- Ligue des champions
- Groupe B
- Schalke/Montpellier (2-2)
Top 10 : Frasques de René Girard
Il y a René Girard, le philosophe. Et puis il y a René Girard, le coach de Montpellier. Plutôt du genre direct et impulsif, le natif de Vauvert a pris l’habitude de mettre l’ambiance sur les bancs de touche et en conférence de presse. Hier, c’est Huub Stevens qui a fait sa connaissance. Et celle de son majeur.
Paris, premier épisode. Né dans un foyer modeste, René Girard est naturellement révolté contre les privilèges. Depuis plusieurs mois, sa cible favorite est donc le PSG, nouveau baron de la Ligue 1. La première pique est envoyée au mois de mars dernier, lorsqu’une rumeur fait état d’un intérêt des Parisiens pour Younès Belhanda. « On s’aperçoit que les dirigeants du Paris Saint-Germain veulent nous débaucher des joueurs. Même si je peux paraître paranoïaque, il y a des choses qui m’interpellent. » À l’époque, Montpellier est leader du championnat et René Girard a encore beaucoup d’humour : « Je l’annonce, pour faire venir Nenê et Pastore à Montpellier, on s’y prendra au dernier moment… »
Paris, deuxième épisode. Un titre plus tard, les affaires se compliquent pour le MHSC, qui n’a pas gagné un match officiel de l’été. Les Héraultais sont programmés un vendredi soir contre les Verts alors qu’ils ont affronté Arsenal en C1 dans la semaine, et ça commence à sérieusement agacer leur entraîneur. « Aujourd’hui, on est handicapés et Paris est favorisé. Et je pense que cela va se produire encore d’autres fois. Vingt-quatre heures de plus, cela peut paraître peu à ceux qui sont assis dans leur fauteuil, mais ce n’est pas rien. » Oui, Girard n’a jamais aimé les fainéants.
Les Pink Floyd. Contre l’ASSE, Montpellier a pris un point, mais n’a pas rassuré, au contraire. L’ancien buraliste décide donc de repartir à l’abordage. « Je persiste à dire que ce n’est pas bien de faire rejouer une équipe vingt-quatre heures avant les autres. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne joue pas le jeudi. Tout le monde rigole quand je dis ça, mais c’est scandaleux de jouer le vendredi. On a joué Arsenal, une des plus grandes équipes en Europe, pas les Pink Floyd de Kiev ! On a moins de récupération, c’est complètement illogique. Où est l’équité ? » Oui, Girard n’a jamais été très rock.
Doigt d’honneur. Montpellier en Ligue des champions, le René, ça l’inspire. Hier soir, les champions de France décrochent héroïquement le premier point de leur histoire dans la compétition sur la pelouse de Schalke. L’ancien Nîmois n’apprécie pas pour autant la prestation de l’arbitre et le lui fait savoir. Huub Stevens, le coach néerlandais des Allemands, intervient et reçoit en retour un geste d’amour de la part de Girard, lequel s’explique aussitôt le match terminé. « Ce monsieur, que je ne connais pas, a jugé bon de venir m’interpeller. Il nous a manqué de respect. Et quand on ne nous respecte pas, on le paye. » Toujours ce sens de la justice.
Lyon, match aller. Après Paris, l’OL est le club français le plus puissant. Encore un qui ne plaît pas à René Girard. La saison dernière, au match aller à Gerland, les Lyonnais infligent aux Montpelliérains leur première défaite (2-1), pas du goût du coach du MHSC. « Nous n’avons rien appris ce soir, si ce n’est qu’il y en a qui parlent beaucoup. Il y en a quelques-uns qui feraient mieux de fermer leur clapet, car ils parlent plus qu’ils ne courent. » Sont visés Pjanić et Bastos, à qui Girard donne rendez-vous au match retour. « On aura l’occasion de remettre les pendules à l’heure » , précise-t-il.
Lyon, match retour. À la Mosson, Montpellier remporte son duel avec les Rhodaniens (1-0). Comme promis, la rencontre est particulièrement chaude. Sur leur banc, René Girard et son fils (préparateur physique du club) n’hésitent pas à mettre la pression, ce qui finit pas saouler le pourtant très serein Lisandro López. À la fin du match, l’Argentin vient dire à la paire de Girard ce qu’il pense de leurs insultes, ce à quoi répond calmement RG quelques minutes plus tard : « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, il a fait son caca nerveux. »
Gérard Houiller. En 2008, après quatre ans passés à la tête des espoirs de l’équipe de France, Girard est soudainement remplacé par Erick Mombaerts. Un coup de couteau dans le dos qui ne laissera pas l’entraîneur déchu sans réaction. « Je suis allé voir les trois intéressés, Escalettes, Houllier et Domenech. Ils savent ce que j’en pense. Quand Houllier m’a emmerdé, je lui ai dit d’aller se faire foutre. » Et sans les pincettes.
Pierre Ménès. Un beau duel de grandes gueules. Leur histoire d’amour commence à la fin de la saison 2010-2011, quand le journaliste du Canal + traite Montpellier de club de « voyous » . Illico presto, le coach du MHSC réagit et qualifie Pierre Ménès de « ringard » et de « Tartuffe » . Le match se terminera quelques mois plus tard, directement sur le plateau du Canal Football Club. Bah ouais, René Girard n’a jamais été du genre à tacler par derrière.
Les petits salopards. René Girard radio libre. Invité à taper le carton chez Luis Fernandez sur RMC, René en profite pour faire passer un petit message « aux merdeux de l’After » coupables de lui manquer de respect. Le respect toujours. « Luis, tu diras à tes petits copains de l’After Foot que c’est une bande de salopards. Si je les croise, ils auront chaud aux miches. Je leurs promets un chien de ma chienne. » Avec ou sans le vaccin ?
Le quatrième arbitre. À l’image de ses collègues Franck Dumas ou Frédéric Antonetti, Girard a comme un problème avec le quatrième arbitre. Vous savez, ce brave type chargé d’empêcher l’entraîneur de sortir de sa zone. La saison dernière, René est prié par la Commission de discipline d’aller faire un tour en tribunes durant quatre matchs « pour contestations répétées et propos blessants envers le 4e arbitre » lors d’un match contre Caen. Respect.
Par Léo Ruiz