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Top 10 : La Fiorentina et l’art de la lose

Par Adrien Candau
Top 10 : La Fiorentina et l’art de la lose

Prototype du club classe, la Fiorentina a rappelé qu'elle était aussi la championne toutes catégories de la lose, en trouvant le moyen de se faire sortir de la Ligue Europa par Mönchengladbach au terme d'un match hallucinant jeudi dernier. Un bide parmi tant d'autres pour un club qui conjugue depuis toujours romantisme avec déception sportive.

30 mai 1957 : le penalty de Di Stéfano

L’origine du mal. À la fin des années 50, la Fiorentina, championne d’Italie en titre, aligne une équipe costaude qui lui permet d’atteindre la finale de la C1 face au grand Real Madrid du président Santiago Bernabéu. La formation viola tient la dragée haute aux Madrilènes jusqu’à la 70e minute, moment choisi par Enrique Mateos pour s’offrir un rush qui dépose l’arrière-garde florentine. En désespoir de cause, Ardico Magnini, le défenseur violet, stoppe irrégulièrement l’attaquant, une faute juste en dehors de la surface. Malgré les protestations des joueurs florentins, l’arbitre siffle penalty. Di Stéfano transforme avant que Francisco Gento ne double la mise six minutes plus tard. Signe qu’il y a 60 ans, la Fiorentina était déjà belle… et fatalement perdante.


24 septembre 1958 : la surprise laziale

Deuxième de la dernière édition de la Serie A, la Fiorentina dispute la finale de la Coupe d’Italie dans le rôle de grandissime favorite, face à une Lazio qui a frôlé la relégation en Serie B. Pourtant, les Violets se vautrent complètement face à des Laziali sur-motivés, qui l’emportent logiquement sur un coup de casque de leur attaquant Maurilio Prini. Un ancien de la maison florentine, avec qui il avait remporté le premier Scudetto de l’histoire du club en 1956. Où comment se faire baffer par son ex au pire des moments.


Serie A 1981-1982: la Juve, briseuse de rêve

Privée de titre en championnat depuis 1969, la Fio fait jeu égal avec la Juventus jusqu’à la dernière journée de la saison. Alors que les Bianconeri affrontent Catanzaro, la Fiorentina se déplace à Cagliari dans un duel à distance haletant. Quand les Florentins se voient refuser un but de leur attaquant Francesco Graziani pour une faute peu évidente sur le portier adverse, la Vieille Dame l’emporte grâce à un penalty incontestable en seconde période. Vingtième titre en Serie A pour les Turinois et colère amère des tifosi de la Viola, qui dégainent un slogan resté dans les mémoires : « Meglio secondi che ladri » ( « Mieux vaut être seconds que voleurs » ). Sympathique, mais trente-cinq ans plus tard, leur club de cœur court toujours après le Scudetto.


16 mai 1990 : la Juve, bis répétita

N’y voyez pas un hasard si les tifosi de la Fiorentina vouent une haine tenace à la Juventus. La Vieille Dame n’a jamais cessé de contrarier les espoirs de la formation florentine. Nouvelle illustration en finale de la Coupe UEFA, où la Fiorentina a réalisé un parcours exemplaire en sortant l’Atlético de Madrid, Sochaux, l’AJ Auxerre, le Dynamo Kiev et le Werder Brême. Mais les Bianconeri, supérieurs, remportent la double confrontation 3-1, avec un match retour qui n’a pas pu se jouer à l’Artemio Franchi, pour cause de travaux en vue du Mondial 1990. De surcroît, la Vieille dame achève impitoyablement les Toscans en bouclant dès le lendemain le transfert de Roberto Baggio, contraint de quitter bien malgré lui Florence pour Turin. Ce qui incite les tifosi à descendre manifester dans la rue pour tenter de faire revenir à la raison leur direction. Peine perdue. Le Divin Codino endossera le maillot de la Juve lors des cinq prochaines saisons. La lose sur toute la ligne.


