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Top 10 : Joueurs trop payés
La sortie du classement annuel des salaires des footeux est toujours l'occasion de considérer les paies de chacun par rapport à son mérite. Et de sortir les sempiternelles « Trop payés ! ». Top 10.
Enième serpent de mer des explications de milieu de saison, le foot professionnel, en Europe particulièrement, serait plombé par l’inflation de la masse salariale. Un sujet récurrent qui avait trouvé un écho singulier en France lors du débat sur le plafonnement des plus gros cachets des acteurs du cinéma hexagonal. C’est, surtout, toujours l’occasion pour la presse spécialisée de réaliser son annuel classement des joueurs les mieux rémunérés. Avec forcément le cas emblématique des « trop payés » , dont on peine souvent à comprendre le pourquoi du comment. Bref, au-delà des chiffres étourdissants de quelques stars dont on reconnaît néanmoins, avec envie, la qualité de produit d’appel (Ronaldo, Messi, Zlatan et consorts), il existerait de belles escroqueries – à forcer le respect – sur la qualité de la marchandise. Reste encore à déterminer les critères du seuil rentabilité qualité/prix de joueur transformé en EURL sur crampons. Car au-delà du cas d’un Yoann Goucuff qui touche sans jouer, beaucoup reçoivent énormément en se contentant de fouler la pelouse et rien de plus. Petit expertise de ce football de « rentiers bienheureux » , entre éthique protestante du capitalisme et bulle spéculative du sport 2.0.
1) Jay-Jay Okocha
Son arrivée au PSG en 1998 s’apparentait indéniablement à du pré-Zlatanisme. L’enfant prodigue de la génération dorée du foot nigérian débarque dans la capitale avec l’aura d’un transfert record pour la D1 (près de 100 millions de francs), symbole de l’appétit et la soif de reconnaissance du club sous l’ère Canal Plus. S’il va illuminer parfois de ses prouesses de bien ternes saisons, pour le plus grand bonheur des journalistes de la chaîne cryptée, il ne sera pas en revanche que « l’étincelle qui mettra le feu à la plaine » , comme le disait si bien le grand Timonier. On ne fait pas venir, à un tel coût, ce type de joueur seulement pour exister sur Youtube quinze ans plus tard. Et il n’était pas payé si cher non plus pour partir sans avoir inscrit un seul nouveau titre au palmarès parisien.
2) Dagui Bakari – RC Lens
Parfois, il faut savoir ruiner son voisin. Passé pour 3,5 millions en 2002 du LOSC au RC Lens, l’Ivoirien semble avoir surtout constitué un incroyable cheval de Troie, vidant les caisses du rival, démoralisant les supporters et permettant aux Lillois de ne pas se contenter de survivre dans l’ombre des Sang et Or. Il est parfois crucial que l’argent que je ne dépense plus soit aussi celui que perdent les autres. À ce jeu de la bonne fortune, le Real Valladolid peut pour une fois remercier le ciel d’avoir foiré à ce point lors de son éphémère transfert…
3) Fabio Capello – sélectionneur de la Russie – 9 millions d’euros par an
Déjà qualifiés pour le prochain Mondial à domicile, dont on sait que Poutine fait déjà un enjeu politique de premier plan, les Russes se sont donc adjoint à prix d’or les compétences du maître italien afin, qui sait, d’inscrire un peu de cyrillique au panthéon du foot mondial. Or, non seulement il n’a pas réussi à démontrer l’émergence de cette grande puissance renaissante sur le terrain lors du dernier Mondial, mais son équipe peine considérablement dans son groupe de qualification pour l’Euro 2016. La dévaluation du rouble n’est peut-être qu’une astuce de la fédé pour atténuer la facture ?
