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Top 10 : Les favoris d’un jour

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Top 10 : Les favoris d’un jour

Parfois, il suffit d'un moment de grâce pour que onze types sortis de nulle part ou presque se retrouvent avec un costard de favoris, forcément trop grand pour eux. Top 10 de ces coups d'un soir en qui le monde a cru voir l'avenir et qui ont fini le plus souvent en histoires sans lendemain.

1. Colombie (Argentine-Colombie 0-5, Qualification Am’Sud, 1993)

« Ne fais jamais confiance à personne. Sauf à ta mère » . Quand le pays auquel il ne reste que cette seule devise commence à croire en vous, il y a de fortes chances pour que ce soit le début des emmerdes. Ce soir de septembre 1993, tout le Monumental, chaud comme un étalon en rut, est là pour voir l’une des plus belles Albiceleste de l’histoire se qualifier pour la World Cup US. Pour ça, il suffit d’en finir une bonne fois pour toutes avec la Colombie du père Maturana et son toque prétentieux. Depuis les tribunes, Maradona se charge de la première salve, promettant le retour à l’ordre naturel des choses –l’Argentine devant, les Colombiens derrière. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, c’est vers Carlos Valderrama que les micros se tendent. Toutes ces années passées sous le soleil de Loulou Nicolin trouvent enfin leur sens dans la partition d’une vie qu’il vient de livrer. Bien planté au milieu, il s’est chargé d’aimanter Fernando Redondo et Diego Simeone. Mieux, il a fait comprendre aux autres sur le premier but que c’était le soir ou jamais pour envoyer Valencia, Freddy Rincon et Asprilla partouzer la défense argentine. Après le quatrième but, Hernan Gomez, entraîneur-adjoint, se tourne vers Maturana : « Pacho, je crois qu’on y est cette fois… » . Comprenez-le comme vous voulez, mais neuf mois plus tard, le titre de meilleure équipe du monde et les faveurs du roi Pelé (jamais bon signe, ça…) se sont déjà envolés. Les Colombiens se retrouvent même avec le cadavre d’Escobar sur les bras. Gomez avait sans doute senti le coup venir. Cinq pions, c’était beaucoup trop.

2. Danemark (Danemark-Allemagne 2-0, Coupe du Monde 1986)

Ce n’est pas lors de l’Euro 92 que le Danemark aurait dû menacer l’ordre établi, mais bien en 1986. L’équipe de Michael Laudrup, Soren Lerby et Preben Elkjaer débarque au Mexique avec un collectif d’esthètes capable de rivaliser avec les plus belles boutiques du moment. Coincé dans le premier « groupe de la mort » de l’histoire, leur premier tour est à la hauteur des attentes. 1-0 peinard contre des Écossais fidèles à leur tradition d’équipe poissarde ; 6-1 face à la dernière sélection uruguayenne digne de ce nom à avoir été aperçue en Coupe du Monde. Et puis il y a ce chef-d’œuvre face à l’un des favoris du tournoi, la Mannschaft, qui méritait de s’en prendre plus que deux sur ce coup. Les Danois s’en foutent, ils sortent du groupe en tête et viennent de gagner le titre de favoris les plus sexy du Mundial. Arrivés en huitièmes, ils se permettent même de dominer les Espagnols avec une facilité déconcertante pendant les 43 premières minutes. Jusqu’à ce que Jesper Olsen sauve ce ballon sur son côté droit, se tourne en direction de son gardien et… Et c’est l’Allemagne qu’on retrouve en finale.

