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Top 10 : ils ont refusé un grand club

Par Matthieu Rostac
7 minutes
Top 10 : ils ont refusé un grand club

Dayot Upamecano n'a pas qu'un patronyme incroyable, il a également les choix qui vont avec. Le récent vainqueur de l'Euro U17 avec la France a signé la semaine dernière au Red Bull Salzbourg, alors que Manchester United lui tendait les bras. Justifié ou non, le choix du désormais ancien défenseur de Valenciennes démontre une chose : que tout joueur a le libre arbitre de refuser un club qui paraît plus fort sur le papier. Ou presque.

Juan Roman Riquelme – Manchester United (2006)

« La seule chose que je regrette dans ma carrière est cette décision que j’ai prise lorsque, dans un hôtel en Angleterre, juste avant la demi-finale face à Arsenal, Manchester United est venu me chercher et j’ai dit non. » Les aveux sont signés Juan Roman Riquelme dans le Mundo Deportivo. « Topo Gigio » est alors le meneur de jeu d’un irrésistible Villarreal, épouvantail européen coaché par Manuel Pellegrini, et ne prévoit pas forcément de bouger, « très heureux avec ses coéquipiers. » L’Argentin n’a pas forcément eu le nez creux, puisque les hommes de Sir Alex Ferguson remporteront derrière trois Premier League d’affilée et une Champions. Dans le même temps, ce dernier est redevenu l’idole de Boca dans la Bombonera de ses premiers exploits.

Jérôme Rothen – Chelsea (2004)

L’anecdote est connue. À la suite de la victoire de l’AS Monaco en demi-finale de Ligue des champions face à ses Blues, Roman Abramovitch n’a qu’une idée en tête : signer son bourreau d’un soir, Jérôme Rothen. « Where is Rothen ? Where is Rothen ? » demande-t-il dans les couloirs de Stamford Bridge. Bonne question. Dans un salon privé ou dans la salle de test anti-dopage, selon les sources. Une chose est sûre, en revanche : il n’en bougera pas, de peur de faire un coup de Trafalgar au PSG parce qu’il est trop gentil pour refuser une proposition de Chelsea. Quelques semaines auparavant, le natif de Châtenay-Malabry a donné sa parole au club francilien, réalisant ainsi son rêve de gosse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ailier blond ne regrette rien, comme il le confiait dans nos pages en 2010 : « Cet amour, je l’ai, et il ne s’effacera pas. Moi, tu vois, le poster je l’ai, je suis dessus et on ne peut pas m’enlever, cet amour pour le PSG, c’est là et ça restera. »

Zico – AS Roma, Milan AC (1983)

Le Pelé Blanc a longtemps refusé les avances des formations du Vieux Continent, au point d’atteindre la trentaine sans jamais avoir bougé de son Flamengo « natal » . Jusqu’en 1983, année de sa signature pour l’Udinese pour quatre millions de dollars – pas rien à l’époque ! – alors que les grosses cylindrées italiennes comme l’AS Roma et le Milan AC lui faisaient du gringue. Pas très fair-play, ces dernières iront jusqu’à saisir la Fédé italienne qui invalidera le transfert pour manque de garanties financières. Résultat : les Frioulans descendent dans la rue et se mettent à gueuler « C’est Zico ou l’Autriche ! » en raison de leur proximité avec le pays de Toni Polster. Finalement, Zico signe à l’Udinese, le Frioul reste italien et la Botte du foot découvre celle, imparable, du Brésilien sur coup franc.

Youssef El-Arabi – FC Séville, Genoa (2011)

À seulement vingt-quatre ans, Youssef El-Arabi, qui sort d’une saison à 17 buts avec le Stade Malherbe, surprend son monde en signant à… Al-Hilal en Arabie saoudite. Et ce, alors que des clubs comme le Genoa et surtout le FC Séville, cinquième de Liga, lui avaient proposé un contrat. El-Arabi expliquera plus tard que Caen n’avait jamais transigé sur le montant de l’indemnité de transfert (7 millions d’euros) et que seul Al-Hilal avait pu s’aligner. Ce que l’attaquant marocain oublie de dire, c’est que l’offre proposée incluait également un contrat à 13 millions d’euros sur quatre ans…

Enzo Francescoli – Nantes (1986)

En 1986, le meneur de jeu uruguayen souhaite traverser l’Atlantique pour évoluer en Europe. Le FC Nantes se montre très vite intéressé, proposant 2,5 millions de dollars pour acquérir Francescoli. Mais l’idole de Zidane et River Plate, de concert, refusent. Pourquoi ? D’une part, parce que le président des Millonarios veut faire monter la cote de son joueur après la Copa Libertadores, et d’autre part, parce que « le Prince » se voit bien en France, mais dans une seule ville : Paris. Ça tombe bien, Jean-Luc Lagardère, repreneur du Matra-Racing, a des thunes à ne plus savoir qu’en foutre. Francescoli rejoint Maxime Bossis en compagnie de Pierre Littbarski, Thierry Tusseau et Luis Fernandez pour faire du « Matra » le premier club parisien. Raté. L’Uruguayen tentera d’ailleurs de se barrer au mercato suivant à la Juventus. Encore raté.

