- Top 10
Top 10 : Langues de bois
Il y a peu, Eric Cantona qualifiait son entraîneur de "sac à merde", Gérard Houllier snipait David Ginola un soir de novembre 1993... Aujourd'hui, les déclarations puent la langue de bois et les discours de communication. Top 10 du meilleur du best du génial.
Antoine Kombouaré, entraîneur du PSG, au sortir d’un match insipide contre Nancy (0-0) balançait une bombe : « Ce point suffit amplement à mon bonheur, ça permet de casser la spirale négative et de bien préparer le match contre Toulouse. Le reste ne me concerne pas. Je m’occupe de grappiller des points » . Bienvenue dans un monde où le commerce du bois dont on fait les discours se porte bien.
1 – « Prendre les matches les uns après les autres »
Une phrase ô combien redondante dans les bouches des entraîneurs sur la sellette. Histoire de dédramatiser une situation mal embarquée -genre une série de défaites ou de roustes- le coach balance la phrase classique qui consiste à jouer les matches les uns après les autres. En gros, jouer 38 journées de championnat dans l’ordre. La belle idée. Si un esthète de l’organisation permet de jouer le championnat en une seule et même soirée, son CV est attendu par la Ligue.
2 – « On fera les comptes à la fin »
Sous entendu, on comptera les points après la dernière journée de championnat. Il semble donc communément admis dans l’esprit de certains pratiquants du football que quelques amoureux du football pensent que le titre de champion de France se joue lors de la 7ème journée. Le titre est effectif une fois le championnat terminé. C’est un principe arithmétique de base. Forcément, on fait les comptes à la fin.
3 – « L’important, c’est les trois points »
Comme sa petite cousine « un match à six points », une hérésie. Il est évident que l’important n’est pas de perdre avec panache, en ayant mené 3-0 à La Corogne ou 4-0 au Vélodrome. Même si la France a toujours adulé les Poulidor ou les éternels seconds, perdre ne rend jamais sympathique. C’est surtout oublier l’essence même du sport. On ne retient que les vainqueurs. Le Baron de Coubertin peut aller se rhabiller.
4 – « La moindre erreur se paye cash »
Faux. Car si ce principe devait s’appliquer au football moderne, de nombreux matches se termineraient par des scores de basket. Certes, le dernier Porto-Arsenal a démontré qu’une erreur pouvait se payer cash, mais il faut toujours une exception à la règle. Suffit de se mater un petit “Jour de Foot” pour s’apercevoir que rien ne se paie cash, sauf les enveloppes.
5 – « Ça se joue sur des détails »
Selon Robert : énumération complète des moindres éléments d’un ensemble. Selon Pirès : sa carrière en Bleu s’est jouée sur un détail, la nomination de Raymond Domenech. Phrase souvent balancée après un échec. Une défaite imméritée, obtenue sur un détail, une broutille, une faute de paluche du gardien, un arbitre mal inspiré, une pelouse négligée. Un détail pour vous, mais parfois ça veut dire beaucoup.
6 – « A ce niveau »
Il est primordial de souligner que les deux derniers numéros sont très (trop) souvent précédés d’un « à ce niveau ». Car la combinaison des genres souligne la marque des grands. « A ce niveau, la moindre erreur se paye cash » CQFD. Néanmoins, des variantes sont acceptées. Du type « à ce niveau, il faut la mettre au fond/relever la tête/ne rien lâcher… ». Laurent Blanc maitrise parfaitement la jurisprudence du « à ce niveau ». Langue de bois ne rime pas avec médiocrité.
7 – « Ce sont des hommes comme les autres »
Souvent employé en Coupe de France pour dédramatiser une situation. En général, cette phrase arrive en dernier dans la causerie du coach de DRH juste avant d’affronter une Ligue 1 dans un stade champêtre chauffé à blanc par la population locale. Force est de constater qu’un agent EDF court beaucoup moins vite qu’un ailier droit marseillais. La nature est cruelle.
8 – « Ça arrive aux plus grands »
Après un échec, il est autorisé d’alterner entre le vrai-faux respect et la fausse déclaration emplie de sympathie pour soi-même. En gros, minimiser l’échec, honteux, risible et ridicule. Comment expliquer une élimination à Plabennec, Clermont-Ferrand ou Rogny-les-sept écluses ? Par la fameuse thèse de l’accident qui arrive même aux plus grands… Toujours plus facile à faire passer qu’une « faillite collective ».
9 – « C’était un jour sans »
La défaite appelle constamment une remise en question. On en tire des leçons, des conclusions. La plus simpliste et acceptable en toutes circonstances est souvent la plus logique : c’était un jour sans. Une rencontre où la chance n’était pas au rendez-vous. Car comme aimait se le dire Hector Berlioz entre deux parties de baballe, « la chance d’avoir du talent ne suffit pas ; il faut encore le talent d’avoir de la chance ».
10 – « Ils ne nous ont rien montré »
Le summum de l’aigreur, de la mauvaise-foi. Perdre contre une équipe qui n’a rien « montré ». En résumé, se faire torcher par plus mauvais que soi. Dégueulasse. Ou comment reporter sa propre incompétence sur autrui. Gagner sans rien montrer force le respect. Perdre dans de telles conditions inspire la pitié. C’est dire…
Bonus chansons cachées :
– « Y avait la place »
– « On pouvait tuer le match »
– « On les a trop regardés jouer »
– « On a été transparents »
– « J’essayerai de faire mieux la prochaine fois »
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