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Top 10 : histoires de maraboutages dans le foot
Kylian Mbappé n'est pas le seul footballeur à être lié à une histoire de maraboutage. Si les révélations de Mathias Pogba accusent son frère Paul d'utiliser la sorcellerie pour nuire au joueur du PSG, ce dernier n'est pas le premier à goûter à ce fameux cocktail magique. Best of des événements liant foot et magie noire.
Le Sénégal et son budget marabout
En cette année 2002, le Sénégal crée la sensation. Pour la première fois de leur histoire, les Lions de la Téranga atteignent la finale de la Coupe d’Afrique des nations. Les joueurs de Bruno Metsu découvrent également la Coupe du monde en Corée du Sud lors de laquelle ils battent la France (1-0) et se qualifient pour les quarts de finale où la fabuleuse aventure s’arrête, stoppée par la Turquie (0-1). Des performances extraordinaires sous lesquelles se cachent peut-être quelques secrets. Deux ans plus tard, les hauts responsables de la Fédération sénégalaise sont épinglés par la Cour des comptes, soupçonnés d’avoir dépensé 90 millions de francs CFA pour bénéficier des services de marabouts lors de cette saison faste. Pour Emmanuel Petit, champion du monde 1998 qui a pris la porte en Corée du Sud, le doute n’existe pas. « Les marabouts ont contribué à notre défaite, rigolait-il dans le quotidien sénégalais Record, avant de l’agrémenter avec une anecdote. Un an avant la Coupe du monde, je suis sur une plage en France. Je vois un vendeur à la sauvette qui vient me voir et que je connaissais. Il me regarde sérieusement et me dit :« Tu sais la Coupe du monde qui se joue dans un an ? La France va jouer le Sénégal et va perdre par un but à zéro, parce que nos marabouts sont très puissants au Sénégal. » » Quelqu’un a le numéro du marabout bulgare de 1993 ?
À Paris, l’exploit au bout du fil
En 1997, le PSG s’incline 3-2 sur la pelouse du Steaua Bucarest lors du tour préliminaire de la Ligue des champions. Problème : les Franciliens alignent Laurent Fournier, malgré sa suspension, et perdent le match sur tapis vert, 3-0. Comme le président de l’époque Michel Denisot l’a révélé dans l’émission C à vous de France 5, le club a fait appel à un marabout pour l’aider à remonter ses trois buts de retard au Parc des Princes. « Claude Le Roy, dans le staff du PSG et qui a entraîné le Cameroun et des équipes africaines, me dit qu’il a des coups de fil des marabouts qui l’appellent. Je lui dis :« Je prends tout, camion de cierges à Lourdes, marabouts, tout ce qui est légal pour essayer de retourner la situation ! »Et donc, je rentre en contact avec un marabout qui s’appelle Sidi – avec qui j’ai toujours des relations aujourd’hui – et je découvre Western Union pour le payer en envoyant de l’argent par La Poste. Ce n’était pas des sommes folles et surtout, vu l’enjeu, ce n’était rien. Au début, il me dit : « Ce n’est pas possible, je ne vois rien. »Et puis, deux jours avant le match, il me dit : « C’est bon ! Vous allez gagner 5-0 ! Et je vois même très bien le match. Il y aura le quatrième but à la 41e minute marqué par le n°18. » » Bon sur toute la ligne !
Rolland Courbis et la patte de lapin d’Ibou Ba
Ce n’est un secret pour personne et Rolland Courbis l’assume lui-même : « Je suis superstitieux depuis ma naissance. Je ne suis pas maladif, c’est juste de l’ail, des personnes qui me portent chance. Je crois aux chats noirs. » C’est pour ça qu’en 1996, il cède à la demande d’Ibou Ba, son joueur à Bordeaux qui avait rencontré un marabout : il s’en va à Lescure enterrer une patte de lapin dans le rond central. Pas trop mal, les Girondins terminent quatrièmes. Alors quand il y revient sur le banc de l’OM, il va déterrer le porte-bonheur avant la rencontre. « On l’a retrouvé sous 30 centimètres de terre. On sautait de joie comme si on avait marqué trois buts coup sur coup, on s’embrassait comme des fadas », s’est souvenu coach Courbis à Radio Iglesias. Ça n’a pas empêché son équipe de prendre une sacoche 4-1.
Un imam et une qualif au Mondial
Khartoum, novembre 2009. L’Algérie et l’Égypte se disputent une place pour la Coupe du monde 2010. Après avoir remporté le barrage aller à Blida (3-1), les Fennecs sombrent au Caire (0-2). La qualification se joue alors sur terrain neutre, au Soudan, mais l’Algérie fait face à toute une hécatombe de blessures. Pour éradiquer la malédiction, le sélectionneur de l’époque Rabbah Saadane a révélé, sur les ondes d’Ennahar TV, que la fédération avait fait appel à un imam pour pratiquer la Roqya (exorcisme) sur les joueurs. Saadane, mécontent, avait souligné l’influence négative de la venue de l’exorciste. Et pourtant, c’est bien l’Algérie qui s’est qualifiée pour le Mondial.
