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Top 10 : Les Anglais d’Italie
Dimanche soir, l’Italie et l’Angleterre s’affrontent en quarts de finale de l’Euro. Un match particulier pour les rares Anglais qui ont osé venir tenter leur chance dans le championnat d’Italie. Et qui ont toujours laissé un souvenir, bon ou mauvais.
John Savage
En plus d’avoir un nom classe, John Savage a eu une importance capitale dans l’histoire de la Juventus. À la fondation du club, à la fin des années 1800, il en est l’un des joueurs principaux et entretient des relations avec des amis à lui en Angleterre pour tout ce qui concerne l’équipement. C’est d’ailleurs lui, un jour, qui commande un set de maillots à un fabricant de Nottingham qu’il connaît bien. Savage lui met un joli maillot rose tout crade et tout délavé dans le bon de commande, à tel point que le fabricant pense qu’il s’agit d’un maillot noir et blanc. Au lieu de lui renvoyer un set de tuniques rouges, comme celles de Nottingham Forest, il lui expédie des tricots noirs et blancs, semblables à ceux de Notts County. Autant dire que Savage s’est sacrément fait engueuler quand les maillots sont arrivés à Turin. Plus de 100 ans plus tard, les tifosi le remercient : sans lui, le maillot rose dégueulasse de la Juve aurait été le maillot principal…
Herbert Kilpin
Chaque équipe italienne a son père fondateur. Giorgio Muggiani pour l’Inter, Luigi Bigiarelli pour la Lazio, Giorgio Ascarelli pour le Napoli… Pour le Milan AC, il s’agit d’un Anglais, le bien-nommé Herbert Kilpin. Né à Nottingham (encore), il grandit là-bas et commence à jouer au foot avec le club de Notts Olympic. À l’âge de 21 ans, il va s’installer à Turin. Là-bas, il devient joueur de l’Internazionale Torino. Quelques années plus tard, il déménage à Milan et se fait des potes à l’American Bar. Le 16 décembre 1899, en compagnie de quelques Italiens et du Londonien Alfred Edwards, il fonde le Milan Cricket and Football Club, futur Milan AC. Il devient le premier capitaine et le premier entraîneur de l’équipe milanaise. C’est d’ailleurs lui qui, selon la légende, a été à l’origine du choix des couleurs. Bon choix artistique.
Gerry Hitchens
Gerry Hitchens n’est pas le plus connu des joueurs britanniques. Pourtant, il détient un record qui va a priori tenir encore longtemps : le plus grand nombre de présences en Serie A pour un Anglais. 205 apparitions, et un coquet total de 59 buts, qui en fait également le buteur anglais le plus prolifique. D’accord. Mais à part ça, c’est qui ? Hitchens, c’est un joueur surnommé « Poil de carotte » , alors qu’il était plus blond que roux, et qui a fait ses armes à Cardiff City et à Aston Villa. En 1961, il claque un doublé avec le maillot de l’équipe d’Angleterre contre l’Italie, lors d’un match amical disputé à Rome. Il s’attire les regards de l’Inter, qui le fait signer l’été suivant. À Milan, il remporte le Scudetto en 1963, puis s’engage avec le Torino, où il dispute trois saisons sans rien gagner. Après quoi, il teste aussi l’Atalanta et termine son tour d’Italie avec une escale peu fructueuse à Cagliari. C’est d’ailleurs là qu’il termine sa carrière professionnelle. Hitchens meurt en 1983, emporté par un infarctus lors d’un match de charité. Triste.
Ray Wilkins
Non, Ray Wilkins n’a pas toujours été entraîneur adjoint à Chelsea. Avant de s’asseoir sur le banc des Blues, l’Anglais a eu une longue carrière, passée entre l’Angleterre, l’Écosse, l’Italie et la France. Après six saisons à Chelsea et cinq à Manchester United, il fait le très grand saut et débarque en 1984 au Milan AC. Il y joue d’ailleurs avec son pote Mark Hateley. Avec le maillot rossonero, il va disputer trois saisons, mais ne va strictement rien gagner. Il s’agit en effet d’une période peu glorieuse pour les Milanais, puisque leur palmarès reste totalement vierge de 1979 à 1988. Néanmoins, Wilkins pourra se vanter d’avoir vécu un moment historique : l’arrivée à la tête du club de Via Turati d’un certain Silvio Berlusconi, jeune loup prêt à transformer l’histoire du Diavolo. Aujourd’hui, Ray Wilkins est chauve.
Trevor Francis
Les fans de Nottingham Forest ne l’ont pas oublié. Trevor Francis faisait partie de cette folle équipe de Forest qui, en 1979 et 1980, remporte deux fois de suite la Coupe des Clubs champions, devenant ainsi le seul club dans l’histoire à avoir remporté plus de fois la C1 que son championnat. C’est d’ailleurs lui qui marque le but décisif lors de la finale de 1979 contre Malmö. Après un bref passage à Manchester City, il part en Italie et signe à la Sampdoria. Lors de ses trois saisons passées à Gênes, il remporte la Coupe d’Italie et s’adjuge le titre honorifique de meilleur buteur de la compétition. Il est, à ce jour, le seul Anglais à avoir remporté un titre de meilleur buteur dans une compétition italienne. Par la suite, il passe à l’Atalanta, où son seul fait d’arme sera un but contre la Fiorentina. Voilà.