Robinho – Chelsea (2008)

Lors du dernier jour du mercato estival saison 2008-2009, Robinho refuse les avances de Chelsea pour s’engager avec Manchester City, qui jouit alors encore de cette image de beautiful losers à l’anglaise. Mais à bien y regarder, Robinho fait figure de pionnier : le montant du transfert est de 42 millions d’euros. Et oui, Robinho est la première grosse signature des Citizens période émiratie, le club mancunien annonçant son rachat par le fonds d’investissements Abu Dhabi United Group géré par le cheik Mansour bin Zayed al Nayhan. Robinho, ce gold digger

Johan Cruijff – Leicester City, Cologne, Espanyol Barcelone (1981)

Au début des années 80, Johan Cruijff, qui commence à s’enfoncer dans la trentaine, monnaye son football aux quatre coins du monde. Après son périple américain en NASL, le triple Ballon d’or se verrait bien revenir en Europe, histoire de disputer le Mondial 82 en Espagne. Le Néerlandais refuse l’Espanyol par respect pour le Barça, puis Leicester City et Cologne jugés trop au nord. En réalité, le deal financier proposé par Levante, alors dans le ventre mou de deuxième division espagnole, est plus avantageux pour Cruijff : les 4000£ pour onze matchs proposés par le club anglais ne peuvent rivaliser avec le salaire mensuel de 60 000 euros offert par les Valenciens. Sauf que les Granotes ne parviennent pas à honorer leurs promesses. Après six mois et dix petits matchs, Cruijff revient à l’Ajax. Pour la légende, mais aussi pour se remplir les poches.

Giannelli Imbula – Chelsea (2013)

L’homme qui possède le même sourire que Carey Mulligan aurait pu résider à Londres comme elle, en signant à Chelsea à l’été 2013 pour 5 millions d’euros. Mais la pépite de Guingamp a préféré « privilégier l’aspect sportif et le temps de jeu » d’après son père Willy Ndangi, dans les colonnes du 10 Sport. « Le petit aurait été prêté à droite, à gauche, en Turquie ou je ne sais pas où » , enchaînera le daron sur Lequipe.fr. Direction l’OM, donc, pour deux ans. Un mal pour un bien, au final : si Giannelli fait une bonne saison à Porto cette année, il finira sans doute à Chelsea. Et cette fois-ci, le transfert ne sera sans doute pas de 5 millions d’euros.

Bixente Lizarazu – PSG, Arsenal (1996)

Été 1996. Les Girondins de Bordeaux sortent d’une campagne héroïque en Coupe UEFA, qui les a vus échouer en finale face au Bayern Munich après avoir sorti le Milan AC en quarts. Forcément, Zidane, Dugarry et Lizarazu attirent les scouts de toute l’Europe. Le premier signe à la Juventus, le deuxième au FC Barcelone et le troisième à… l’Athletic Bilbao, rejetant de facto les offres du PSG et d’Arsenal. Après tout, quoi de normal pour un Basque que de signer pour le club des Basques. Dans une interview donnée à Libération le 25 juin 1996, le défenseur explique qu’à Paris, il « étoufferai[t], qu’il [lui] manquerait quelque chose, comme un berger a besoin de ses montagnes » et que l’Angleterre « c’est un peu coupé de l’Europe, et puis le soleil se fait plutôt rare ici » . À Bilbao, Bixente n’a qu’à traverser la Bidassoa et prendre l’autopista 8 pour se rendre au boulot. Mais le rêve tourne court, plombé par une pubalgie aussi chronique que sa mésentente avec le coach Luis Fernandez. L’été suivant, le Basque taille pour le Bayern Munich. Ça fait juste un peu plus de route depuis Hendaye.

Carlos Tévez et javier Mascherano – Manchester United, Chelsea (2006)

Été 2006. Deux espoirs de 22 ans affolent le championnat brésilien avec les Corinthians, puis le Mondial allemand sous les couleurs de l’Albiceleste. L’un est attaquant, l’autre milieu défensif, mais ils partagent tous deux un goût immodéré pour la hargne. Leurs noms : Carlos Tévez et Javier Mascherano. Il n’en faut pas plus pour que les formations du Big Four anglais se positionnent sur le duo, notamment Man U et Chelsea. Mais à quelques heures de la clôture du marché des transferts, Tévez et Mascherano signent tous deux à West Ham United, qui vient de terminer neuvième du championnat. Pourquoi ? Parce que les droits des joueurs sont détenus par deux compagnies, MSI et Rio Football Services, et que seuls les jambons de l’Ouest ont accepté leurs conditions. ¿ Come se dice « exploiter » en español ?

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