Saison 1998-1999 : un Batigol vous manque et tout est dépeuplé

Giovanni Trapattoni aux commandes, Rui Costa au sommet de son art et Gabriel Batistuta, en ange florentin qui survole la Serie A, plantant 17 buts en 17 rencontres. La Fiorentina est championne d’automne et n’a jamais semblé aussi proche de re-goûter au Scudetto. Mais, bien sûr, tout ça est trop beau pour être vrai. Le 7 février 1999, Batigol se fait une entorse d’un mois et demi au genou face à l’AC Milan, et les Violets, privés de leur buteur talisman, s’effondrent complètement, réalisant une deuxième partie de saison quelconque. La poisse chevillée au corps, littéralement.


3 novembre 1998 : le piège de Salerne

Avant de se liquéfier en Serie A, la Fio s’était aussi fait éliminer en seizièmes de finale de la Coupe UEFA par le Grasshopper Zurich dans des circonstances complètement surréalistes. Victorieux 2-0 à l’aller en Suisse, les Toscans jouent la confrontation retour à Salerne, à la suite d’une sanction de l’UEFA survenue après des incidents à l’Artemio Franchi lors d’un match face à Barcelone en 1997. Problème : les tifosi de Salerne, récemment humiliés par la formation florentine en Serie A, vont complètement pourrir l’ambiance en générant un bordel monstre dans le stade. Notamment en jetant plusieurs pétards sur le terrain, qui blessent au genou l’un des arbitres. La Fiorentina, qui remporte cette confrontation retour sur le pré, est jugée responsable des violences en tribunes, condamnée à perdre le match sur tapis vert 3-0, et est éliminée de la compétition. Improbable de bout en bout.


5 mai 1999 : la claque parmesane

Le coup de grâce de cette maudite saison 1998-1999, où la Fiorentina atteint également la finale de la Coppa Italia. Face au grand Parme de Buffon, Cannavaro, Verón et Crespo, elle tient le coup à l’extérieur lors de la première rencontre de cette finale aller-retour (1-1). Avant de mener 2-1 à Florence et de remporter virtuellement le trophée. Jusqu’à la 70e minute et un but de Paolo Vanoli, qui porte le score final à 2-2. La Fio doit s’incliner sans avoir été inférieure sur l’ensemble des deux matchs (3-3), Parme ayant inscrit davantage de buts à l’extérieur.

Vidéo

1er mai 2008 : l’impuissance face aux Rangers

Revenus au premier plan en Serie A sous la houlette de Cesare Prandelli, les Toscans impressionnent en Coupe UEFA, forts d’individualités aux quatre coins du terrain, d’Adrian Mutu à Ricardo Montolivo en passant par Tomáš Ujfaluši et Sébastien Frey. Favorite en demi-finale de l’épreuve face aux Glasgow Rangers, la formation florentine va encore une fois faire honneur à sa réputation de loser total. Tenus en échec à l’aller (0-0), les Florentins, dominateurs, vendangent face au but écossais et n’arrivent pas à tirer parti de leur supériorité numérique dans les dix dernières minutes de la prolongation. Avant de s’effondrer lamentablement lors de la séance de tirs au but, où Liverani et Vieri loupent leurs tentatives. Incorrigibles.


3 mai 2014 : guerre en tribune

Dans l’attente d’un trophée majeur depuis son succès en Coupe d’Italie en 2001, les Viola affrontent le Napoli lors d’une finale de Coppa plombée par une ambiance détestable en tribunes. Si la rencontre, où la Fiorentina s’incline 3-1, est ouverte et rythmée, les tifosi du Napoli, convaincus que trois des leurs ont été blessés par balles lors de rixes avec des supporters rivaux, font pleuvoir fumigènes et bombes agricoles sur la pelouse du Stadio Olimpico, retardant de 45 minutes le début du match. Avant d’envahir la pelouse au coup de sifflet final, contraignant leurs propres joueurs à filer au vestiaire, puis d’aller provoquer ouvertement les fans florentins. Ambiance.


23 février 2017 : un hara-kiri européen

Vainqueur 1-0 à l’aller en seizième de finale de C3 face à Mönchengladbach, la Fiorentina mène 2-0 au bout d’une demi-heure au match retour. Avant d’encaisser quatre buts en seize minutes. Un suicide défensif collectif qui vaut aux Toscans de quitter prématurément la Ligue Europa. Non sans avoir marqué l’un des plus beaux buts de la compétition, un coup franc supersonique signé Federico Bernardeschi. L’art de perdre avec la manière, encore et toujours.

Dans cet article :
La Juventus malmène le Torino
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Par Adrien Candau

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