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Top 10 : Football et cocaïne
L'Équatorien Angulo, censé être l'un des bons coups du mercato de Grenade, s'est fait attraper pour avoir sniffé avant même d'avoir joué une seconde avec son nouveau club. Retour sur ces moments où les gens du football ont franchi la ligne blanche, entre footballeurs un peu noceurs, dirigeants véreux et gros poissards.
1. Diego Maradona
« Je ne ne me suis jamais drogué pour gagner un match » , a toujours assuré Diego Maradona. Soit, mais avec la drogue, El pibe de oro a surtout beaucoup perdu. Sa consommation frénétique aurait commencé lorsqu’il jouait à Barcelone, entre 1982 et 1984, même s’il faut attendre 1991 pour le voir contrôlé positif pour la première fois. Froidement, les policiers étaient même venus l’arrêter, le montrant menotté aux caméras du monde entier. Son idylle avec Naples prend fin, et Maradona dit adieu aux belles pages de sa carrière. En avril 2004, des années après sa retraite, il est retrouvé quasi mort après un malaise cardiaque sévère. Surdose de cocaïne, décréteront les médecins. Une cure de désintoxication, un pontage gastrique et quarante kilos en moins plus tard, il réapparaît – presque – frais comme un gardon et jure qu’on ne l’y reprendra plus. Manque de bol, trois ans plus tard, il fait un nouveau malaise et retrouve son lit d’hôpital. Encore un problème de drogue ? Non, juste trop d’alcool et l’hépatite. Une broutille, histoire de rassurer ceux qui se faisaient du souci pour lui.
2. Mark Iuliano
Avec son mètre 90 et ses interventions de costaud, il ne faisait pas bon être marqué par Mark Iuliano quand il était dans ses grandes heures. En près de vingt ans de carrière, dont la moitié passée à la Juve, le défenseur a récolté une jolie pelletée de titres – quatre Calcio, entre autres –, et était le troisième larron aux côtés de Nesta et Cannavaro lors de la finale de l’Euro 2000. Mais la fin de carrière est plus compliquée, et après son départ de Turin en 2005, il ne trouve plus sa place. Après quelques tentatives infructueuses, il s’enterre en 2008 à Ravenne, en Serie B, après six mois de chômage. Dès le mois de mai, il est contrôlé positif à la cocaïne. « J’ai disputé quelques matchs, mais mentalement, je n’y étais plus. Puis j’ai eu des problèmes personnels, et j’ai fait cette connerie avec ce contrôle anti-dopage positif à la cocaïne en 2008. Je n’ai pas cherché à me dédouaner, j’ai admis ma faute, pris mes responsabilités et payé les conséquences » , expliquera-t-il des années plus tard. Condamné à une suspension de deux ans, il ne se fait pas d’illusion et annonce sa retraite dans la foulée, à trente-cinq ans.
3. Garry O’Connor
Les Anglais adorent parier, et la chaîne de télévision Channel 4 leur avait fait un gros cadeau il y a cinq ans, en septembre 2011. Tous les amateurs de scandale du pays s’étaient précipité devant leur poste pour regarder l’émission Dispatched, consacrée à la consommation de drogue dans le football, avec cette promesse en guise de teaser : le nom d’un joueur valant plusieurs millions d’euros et ayant été contrôlé positif à la cocaïne allait être révélé. Après plusieurs jours de spéculations intenses, le couperet tombe enfin : il ne s’agit que de Gary O’Connor, un sombre attaquant écossais qui vient de passer de Birmingham au Hibernian FC. Et son histoire inspire au mieux une peine gênée, puisqu’il s’est fait griller en train de sniffer à Edimbourg sur le coffre d’une voiture par des policiers qui ne l’ont même pas reconnu, et à qui il a tenté de donner un faux nom. Après une fin de carrière anonyme et des passages en Russie, cet ancien international confiera qu’il sniffait plusieurs fois par semaine, et qu’il a dépensé des centaines de milliers de livres dans la drogue. Aux dernières nouvelles, il vivait dans un logement social en Écosse.
