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Top 10 : La Ligue 1 les a ratés

Par Maxime Marchon et Alexandre Pedro
Top 10 : La Ligue 1 les a ratés

Le recrutement n'est pas une science exacte. Parfois, on a la main heureuse, parfois beaucoup moins. Une histoire de timing, de malchance ou de cécité aussi, et vous passez à côté de Eto'o, Lucho ou Ronaldo. Voici dix rendez-vous manqués entre des futurs stars du ballon rond et la Ligue 1.

Samuel Eto’o (PSG, le Havre, Saint-Étienne, Cannes)

Avant d’être un groupe de rap rive gauche, 1995 est l’année où Samuel Eto’o Fils expérimente la reconduite à la frontière française. Débarqué à Carpentras, il monte à la capitale rejoindre sa sœur en compagnie de ses frères David et Étienne. « Étranger en situation irrégulière » , il ne peut ni aller à l’école ni jouer au foot et passe la majorité de son temps terré dans l’appartement. Il tente bien à sa chance à Saint-Germain-en-Laye, mais comme il l’a expliqué lui-même un jour au CFC : « J’étais un sans-papier, donc c’était un peu compliqué. J’ai fait un essai à Paris et on m’a dit :« Jeune homme, tu n’as pas de papiers, tu peux pas rester ici. » » Refoulé hors du pays, il reviendra tenter sa chance au Havre, à Saint-Étienne ou encore à Cannes. Sans plus de succès administratif. Moins retorse, l’Espagne l’accueille quelques semaines plus tard avec un visa et un contrat au Real Madrid.

Miroslav Klose (Auxerre)

Avant de devenir le co-meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde, Miroslav Klose a d’abord été un pistonné. Au nom de leur amitié et de trois saisons passées dans l’Yonne, Guy Roux accepte de prendre le fils de Joseph Klose (ancien ailier barbu de l’AJA) à l’essai sans trop y croire. À 15 ans, Klose n’a rien du futur bombardier de la Mannschaft. Après une semaine et un match d’essai, il retourne en Allemagne « sans avoir touché un ballon » dixit un Guy Roux qui à l’époque était loin d’être le seul à ne pas croire au potentiel de ce « fils de » .

Lucho González (Châteauroux)

Entre l’Argentin et la France, l’incompréhension ne date pas de son passage à Marseille. En 2002, le jeune milieu de terrain d’Hurucan est sur le point de signer à Châteauroux. Oui, la Berrichonne. Lucho se voit déjà distribuer des galettes à Hervé Bugnet et profiter des centres millimétrés de Jimmy Algerino. Sauf qu’il ne verra jamais la préfecture de l’Indre. La faute à des dirigeants incapables de se mettre d’accord. « Châteauroux, ce fut une immense désillusion, j’en avais pleuré » , avouera-il quelques années plus tard. C’est surtout les habitués de Gaston-Petit qui en chialent encore.

Lucas Barrios (Nancy)

Nancy a comme un problème avec les buteurs venus d’Amérique du Sud. En 2005, le club met à l’essai Mário Jardel, mais ne le conserve pas en raison d’une masse corporelle inadaptée à la pratique du sport de haut niveau. Quatre ans plus tard, l’ASNL croit avoir trouvé l’oiseau rare avec Lucas Barrios. Tout semble réglé avec son club de Colo-Colo, mais l’affaire capote au dernier moment « par la faute d’un intermédiaire » , indique le futur international paraguayen. Un Dortmund en reconstruction saute alors sur l’occasion et embauche Barrios qui inscrira 49 buts en trois saisons. Et pendant ce temps, à Nancy, Djamel Bakar et Gaston Curbelo…

Diego Forlán (Nancy)

Mais avant Barrios et avant Óscar Cardozo aussi, Nancy a raté un autre attaquant sud-américain : Diego Forlán. Les dirigeants lorrains ont pourtant eu le temps de voir l’Uruguayen à l’œuvre. En 1995, Forlán (alors âgé de 15 ans) débarque au centre de formation de l’ASNL. Il va y rester six mois. Insuffisant pour gratter un contrat. Abdeslam Ouaddou ne comprend toujours pas le choix de ses dirigeants de l’époque : « Ça se voyait qu’il avait de grosses qualités techniques et d’efficacité devant le but. Les dirigeants vous diront que c’est lui qui est parti, mais la vérité, c’est qu’ils n’en ont pas voulu. Pour eux, il n’avait pas assez la gnaque. »

Luis Suárez (Marseille)

Eté 2010, Marseille s’active pour recruter un avant-centre de niveau international. Cela tombe bien, les agents de Luis Suárez démarchent le club pour proposer les services de leur client (qui sort d’une saison à 55 buts à l’Ajax et d’un Mondial de patron). On évoque un transfert de l’ordre de dix millions, mais Didier Deschamps ne mord pas à l’hameçon. L’entraîneur de l’OM vibre surtout pour Luís Fabiano. À défaut de Suárez ou de Fabiano, Marseille mettra 33 millions sur le duo Rémy-Gignac. La préférence française sans doute.

