- Coupe du monde 2014
- Bilan
Top 10 : Ils vont nous manquer
Ça y est, c'est fini. Après un mois de soirées canapé-pizza-bière, de pronostics foireux, d'excuses pour quitter le bureau avant le match de 18 heures, d'engueulades avec sa copine, de réveil difficile après la séance de tirs au but de la veille, la Coupe du monde referme ses portes. C'est parti pour quatre ans d'attente. Et quatre ans, c'est long. Surtout sans eux.
Le spray pour les coups francs
Ça a été l’une des attractions du début de Coupe du monde. Sur les coups francs bien placés, les arbitres dégainent leur bombe aérosol pour tracer au sol la ligne derrière laquelle doit être posé le ballon, mais surtout la ligne derrière laquelle le mur doit se positionner. La mousse disparaît en à peine plus d’une minute. C’est tout simple, c’est pratique et c’est plutôt efficace. Enfin, c’est efficace à condition que les arbitres sanctionnent les fraudeurs qui franchissent la ligne interdite. Comme Karim Benzema contre le Nigeria ou l’ensemble de la défense brésilienne contre la Colombie. À revoir en Ligue des champions la saison prochaine. Et, qui sait, peut-être en Ligue 1. Surtout que les bombes de mousse, ça doit parler à nos arbitres chauves.
Les gardiens monstrueux
Cette Coupe du monde a avant tout été celle des gardiens. Oui, il y a eu des buts fous, mais on a surtout vu des arrêts d’extraterrestre. Si Manuel Neuer a confirmé qu’il était bien le meilleur gardien du monde et Memo Ochoa le plus spectaculaire, on a aussi assisté à de belles découvertes. Raïs M’Bolhi, le portier de l’Algérie, a réussi le match de sa vie contre l’Allemagne et Keylor Navas a été l’un des grands artisans du très beau parcours du Costa Rica avec, notamment, une performance de cochon contre la Grèce. Du haut de ses 35 ans, Tim Howard, lui, n’est pas vraiment un nouveau venu. Mais son match contre la Belgique a marqué les esprits puisque le dernier rempart américain a battu le record d’arrêts en une rencontre (15). L’Howard du meilleur gardien revient donc à Tim.
Louis van Gaal
Louis van Gaal, c’est ce type qui va à tapis avec deux 7 dépareillés au poker. Serein. Un mec qui change de gardien à la 120e minute d’un quart de finale de Coupe du monde. L’idée germe dans la tête du sélectionneur des Pays-Bas un peu avant la 90e minute. Il décide donc de conserver un de ses trois changements jusqu’au bout de la prolongation et fait finalement entrer Tim Krul à la place de Jasper Cillessen. On suppose donc que Krul est un spécialiste des tirs au but, le Landreau hollandais. Vérification en regardant ses stats dans l’exercice à Newcastle : 2/20. Bon. Un coup de poker fou, donc, mais qui marche : durant la séance, Krul part systématiquement du bon côté et sort deux tirs costariciens, qualifiant son équipe pour les demies. Après la finale France-Italie en 2006, Raymond Domenech dira qu’il avait pensé à remplacer Barthez par Landreau. Lui y a pensé, Van Gaal l’a fait.
Mauricio Pinilla, le loser magnifique
Il restera celui qui aurait pu faire taire le Brésil. Mauricio Pinilla est passé à quelques centimètres de plonger tout un pays dans le silence. Quelques centimètres qui ont empêché sa frappe surpuissante de passer sous la barre de Júlio César à la 119e minute du match entre le Brésil et le Chili. Quelques centimètres qui poussent les deux équipes aux tirs au but. L’attaquant de Cagliari prend alors ses responsabilités. Cette année en club, il a planté six buts dans cet exercice. Mais évidemment, Júlio César détourne sa tentative, et le Chili est éliminé. Pinilla se fera d’ailleurs tatouer dans le dos la barre transversale qui a repoussé son tir. Il aurait pu être un héros national, il devra se contenter d’être un loser magnifique.