4. Karim Benzema
Cette année, Karim Benzema a tout donné pour démolir son image publique. La sextape, le chantage présumé, les amitiés avec des petites frappes, les déclarations tapageuses, l’équipe de France, les photos Instagram de nouveau riche arrogant, les clips avec des rappeurs… Mais pour être vraiment complet, il lui fallait un bonne grosse affaire de stupéfiants. Un dossier un peu fou, mêlant un pays exotique à la réputation sulfureuse, un fait divers médiatisé, et quelques conexions politiques. En novembre dernier, Le Point lui offre sa place chez les gros bonnets en révélant que son nom est apparu dans l’enquête sur l’affaire « Air cocaïne » . Benzema présent sur le tarmac en République dominicaine pour charger des gros sacs de poudre dans des jets privés ? Pas vraiment. Mais le suspect principal, accusé d’avoir organisé les vols et arrêté en octobre 2014, se présentait comme agent de joueur et ami de Karim Benzema. Lors de la perquisition, les policiers trouvent chez lui des photos avec l’attaquant du Real, ainsi que des chaussures dédicacées. Mais l’implication de Benzema s’arrête ici. « Vous savez, Karim a 20 millions de fans sur Facebook. N’importe quel fan fou furieux peut avoir pris des selfies avec lui » , tempère son avocat. Karim Benzescobar, ce n’est pas encore pour tout de suite.
5. Gunter Jacob
Jusqu’au mois de juillet 2016, Gunter Jacob avait réussi à vivre une vie tranquille. Milieu de terrain du championnat belge dans les années 90, directeur sportif reconnu et respecté du KRC Genk de 2011 à 2015, il a également connu une petite carrière d’entraîneur et de consultant, toujours en Belgique. Réputé pour bien repérer les jeunes talents, l’annonce de sa nomination au poste de directeur sportif a été l’une des surprises de l’été à Marseille. Mais moins d’un mois après son arrivée, on lui souhaite la bienvenue en cambriolant sa villa du 11e arrondissement de Marseille. Moins de deux semaines plus tard, match-retour, il est cambriolé une deuxième fois. Mais Gunter Jacob peut compter sur la maréchaussée, qui repère son véhicule – volé dans le premier cambriolage – sur l’autoroute A5. Après une course-poursuite, la voiture est neutralisée et fouillée. À l’intérieur, les policiers trouvent 2,4 kilos de cocaïne. Pas de regret pour Jacob. Même en la revendant, il n’aurait pas gagné assez pour offrir une belle recrue à l’OM.
6. Adrian Mutu
La carrière d’Adrian Mutu partait sur les chapeaux de roue. L’attaquant roumain s’éclatait à l’Inter, à Vérone, à Parme, avant de continuer sa progression en débarquant à Chelsea en 2004, où il rencontre quelques difficultés à s’imposer. Mais au-delà de ses performances en demi-teinte sur le terrain, il se grille lors d’un contrôle positif à la blanche. L’aventure anglaise s’arrête là, mais Chelsea fait le bulldozer et lance des procédures. En 2008, la FIFA condamne Mutu à verser un dédommagement de plus de 17 millions d’euros à son ancien club. Mutu nie pourtant, avec cette explication imparable : « Je ne suis pas un drogué.(…)La seule raison pour laquelle j’ai pris ce que j’ai pris était que je voulais améliorer mes performances sexuelles. Ça peut paraître drôle, mais c’est vrai. » Drôle ? Pas pour son coach de l’époque, José Mourinho. Car entre deux excuses bidons, Mutu avait menacé le Chosen one de représailles si ce dernier osait mettre les pieds un jour en Roumanie.
7. René Higuita
Être né et avoir grandi à Medellin pendant les grandes heures de Pablo Escobar, ça inspire. René Higuita le sait bien, lui qui ne s’est jamais caché d’être un proche de Don Pablo, et qui a même été emprisonné en 1993 pour avoir été lié à un kidnapping. Il a d’ailleurs regardé la Coupe du monde 1994 depuis sa cellule. Complètement déjanté sur et en dehors des terrains, le mythique gardien colombien aimait s’amuser en allant voir des prostituées sans toujours vérifier leur âge, mais aussi en s’en mettant plein le nez. Sa consommation était connue de tous, mais il faut attendre 2004 pour le voir officiellement contrôlé positif. Il joue alors pour Aucas au Venezuela, et son contrat est coupé dans la seconde. Aujourd’hui, c’est dans des émissions de télé-réalité colombiennes qu’Higuita case ses coups du scorpion.
