- France – Ligue 2 – J38 – Valenciennes/Gazélec Ajaccio
Top 10 : les ascenseurs les plus fous
Du CFA à la Ligue 1 en cinq saisons : c'est l'exploit que vient de réaliser le Gazélec Ajaccio. Une performance loin d'être unique, comme en atteste cette liste non exhaustive de montées express en élite observées en Europe ces dernières années. Vers l'infini et l'au-delàààà !
Hoffenheim, 2000-2008
Le petit club allemand devenu maousse est l’un des cas les plus emblématiques et les plus commentés de promotion express sur la dernière décennie. Dans les années 90 et jusqu’au début des années 2000, Hoffenheim grimpe les niveaux à fond les ballons grâce à son président milliardaire, Dietmar Hopp. Premier de D5 en 2000, de nouveau premier de D4 en 2001 : la progression est fulgurante, mais il va y avoir étonnamment une longue stagnation en Regionalliga – la D3 allemande – durant six saisons, avant de grimper en 2. Bundesliga en 2007, puis en élite tout de suite après en 2008, pour ne plus jamais en redescendre. On dit merci qui ? Merci Dietmar.
Hull City, 2004-2008
En Angleterre aussi, malgré l’énorme densité de clubs pros, il n’est pas rare d’assister à d’improbables épopées avec des promotions qui s’enchaînent. Il y a eu Wigan par exemple, à cheval entre les années 90 et 2000, ou Blackpool durant la dernière décennie, mais l’un des cas les plus beaux en la matière est pour Hull City qui, après avoir végété huit interminables saisons en D4 anglaise, monte en League One – la D3 – en 2004, puis enchaîne avec l’élan : Championship dès l’année suivante, deux saisons pour se stabiliser et une troisième pour repartir et squatter la Premier League en 2008. Fait depuis mumuse avec le bouton « 1 » et le bouton « 2 » du football anglais. Le SM Caen tient son alter ego.
Swansea, 2005-2011
Autre exemple outre-Manche : les Gallois de Swansea sont aujourd’hui bien implantés dans le paysage footballistique local, mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 2004/2005, les Swans passent une quatrième saison de suite en League Two et décident d’en finir avec la déprime : ils montent au troisième échelon, qu’ils squattent trois saisons, puis montent au deuxième échelon, où ils restent encore trois saisons, jusqu’à la découverte de l’élite, où ils sont depuis… quatre saisons, déjà tournés vers une cinquième avec, à la clé ce printemps, le meilleur classement de leur histoire.
Gretna, 2005-2007
L’ascenseur le plus fou a été observé ces dernières années en Écosse, plus précisément au club de Gretna. Ce dernier bat tous les records de vitesse en matière d’ascension express avec trois promotions consécutives en trois saisons ! De D4 en D3 en 2005, de D3 en D2 en 2006, de D2 en D1 en 2007. Une progression incontrôlable et incontrôlée qui va même jusqu’à la découverte de l’Europe, via une finale de Coupe d’Écosse. Too fast, too furious, des problèmes extrasportifs combinés à des mauvais résultats sur le pré conduisent le Gretna FC au crash, tel l’ascenseur de la scène d’introduction du mythique Speed avec Keanu Reeves. Gretna FC a été remplacé depuis par Gretna 2008, qui évolue en cinquième div’. Prêt à reprendre l’ascenseur ?
Arles-Avignon, 2006-2010
Et la France alors ? L’ascension actuelle du Gazélec s’inscrit dans une longue tradition, dont sont issus des clubs comme Auxerre, voire Guingamp. Le voisin AC Ajaccio aussi a connu en son temps une remontée folle en élite, mais l’un des cas les plus remarquables observés sur la dernière décennie concerne le club d’Arles qui, sous la houlette de son entraîneur Michel Estevan, va passer de la CFA2 à la Ligue 1 avec un rythme assez dingo : une seule saison pour monter de CFA en National, deux pour monter en L2, et enfin une seule pour arriver en élite en se renommant au passage Arles-Avignon du fait de sa délocalisation. Comme un gamin à la croissance non maîtrisée, l’ACAA crise, déprime, attire les moqueries… et se plante méchamment lors de son unique saison en Ligue 1, avec 20 petits points pris par Meriem, Pavon, Laurenti, Kermorgant and co.
