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Top 10 : les Allemands d’Espagne
Bayern Munich-Barcelone et Real Madrid-Dortmund, une double confrontation entre l'Espagne et l'Allemagne qui rappelle de vieux souvenirs. Il fut un temps où les avions allemands prenaient soin de décharger de nombreux autochtones sur la Liga. et ce n'est pas Mesut Özil et Sami Khedira qui diront le contraire.
1 – Bernd Schuster
Il y a des hommes qui n’ont jamais eu honte de porter la moustache. Bernd est de ceux-là. A priori, rien ne prédestinait le Teuton à jouer treize piges en Liga. Huit ans au Barça, deux ans au Real et trois à l’Atlético Madrid pour finir. Oui, Schuster ne s’emmerdait pas avec les rivalités. Ce qui l’intéressait, c’était les breloques. Les récompenses. Et de ce côté, sa carrière parle pour lui : trois championnats d’Espagne, six Coupes d’Espagne et une C2. Sa rigueur allemande s’est petit à petit transformée en folie espagnole. Bernd a tellement pris son pied en Espagne qu’il posera son cul sur les bancs du Real, de Xerez, de Levante et de Getafe. Bernard, un mec qui aime le flamenco et la sieste. Un homme de goût.
2 – Günter Netzer
Si Özil peut se targuer d’être un meneur de jeu talentueux, c’est qu’il a eu de beaux modèles. Et notamment Günter Netzer qui avait drivé la formidable équipe de Gladbach dans les années 70 pour devenir le patron de l’équipe de RFA. Après dix ans au Borussia, Netzer a envie de soleil. Il prend la direction du Real et braque deux Ligas et deux Coupes du Roi. Il survole l’entrejeu madrilène et doit, en toute logique, être la caution technique de sa sélection lors du Mondial 74. Il n’en sera rien. La crise qui couve entre les mecs issus du Borussia et ceux du Bayern a raison de lui. Beckenbauer, le capitaine et véritable patron des feuilles de match, lui préfère le joueur de Cologne Wolfgang Overath, et Netzer doit se coltiner le banc. Il quittera Madrid après trois belles saisons pour prendre un aller simple pour Zurich. Histoire de terminer dans l’anonymat. Et planquer un peu de caillasse.
3 – Paul Breitner
Un an après l’arrivée de Netzer à Madrid, le Real engage un autre crack venu de RFA. Paul Breitner. Le mec est un OVNI. L’homme à la coupe afro est un anticonformiste et un provocateur. Il revendique clairement son droit à être de gauche et son admiration pour Mao et Marx. L’homme parle trop, ce qui n’est pas du goût du kaiser Beckenbauer avec qui il partage le maillot du Bayern Munich. L’un est de trop et doit quitter la Bavière. Ce sera Polo. Direction l’Espagne et le Real Madrid. Un départ houleux, car le lascar déclare « être heureux de partir » , qu’il « n’a aucun ami au Bayern à part Hoeness » et qu’il « ne se sent plus bavarois » . Boum ! Dans la capitale espagnole, il n’est pas à plaindre. Il joue à son vrai poste (milieu) et garnit son palmarès de deux titres de champion d’Espagne en 1975 et 1976. Suffisant pour se faire de nouveau désirer au pays, puisqu’il rentre par la petite porte (Eintracht Braunschweig) avant de revenir au Bayern. En patron.
4 – Bodo Illgner
Le dernier gardien du Real Madrid avant l’avènement d’Iker Casillas ? C’est Bodo. Un homme qui compte deux Ligues des champions à son CV (1998 et 2000) et deux Ligas. Rien que ça. Avant de venir terminer sagement sa carrière au Real, Bodo s’était amusé dans les bois du FC Cologne pendant treize ans. Un règne qui l’avait conduit en sélection nationale (Champion du monde 1990). Mine de rien, sans son passage au Real, Illgner aurait terminé sa carrière sans aucun trophée glané en club. C’eut été un poil dommage pour un portier plus que correct, notamment sur sa ligne. Certes, il n’avait pas le charisme de Kahn ni le talent de Maier, mais Illgner avait largement les épaules pour soulever deux fois une C1.
