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Top 10 : Ils ont trois poumons
Certains joueurs font partie d'une espèce particulière, dotée d'une capacité hors norme à répéter l'effort. Forts d'un organe supplémentaire, ces mutants du ballon rond ont avalé les kilomètres, sans rechigner, afin de servir le collectif. Florilège non exhaustif de ces spécimens qui respirent le football plus que les autres.
1 – Edgar Davids
Edgar Davids, c’est avant tout un personnage et un look hors du commun. Un mètre soixante-dix de muscles, des lunettes futuristes – qui le protégeaient initialement à cause d’un glaucome – et de longues dreadlocks pour un caractère bien trempé. Rapidement surnommé le « Pitbull » par Louis van Gaal, avec qui il gagna tout ce qu’il était possible de gagner sous les couleurs de l’Ajax version 90s, le Batave symbolisait à lui seul le terme de « box to box » . Pendant 4 années, il fut ensuite le joueur qui permit à Zinedine Zidane de s’exprimer au mieux à la Juventus en ratissant tous les ballons de l’entrejeu. En prenant congé officiellement en fin d’année dernière, Davids laissa derrière lui une vision bien précise du foot, faite de vices, dribbles et coups de gueule.
2 – Gennaro Gattuso
Une génération durant, Gennaro s’est fait la plus belle incarnation du combat sur un terrain de football. Pas forcément le plus talentueux, sans aucun doute le plus hargneux, l’Italien s’est forgé en terre écossaise, aux Rangers, durant une année 97-98 où son abnégation a fait fureur. Mais c’est au Milan et sous la liquette de la Squadra que Gattuso impose sa patte et obtient le surnom de « Rhinocéros » : « Pour moi, un match de foot idéal, ça se joue un soir d’hiver, sous la pluie, dans le froid. Quel plaisir de voir la fumée qui se dégage des corps à la moindre respiration… Quand je joue dans les conditions que j’ai souvent rencontrées en Écosse, ça me booste encore plus. » La fin de carrière de l’animal témoignera toutefois d’un autre combat, contre son œil gauche défaillant.
3 – Frédéric Brando
Évidemment, Frédéric Brando est avant toute chose un sourcil. Un long couloir de poils, charnu, résistant et en bataille. Au fond, le jeu de Frédéric Brando n’est pas si éloigné de cet attribut de la nature. Milieu besogneux passé par Le Havre avant de rejoindre l’OM pré-2000, Fred ratissera les ballons pour les Phocéens qui, avec lui, atteindront la place de dauphin en 1999 et la finale de la Coupe de l’UEFA la même année. Des faits d’armes sans succès pour l’ « homme aux trois poumons » qui ne pouvait échapper à ce classement en disposant d’un tel surnom. Et qui, au vu des derniers clichés, a décidé de faire place nette entre ses deux yeux.
4 – Javier Mascherano
Javier énerve souvent. Il est vrai que Javier parle beaucoup, que Javier simule parfois, que Javier a une tête qui irrite certains. Mais ceux qui ont compté dans leurs rangs l’Argentin ne peuvent qu’en dire du bien. Premier pompier du Barça, tant au milieu qu’en défense centrale, Mascherano a été, avec Messi et Di María, l’un des grands artisans du parcours de l’Albiceleste au Brésil. Si certains doutent encore de son engagement sans faille, il faut rappeler que Javier est un homme qui a sacrifié son anus en réalisant un tacle salvateur face aux Pays-Bas en demi-finale : « Je me suis fissuré… Je ne veux pas paraître cru… Robben m’a donné une opportunité en faisant une touche de balle ; il a perdu une seconde et j’ai gagné. Ce que j’ai fait, n’importe qui aurait pu le faire. Pour aller jusqu’en finale, il faut un peu de chance. » Ou du cul.
5 – Franck Durix
Franck Durix a connu du beau monde : Amara Simba, Luiz Fernandez, Zinedine Zidane, Mickael Madar… Tous ont évolué aux côtés de ce milieu de terrain increvable à l’AS Cannes. Mais Franck a sans aucun doute eu une carrière plus exotique que ses partenaires. En 95, alors qu’Aimé Jacquet fait appel à lui en équipe de France (aucun match disputé), Durix se fait la malle et rejoint le Nagoya Grampus, entraîné par un certain Arsène Wenger : « Au mois de novembre 1994, il m’appelle et me dit :« Je vais tenter l’aventure au Japon, est-ce que tu veux venir avec moi ? » Arsène, il m’a toujours apprécié. Quand il entraînait Monaco et que j’étais à Cannes, il avait essayé de me recruter, mais le président Campora voulait des noms. Et Durix, ça ne le faisait pas » , racontait Franck il y a deux ans. Le Servette Genève, Sochaux puis Cannes, pour une dernière pige, accueilleront le mal nommé. Et profiteront jusqu’en 2002, année de sa retraite, de la protection Durix.