David Platt
Aujourd’hui assistant technique à Manchester City, David Platt peut dialoguer en italien avec Roberto Mancini. En effet, les deux hommes se sont côtoyés lorsqu’ils étaient joueurs, à la Sampdoria. Platt y a évolué pendant deux saisons, remportant là-bas la Coupe d’Italie. En 1998, l’Anglais est même devenu entraîneur de l’équipe génoise, après avoir mis un terme à sa carrière. Expérience catastrophique : la Samp est reléguée en Serie B à la fin de la saison. Du coup, Platt rentre en Angleterre la queue entre les jambes. Dommage, car, avant cela, il avait plutôt réalisé de bonnes choses en Italie. Outre son passage à la Sampdoria, l’ancien buteur d’Aston Villa a eu le temps de remporter la Coupe UEFA avec la Juve ou encore de planter quelques pions avec Bari. Comme ça, pour le fun.
Paul Gascoigne
Paul Gascoigne est peut-être le joueur anglais qui s’est le mieux adapté au Championnat d’Italie. Lorsqu’il débarque à la Lazio en provenance de Tottenham, les tifosi se prennent immédiatement d’affection pour lui. Et comme Gazza est le genre de mec qui sait comment entrer dans le cœur des supporters, il inscrit son premier but sous les couleurs biancoceleste lors du derby contre la Roma, à la 89e minute (1-1). En Italie, son comportement est souvent épinglé par la presse, mais les supporters l’adorent. D’autant plus lorsqu’il marque un but fou contre Pescara ou lorsqu’il se met à mâcher un chewing-gum offert en plein match par un arbitre. À Rome, il ne gagne rien (une deuxième place en 1995) et ne dispute que 43 matches en trois saisons à cause de pépins physiques. Mais vingt ans après son arrivée en Italie, les tifosi s’en souviennent encore comme l’un des grands messieurs de l’histoire du club. C’est dire…
Paul Ince
Après six saisons passées à Manchester United, où il remporte deux championnats, deux Charity Shield, deux Coupes d’Angleterre, une Coupe des Coupes et une Supercoupe UEFA, Paul Ince s’en va tenter sa chance de l’autre côté des Alpes. Il atterrit à l’Inter, qui vient de remporter deux fois la Coupe UEFA en quatre ans. Ince arrive lors de l’été 1995, avec la ferme intention d’apporter son expérience de « gouverneur » . Il disputera deux saisons plutôt positives à l’Inter, avec 13 buts en 73 apparitions toutes compétitions confondues. Néanmoins, il termine son aventure sur une note négative, avec la défaite en finale de Coupe UEFA contre Schalke, aux tirs au but. Après quoi, il rentre au bercail, en s’engageant avec Liverpool.
Jay Bothroyd
On sait de Jay Bothroyd qu’il joue à Queens Park Rangers et qu’il a inscrit cette saison deux buts en Premier League contre Tottenham et Manchester City. Mais ce que l’on a oublié, c’est qu’au début de sa carrière, ce grand gaillard d’1m91 a joué en Italie, plus précisément à Pérouse. Là-bas, il côtoie des joueurs comme Ze Maria, Fabio Grosso, Obodo, le grandissime Dario Hubner et même le fils Khadafi. Lors de sa saison italienne, Bothroyd remporte la Coupe Intertoto et réussit à planter cinq buts en Serie A, dont un lors de la toute dernière journée, face à Ancône, qui permet à son équipe de disputer les play-out pour ne pas descendre. Malheureusement, les play-out sont perdus contre la Fiorentina, et Pérouse est relégué. Bothroyd est prêté à Blackburn, et le club de Ligurie décide de le laisser partir l’été suivant à cause de gros problèmes financiers. Il pourra au moins dire qu’il a joué un jour avec Fabrizio Ravanelli.
David Beckham
Il aura fallu du temps, mais David Beckham a fini par jouer en Italie. Après de longues années passées en Angleterre et en Espagne, Becks rejoint le Calcio pour garder la forme pendant la pause du championnat américain. En janvier 2009, le voilà donc qui débarque à Milanello. Son objectif est clair : aligner les bonnes prestations pour convaincre Capello de l’emmener à la Coupe du monde 2010. Au bout de trois mois, il doit rentrer en Californie. Mais Galliani réussit à entourlouper les Los Angeles Galaxy pour le garder jusqu’à la fin de la saison. Beckham repart finalement en juin, avec 18 matches et deux buts à son actif. Des chiffres convaincants, qui lui permettent de revenir en janvier 2010. Mais ce coup-ci, crac, la tuile ! Après 11 matches, il se blesse lors d’un déplacement sur la pelouse du Chievo. Saison finie et un Mondial qui tombe à l’eau. Pour la peine, il ne reviendra pas la saison suivante. Depuis, aucun autre Anglais n’a osé foutre les pieds en Italie…
Mais aussi : Charles Adcock (Padoue, Triestina), Joe Baker (Torino), Luther Blissett (Milan AC), Franz Carr (Reggiana), Gordon Cowans (Bari), Daniele Dichio (Lecce), Paul Elliott (Pise), Jimmy Greaves (Milan AC), Mark Hateley (Milan AC), William Jordan (Juventus), Anthony Marchi (Vicenza, Torino), Paul Rideout (Bari), Lee Sharpe (Sampdoria), Des Walker (Sampdoria)…
Eric Maggiori