Évian Thonon Gaillard, 2008-2011
Autre cas d’ascenseur express en France ces dernières années : celui qui a permis à l’anonyme Croix de Savoie de passer du CFA en 2008 à la Ligue 1 seulement trois saisons plus tard. Avec au passage là encore un ravalement de façade et un nouveau nom pas mal moins sexy que celui d’avant : Évian Thonon Gaillard, pour un club évoluant à Annecy. Faudra un jour faire une étude approfondie sur les conséquences néfastes de cet enchaînement de noms dans la popularité du club en dehors des Alpes… Toujours est-il qu’après une série de maintiens en élite, l’ETG va finalement redescendre à l’étage inférieur cet été. En retrouvant ce joli nom de Croix de Savoie, c’est vraiment pas possible ?
Sassuolo, 2006-2013
Et l’Italie alors ? Il y aussi eu des cas de remontées spectaculaires, comme celles qu’ont connues il n’y a pas si longtemps la Fiorentina et Naples. Mais le plus beau cas actuel, dans un autre registre, est celui de Sassuolo, qui n’avait pas connu mieux que la 4e div’ locale jusqu’à cette montée historique en 2006, suivie d’une seconde en 2008, puis finalement d’une troisième en 2013 pour se hisser jusqu’en Serie A. Grand favori à la descente la saison dernière, l’US Sassuolo Calcio s’en est pourtant bien tiré avec un maintien ric-rac assuré et confirmé de nouveau cette saison. Attention, on prend ses aises !
Carpi, 2010-2015
L’exemple de Sassuolo pourrait bien inspirer Carpi, qui a survolé la saison actuelle de Serie B et va découvrir l’élite à compter de cet été. De quoi parle-t-on exactement ? D’un club avec un stade de 4000 places et des brouettes, et qui évoluait en Serie D, la 5e div’, jusqu’en 2010. Puis là, c’est le top départ d’une folle montée, avec la D4 avalée en une saison, la D3 en deux et la D2 en deux aussi. Une dinguerie pour le club d’une petite ville de la province de Modène (70 000 habitants) pour qui, non, vraiment, rien n’est jamais fini.
FC Ingolstadt, 2006-2015
Le printemps 2015 restera comme celui des promus surprises dans tous les grands championnats d’Europe, et la Bundesliga s’y met aussi avec l’arrivée surprenante d’Ingolstadt, un club créé en 2004 et qui aura mis moins d’une décennie pour se hisser du quatrième échelon des débuts jusqu’en élite. La dernière promotion en date est remarquable, avec une équipe qui a survolé son championnat et qui représentera donc à compter de la saison prochaine la ville de Frankenstein, des Illuminati et de la marque Audi, qui y a son siège. Le blé d’Audi, oui c’est sûr, ça peut aider à grimper vite et fort…
Bournemouth, 2010-2015
Il est peut-être là le plus beau conte de fées de ce printemps et de ce top 10. En 2009, l’AFC Bournemouth était en méchante galère financière et au bord de tomber en Football Conference, la D5 anglaise. Six ans plus tard, les voici qui s’apprêtent à débouler en Premier League, grâce à trois promotions belles et méritées, dont la dernière, cocorico, est dû notamment aux performances de Yann Kermorgant. Oui, le même Kermorgant qui en avait bavé avec Arles-Avignon en 2010/2011. Assurément, ce jeune homme n’aime pas seulement les ascenseurs, mais aussi les montagnes russes.
Par Régis Delanoë