujourd’hui. Il y sera élu à son départ en 2003 joueur le plus populaire par les fans. La raison ? Ses talents de « magicien » – dixit Claudio Ranieri – certainement, mais aussi son respect profond pour le jeu et ceux qui l’aiment. Small is beautiful.
Gaetano Scirea
Un des meilleurs palmarès de l’histoire pour le libéro italien : une Coupe du monde avec l’Italie en 1982, sept titres en Série A avec la Juventus entre 75 et 86, une C1, une C2, une C3, des coupes nationales, etc. Tout ça en étant un incontesté et incontestable titulaire. Plus fort encore, le joueur formé à l’Atalanta, pas très imposant physiquement, réussissait toujours à museler ses adversaire sans commettre de fautes grossières, ne récoltant aucun carton rouge de toute sa carrière. Preuve en est qu’il n’est nullement besoin de se montrer dur sur l’homme pour être un bon défenseur. Il mourra beaucoup trop tôt, à l’âge de 36 ans, alors qu’il venait tout juste de trouver une reconversion dans le staff de la Juve. Sur une mauvaise route de Pologne, une collision avec un poids lourd lui fût fatale. Putain de camion, comme disait l’autre.
Jimmy Bullard
Si le stéréotype du gentleman british est Gary Lineker, Jimmy Bullard représente l’humour absurde à l’anglaise. Spécialiste ès facéties, le joueur aujourd’hui âgé de 33 ans est un personnage digne du meilleur des Monty Pythons, toujours prêt à se marrer et à faire marrer. Avec sa tronche impayable, son sourire de gamin et ses yeux rieurs, impossible de le prendre au sérieux. Quelques anecdotes, au hasard : avec Wigan contre Arsenal, il profite d’un cafouillage dans la surface adverse pour jouer à saute-mouton en pleine action et se rétamer tête la première ; sous les couleurs de Hull City, il célèbre un but en se foutant gentiment de la gueule de son entraîneur ; ou plus récemment, avec ses actuels coéquipiers d’Ipswich Town, il décide de qui va tirer un coup franc en disputant un pierre-feuille-ciseau. On est loin des chamailleries de Nenê et consorts. Après tout, le football n’est qu’un jeu.
Mais aussi : Stanley Matthews, Andres Iniesta, Maxime Bossis, Henrik Larsson, Raul, Philip Lahm, Dennis Bergkamp, Jari Litmanen, Steve McManaman, Juan Pablo Sorin…
Par Régis Delanoë