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- Finale
- Benfica/Chelsea (1-2)
Top 10 : La lose finale
En se faisant punir par Ivanović dans les arrêts de jeu, Benfica a perdu hier soir sa septième finale européenne de suite. Un triste record. Les Lisboètes peuvent toutefois se consoler en se disant que l'histoire du football est jalonnée de ces équipes poissardes, qui coincent à chaque fois au moment fatidique. Générations dorées ou épopées éphémères, ils se sont vu soulever le trophée. Et ils se sont plantés.
Benfica, poissard depuis 1962
Lorsque hier, à 22h15, Raymond Domenech a twitté « Egalisation du Benfica, le foot est parfois logique aussi » – avec deux smileys – tous les supporters du club lisboète ont cru voir la malédiction enfin s’envoler. Mais non, toujours pas. Sept finales européennes de suite, sept défaites. En même temps, quand Béla Guttmann a remporté la deuxième et dernière Coupe d’Europe du club en 1962, le coach hongrois avait prévenu : après lui, ce serait fini. En 1963, Eusébio a beau ouvrir la marque contre le Milan AC, Benfica s’incline 2-1. En 1965, c’est l’autre Milan, celui de Jair, qui refroidit le clan benfiquista. En 1968, Manchester United joue le rôle du bourreau à Wembley, avant qu’Anderlecht ne l’imite, 15 ans plus tard. En 1988, la défense portée par Carlos Mozer ne plie pas, mais Benfica s’incline tout de même aux tirs au but face au PSV. Et la dernière finale perdue avant celle contre Chelsea, c’était en 1990. Cette année-là, Aldair et les siens ont enfin l’occasion de prendre leur revanche sur les Rossoneri, mais Rijkaard passe par là. Pour résumer, les derniers fans de Benfica à se souvenir d’une victoire européenne ont aujourd’hui minimum 60 ans. Quand ça veut pas…
Les Pays-Bas de 74 et 78
Certains diront qu’elle a révolutionné le football. C’est sans doute vrai. Et pourtant, le football ne l’a jamais remerciée. La Hollande des années 70 est peut-être la plus belle sélection européenne de l’histoire. Construite à partir d’un Ajax vainqueur de la C1 en 71, 72 et 73, elle compte dans ses rangs Johan Neeskens, Johnny Rep, et un certain… Johan Cruijff. Emmenés par Rinus Michels, Monsieur « football total » , les Oranje abordent la Coupe du monde 1974 en grands favoris. Auteurs d’un parcours sans faute, ils rejoignent la RFA en finale, et dès le coup d’envoi, Cruijff obtient un penalty que transforme Neeskens. L’histoire est en marche, mais 90 minutes plus tard, c’est bien l’Allemagne de Gerd Müller et Paul Breitner qui l’emporte 2-1 et soulève le trophée à Munich. Quatre ans plus tard, rebelote. Sans leur génial numéro 14, opposé à la dictature argentine – ou victime d’un kidnapping, on ne sait pas trop – les Néerlandais retrouvent une nouvelle fois le pays hôte en finale et sont battus 3-1 après prolongation. En 2010, la génération des Van Persie et Robben n’aura pas plus de réussite. Verliezers. Ça veut dire perdants.
Le Reims des années 50
Aujourd’hui, le Stade de Reims retrouve tout juste la lumière de la Ligue 1. Mais il a existé une époque où la France ne jurait que par l’équipe champenoise. En 1956, Raymond Kopa et ses coéquipiers se qualifient pour la première finale de C1 de l’histoire. Dans un Parc des Princes plein à craquer, les Rémois affrontent le grand Real d’Alfredo Di Stéfano pour la gagne. Les hommes d’Albert Batteux mènent 2-0, puis 3-2, mais s’inclinent finalement 4-3 au terme d’un tragique retournement de situation. Dans la foulée, Kopa se barre chez l’adversaire du soir pour 52 millions de francs, et Reims accuse le coup. Mais le Stade est orgueilleux. Trois ans plus tard, Reims retrouve Madrid en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1959. Donnés perdants, les rouge et blanc y vont avec moins de pression, mais sont tout de même défaits 2-0. Le début de la fin.
