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Top 10 : Les France-Belgique qui ont fait l’histoire
La France et la Belgique, c'est l'histoire d'une rivalité footballistique vieille de 107 ans. Si les Bleus gagnent les rencontre qui comptent, le bilan des confrontations reste à l'avantage de nos voisins avec 29 victoires en 71 matchs disputés. Ce soir, alors que se profilent l'ombre des talentueux Eden Hazard et autres Marouane Fellaini, les homme de Didier Deschamps pourra s'inspirer de ces dix matchs historiques pour trouver la clef.
Vivier d’oie, le 1er mai 1904, 3-3
C’est le tout premier match entre la France et la Belgique, disputé pour le compte de la coupe franco-belge Evance Coppée, du nom du mécène qui organise la rencontre. À l’époque, les tricolores évoluent dans un 2-3-5 assez couillu, leur capitaine s’appelle Fernand Canelle, et les Belges sont encore maîtres du Congo. Un autre temps en somme, symbolisé par l’unique tribune en stuc du stade du Vivier d’oie, localisé à Uccle, en périphérie de Bruxelles. Le match débute à 16h45. Dès la septième minute de jeu, le belge Quéritet ouvre le score. Cinq minutes plus tard, Louis Mesnier dit Didi égalise avant que Royet ne donne dans la foulée l’avantage à l’équipe de France. Au retour des vestiaires, les Belges marquent deux fois en l’espace d’un quart d’heure mais un but de Cyprès à trois minutes de la fin rétablit la parité. Les deux équipes, qui n’ont pas prévu de prolongations, se partagent donc le trophée et organisent des banquets au Regina puis aux Caves de Maastricht. S’ils sont sans doute trop bourrés pour s’en rendre compte, Belges et Français viennent d’écrire une page de l’histoire du sport. C’est en effet la première fois qu’un match entre nations se déroule en dehors des îles britanniques. Cette rencontre amicale est surtout l’occasion pour les dirigeants des deux pays de se rencontrer et de parfaire leur projet de créer une fédération mondiale. Quelques semaines après le match du Vivier d’Oie, se tient en effet à Paris une réunion qui devient le congrès inaugural de la FIFA.
Stade Olympique Yves-du-Manoir, le 5 juin 1938, 3-1
Nous sommes en 1938, pour le huitième de finale de la Coupe du monde. 31 matchs se sont écoulés depuis la rencontre inaugurale entre les deux équipes. Le bilan est difficile à encaisser pour l’équipe de France, qui n’a connu la victoire qu’à onze reprises pour cinq matchs nuls. Parmi les 15 défaites tricolores entre 1904 et 1938, on retiendra surtout les mémorables fessées administrées en 1905 (7-0 à Bruxelles), 1911 (7-1 à Bruxelles) ou 1930 (1-6 à Colombes). La France, coachée par Gaston Barreau, ne s’avance donc pas avec une confiance excessive. Mais elle joue à domicile, devant 30 000 spectateurs. Surtout, elle tire profit d’un début de match parfait : on joue encore la première minute lorsque l’attaquant Emile Veinante ouvre le score sur une frappe repoussée par le portier belge Arnold Badjou. Sonnés et pris à froids, les mangeurs de frites ne peuvent que constater les dégâts quand Jean Nicolas double la mise à la 11e minute, suite à une belle percée balle au pied. Le reste de la rencontre est équilibré; Isemborghs réduit la marque à la 19e mais c’est bien Jean Nicolas qui clôt le succès Français à la 69e minute, sur une belle reprise de volée. La France a vaincu le signe indien; les Belges rentrent tête basse outre-Quiévrain. Les tricolores ne pourront cependant rien en quarts de finale contre l’Italie, qui les élimine sur le même score.
Parc des Princes, le 24 décembre 1944, 3-1
Le 24 décembre 1944, la France libérée depuis quelques mois à peine retrouve le terrain. Quelques rencontres ont bien été jouées pendant la guerre, comme en 1942 contre l’Espagne de Franco, mais ce match-là a une toute autre valeur. Quarante ans après le début de l’histoire officielle du football français, c’est un renouveau qui doit naître de la confrontation avec la Belgique, elle aussi meurtrie par des années d’occupation. On retrouve d’ailleurs seulement deux joueurs de l’équipe de France de 1942, Henri Arnaudeau et André Simonyi. Dans un « WM souple » , la France s’impose 3-1. Arnaudeau signe une passe décisive et reprend un centre qu’il convertit en but, le capitaine Alfred Aston signe le troisième but tandis que De Waet réduit le score en fin de match. Mais le résultat est très anecdotique pour ce « match des retrouvailles » au Parc des Princes.
Stade Olympique Yves-du-Manoir, le 11 novembre 1956, 6-3
Dans son traditionnel stade Olympique de Colombes, la France accueille la Belgique pour le premier match des qualifications à la Coupe du monde 1958 en Suède. Les Bleus comptent alors dans leurs rangs le tout nouveau buteur du Stade de Reims, Jean Vincent, qui s’est éteint récemment. Celui qui venait tout juste d’arriver du LOSC, champion de France deux ans plus tôt, est alors une pièce maîtresse de l’équipe de France. Mais c’est un autre attaquant qui va marquer le match de son empreinte. Titulaire au RC Paris, Thadée Cisowski marque en effet un quintuplé et égale le record d’Eugène Maes. Les Bleus s’imposent finalement 6-3. Et encore, Just Fontaine était sur le banc.