4) Edinson Cavani – 10 millions d’euros brut – PSG
Tellement évident. Payé à prix d’or, l’Uruguayen n’est devenu légendaire que par sa maladresse et le nombre de vannes que ses ratés inspirent sur Twitter. Sans oublier sa capacité à être titulaire quoi qu’il en coûte à l’équipe. Et l’on doute que le nombre de maillots vendus floqués à son nom suffisent à rééquilibrer le bilan. Les Qataris vont pleurer le départ de la #teamPastore des actifs du club…
5) André-Pierre Gignac – OM – 350 000 euros par mois
Avant le Classique, l’OM doit affronter ses démons économiques. Sans pouvoir se demander vraiment ce que les Phocéens doivent à l’ancien Toulousain dans leur actuel rôle de trouble-fête entre Lyon et Paris, il est évident que son salaire actuel se révèle hors-sol pour Marseille. Et que faute de pouvoir le réduire, il faudra bien trouver le moyen de se passer de ses services ou de son talent, selon les points de vue. Si l’on désire payer trop cher un joueur, il faut souvent d’abord construire un club capable de s’en autoriser le luxe.
6) Marvin Martin – LOSC – 3,6 millions
Certaines négociations valent aveu. En acceptant de baisser son salaire pour prolonger son contrat chez les Dogues, l’ancien Sochalien a reconnu quelque part qu’il était loin de mériter ou justifier les sommes déboursées par le LOSC pour s’assurer ses prestations. En attendant que l’ancien titi sud-parisien confirme tous les espoirs mis en lui, et que le LOSC revienne s’asseoir à la table des grandes instances, ce qui ferait sensiblement pencher d’un coup la balance en sa faveur.
7) Ángel Di María – Manchester United – 16,1 millions d’euros
Avec Falcao, voici la preuve qu’être très riche peut conduire à dilapider son budget aussi tranquillement que son allocation étudiante un soir de tournée des grands ducs. Égalant les plus gros salaires des cadres du club mancunien, il est loin d’avoir démontré que sa présence sur le terrain était de nature à lui offrir l’opportunité de se remettre en selle contre le leader Chelsea. Mais il illustre aussi l’une des spécificités de la très riche Premier League, et peu importent les échecs en C1 : nous, on peut se le permettre !
8) Les Girondins de Bordeaux
Hiver 2013, le foot français est vent debout contre la taxe à 75% du gouvernement « socialiste » . Jusqu’à menacer de grève du ballon un pays plutôt effrayé alors par les bonnets rouges. Sauf qu’à défaut d’être économiquement pertinente, et pour tout dire assez démago, elle révèle aussi combien la L1 marche parfois sur la tête, et de quelle manière la flambée des salaires, loin de refléter une courbe vertueuse des résultats sportifs en bonne utopie libérale, confine à l’absurde. Avec la découverte que 14 des 20 pensionnaires du championnat sont concernés par cette taxe sur les millionnaires, et six Bordelais rien que dans l’effectif des Girondins…
9) Mario Balotelli – Liverpool FC – 560 000 euros par mois
Il est possible d’évoquer une folie des grandeurs sans grandeur des fous ? Voilà peut-être résumée l’équation salariale d’un Mario Balotelli. Ce pur génie – entre deux longues éclipses – a vu diminuer sensiblement sa rémunération en venant rejoindre les Reds avec, en outre, pour se prémunir de toute mauvaise surprise, des menaces très sérieuses de sanctions pécuniaires en cas de frasques trop voyantes. Las. Plutôt invisible sur le terrain, son nom reste le seul intérêt de son apparition dans l’effectif. À se demander si aujourd’hui les dirigeants scousers ne prient pas pour qu’il reparte vite en vrille.
10) Mathieu Flamini – 5 millions par an – Milan AC
Si les Rossoneri semblent sombrer dans une telle panade, peut-être le doivent-ils à cette incroyable générosité pour un joueur qui aura surtout brillé comme doublure. Cela dit, impossible d’en tirer des considérations trop définitives sur la valeur du bonhomme. Rappelons que Mexès y touche 4 millions par an. Espérons que ce bon filon renaîtra de ses cendres, il faudra bien trouver un point de chute pour Cavani…
Par Nicolas Kssis-Martov