Le Bilbao de 2012
La saison 2011-2012 de l’Athletic Bilbao, c’est une belle histoire de coupes. L’arrivée de Marcelo Bielsa sur le banc permet aux Basques de développer un jeu léché et attrayant et de s’attirer les félicitations de l’Espagne du foot. Emmené par Javi Martínez, Iker Muniain et Fernando Llorente, Bilbao boucle la Liga à la 10e place du classement. Pas très bandant, mais le club cher à Luis Fernandez se venge dès qu’un match de coupe pointe le bout de son nez. En Ligue Europa, il finit premier de son groupe, en tapant au passage le PSG chez eux. Le chef-d’œuvre de la saison arrive en mars 2012, en huitième de finale face au grand Manchester. Victoires 3-2 à Old Trafford, 2-1 à San Mamés. Adios Fergie. Schalke et le Sporting Portugal passent aussi à la moulinette, et les Rouge et Blanc se hissent jusqu’en finale. Pour un premier trophée européen ? Hé non, l’Atlético Madrid d’un Falcao en chaleur colle 3-0 aux Basques… Deux semaines plus tard, Bilbao se retrouve en finale de Coupe du Roi après avoir facilement écarté Oviedo, Albacete, Málaga et Mirandés. Cette fois, c’est le Barça qui se présente en face. Les Basques n’y croiront pas une seconde, Pedro et Messi offrant facilement un beau cadeau d’adieu à Guardiola. Putain de saison !
La Juve de Lippi
Les années 1990 ont été celles du Calcio tout-puissant. Au Milan de Sacchi et Capello succède la Juve de Marcello Lippi. Champions d’Europe en 1996 face à l’Ajax, les Turinois sont au rendez-vous l’année suivante et se présentent en favoris de la finale 1997 face à Dortmund. Emmenés par Deschamps, Zidane et Vieri, les Bianconeri s’inclinent 3-1 face à l’équipe-surprise de cette campagne européenne, magnifiquement menée par Kohler, Sammer, Sousa et Chapuisat. Qu’à cela ne tienne, la Juve est têtue et donne rendez-vous à tout le monde l’année suivante. En 1998, Lippi aligne Zidane, Del Piero et Inzaghi en attaque. Insuffisant pour percer le coffre-fort du Real Madrid de Jupp Heynckes. Seedorf, Redondo, Raúl et Morientes sont là, mais c’est un but de Mijatović qui enterre cette fois les espoirs de la Vecchia Signora. Lassé de perdre en finale, ce bon vieux Marcelo prend du recul et signe à l’Inter. Échec. Il revient peu après, le temps de s’offrir une nouvelle finale en 2003, cette fois face au Milan AC d’Ancelotti. Privée de son futur Ballon d’or Pavel Nedvěd (suspendu), la Juve bute sur un mur et concède un bon 0-0 des familles. Trezeguet, Zalayeta et Montero butent sur un énorme Dida aux tirs au but. Et merde…
Le Bayer Leverkusen de 2002
La méga-lose. La poisse. La guigne. Le Bayer Leverkusen de 2002 avait une sacrée gueule, il faut bien l’avouer. Avec des gars comme Lúcio, Ramelow, Placente, Ballack, Bastürk, Neuville et même un jeune Dimitar Berbatov (21 ans à l’époque des faits), les Rouge et Noir auraient pu devenir les premiers à réaliser le triplé Championnat – Coupe – Coupe d’Europe. Échec total. À trois journées de la fin du championnat, le Bayer possède cinq points d’avance sur Dortmund. De quoi voir venir. Problème : deux défaites face au Werder Brême et Nuremberg crucifient les hommes de Klaus Toppmöller, qui finissent à un point du Borussia qui fait le carton plein dans le même temps. Une semaine plus tard, la bande à Carsten Ramelow s’incline 4-2 face à Schalke en finale de la Coupe d’Allemagne. Quatre jours après, à Glasgow, Zidane dépose une praline dans la lucarne d’Hans-Jörg Butt et envoie les Allemands en enfer. Deux semaines incroyables qui entérineront le surnom moqueur de « Neverkusen » pour le club rhénan. Deux semaines qui marquent le début de la légende de Michaël Ballack, qui perdra dans la foulée une finale de Coupe du monde (2002), une finale de Ligue des champions (2008) et une finale d’Euro (2008). Le roi des losers.