8. L’US Colomiers
La série Breaking Bad nous l’a appris, les narcos peuvent être n’importe où et n’importe qui. Colomiers est une petite ville de moins de 40 000 habitants en Haute-Garonne, et dont le club joue en CFA. A priori, pas un repère de truands. Alors quand les policiers sont venus passer les pinces à Jean-Jacques Mars, entraîneur puis président du club, au printemps dernier, le petit monde de l’US Colomiers Football a tremblé. Le communiqué est sans appel, le club est « consterné » , et « totalement étranger à cette affaire d’ordre privé » . Jean-Jacques Mars, flambeur, joueur de poker, et patron de restaurant à ses heures perdues, est accusé de faire partie d’un réseau qui faisait circuler de la coke entre Toulouse et le Suriname. Il a depuis été remis en liberté, même si l’enquête n’est pas terminée.
9. José Angulo
Petit dernier de la bande, le jeune – vingt et un ans – Équatorien Angulo. Le tout nouvel attaquant de Grenade aurait sonné au portique lors d’un contrôle effectué à la dernière Copa Libertadores, qu’il disputait avec son ancien club, l’Independiente del Valle. Sans prendre aucun risque, Grenade a désamorcé la bombe en rompant son contrat deux semaines après sa signature. Dommage, pour un joueur que le club espagnol venait d’acheter deux millions, à qui il avait fait signer un contrat de cinq ans, et qui était présenté un peu partout comme l’un des plus gros potentiels d’Équateur.
10. Robbie Fowler
À Liverpool, Robbie Fowler a régalé les fans pendant des années avec des buts à ne plus savoir quoi en faire. Mais le football aimant les tragédies, une blessure grave et un genou foutu en l’air l’empêchent de voir la Coupe du monde 98, et le mettent sur la paille un petit moment. Mais même s’il n’est plus le grand Robbie Fowler à son retour, pas question de se laisser marcher dessus. Alors que les fans du voisin détesté d’Everton lancent des rumeurs sur sa consommation de drogue, il leur répond en plantant un doublé lors du derby d’avril 1999. Et après avoir marqué son deuxième but, il se penche face contre terre et fait semblant de sniffer la ligne blanche du terrain. Un coup de génie qui lui coûtera plusieurs matchs de suspension, ainsi qu’une grosse amende à son club, malgré un Gérard Houiller déguisé en ténor du barreau qui explique que la célébration n’avait rien à voir avec la coke, mais qu’elle venait du Cameroun et lui avait été apprise par Rigobert Song. Ingénieux, mais pas assez pour éviter le couperet.
La célébration qui fâche :
Bonus. Javier Sotomayor
Non, Sotomayor n’est pas footballeur, mais le recordman du monde du saut en hauteur a quand même réussi à sauter 2m45 un jour de juillet 1993, à Salamanque. C’est-à-dire 1 petit centimètre de plus que la hauteur d’un but de football, dont la barre culmine à 2m44. Sauter par-dessus une cage de foot, c’est irréel, et le record de Sotomayor tient toujours. Mais certains croient savoir d’où le Cubain tenait son explosivité. Contrôlé positif à la cocaïne en 1999, le champion olympique 92 est suspendu deux ans, et doit donc dire adieu aux Jeux de Sidney. C’était sans compter sur Fidel Castro, qui défend bec et ongles son athlète et qui le soutient lorsque ce dernier dépose un recours. Un acharnement payant, puisque sa suspension est réduite pour « circonstances exceptionnelles » . Un motif mystérieux, voire suspect, mais Sotomayor ne s’encombre pas à s’expliquer et va chercher sa médaille d’argent aux JO. Une frappe cadrée cette fois-ci, avec un saut à seulement 2m32, bien en dessous de la barre transversale.
Le record du monde de Javier Sotomayor :
Par Alexandre Doskov