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Top 10 : j’étais plus fort que mon leader

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Top 10 : j’étais plus fort que mon leader

Froome plus fort que Wiggins en 2012, c’était une évidence. Pourtant, c’est le moins fort qui l’a finalement emporté. Dans cette logique d’équipe, les exemples sont nombreux. Ou comment un postulat de départ peut viter voler en éclat sur les routes du Tour.

1 – Jan Ullrich – Bjarne Riis en 1996

Premier Tour de l’Allemand, qui affiche 22 ans, une boucle d’oreille de hardos, une teinture rousse et un gros plateau. Alors qu’il est censé aider son leader Danois Bjarne Riis, la jeune merveille éclabousse la grande boucle de son talent. Il est tellement fort qu’il monte les grands cols le cul sur sa selle, en grand plateau. Au service de Riis pendant tout le Tour, il n’a jamais pu l’attaquer et, donc, prendre son Graal. Au final, il échoue à moins de deux minutes du chauve après un dernier contre-la-montre de mutant entre Bordeaux et Saint-Emilion.

2 – Marco Pantani – Claudio Chiappucci en 1994

La France connaît parfaitement Claudio Chiappucci, qui reste sur trois podiums en quatre ans sur le Tour mais absolument pas son compatriote et coéquipier Marco Pantani. Une crevette à moitié chauve aux oreilles décollées. En 1994, Pantani a 24 ans et découvre le Tour. Il doit aider Chiappucci à franchir les cols et foutre en l’air la suprématie de Miguel Indurain. Sauf qu’au soir de l’étape de Lourdes-Hautacam, Claudio n’avance déjà plus. Dès les premières montées, l’Italien n’a plus rien dans les jambes. Il vomit et n’arrive même pas à suivre le rythme du peloton. Pendant ce temps-là, Pantani vole à l’avant de la course, forçant Miguel Indurain et Luc Leblanc à un grand numéro. Moralité, Chiappuci va finir l’étape avec 24 minutes de retard sur le vainqueur du jour (Leblanc) et abandonner dans la foulée. Pantani, lui, boucle son étape à une belle troisième place. Une place qui sera aussi la sienne sur le podium, à Paris. Le début du règne du pirate.

3 – Luis Ocana – Joaquim Agostinho en 1973

En l’absence d’Eddy Merckx, le Portugais fait figure de grand favori du Tour, lui qui reste sur deux places dans le top 10 de la grande boucle. Proclamé leader de la formation Bic, le Portugais peut compter sur un lieutenant de qualité avec l’Espagnol Ocana. Le Landais d’adoption reste sur deux abandons dans le Tour et ne sait pas trop où il en est. Le tracé du millésime 73 favorise très vite l’Espagnol qui braque six étapes, confisque le maillot jaune pendant 18 jours et s’impose à Paris avec un quart d’heure d’avance sur Thévenet, le deuxième. Agostinho, lui, termine à la huitième place, loin de son supposé lieutenant (35 minutes).

4 – Santiago Botero – Fernando Escartin en 2000

Jackpot 2000 pour le Colombien de la Kelme qui termine son premier Tour à la septième place, une victoire d’étape en poche et le maillot de meilleur grimpeur sur le dos. Sauf qu’au départ de la course, au Futuroscope de Poitiers, le patron de la Kelme s’appelle Fernando Escartin, l’Espagnol sans épaule et au visage de furet. Dans la grande étape de montagne qui se termine à Briançon, Botero envoie du braquet et s’impose comme un crack. Escartin prend près de trois minutes dans les dents. C’est globalement l’écart qui restera sur la ligne d’arrivée parisienne où Escartin boucle son tour à la huitième place, juste derrière son coéquipier. Preuve que les deux hommes ne peuvent plus cohabiter, Escartin filera à la Bianchi après le Tour.

5 – Pascal Lino – Charly Mottet en 1992

L’OVNI Pascal Lino. Après une échappée collective vers Bordeaux, Pascal Lino se retrouve maillot jaune contre toute attente. Au sein d’une formation RMO très jeune (Virenque y dispute d’ailleurs son premier Tour), c’est Charly Mottet qui mène la danse, Lino est un simple lieutenant de route. Rien de plus. Pourtant, la liquette jaune sied à merveille à Lino. Mieux, il résiste à Miguel Indurain pendant deux contre-la-montres et deux étapes alpestres. Au sein des RMO, Mottet n’arrive pas à suivre le rythme et Lino est au-dessus. C’est flagrant. Mottet, pourtant deux fois quatrièmes du Tour, abandonne son coéquipier dans l’étape qui arrive à Saint-Gervais-Mont-Blanc. A bout de force et cramé. Le lendemain, Lino perdra son maillot jaune et terminera quand même le Tour à une belle cinquième place.