Le Valence d’Héctor Cuper
Cette équipe-là avait une sacrée gueule et en a fait rêver plus d’un. Canizares, Mendieta, Gerard, Kily Gonzalez, Claudio López, Ayala, Angloma… En 2000, le club ché finit à une honorable troisième place en championnat derrière le Depor d’Irureta et le Barça de Van Gaal. Sur la scène européenne, la bande à Hector Cuper écarte la Lazio en quart et le Barça en demie. Reste un dernier obstacle et pas des moindres : le Real Madrid de… Nicolas Anelka. Les Valenciens se battent mais tombent contre plus forts qu’eux. Morientes, McManaman et Raúl trouvent le chemin des filets au stade de France et renvoient leurs compatriotes à leurs chères études. Un an plus tard, les Blanquinegros remettent ça et se frayent un chemin jusqu’à la finale avec un certain goût pour la cuisine anglaise : Arsenal en quart et Leeds en demi. Un Bayern Munich encore traumatisé par 1999 se présente en finale le couteau entre les dents. Ce 23 mai 2001, tout est histoire de pénos à San Siro. Mendieta exécute Oliver Kahn dès la 3e minute mais Effenberg lui répond à la 51e. Direction les prolong’ et les tirs au but. Zahovič, Carboni et Pellegrino craquent dans la nuit milanaise. Bayern champion, Valence KO.
La Côte d’Ivoire, l’éternel favori : 2006-2013
Sept berges, six sélectionneurs (Michel, Stielike, Halilhodžic, Eriksson, Zahoui et Lamouchi) et toujours la même bouille de losers traînée sur les gazons arides du continent noir. Cinq CAN consécutives où l’on bassinait le monde avec « la plus belle génération du foot ivoirien » . Sur le papier, l’éternelle bande aux Drogba, Kalou et autres Touré a de la gueule. Et de la bouteille, aussi. Assez en tout cas pour se traîner, à chaque compète, une étiquette de favoris. Un statut que n’honoreront jamais les Éléphants : finalistes en 2006, demi-finalistes en 2008, quart-de-finalistes de 2010, finalistes en 2012 – défaits aux pénos par la Zambie – et enfin quart-de-finaliste en 2013. Tiéhi, Fofana et Otokoré l’ont fait, eux. Et ils la ramenaient moins…
L’AS Monaco de 2004
Márquez, Jurietti, Simone et Gallardo qui tracent, Campora qui jette l’éponge, les comptes qui virent dans le rouge et la DGSE qui pointe le bout de son pif. L’exercice 2003-2004 s’annonçait funeste à Monaco. L’escouade – sous la nouvelle présidence de Pierre Svara – est alors bâtie, par défaut, à coups de prêts et Ibarra, Cissé et Morientes débarquent sur le Rocher. Neuf mois plus tard, la sauce a pris et l’ASM pointe en tête de la Ligue 1 à sept journées du terme avec un point d’avance sur l’OL. Mieux, Monaco est épique en Ligue des champions et s’est même payé le luxe de troncher le grand Real Madrid en quart de finale (2-4, 3-1). Sur son Rocher, Albert II se prend à rêver de doublé. Un peu trop vite. Trois semaines plus tard, tout se casse la gueule : coiffé par Lyon et Paris en championnat et étrillé (3-0) en finale de C1 par Porto, l’ASM termine sa saison comme elle l’a commencée : avec rien.
Le Bayern Munich de 2010-2012
22 mai 2010. Santiago Bernabéu. Finale de la Ligue des champions. Avec une Bundesliga et une Coupe d’Allemagne en poche, le Bayern tutoie le premier triplé championnat-coupe-C1de son histoire. Un triplé que finira par lui rafler l’Inter Milan (2-0). Un jour sans pour des Bavarois, point d’amorce de deux saisons vierges. Malgré Robbéry, malgré Gómez, malgré Müller, malgré Schweinsteiger, le Bayern est surclassé en championnat par un Borussia Dortmund qui fleure bon la fougue. Le Rekormeister ne fera pas mieux en Coupe d’Allemagne, jarté par Schalke en 2011 en demi-finale (1-0), puis explosé par le Borussia l’année suivante en finale (5-2). L’Europe non plus ne sourira aux Bavarois, une nouvelle fois finalistes en 2012, et une nouvelle fois éliminé au hasard des tirs au but par le Chelsea de Didier Drogba. Quand ça ne veut pas…
Ils auraient pu figurer dans ce top : La Hongrie de 1954, le Leicester des 60s, l’Allemagne des années 2000, le Stade rennais.
Par Clément Chaillou, Benjamin Jeanjean et Joshua Lekaye