Stade du Heysel, le 9 septembre 1981, 0-2
Nouveau match qualificatif important, pour la Coupe du monde 1982 cette fois. Cette année là, c’est la jeune team cornaquée par Platoche qui se frotte aux Diables rouges en match qualificatif pour la Coupe du monde 1982. Outre capitaine Michel, l’équipe compte Giresse, Bossis, Six et autre Battiston : toute l’ossature de l’une des plus grandes équipes de l’histoire des Bleus. Pourtant, c’est la Belgique qui va remporter le match. Czerniatynski (24e) et Vandenbergh (83e) se chargent de donner un avantage décisif aux Belges dans un groupe relevé. Sans conséquences graves cependant puisque les deux équipes se qualifieront pour le Mondial en Espagne, éliminant au passage les Pays-Bas, orphelin de Johan Cruyff.
La Beaujoire, le 16 juin 1984, 5-0
La France affronte la Belgique en deuxième match de poule de « son » Euro. Face au Danemark, Michel Platini et les siens ont eu quelques difficultés à s’imposer, avec une victoire finale 1-0. Mais ce jour-là, pour le premier match officiel ayant lieu au stade de la Beaujoire, la France marche sur la Belgique et montre sa force aux autres équipes de ce Championnat d’Europe. Le milieu de terrain français – un « carré magique » porté à cinq pour l’occasion – réalise une performance de haut niveau marquée par un triplé de Platini. Au final, la France gagnera l’Euro, Platini sera meilleur buteur et la Belgique aura participé à sa manière au triomphe national de cette génération.
Cuautehmoc, le 28 juin 1986, 4-2
Français et Belges se retrouvent en 1986 pour un match de prestige : celui de la troisième place de la Coupe du monde 1986. Après un premier tour passé facilement mais sans panache, les Bleus éliminent l’Italie et surtout le Brésil en quart de finale, sur un pénalty décisif de Luis Fernandez, après un match majuscule. Éliminée sans contestation possible en demies par la RFA, lors d’une rencontre sans rebondissements qui se voulait pourtant « la revanche de Séville » , l’équipe de France doit donc se coltiner la Belgique de Enzo Scifo pour le match de classement. Comme en 1982, le sélectionneur Henri Michel fait jouer les remplaçants et adopte un schéma tactique offensif avec Genghini relayeur dans l’axe, Tigana à la fois demi défensif et organisateur de jeu, Ferreri faux ailier droit et Vercruysse en soutien des attaquants de pointe. Visiblement, ça marche : Ferreri et Papin permettent aux tricolores d’avoir l’avantage à la mi-temps, malgré l’ouverture du score Belge. En seconde période, Claessen remet les deux équipes à égalité, dans un match très plaisant et offensif. La prolongation tourne finalement à l’avantage des Français, grâce à une reprise en pivot de Genghini et un pénalty d’Amoros. Orgueuilleuse et talentueuse, l’équipe de France termine sur le podium. Maxime Bossis, qui vient d’établir un nouveau record de 76 sélections, peut exulter.
Stade Mohammed V, le 27 mai 1998, 1-0
À quelques semaines du match d’ouverture de la Coupe du monde, la France d’Aimé Jacquet participe au tournoi Hassan II, au Maroc. Pour commencer ce « mini-championnat » à quatre, dans lequel toutes les équipes ne se rencontrent pas (la France ne jouera pas l’Angleterre), les Bleus affrontent la Belgique. Sur une belle déviation de Guivarc’h dans la profondeur vers Zizou, la France marque et s’impose sur un petit 1-0. Suffisant pour prendre confiance avant l’Afrique du Sud ? La France gagnera certes la compétition, malgré une défaite aux tirs-au-but contre le Maroc (2-2) lors du deuxième match, grâce à une meilleure attaque. Mais soyons francs : c’était un peu n’importe quoi ce tournoi, tout comme ce France-Belgique dont personne ne se souviendra. Face à une victoire 3-0 contre le Brésil un 12 juillet, le tournoi Hassan II fait pâle figure.
Stade de France, le 18 mai 2002, 1-2
Dernier match amical avant le fameux mondial 2002, aka trou de mémoire, en Asie. Zizou n’est pas là, parti assister à l’accouchement de son fils. Barthez, Henry et Makelele sont laissés au repos. Pas la peine, c’est les Belges, ça va passer tranquille. Bah en fait non, ça fait 2-1 sur une magnifique demi-volée de capitaine Wilmots à la 91e qui restera dans les annales. Une défaite amère devant le public français, qui annonce une Coupe du monde ratée, d’autant que les attaquants français se montrent déjà incapables de marquer. C’est en effet Simons qui marque contre son camp à la 40e juste après que De Boeck ait dépucelé le tableau d’affichage en calant une superbe tête sur coup franc.
Stade de France, le 15 novembre 2011, 0-0
Pour le dernier match entre les deux équipes, fin 2011, la France et la Belgique livrent un triste spectacle. Pour la troisième fois dans l’histoire des deux sélections, la rencontre se termine sans but. La jeune génération belge commence à émerger, mais timidement. Elle n’a pas réussi à se qualifier pour l’Euro ukraino-polonais. Côté français, la confiance est là avec 16 matchs sans défaite, même si le jeu n’est pas toujours au rendez-vous, comme ce soir de novembre. La France ne perd pas mais ne gagne pas. Marvin Martin erre au milieu. Ribéry tente quelques coups d’éclat individuels. Sakho et Rami se font débordés par Mirallas, mais Lloris s’impose. Et finalement, comme un symbole, c’est M’Vila qui se réceptionne mal et sort sur blessure avant la pause. L’Express voit pourtant dans ce marasme des raisons d’espérer pour l’Euro, sur le principe de « qui voyaient les Français champions de monde avant le Mondial 1998? » . On en sera bien loin, huit mois plus tard.
Par Côme Tessier, Philippe Colo et Christophe Gleizes