Un pipi pour briser 30 ans de malédiction
Le titre de Liverpool en 2019 n’est pas l’œuvre de Klopp, de Salah ou encore de Mané. Ne cherchez pas de solutions tactiques ou bien un quelconque appui du public. Si Liverpool a remporté la Premier League après 30 ans de disette, c’est tout simplement car Bruce Grobbelaar a uriné sur les poteaux d’Anfield. En tout cas, c’est ce qu’un marabout avait affirmé en 1990, expliquant que les Reds ne gagneraient plus le titre tant que leur ancien gardien zimbabwéen ne répandrait pas son urine sur les montants du stade. D’abord sceptique, les années sans succès l’ont poussé à agir. « Lors d’un match entre entreprises à Anfield, j’ai pris une bouteille d’eau que j’ai vidée et j’ai uriné dedans. Lors de la première mi-temps devant le Kop, j’en ai répandu sur les poteaux. En deuxième mi-temps, j’ai fait de même sur les poteaux devant la tribune Anfield Road. » Plus aucune raison de s’en prendre à Stevie-G pour sa glissade en 2014, ça venait de plus haut.
Emmanuel Adebayor, marabouts et bouts de ficelle
S’il y en a un pour qui le maraboutage n’a plus de secret, c’est Emmanuel Adebayor. L’attaquant togolais n’est pas vraiment en odeur de sainteté dans sa propre famille, à tel point que l’ancien joueur d’Arsenal est persuadé que sa mère, qui pratique la magie noire, a tenté de le mettre dans le pétrin via sa sorcellerie. Aussi, Adebayor aurait été arnaqué par un marabout qui lui vendait monts et merveilles ; des inventions montées de toute pièce, mais très rentables, puisqu’il continuait à percevoir l’argent du capitaine des Éperviers.
Big Sam, plus que de la big chance ?
Finale de l’Euro 2016, Samuel Umtiti est titulaire en défense centrale aux côtés de Laurent Koscielny. Pourtant, un mois auparavant, il partait de loin malgré ses bonnes performances à l’OL. Les forfaits de Varane, Sacko et Zouma le laissent au moins intégrer la liste des réservistes. Un nouveau forfait, celui de Mathieu, lui ouvre les portes des 23 de DD. Faisant bonne impression aux entraînements, il passe devant Mangala aux yeux du sélectionneur, et seul Rami l’empêche de briguer une place de titulaire. Umtiti profite de la suspension de son concurrent en quarts de finale pour lui chiper sa place, sans jamais la lui redonner. Souvent questionné sur cet exceptionnel concours de circonstances lui permettant de terminer l’Euro titulaire, Big Sam a livré une tout autre explication à L’Équipe : « J’ai envie de dire que le marabout, c’est le travail. Pour jouer un quart, puis une demie et une finale de l’Euro, je ne pense pas qu’un marabout puisse faire grand-chose. » Et s’il en avait engagé un, on espère au moins qu’il nous aurait fait gagner cette foutue finale. À moins que le prix à payer soit aussi élevé…
Pour Paris, toutes les bonnes choses ont une suite
Si ça marche une fois… Pourquoi pas deux ? En avril dernier, L’Équipe révélait que le PSG, qui n’avait étonnamment pas de préparateur mental attitré malgré ses désillusions européennes, avait fait appel à un marabout après une nouvelle défaite en Ligue des champions, sans toutefois préciser l’année. Quelle qu’elle soit, la suite ne plaide de toute façon pas vraiment en faveur de la sorcellerie. Morale de l’histoire : les pouvoirs magiques, ce n’est pas automatique.
Asamoah Gyan plaide coupable
Alors que le maraboutage est tabou dans les fédérations sportives africaines, l’ancien capitaine ghanéen Asamoah Gyan a mis les pieds dans le plat en 2017, assumant avoir eu recours à la pratique mystique durant toute sa carrière. Il s’est même levé contre ceux qui diabolisent la pratique. « Le football, c’est aussi un exercice spirituel. Les gens ont juste utilisé le mot« marabout »pour signifier quelque chose hors de ce monde. Tout comme les pasteurs mènent les chrétiens dans les prières, les marabouts mènent les musulmans dans la prière, a expliqué l’ancien Rennais. Alors il n’y a rien de mal qu’ils prient pour que vous obteniez du succès dans votre carrière ou récompenser tout effort dans votre vie. » Cela ne l’a pas vraiment aidé quand il a fallu envoyer ses Black Stars en demies du Mondial 2010, l’attaquant envoyant son penalty à la dernière minute de la prolongation face à l’Uruguay de Forlán & Co.
N’Zigou, une affaire de famille
D’abord connu pour avoir commencé sa carrière au début des années 2000, au FC Nantes puis au Stade de Reims, Shiva N’Zigou s’est fendu d’effroyables révélations en 2018. Parmi celles-ci : un âge falsifié, des relations incestueuses ou le fait que sa mère ait été sacrifiée par son père pour que l’esprit de sa maternelle lui permette de réussir dans le foot. N’Zigou révèle également l’attirance de sa mère pour les féticheurs, parce qu’elle pensait qu’une force obscure monopolisait son mari. Le joueur gabonais, lui, admet avoir eu un premier contact avec la magie noire à l’âge de 25 ans, même s’il pense que son père agissait sur lui à son insu. « Quand je jouais au foot, il m’arrivait de marquer des buts qui n’étaient pas normaux, pas naturels, expliquait le joueur pour Les Dokimos. Par exemple : pour avoir un corner, je recule, le ballon rebondit contre ma cuisse puis part en pleine lucarne. J’ai marqué des buts vraiment bizarres. Quand ça m’arrivait, je me posais des questions… »
Par Clément Barbier et Alexandre Le Bris