5- Jupp Heynckes
Joueur, Jupp n’a jamais bougé d’Allemagne. Saloperie de sédentaire. Une fois les crampons raccrochés, le vieux gourou a changé de politique. Direction l’Espagne avec quatre clubs dans la besace (Bilbao par deux fois, Tenerife et le Real Madrid). Et c’est sur le banc merengue qu’il va connaître un grand succès : ramener la C1 dans la capitale espagnole après une disette de 32 piges. D’autant que la finale, contre la Juventus Turin, est un bijou tactique. Avec sa doublette Suker-Mijatović, l’Allemand s’amuse des Turinois et valide son passage au Real Madrid. Un succès qui ramène les Espagnols tout en haut de la plus belle scène européenne. Mieux, sur sa seule année sur le banc, Jupp repart avec une C1 sous le bras. Facile.
6 – Uli Stielike
Un autre Allemand à moustache. Décidément. Milieu de terrain besogneux, Uli se forme à la belle école du Borussia Mönchengladbach. Il ratisse et rayonne tellement qu’il devient un pilier de la sélection nationale. Et comme beaucoup de ses collègues de l’époque, il reçoit un coup de téléphone du Real Madrid qui s’est mis à l’heure allemande depuis le milieu des années 70. 1977, Uli prend un vol direct pour l’Espagne. Il va y rester huit ans. Toujours fidèle à la Maison Blanche. Il remporte trois championnats d’affilée en 1978, 1979 et 1980, ainsi que deux Coupes du Roi en 1980 et 1982. En 1985, il remporte une nouvelle fois la Coupe UEFA, dix ans après avoir remporté ce trophée avec le Borussia. L’Espagne est folle de lui. Si, si. La preuve, elle lui décerne quatre fois de suite le titre du meilleur joueur étranger du championnat d’Espagne via le magazine Don Balón. Personne n’a fait mieux. Pas même Lionel Messi.
7 – Rainer Bonhof
Un milieu de terrain travailleur, encore. Un mec de Mönchengladbach. Encore. Avec Stielike, Bonhof faisait la paire au Borussia. Uli en route pour Madrid, Rainer s’ennuie un an au pays avant de tenter l’aventure espagnole. Il partira plus au sud. Au soleil. À Valence où il croise un certain Mario Kempes. L’équipe a de la gueule, mais n’arrive pas à s’installer tout en haut de la Liga. À la place, une Coupe du Roi et une C2 atterrissent sur la cheminée de l’Allemand. Y a pire.
8 – Andreas Hinkel
Le latéral droit de Stuttgart arrive en Andalousie avec une solide réputation. C’est un international qui demande à prendre son envol. Il arrive au bon moment en Liga. Le FC Séville est en train de s’installer solidement sur la scène européenne en remportant la Coupe UEFA en 2006. Hinkel est de la partie. C’est beau, mais ça ne durera pas. L’Allemand commence à se péter de partout et file à l’anglaise. Enfin, à l’écossaise. Au Celtic. Dommage.
9- David Odonkor
Le genre de mec que tout le monde prenait à PES. Un type avec 99 en accélération et des stats dégueulasses partout ailleurs. Le Tijani Babangida moderne. Au Borussia Dortmund, il alterne entre les montées à la vitesse lumière et les matchs avec la réserve. Suffisant pour convaincre le Betis Séville de le braquer après la Coupe du monde 2006. Mauvaise idée. Odonkor se pète trois fois le genou et ne dispute qu’une trentaine de matchs avec les Andalous en cinq ans. Il joue aujourd’hui en Ukraine où sa vitesse de croisière a nettement ralenti.
10 – Toni Schumacher
Toni et l’Espagne ? Une histoire d’amour alors qu’il n’a jamais joué au pays du chorizo. Son empreinte espagnole, il l’a surtout laissé dans les dents de Patrick Battiston, un soir de demi-finale de Coupe du monde à Séville. Un match à part qui a fait du gardien de Cologne un représentant unique des salopards. Trente ans plus tard, Séville rime toujours avec Schumi. Mythique. Unique. Dentiste.
Bonus tracks :
Andreas Brehme (Real Saragosse 1992/1993)
Timo Hildebrand FC Valence (2007/2008)Oliver Neuville Tenerife (1996/1997)
Christoph Metzelder Real Madrid (2007/2010)
Par Mathieu Faure