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Top 10 : les bidoni de l’ère Moratti
De février 1995 à octobre 2013, Massimo Moratti aura guidé l'Inter à travers les autoroutes et les embuscades d'une trentaine de mercatos. Et si le président tifoso a réussi à faire venir Javier Zanetti pour une bouchée de pain, et Cambiasso et Figo pour rien du tout, sans oublier cet échange fantastique entre Zlatan et Eto'o, ce n'est pas tout. Quand on aime, on ne compte pas.
Álvaro Pereira (2012-2014)
L’Inter de Moratti aura longtemps connu une malédiction des latéraux du couloir gauche. Pas d’Andreas Brehme, pas de Giacinto Fachetti. En 1995, Moratti fait venir Roberto Carlos, mais le vend dans la foulée malgré une superbe saison… Le dernier de cette grande famille est l’Uruguayen Álvaro Pereira, arrivé de Porto en août 2012 pour 10 millions d’euros. Rapidement, le monde intériste voit un sprinter débouler dans le couloir gauche de San Siro. Des centres corrects, mais un sens du placement et de l’intervention défensive qui ne passent pas quand Giuseppe Bergomi est aux commentaires. Prêté à São Paulo en janvier 2014, Pereira se permet évidemment de briller sous le maillot de l’Uruguay, où muscle et maladresse se transforment magiquement en grinta et audace.
Jérémie Bréchet (2003)
Jérémie Bréchet signe à l’Inter à l’été 2003, à une époque où la « marque France » a encore une résonance importante du fait de la récente épopée des Bleus. Suivront 9 matchs de Serie A, le départ d’Héctor Cúper et quelques pépins physiques. La malédiction des numéros 3, toujours. Départ pour la Real Sociedad au bout de neuf mois. Au PSV, Bréchet ira ensuite goûter aux joies du marquage du Luis Suárez…
Nelson Rivas (2007-2009)
L’agent argentin Fernando Hidalgo est connu pour avoir grandement participé à l’afflux de joueurs sud-américains vers le côté noir et bleu de Milan. Les Argentins Hernán Crespo, Nicolas Burdisso, Juan Sebastián Verón et Diego Milito, entre autres, mais aussi le Chilien David Pizarro et l’Italo-Brésilien Thiago Motta. Dans les bagages, l’agent sera parvenu à placer le Colombien Nelson Rivas, alors que le sosie de Tyson est déjà la risée du Monumental à Buenos Aires. Rivas jouera peu, mais Mourinho aura le malheur de lui faire confiance lors de la demi-finale aller de la Coppa Italia 2009. Ce 4 mars 2009, Rivas participe aux trois buts de la rencontre : la Samp s’impose 3-0.
Ricardo Quaresma (2008-2010)
En matièrede mercato, José Mourinho se trompe rarement. Du côté de la capitale de la mode, les Intéristes se souviennent surtout du mercato de l’été 2009. Moratti part dîner à Barcelone avec Joan Laporta, lâche Zlatan Ibrahimović et revient avec un Samuel Eto’o revanchard et une enveloppe de près de 50 millions d’euros. Sous les conseils du duo Mou-Branca, il fait venir Sneijder, Lúcio, Milito, Motta et puis Pandev en janvier 2010. C’est l’histoire du triplé 2010. Mais un an plus tôt, à l’été 2009, Mourinho était certainement plus occupé à apprendre l’italien (et le lombard) qu’à étudier le marché. Il fait venir le Brésilien Mancini pour 13 millions, Muntari pour 16 millions et Quaresma pour 19 millions et les droits du Portugais Pelé. Bilan : cette Inter abandonne vite le 4-3-3 prévu initialement et ne progresse pas par rapport à 2007-2008. En tout, Quaresma réalisera un bon match digne d’un Ricky Álvarez moyen contre la Fiorentina à San Siro. Prêté à Chelsea en février 2009, Quaresma trouvera le moyen d’apparaître sur les photos du triplé 2010, en polo, avec des tresses.
Vampeta (2000)
Marcos Andre Batista Santos, alias Vampeta, c’est avant tout une tonne d’histoires drôles. Et les 30 milliards de lires dépensées par l’Inter sur les conseils de Ronaldo – qu’il a connu au PSV – en font partie. À l’été 2000, Vampeta est ce milieu défensif « à la Dunga » censé mettre de l’ordre dans une équipe déséquilibrée au possible (Ronaldo, Baggio, Zamorano, Vieri, Recoba ensemble la saison précédente). Ronaldo déclare : « Vampeta est le Brésilien le plus européen que je connaisse. » Oriali, alors dirigeant intériste, y va de son commentaire enthousiaste : « C’est un champion, et il est si bon que son placement sur le terrain ne sera jamais un problème. » Pour son premier match en Supercoupe contre la Lazio, l’Inter perd 4-3, mais Vampeta marque et déclare : « Ici, il y a tout pour remporter le Scudetto. » Cinq mois plus tard, il est prêté au Paris Saint-Germain…
L’échange Francesco Coco – Clarence Seedorf (2003)
Dans les années 1990 et 2000, en plein boom Bosman, de nombreuses carrières sont marquées par une répétition de prêts. Sauf que dans le cas de Francesco Coco, les clubs impliqués se nomment AC Milan, FC Barcelone et FC Internazionale. Dans l’histoire, l’Inter est le grand perdant : à l’été 2002, après une vingtaine de matchs sous le maillot du Barça, l’Inter envoie Seedorf au Milan et récupère Coco, l’arrière latéral pouvant jouer sur les deux côtés. Une saison sous Cuper, et c’est tout, tandis que la conservation de balle de Seedorf devient un emblème du Milan de Berlusconi. La direction du prêt suivant ? Livourne.