6 – Joseba Beloki – Christophe Moreau en 2000

En 2000, Christophe Moreau se voyait bien remporter le Tour. Au pire, un podium. C’est pour ça que les Festina ont construit une grosse équipe autour de lui : Pascal Lino, Felix Garcia Casas, Angel Casero et un jeune de 23 ans, Joseba Beloki, vainqueur du Tour des Asturies. Mais la course ne tourne pas à l’avantage de Moreau et Beloki arrive mieux à suivre le duo Ullrich-Armstrong que le Français. Moreau s’en mord les doigts et rate le podium final pour trente secondes. Sur la troisième marche, c’est Beloki qui s’invite à la fête. Sans prévenir.

7 – Miguel Indurain – Pedro Delgado en 1991

La passation de pouvoir à l’état pur. Ce Tour 91, c’est d’un côté la génération dorée des 80’s Lemond, Fignon et Delgado et de l’autre, cette nouvelle vague un peu folle emmenée par Indurain, Chiappucci et Bugno. Alors coéquipier au sein de la Banesto, Delgado peine à suivre le rythme et il commence à flancher dès l’étape du Val Louron. C’est là que son compatriote Indurain braque le maillot jaune. Les rôles s’inversent irrémédiablement. De coéquipier, Miguel devient le numéro 1 de son équipe. Un statut vite conforté dans les Alpes où le roi du contre-la-montre cadenasse tout et Delgado rentre vraiment dans le rang. Ca y est, le patron, c’est Miguel. Delgado terminera le Tour dans le top 10 (neuvième, à 20 minutes). Indurain récolte le premier de ses cinq Tours. Bienvenue dans les années 90.

8 – Greg Lemond – Bernard Hinault en 1985 et 1986

La dernière victoire du Blaireau dans le Tour. Sans doute la plus contestée tant son jeune coéquipier américain Greg Lemond semblait au-dessus. Pas encore lauréat du Tour (il va gagner les éditions 1986, 1989 et 1990), l’Américain et Hinault ont du mal à cohabiter. Sur ce Tour, le Français gagne deux étapes (prologue et un contre-la-montre) mais n’arrive jamais à distancer Lemond qui semble meilleur. En tout point. A l’arrivée à Paris, Hinault gagne son cinquième Tour avec une petite avance sur son lieutenant (1 minutes 42). La passe d’arme est réelle et effective. En 1986, Hinault sera le dauphin de Lemond pour son premier sacre alors que les deux hommes sont toujours coéquipiers.. Comme le disait Francis Cabrel avec sa moustache, « C’est écrit » .

9 – Joseph Bruyère – Lucien Van Impe 1978

Superbe grimpeur, Lucien Van Impe arrive avec beaucoup de certitudes sur l’édition 78. Il vient de faire une victoire finale et un podium lors de ses deux derniers Tours et, surtout, quatre trophées du meilleur grimpeur dans la besace. En gros, il est chaud patate. Sauf que son coéquipier Joseph Bruyère, Belge comme lui, sort de nulle part et livre un Tour de bonhomme et met à mal tous les pronostics. Jusque là relativement inconnu (jamais dans le Top 20 malgré trois jours en jaune en cinq Tours), Bruyère est sur un nuage pour sa dernière grande boucle. Il va terminer au pied du podium (4ème), loin devant Van Impe, neuvième et largué par les cadors. Tout sauf un hold-up, en plus.

10 – José Antonio Momene/Francisco Gabica – Carlos Echeverria 1966

L’équipe espagnole Kas-Kasol (Une Kelme des années 60) veut prendre les Pyrénées et tous les cols du Tour. Au sommet de la hiérarchie, on retrouve Carlos Echeverria, un bon grimpeur et auteur d’un bon Dauphiné Libéré 1966. Pour passer la montagne, Carlos doit compter sur José Antonio Momene et Francisco Gabica, deux très bons grimpeurs avec des CV sympatoches. Sur le papier, le trio peut aller loin et haut. Mais Echeverria va très vite s’écrouler et terminera son Tour à une petit 25ème place, très loin de Lucien Aimar, le vainqueur. Ses lieutenants ? 4ème et 7ème. Un vrai camouflet qui n’empêche pas la Kas-Kasol de remporter le classement par équipe.

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