Zlatan Ibrahimović (Lyon)

On parle ici d’un temps où l’OL mettait 5 buts à Montpellier, pas le contraire. Double champion de France avec Sonny Anderson à sa pointe extrême, Lyon doit lui trouver un remplaçant après l’annonce de son départ pour Villarreal. Entre autres noms, les dirigeants creusent la piste menant à un jeune attaquant suédois de 21 ans : Zlatan Ibrahimović. Ce dernier est chaud, mais la cellule recrutement de Rhône-Alpes lui préfère finalement… Giovane Élber. L’histoire ne s’arrête pas là puisque, deux ans plus tard, ils osent le rappeler. Mais Zlatan n’est pas homme de pardon.

Ronaldo (Cannes)

Selon la légende urbaine, Luis Fernandez, alors coach à l’AS Cannes (saison 93/94), aurait soufflé le nom de Ronaldo à ses dirigeants de l’époque. Ces derniers auraient refusé de payer la clause libératoire de 2 millions d’euros du joueur, estimant qu’il était trop jeune et inconnu au bataillon. Pour rappel, Luis Fernandez, c’est le type qui a foutu Ronaldinho sur le banc du PSG…

Robert Lewandowski (RC Lens)

Le 27 mai 2009, le site mercato365 attaquait sa brève « L’AJA se place sur Lewandowski » de la sorte : « Non contente d’avoir convaincu Ireneusz Jeleń de prolonger son contrat jusqu’en juin 2011 ou d’avoir relancé Dariusz Dudka, l’AJ Auxerre s’activerait également pour recruter un troisième international polonais en la personne de Robert Lewandowski (20 ans, Lech Poznań)… » Non contente donc… Comme le RC Lens, deux ans auparavant. Saison 2007-2008, le club est alerté par l’ancien joueur de l’estaminet Joachim Marx. L’Artésien époque seventies a repéré à Znicz Pruszków en D2 polonaise un certain Robert Lewandowski. Transféré à l’été au Lech Poznań, il est supervisé lors d’un match de Coupe d’Europe à Rotterdam. Sauf qu’entre la découverte de son existence et son observation depuis les tribunes, son prix a augmenté. Il faut débourser 4 millions. Trop pour un quasi-inconnu. Mais toujours deux de moins que Sidi Keita, recruté cet été-là.

Javier Pastore (Saint-Étienne)

Javier Pastore, l’homme qui valait 42 millions en 2011, coûtait cinq ans auparavant « deux pesos cinquante » selon Osvaldo Piazza. L’un des plus beaux brushings que le Chaudron a vu passer sait de quoi il parle, il est derrière l’essai de cinq jeunes de Talleres de Córdoba à Sainté. Nous sommes en novembre 2006, la gelée vient de donner ses premiers cheveux blancs aux hautes herbes des monts du Forez. Parmi eux, Javier Pastore, âgé de 17 ans. Après quinze jours d’essai, les cinq Argentins sont convoqués pour passer un dernier test, devant les dirigeants du club : Ivan Hasek, Laurent Roussey, Omar Da Fonseca. Pas un n’a le crush. La faute aux conditions météo : « L’entraînement de la veille de cet ultime test avait été très dur, se remémore Piazza. Et le climat était très rigoureux. » De Saint-Étienne, Pastore aura au moins appris une chose : que les températures peuvent être négatives.

Bonus : Henrikh Mkhitaryan (Marseille)

Dernier frisson en date à Dortmund, l’Arménien a été à l’essai du côté de Marseille. Avant le match de Ligue des champions entre les deux équipes, La Provence révélait que l’adolescent avait été alors jugé « trop frêle » . Alors entraîneur de l’OM, Albert Emon avait pourtant craqué pour le garçon. Mais visiblement, l’avis d’Albert, personne n’en tenait vraiment compte à la Commanderie.

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