Sebastián Rambert (1995)
Moratti arrivé, les recruteurs nerazzurri mettent le cap sur l’Argentine et envoient un tas de montages vidéo au jeune président. Il y voit Ortega et Rambert, le jeune attaquant d’Independiente, surnommé « Avioncito » (le petit avion) pour ses célébrations. Alors que Moratti rêve de Cantona, Rambert est un second choix, mais un second choix international. Problème, l’Argentin arrive blessé, et la présence de trois étrangers indéboulonnables l’empêche de jouer le moindre match de Serie A : Paul Ince, Roberto Carlos et… Javier Zanetti, arrivé au même moment de Banfield. Car sur l’une de ces cassettes, le président tombe aussi sur « un arrière latéral qui faisait des choses que je n’avais jamais vues avant » . Rambert pourra toujours se consoler avec son titre de champion gagné avec Independiente, club dont Zanetti est hincha.
L’échange Fabián Carini-Fabio Cannavaro (2004)
À l’été 2004, Francesco Toldo a 32 ans et Alberto Fontana en a 37. Alors, quand Luciano Moggi tente furtivement de faire venir Fabio Cannavaro à la Juve, il se dit que le gardien uruguayen international Carini, bloqué par Buffon, pourrait faire l’affaire. Amoureux de la paire Materazzi-Córdoba, Moratti accepte. Alors que Cannavaro remporte le Ballon d’or en 2006, Carini n’a joué que 4 matchs de Serie A pour les Nerazzurri. Prochaine destination ? Un prêt à Cagliari (8 matchs), et enfin le grand Real Murcia. Ce que l’histoire a oublié, c’est qu’à l’été 2004, l’Inter fait signer un autre jeune gardien : le Brésilien Júlio César, qui partira en prêt au Chievo avant de remporter 14 titres avec l’Inter entre 2005 et 2012.
Vratislav Greško (2000-2002)
Arrière gauche slovaque formé à l’Inter Bratislava, Greško arrive à l’Inter à l’été 2000 pour l’équivalent de cinq millions d’euros. Après deux années de services parfois bons et parfois médiocres, lors desquelles Greško se bat courageusement contre la fameuse malédiction des 3, c’est finalement le 5 mai 2002 qui le fera entrer dans l’histoire. Pour la dernière journée de Serie A, l’Inter a bien en main un Scudetto qui lui glisse entre les doigts depuis 1989 et Trapattoni. Ce jour-là, l’Inter joue à l’Olimpico de Rome contre les cousins de la Lazio. À trente secondes de la mi-temps, les hommes d’Héctor Cúper mènent 2-1. C’est le moment que le destin choisit pour faire commettre l’irréparable à Vratislav : une passe en retrait de la tête que Poborský anticipera bien avant Toldo. Détruit, Marco Materazzi lui demande « ma perchè ? » avec les mains. 2-2, puis 4-2. Ronaldo est en pleurs, la Juventus remporte le Scudetto, et Greško devient le symbole numéro 1 des bidons intéristes. L’exil est inévitable. Un mois plus tard, Moratti réussit l’exploit de l’échanger – judicieusement – contre le Parmesan Matías Almeyda.
Ces stars qui n’ont pas brillé en noir et bleu
C’est une chose de recruter des joueurs bidons, mais c’en est une autre de recruter des grands joueurs sans réussir à exploiter leurs qualités. Si le noir et le bleu sont les couleurs de la nuit et du ciel, toutes les étoiles n’ont pas brillé sous le ciel milanais. Qu’elles soient arrivées trop jeunes, trop vite ou alors bien trop tard, ou alors pour un cruel manque d’adaptation au football italien des années 1990, la liste est longue : Dennis Bergkamp, Andrea Pirlo, Hakan Şükür, Diego Forlán, Robby Keane, Gabriel Batistuta, Edgar Davids, Giorgos Karagounis, Darko Pančev…
Les autres bidoni : Nelson Vivas, Antonio Pacheva, Matías Silvestre, Gonzalo Sorondo, Francisco Farinós, Bruno Cirillo, Andy van der Meyde…
Par Markus Kaufmann
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