3. Valence (Valence-Lazio 5-2, Ligue des Champions 2000)

Vu de loin, un 5-2 en quart contre la Lazio sera toujours moins impressionnant que le 4-1 du tour d’après infligé au Barça. A force de la voir grenouiller ces dernières années avec des joueurs de la trempe de Lichsteiner ou de Meghni, on a eu le temps d’oublier qu’Eriksson pouvait aligner à une époque Mihajlović et Nesta en centrale, Simeone et Verón au milieu, Salas, Nedved et Boksic devant. Une équipe taillée pour le doublé Coupe-Scudetto. D’un coup, ça vous donne une idée du niveau de jeu pratiqué par Mendieta, Claudio Lopez & Co. A part peut-être le Barça de cette année, on n’a jamais vu plus beau en Europe depuis. Mais détail qui fait toute la différence, en mai 2000, Gladiator n’est pas encore sorti. Le FC Valence d’Hector Cúper n’a plus alors qu’à aller liquider son statut de favori au SDF face au Real.

4. Russie (Russie-Pays-Bas 3-1, Euro 2008)

On s’attendait à ce que la pharmacie de Guus fasse à nouveau des miracles et transforme une sélection semi-anonyme en machine bien réglée qui bouffe ses adversaires à force de courses et de concours d’orteils écrasés. Raté. Suffit juste de ressortir des cartons les plans d’une des plus belles fabriques lyriques, celle de Lobanovski. Pour que le retour en grâce de ce monument oublié frappe les esprits, Big Guus décide de déballer la recette kalachnikov contre les Oranje, ramenards comme jamais depuis qu’ils ont mis en bière Français et Italiens au premier tour. Manque de bol, si Hiddink sait y faire pour sortir de sa poche un favori last minute pour lequel on s’amourache, il finit toujours par se crasher d’une manière ou d’une autre en demi. Comme le résume si bien Super Didier : « What a fucking disgrace ! »

5. Nigéria (Nigéria-Bulgarie 3-0, Coupe du Monde 1994)

Avec un mec comme Spike Lee capable de provoquer la frousse de tous les hôteliers de la Croisette pour une retransmission d’un match des Knicks qui foire, on se dit qu’on tient un bon client pour parler foot aux States en 1994. Sauf que de cette Coupe du Monde, Spike Lee s’en tape comme de sa première casquette. Sport de nazes qui n’intéresse personne à NY, à part peut-être quelques vieux cons irlandais ou italiens. Cassez-vous, y a rien à voir ! Cinq jours après l’ouverture du tournoi, coup de fil. C’est Spike Lee. « Hey mec ! L’autre jour, t’as oublié de me dire que les Super Eagles pouvaient être les premiers Africains à remporter une Coupe du Monde. Ils viennent de démonter la Bulgarie avec son Christ superstar… Ramène ton derrière qu’on mate la suite ensemble ! » . Cette fois, avec l’Argentine, c’est Dieu en personne qui promet d’y laisser des plumes. Sauf que Dieu est encore en mesure de punir la hype nigériane. A la fin du match, les Super Eagles n’ont plus rien d’une équipe de foot. Tout juste une bande de garçons un peu perdus qui versent dans la violence la plus sordide. Content de son coup, Dieu peut alors se laisser prendre la main par la première infirmière de passage et partir mourir tout seul. Pour de bon.

6. Bayer Leverkusen (Bayer Leverkusen-Liverpool 4-2, Ligue des Champions 2002)

Attention ! Liquide inflammable. En 2002, Toppmöller monte un 3-5-2 explosif composé de darons du sérail pour garder la baraque (Ramelow, Nowotny), de deux Brésiliens contrariés (Lucio, Zé Roberto) et d’une bande de feux-follets chargés d’allumer à l’avant, l’esprit léger (Ballack, Bastürk, Schneider, Berbatov en guest). Qu’importe si le mélange est instable, tant qu’il parvient à se maintenir en marquant un ou deux buts de plus que l’adversaire, on l’autorise à jouer avec le feu. On est même prêt à croire à une nouvelle formule révolutionnaire quand le Bayer se paye, coup sur coup, les Reds d’Houllier et le grand MU. Avant que le coup de pétard du siècle ne réduise tout ça en fumée le soir de la finale. Toppmöller laisse alors filer un troisième titre en moins d’une semaine et décide de porter plainte contre Lavoisier. Ben ouais, c’est quand rien ne se gagne que tout se transforme.

