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- 29e journée
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Top 10 : Les faux derbys français
Toulouse-Bordeaux, le derby de la Garonne. Le choc entre deux villes distantes de 244km. Le Garonnico tient bien d'une conception très française du derby. Une conception qui n'a que faire de la géographie et de l'histoire. La preuve par dix.
Toulouse-Bordeaux
244 kilomètres séparent Toulouse de Bordeaux. Deux villes qui ont une chose en commun : un fleuve, la Garonne. Nom parfait, pour un derby. Sauf que voilà, il n’y a absolument aucune rivalité sportive historique entre ces deux clubs. Alors oui, ce n’est pas non plus le grand amour entre les deux villes (les Toulousains vous diront que les Bordelais sont « des Parisiens du Sud » ), mais rien de très foot. Bordeaux se voit davantage en rival de l’OM – opposition que l’on nomme derby du Sud – les deux clubs ayant en commun des luttes acharnées pour le titre. Toulouse en revanche… Ah si, le Téf a quand même son derby de la saucisse avec Strasbourg. Pas sûr qu’on le revoit un jour celui-là.
Peut-être le derby de la Garonne le plus fou
Valenciennes-Lille
Ah, il est beau, le derby du Nord entre Valenciennes et Lille. Sauf que le vrai derby du Nord, c’est un certain Lens-Lille, chargé d’histoire et d’émotions. Mais les Sang et Or végétant en Ligue 2, la présence de Valenciennes dans l’élite fait bien les choses. Pour les médias, cela dit, parce que pour les principaux intéressés, surtout les dirigeants, joueurs et supporters lillois, un duel face à VA est « un match comme les autres » . Et ce, même si Valenciennes se situe dans le même département, au contraire de Lens. Question d’histoire, simplement.
Marseille-Montpellier
On parlait de derby du Sud entre Marseille et Bordeaux ? Depuis tout récemment, c’est-à-dire depuis que Montpellier joue le haut de tableau de L1, on découvre que le nom est aussi attribué à la confrontation entre le MHSC et l’OM. Sûr que c’est le Sud, qu’il y a une proximité géographique, que les deux clubs possèdent en commun des dirigeants adeptes de la punchline. Mais c’est tout. S’agissant d’une rivalité sportive historique, elle est insuffisante pour mériter l’appellation de derby.
La folle remontée marseillais de 1998
Caen-Le Havre
La Normandie, et on a tendance à l’oublier, est la région par laquelle le football a été introduit dans l’Hexagone, à la fin du XIXe. Proximité avec l’Angleterre oblige, c’est au Havre qu’ont fleuri les premiers clubs. C’est dans cette région aussi que se disputait l’un des tout premiers derbys, opposant donc le HAC au FC Rouen. Deux clubs qui ont autant lutté dans le championnat de Normandie que dans les premiers championnats de France, à partir des années 30. Seulement, Rouen perdra de son rayonnement à partir des années 70, tandis que Caen émergera dans le même temps. Au fil des années, le fameux derby normand a donc rayé Rouen de la carte, au profit du Stade Malherbe. Le FCR évolue désormais en National, où il se tape un autre – faux – derby, face à Quevilly.
Troyes-Reims
Cette saison, on a pu assister au retour du derby champenois dans l’élite. Sauf que bon, pour tout dire, ce derby n’existe que pour la proximité géographique des deux villes. En réalité, le vrai derby pour les Rémois se joue face à Sedan. Les citadins contre les paysans, pour résumer la rivalité animant l’équipe de Champagne à celle des Ardennes. Un derby bien plus remuant que ce Troyes-Reims donc, deux clubs plutôt copains.
Nancy-Sochaux
Nancy se sent bien seul, dans le Grand Est de la France. Depuis la disparition dans les bas-fonds de son voisin alsacien Strasbourg, et surtout depuis l’effondrement de son vrai rival Metz, avec qui il disputait le derby lorrain, l’ASNL n’a plus de quoi vibrer. Du coup, les médias ont réinventé le derby de l’Est – la dénomination étant initialement donnée à l’opposition Metz-Strasbourg – avec un match Nancy-Sochaux. D’autant plus pratique que les deux clubs se tirent la bourre en tout bas de tableau depuis maintenant deux ans. Oui, mais tout le monde s’en fout, à commencer par les supporters des deux clubs.
Rennes et les Bretons
La Bretagne, terre de football. Entre Rennes, Lorient et Brest, la région compte trois représentants en Ligue 1. D’où l’évocation presque logique de « derby breton » , à chaque confrontation entre ces équipes. Or, les vrais derbys bretons opposent Brest à Guingamp, et Rennes à Nantes. Du fait de la rivalité qu’entretiennent les supporters, plus que de la situation géographique. Ok, Nantes n’est techniquement pas en Bretagne, mais la ville a un passé avec la région (son département de la Loire-Atlantique étant l’un des cinq départements de la Bretagne historique). Et c’est justement en cela qu’existe la rivalité : allez dire aujourd’hui à un Breton que Nantes fait partie de la Bretagne, vous verrez bien sa réaction.
Quand Lorient tape Rennes à 9 contre 11
Nantes-Angers
Nantes a donc un passif breton, et un rival historique qu’est Rennes. Mais techniquement donc, la ville appartient à la région du Pays de la Loire. Région dont la seconde ville n’est autre qu’Angers. Tiens, un club de Ligue 2 ? Allez, va pour un grand derby de l’Ouest. Ça tombe bien en plus, les deux clubs sont actuellement à la lutte pour la montée dans l’élite (Nantes est second, le SCO 5e). Mais bon, là encore, l’opposition n’a rien d’historique. Et donc, pas grand-chose d’un derby.
Nice-Bastia
Le derby de la Méditerranée. Ça aussi, c’est joli. Mais si on devait nommer ainsi tous les matchs opposant les clubs nichés en bord de mer, on en aurait quand même une bonne dizaine. Pourquoi celui-là, alors ? Pourquoi Nice et Bastia ? C’est en réalité une rivalité qui anime les supporters des deux camps, et ce, depuis les années 70. Deux évènements majeurs entretiennent ce sentiment, deux rencontres de Coupe de France ayant entraîné de gros incidents, en 1976 et 1992. De gros incidents qui effraient encore aujourd’hui – Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a interdit les supporters bastiais d’un déplacement au Stade du Ray en septembre dernier – mais force est de constater que le contentieux n’est pas permanent. Une rivalité de supporters faite de haut et de bas, qui vaut donc l’appellation de derby. Et ce, sans qu’il n’y ait de grosse rivalité foot entre les deux clubs.
Marseille-Istres
Marseille-Istres, c’est peut-être le plus bel exemple d’ « invention momentanée de derby » . Pour la première saison en Ligue 1 de son histoire, en 2004/2005, Istres s’est en effet frotté à l’OM, pour des rencontres qu’on a alors pu nommer derby provençal. Appellation des confrontations entre Toulon et l’OM, à la base. Au final, Istres redescendra dès la saison suivante, le derby tombant à l’eau instantanément. D’ailleurs, pour rappel, le derby que dispute ce club ne se joue pas face à Nîmes ou Arles-Avignon, deux autres faux derbys qui alimentent la Ligue 2, mais contre Martigues, club de CFA. Encore un derby qu’on ne reverra pas de sitôt.
Par Alexandre Pauwels