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Top 10 : Ils ne sont pas prophètes en leur pays
Brillant avec le Bayern Munich, indigent avec les Bleus Franck Ribéry a été très mauvais avec les Bavarois la semaine dernière à Marseille sous la pression de son ancien public. Qu’en sera-t-il ce soir « sur » ses terres de l’Allianz-Arena ? Rejoindra-t-il la longue cohorte des joueurs prophètes à l’étranger ?
Bernd Schuster (Allemagne) : prototype du caractériel de la Mannschaft. Le gars commence à Cologne, manque de signer au Cosmos New York pour rejoindre Weisweiller, son ex-coach, avant de rejoindre le Barça pour huit saisons ; avant de signer dans la foulée pour le Real puis l’Atlético. Treize étés en tout dans la péninsule ibérique. Le doux dingue avait été sacré champion d’Europe avec la sélection allemande, en 1980, à dix-neuf ans. Une ridicule poignée de piges plus tard, il renonce à la sélection à pas même vingt-trois ans. Un choix esthétique, un choix de vie aussi, la décision de sa manageuse de femme surtout…
Nicolas Anelka (France) : le moine trappiste avait deux choix pour réussir sa carrière. Devenir le meilleur avant-centre du monde, une manière de Ronaldo de la périphérie ou devenir le footballeur le plus sonnant et trébuchant de la planète. Il a opté pour la deuxième option (City, Fenerbahçe, Chelsea, Shangaï…) et raté trois coupes du monde avant de participer à la dernière, la pire de toutes pour les Bleus. Enemy with benefits…
Mikel Arteta (Espagne) : l’ex-prodige du PSG (19 ans), formé à la cantera barcelonaise, avait la chance d’être bien né, pendant la période de domination espagnole sur le foot mondial. Il aura eu la scoumoune de tomber sur une concurrence injouable (Xavi, Iniesta, Busquets et tant d’autres). Au final, il n’aura joué qu’un semestre, à la Real Sociedad, en Espagne durant toute sa carrière pro. PSG, Rangers, Everton, Arsenal (en fin de règne, fin de cycle)… Prophète de banlieue peut-être…
Kevin-Prince Boateng (Ghana) : le mauvais fils. Le demi-frère de l’autre, le plus doué aussi. Il aurait pu jouer pour la Mannschaft, il taclera pour les Black Stars. Passé de Porsmouth à Milan, le néo-prince lombard va vite préférer la dolce vita, pas trop loin du lac de Garde, à des parties de campagne bosselée à Zanzibar ou Nairobi. Il annonce la fin de sa carrière internationale en novembre dernier avant certainement de se raviser quand la coupe du monde brésilienne pointera son nez. L’histoire du Boateng aristocratique, c’est plutôt celle d’un lascar de Reinickendorf à l’Ouest de Berlin qui s’embourgeoise que celle d’un binational qui fait des choix géopolitiques, finalement….
Chris Waddle (Angleterre) : trop latin pour les Rosbifs. Too much class for the neighbourood. Synonyme : Charlotte Rampling.
Eric Cantona (France) : le gars des Caillols a ramené le titre à Leeds après dix-huit ans d’attente ; il a aussi déposé la même breloque à Manchester l’année suivante après vingt-six ans de disette. Comment après ça Auxerre, Marseille, Montpellier, Bordeaux et Nîmes pourraient-ils s’aligner ? Depuis lors, mojo s’épèle aussi Cantona…
Bert Trautmann (Allemagne) : Un cas unique (dont la légende est narrée dans le So Foot #85). Opérateur radio de la Luftwaffe, Trautmann est fait prisonnier par les Anglais en 1944. Après avoir fini la guerre dans un camp de prisonniers, il refuse de rentrer en Allemagne après la fin de celle-ci. Il travaille dans une ferme et joue gardien pour un club amateur où il brille. Peu après, Manchester City l’engage au grand dam de ses supporters. En une saison, le portier d’outre-Rhin met tous les fans des Citizens dans sa poche. Il y restera quinze saisons (1949/64) et jouera deux finales de cup, dont la deuxième victorieuse en finissant blessé et groggy. Bert Trautmann terminera comme un héros de Manchester City. Une gageure à l’époque, une gageure pour un Allemand.
Horst Blankenburg (Allemagne) : Avec sa tignasse et ses rouflaquettes, il passait inaperçu dans le grand Ajax de Cruyff (1970/75). Le mec oeuvrait en sous-main pour l’amitié germano-néerlandaise. Pas une sinécure dans la Hollande des 70’s. Le libéro incandescent avait la main chaude : il passait vite fait à Nuremberg (six mois) et raflait un titre, passait en coup-de vent à Hambourg et glanait une coupe et une C2. Sans parler des douze titres à Amsterdam dans la meilleure équipe de club de tous les temps. Le seul étranger du grand Ajax finira même sa carrière en Suisse et aux Etats-Unis mais ne connaitra jamais l’honneur d’une sélection avec la Mannschaft. La seule malchance de son parcours ? Un certain Franz Beckenbauer.
Giuseppe Rossi (Italie) : Né dans le New-Jersey, passé par Manchester United et Newcastle après un bref crochet par Parme, Rossi prospère depuis cinq ans à Villareal. On l’annonce dans les plus grands clubs, notamment italiens, et il bougonne toujours dans la grande banlieue de Valence. La preuve par l’absurde que la Série A traverse une sale passe : elle n’arrive plus à rapatrier ses meilleurs éléments…
Sonny Anderson (Brésil) : en Espagne, en Suisse, en France et encore plus au Qatar, Anderson était un centre-avant d’envergure internationale. Au Brésil (8 sélections, 1 but), il n’était qu’un parmi les cent quarante-sept numéros neuf à pouvoir évoluer pour la Seleçao. Un peu comme ses shooteurs fous US qui brillent dans l’Euroligue de basket et qui arrivent tout droit de l’anonymat de l’Arkansas ou de l’Oregon. Parti très jeune du Brésil, Sonny ne pouvait finir qu’à Neuchâtel ou comme entraîneur des attaquants de l’OL, too bad.
Par Rico Rizzitelli