- SO FOOT
- Hors Série « Best Of Culture »
- En kiosque le 20/12
Top 10: Footballeurs-artistes, et vice versa
On dit de certains joueurs qu'ils sont des peintres. D'autres des artistes. Parfois les deux, en fonction de leur forme. Techniquement, ils sont pourtant peu à avoir squatté les stades autant que les rayons de la FNAC ou les galeries. En voici dix.
– Éric Cantona, peintre et acteurQuand on en vient à mélanger culture et ballon, le nom d’Éric Cantona sort toujours en premier. De ses toiles expressionnistes alors qu’il était joueur – que personne n’a jamais vues mais dont tout le monde se rappelle grâce aux Guignols – à ses prestations filmiques plus ou moins recommandables une fois la retraite entamée, tout transpire l’art. Ou le sens du dramatique, c’est au choix. Même dans Mookie, ouais.
-Albert Camus, écrivain « Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois » . La phrase est restée culte. Mais faussée car, en réalité, c’est au « sport » qu’Albert Camus le doit. Il n’empêche, cette phrase est tirée d’un entretien donné en 1953 par l’auteur de La Peste au Bulletin du Racing Universitaire d’Alger, club pour lequel il fut portier lors de ses jeunes années, de 1928 à 1930. Une tuberculose plus tard, Camus abandonnera ses espoirs de joueur et deviendra l’auteur que l’on connaît. Le RUA, lui, remportera la Coupe d’Afrique du Nord en 1937 et le Championnat d’Afrique du Nord en 1939. Match nul.
-Gadji Céli, chanteurAlors qu’il est encore joueur au Stella Club d’Adjamé, Céli décide de pousser la chansonnette pour encourager les éléphants de la Côte d’Ivoire lors de la CAN 1986 en Égypte, avec le tube Allez les éléphants 1 Caire 86. Exercice renouvelé en 88, 90 et 92. C’est d’ailleurs lors de la CAN 92 au Sénégal que celui qu’on surnomme désormais le « King » , alors capitaine, emmènera les éléphants sur le toit de l’Afrique. Entre-temps, le chanteur-footballeur pondra ET DIEU créa l’ASC (Mimosas). En 2004, Gadji se muera en combattant du peuple à l’instar d’un Tiken Jah Fakoly avec l’album Ne touché pas à mon pays. Prends ça, Jonathan Pitroipa !
-Vinnie Jones, acteurBoucher sur le terrain, Vinnie ne pouvait que finir sale gueule au cinéma. Grâce à Guy Ritchie, principalement, l’ancien du Crazy Gang de Wimbledon répétera son rôle de malfrat casseur de doigts pendant plusieurs années. Jusqu’en 2008, année de la consécration : Vinnie le gitan devient le boogeyman du très raté Midnight Meat Train de Ryuhei Kitamura. Mais parce que Vinnie a un cœur, aussi, il tournera cette pub hilarante pour la British Heart Foundation. Mais attention, « No kissing. You only kissing your misses on the lips » .
-Julio Iglesias, chanteur (pour elles)En 1963, Julio n’est pas encore le crooner ondulant du bassin que toute l’humanité connaît. Non, âgé de 20 ans, il est pensionnaire de la Castilla et troisième gardien du Real Madrid, ce qui lui permettra de s’asseoir à plusieurs reprises sur le banc à Santiago Bernabéu. Jusqu’à cet accident de voiture « salvateur » , à la suite duquel il ne peut plus marcher correctement pendant deux ans. Un infirmier compatissant lui offre alors une guitare. À lui les tubes et les baisers baveux sur Mireille Mathieu et Nana Mouskouri.
-Péter Esterházy, écrivainConsidéré comme le plus grand auteur hongrois vivant, Péter Esterházy est aussi un amoureux du ballon rond. Une affaire de famille : dans les années 80, son frère Márton deviendra international magyar à 22 reprises et portera les couleurs de Ferencváros, du Honved et de l’AEK Athènes. Péter, lui, jouera en quatrième division au Csillaghegy Working Men’s Gymnastic Club. Autoproclamé « bon joueur » , Péter Esterházy restera pour cette superbe phrase : « J’ai été footballeur avant de devenir écrivain » . On parle ici d’un homme fait Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1998.
-Stephen Bywater, artiste plasticienLe portier anglais de 32 ans, désormais à Milwall, a fait la douloureuse expérience d’un voisinage peu réceptif à ce qu’il appelle son « hobby » lors de son passage du côté de Derby County. En guise d’œuvre d’art, un box pour chevaux tagué d’inscriptions de toutes les couleurs, sur lequel trône une poupée gonflable noire, des matelas usés et un plot de chantier. Suite à la vindicte populaire, Bywater a dû se résigner à « casser » son installation en la recouvrant d’une bâche. Un artiste incompris. Donc plasticien.
-James Allan, chanteur-guitariste de GlasvegasComme son nom l’indique, la musique shoegaze implique que l’on fixe ses pieds longuement quand on joue, de préférence en poussant des gémissements plaintifs et en pleurant des larmes de sang. James Allan, lui, a toujours joué tête baissée puisque le leader de Glasvegas a connu les joutes embourbées des divisions inférieures écossaises à l’orée du XXIe siècle. 105 matchs pour une carrière qui ressemble à un tour des bleds les plus pourris au-dessus du Mur d’Hadrien : East Fife, Queen’s Park, Gretna, Stirling Albion, Dumbarton et Cowdenbeath, avec qui il finira deuxième de Third Division, accédant à la Second Division en 2001. Et ça, ça vaut tous les MTV Awards du monde.
-Andrew Shue, acteurAvant Landon Donovan, aux Los Angeles Galaxy, il y avait Andrew Shue. Ouais, Billy de Melrose Place. En 1996, dans une Major League Soccer balbutiante, et alors que sa carrière d’acteur de soap est déjà bien lancée, Shue tâte du ballon au Home Depot Center. Cinq matchs, une passe décisive et une blessure plus tard, Andrew raccroche les crampons. Il s’en fout puisqu’il possède un étrange record : avoir été le seul joueur blanc de la Premier League zimbabwéenne en 1993, année où il remporte le championnat et la Coupe du Zimbabwe avec les Bulawayo Highlanders. Qu’est-ce que Billy était venu foutre si loin de chez lui, ça, c’est une autre histoire.
-Jean-Pierre François, « chanteur » L’anecdote est devenu légende. Le chanteur du tube de 1989 Je te Survivrai a été footballeur. Et pas pour n’importe qui : avant de faire du 4×4 sur la plage en jean azur ou de prendre un zef incroyable dans un studio visiblement mal isolé, JPF a poussé la gonfle durant six matchs avec les Verts de Saint-Étienne. Mieux, il plantera 7 buts avec la réserve. Entre, il y aura le Dijon FCO et le FC Bâle. Avec la tête de Didier Gustin et la coupe de Tina Turner, ce qui n’est pas rien.
Ils auraient pu également faire l’affaire : Skream (DJ/centre de formation de Crystal Palace), Sefyu (rappeur/centre de formation d’Arsenal), Steve Harris (bassiste d’Iron Maiden/essai à West Ham), Johnny Marr (guitariste des Smiths/essai à Manchester City), Robbie Williams (chanteur/essai à Port Vale FC)
Retrouvez le Hors Série « Best of Culture » de So Foot, en kiosque dès le 20 décembre.
Par Matthieu Rostac