6 – Dirk Kuyt
Si l’adresse technique s’apparente plus à un talent inné, courir inlassablement durant 90 minutes résulte en revanche d’un lourd travail. En seize années de professionnalisme, Dirk Kuyt et ses quelque 700 matchs – pour près de 250 buts – en savent quelque chose. Souvent interrogé sur sa remarquable débauche d’énergie, le Néerlandais n’a jamais caché disposer de coups de boost privés. « Je suis en mesure de courir autant car j’écoute toujours mes coachs personnels. Depuis que je fais appel à eux, je cours comme un train à vapeur. Henk (son guérisseur naturel, ndlr) a un traitement spécial pour moi, le shaker. Ça me détend. » Un joli bonus qui lui permit d’assurer simultanément les postes de latéral droit et milieu de terrain lors du Mondial brésilien, à 34 ans.
7 – Didier Deschamps
DD est un mec qui gagne. Tant comme entraîneur, que lorsqu’il foulait les pelouses européennes du haut de son mètre 74. Et si la Dèche se balade avec un palmarès qui compte autant de titres que sa bouche de dents de lait, c’est que l’aisance du milieu de terrain n’était pas commune. La Juve, Chelsea et surtout l’EDF ont su profiter de la hargne de Didier, ratisseur infatigable et as de la relance simple. Par deux fois pourtant, le physique de DD fut remis en question. À l’issue de la victoire face au Paraguay en 98, les caméras des Yeux dans les Bleus recueillaient ses impressions : « Tu peux me filmer, je dépéris, un match comme ça, je prends 4 ans. C’est plus pour mon âge de jouer des matchs comme ça. » Puis, après l’Euro 2000, lorsque qu’Ardisson lui rappelle les propos d’un coéquipier estimant que DD « était cramé » à l’époque : « C’est quelqu’un qui m’a trahi et j’aime pas ça. » Et ne pas entrer dans les petits papiers de Didier est une erreur fatale.
8 – Bastian Schweinsteiger
Il aura fallu attendre 2009 et la venue de Louis van Gaal au Bayern Munich pour voir Bastian Schweinsteiger prendre pleinement possession de ses moyens. À l’origine placé sur l’aile droite, l’actuel entraîneur des Red Devils eut l’ingénieuse idée de le repositionner au cœur du milieu de terrain, où ses qualités principales – son sens du jeu et son endurance – pouvaient être puisées de la meilleure des façons. Trop souvent sujet aux blessures, l’homme d’un seul club n’en reste pas moins un monstre physique, jamais avare d’efforts pour son Bayern. À tout juste 30 berges, Schweini sera une nouvelle fois en course pour être dans le top 10 du Ballon d’or. Avant, sans doute, d’annoncer lui-même une nouvelle prolongation de contrat au micro de l’Allianz Arena.
9 – Javier Zanetti
« Mais bon sang, comment fait-il pour continuer de courir autant à son âge ? » Pas un seul match de Javier Zanetti ne s’est résumé autrement. José Mourinho lui-même ne trouva aucune explication à la forme de Pupi, lorsqu’en 2010, à 36 piges, il souleva la troisième Ligue des champions de l’histoire des Nerazzurri : « C’est une force de la nature, ils ont dû se tromper sur sa date de naissance et son passeport. » L’Argentin continua ainsi pendant 4 saisons, jusqu’à raccrocher les crampons en mai 2014, suite à une énième blessure un an auparavant, où il ne pensait pourtant qu’à « changer les pneus après avoir parcouru tant de kilomètres » . Véritable diesel durant trois décennies, Zanetti confessa il y a quelques années le secret de sa fontaine de Jouvence : « Je dors beaucoup. » Tout simplement.
10 – Roberto Carlos
Lorsque l’on évoque Roberto Carlos, on pense évidemment à ses débordements meurtriers et à ses pralines aux trajectoires improbables (Salut, Fabien). Des qualités exceptionnelles qui ont longtemps éclipsé l’aspect d’infatigable travailleur du Brésilien. Après 11 saisons passées du côté de la Maison Blanche (pour notamment trois C1 et quatre Liga), le Brésilien aux airs de « boulet de canon humain » a même pris le soin de gérer la double fonction d’entraîneur-joueur à l’Anji Makhatchkala pendant une dizaine de matchs. Aujourd’hui, il continue de transporter son physique de déménageur breton sur les bords des terrains de Süper Lig, à Sivasspor, actuel 17e du championnat turc. Un type qui gardera toujours la banane.
Par Abou Serres et Raphael Gaftarnik