Les punchlines de Marc Wilmots
« Nous, on n’a pas peur. Et si les Argentins ont regardé notre match, ce sont certainement eux qui vont commencer à avoir peur. » Après la victoire de la Belgique contre les États-Unis, Marc Wilmots a lâché l’une de ses dernières punchlines du Mondial. Avant cela, il avait déjà bien régalé les journalistes. En conférence de presse : « Autoriser les femmes des joueurs à être présentes à l’hôtel durant le Mondial ? Non ! Quand tu pars au boulot, tu prends ta femme avec toi ? » Ou à l’entraînement : « C’est quoi cette tête, Marouane (Fellaini) ? Tu veux que je la mette à ta place ? T’as peur pour ta touffe ? » Même Eden Hazard, qui n’avait pas osé contrôler un ballon de la poitrine pendant un entraînement, en a pris une en pleine tête : « Mais tu es vraiment une Jeannette. » On attend l’Euro 2016 avec impatience.
Klose, Villa et ceux qu’on ne reverra plus en Coupe du monde
Ils sont trentenaires et, sauf exception, ils ne devraient pas être là en 2018 pour la Coupe du monde en Russie. Liste non exhaustive des mecs qui vont forcément nous manquer par leur classe, par leur style, par leur sens du but, par leur vision du jeu, par leurs coups de pute, par leurs dribbles ou par leurs simulations : Sneijder, Robben, Van Persie, Kuyt, Mascherano, Schweinsteiger, Lahm, Klose, Peralta, Márquez, Forlán, Pepe, Essien, Howard, Dempsey, Karagounis, Drogba, Yaya Touré, Lampard, Gerrard, Buffon, Pirlo, De Rossi, Motta, Villa, Torres, Iniesta, Xavi, Xabi Alonso, Casillas, Eto’o, Olić. Et Fred.
Les dents de Luis Suárez
Elles ont marqué l’épaule de Giorgio Chiellini, mais aussi l’histoire de la Coupe du monde. Les dents de Luis Suárez ont fait une troisième victime pendant le Mondial. Après Otman Bakkal en 2010 et Branislav Ivanović en 2013, c’est donc le défenseur de l’Italie qui a rencontré les incisives de Suárez. Le roi des coups de pute (lien vers son Top 10) a encore frappé, mais sa Coupe du monde s’est achevée avec ce geste, laissant ses coéquipiers bien inoffensifs contre la Colombie. Son ami d’enfance Victor avait prévenu, « Luis est un fils de pute, un magnifique fils de pute. » Le nouvel attaquant du Barça a encore trois mois de suspension à purger. Largement le temps d’aiguiser ses dents.
DeAndre Yedlin
La révélation de la Coupe du monde, c’est lui. DeAndre Yedlin est une véritable petite bombe. Remplaçant, l’arrière droit de 21 ans a joué à peine 30 minutes en phase de poules. Mais en huitième de finale contre la Belgique, le joueur de Seattle a profité de la blessure de Fabian Johnson pour entrer à la demi-heure de jeu. 1 heure 30 plus tard, tout le monde était séduit. Le garçon a du feu dans les jambes, une pointe de vitesse folle, un très bon pied droit et des appuis de joueur de rugby à VII. DeAndre, l’Europe t’attend.
Le jeu de la Colombie
Trois équipes ont véritablement surpris, séduit pendant ce Mondial. Le Chili, le Costa Rica de Navas et Ruiz, et surtout la Colombie. Emmenés par un génial James Rodríguez – six buts, des caviars, de l’insolence, du génie et des larmes – les Colombiens ont régalé jusqu’en quarts de finale. Sur les côtés, Juan Guillermo Cuadrado et Victor Ibarbo ont mis le feu alors que derrière, Mario Yepes, 38 ans, a retrouvé une deuxième jeunesse. Et dire que Radamel Falcao n’était pas là. Et dire que Carlos Sánchez était titulaire. Une équipe qu’on aimerait vraiment revoir dans quatre ans.
Le Brésil
Pas l’équipe, qui n’a de commun avec celles de 1970 et 1982 que le nom, mais le pays et ses habitants. Ce n’est pas seulement une Coupe du monde qui s’achève, c’est une Coupe du monde au Brésil. Un pays qui, malgré les tensions sociales, vit, mange, boit, respire foot. De la danse, des rires, des explosions de joie, des rues vides pendant les matchs, des pleurs. Bref, de la passion. Dans quatre ans, on va en Russie. Moins glamour.
Par Quentin Moynet