7. République tchèque (République tchèque-Pays-Bas 3-2, Euro 2004)

D’accord, le Danube n’a jamais coulé à Prague. En attendant, retrouver dans cette sélection tchèque de 2004 des airs aperçus jadis chez les plus beaux ensembles danubiens (Wunderteam, Aranycsapat) n’était peut-être pas une idée si saugrenue. Faut dire aussi que la gueule du chef y est pour beaucoup. Tignasse blanche et sourire de vieux singe, on serait prêt à croire que Karel Brückner passe ses journées à lire Husserl, avant d’aller s’en jeter quelques-unes à la nuit tombée. Le genre à incarner à lui seul tout le paradoxe de son équipe, qui se paye une symphonie héroïque face aux Pays-Bas pour se faire saucer par les Grecs en demi-finale. Un parcours absurde qui aura au moins appris un truc : comme le Danube, la Vltava n’a rien d’un fleuve tranquille.

8. Portugal (Portugal-Angleterre 3-2, Euro 2000)

Sur la carte des « générations dorées » , le Portugal se situe quelque part entre la Yougoslavie d’avant le split et l’Espagne. Autant dire, le triangle des Bermudes. Plus d’un a cru que les Portugais sauraient s’en sortir quand, après 18 minutes passées dans le bouillon face aux Anglais, la diva Figo sort de son lit et plante une lucarne qui ramène l’autre Selecçao à flot. Passé cette remontée enragée, la suite se révèle aussi classe et tranquille que les échanges entre le grand Luis et Rui Costa. Jusqu’à ce que Wiltord dénonce en demi-finale l’imposture qui couvait. Non, aucune « génération dorée » , aussi talentueuse soit-elle, ne peut prétendre au titre de plus belle équipe du monde avec Abel Xavier dedans.

9. Olympique Lyonnais (OL-Real 3-0, Ligue des Champions 2005)

L’espace de trois mois, l’OL a été la meilleure équipe du monde. Intrigués par la rumeur lancée une première fois par le classement mondial des clubs d’ESPN, des journalistes suédois du Sportbladet décident de se pointer entre Saône et Rhône pour ausculter ce drôle de crack à qui on donne déjà l’étiquette de favori du moment, après sa démonstration face au Real. De retour à Stockholm, les types sont catégoriques, ce 4-3-3 à la lyonnaise vaut bien plus qu’un dark horse. Et histoire de ne pas perdre de temps inutilement, les voilà qui déposent l’or, la myrrhe et l’encens aux pieds des Lyonnais à qui ils promettent la Ligue des Champions, avec son milieu à trois (Diarra-Tiago-Juninho) capable de tordre n’importe quel adversaire, façon l’amour et la violence. Les types sont tellement sûrs d’eux qu’ils en oublient quelques règles de physique élémentaires, comme celle qui veut qu’un ballon renvoyé par un poteau devient une passe décisive face au tibia d’Inzaghi.

10. Torino (Torino-Real 2-0, Coupe de l’UEFA 1992)

Superga 2. Qui n’a jamais cru que les vieilles légendes ne pouvaient renaître de leurs cendres ? Et pourquoi pas le Toro, tiens. Avec Scifo à la baguette et Gigi Lentini en artificier côté gauche, l’équipe a de la gueule. Elle s’offre le Real sur un plateau en demi. Deux semaines plus tard, les tifosi se marrent bien quand ils voient arriver l’Ajax et sa bande de boyscouts. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Van Gaal ne s’est pas contenté de les biberonner dans le culte de Rinus Michels. Pas envie qu’ils cèdent à leur tour à la tentation romantique. C’est une couvée dressée à la dure qu’il aligne en finale, pas émue pour deux sous à l’idée de flinguer en plein vol le retour d’un Grande Torino. Les gamins ramènent un 2-2 de Turin et laissent les dernières illusions grenats s’écraser contre les montants d’Amsterdam au retour (0-0). Façon de rappeler aussi qu’à Turin, le football est un jeu qui se joue à onze contre onze et c’est toujours la famille Agnelli qui gagne à la fin.

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