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Top 10 : Foot et autochtones

Par Nicolas Kssis-Martov
Top 10 : Foot et autochtones

Aujourd’hui, nous fêtons à la fois la Journée internationale des populations autochtones, décrétée par l’ONU le 23 décembre 2014, mais aussi le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Ces populations fragiles et souvent discriminées (370 millions de personnes répartis dans 90 pays) se battent pour faire valoir leurs droits et réclamer la reconnaissance de leur spécificité. Certaines vivent toujours une profonde oppression et répression politique. Et parfois en utilisant l’arme des « faibles » que peut constituer le football. Petit inventaire des rapports complexes entre le monde moderne du ballon rond et la grande famille de « ceux qui étaient là avant ».

JO de Saint-Louis 1904 : les jeux « indigènes » Il faut bien commencer quelque part pour comprendre le lien particulier qui s’est tissé entre les populations autochtones et le sport en général, le football en particulier, sous les auspices noirs du racisme et du colonialisme. Alors que les JO sont couplés avec l’exposition universelle, de brillants esprits de l’époque ont l’idée d’organiser des « journées anthropologiques » , réservées « aux représentants des tribus sauvages et non civilisées » . Ce joyeux délire suprémaciste arrive même à choquer un Pierre de Coubertin, pas franchement progressiste dans l’âme, qui parle de « mascarade outrageante » . Quoiqu’il en soit, dans ce cadre « exotique » , s’affrontèrent, surtout dans des épreuves « traditionnelles » , des Crow, Sioux, Pawnee, Navajo, Chippewa et autres peuples des États-Unis, des Ainu du Japon, des Cocopa de Baja California au Mexique, des Syriens de Beyrouth, des Patagoniens d’Amérique du sud, des Zoulous et Pygmées d’Afrique, ainsi que des Moros, Negritos et Igorots originaires des Philippines, etc… Sinon, pendant ce temps, la médaille d’or du football fut remportée par une équipe canadienne, le Galt Football Club. Sans aucun Amérindien, évidemment.

Les Pygmées, de la tradition au terrain Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais lors de leur déplacement en France pour la coupe du monde 1998, les lions indomptables du Cameroun étaient accompagnés d’une riche délégation « culturelle » pour mettre en valeur leur pays chez l’ancien colonisateur. Parmi eux, une troupe de danseurs Bagyeli, l’une des nombreuses éthnies pygmées. On imagine leur vertige quand ils se sont retrouvés immergés dans le charivari parisien, voire lors d’une grande rencontre interculturelle organisée sur les Champs-Élysées. Depuis, bien que souvent discriminés, les pygmées grappillent petit à petit leurs droits et leur représentativité, et même – en dépit des stéréotypes – sur les pelouses africaines. Quelques années plus tard, en janvier 2011, un certain Mpia, alias Mazembe, s’illustrera dans les rangs du FC Lumière en RDC. On vous évitera le sempiternel : « la taille ne compte pas » .

La Kabylie et son maillot Longtemps incarné, non sans ferveur, au sein du football algérien par la JSK, la minorité berbère d’Algérie, en lutte perpétuelle pour la reconnaissance de ses droits culturels et politiques, a désormais son équipe nationale. Un sacrilège pour certains, y compris parmi les Amazighs, dans un pays où personne ne badine avec le sentiment national, nourri par une guerre d’indépendance à laquelle ces hommes et femmes des montagnes payèrent un lourd tribut de sang et de larmes. Pourtant, une sélection vient bel et bien d’être formée et d’être affiliée à la Conifa, sorte de Fifa pour les recalés de l’ONU, qui a d’ailleurs deux « Coupes du monde » à son actif, en 2014 en Laponie et en 2016 en Abkhazie. On peut néanmoins être surs que du coté de Béjaïa, on continuera quand même à suivre les phases qualificatives pour le mondial 2018 en Russie.

L’Amazonie, si loin de la Coupe du Monde Les tribus indiennes (environ 240 groupes pour 900 000 personnes), qui tentent péniblement de rendre audible leur combat contre la déforestation et le saccage écologique de l’Amazonie, ont voulu utiliser la coupe du monde pour rappeler leur existence et leur problèmes, joignant leur combat et leur voix aux expulsés des favelas et aux ouvriers en grève des chantiers du mondial. Il faut dire que le gouvernement fédéral a alloué 800 millions de dollars aux services de sécurité de la Coupe du monde, soit dix fois plus que le budget annuel du Département des Affaires Indigènes. La FIFA n’a apparemment pas trouvé de traducteur, ni de menu déroulant sur google trad, pour entendre leur doléances.

La sélection nationale de Nouvelle-Calédonie Voila une petite exception. Alors que la plupart des équipes représentants des populations autochtones doivent évoluer hors « cadre officiel » , la Nouvelle-Calédonie, après la signature des accords de Nouméa et dans l’attente d’être reconnue par l’ONU, a pu enregistrer sa fédération en 2004 à la FIFA et donc à l’OFC. Désormais , elle peut surtout être présente dans les phases qualificatives de la coupe du monde. Et même si, officilelement, elle représente l’ensemble des Calédoniens, le poids de ses figures emblématiques – Kristian Karembeu principalement – lui confère toujours un rôle essentiel dans la mise en valeur du peuple Kanak.

La Laponie, des crampons dans la neige Peut-être des pionniers ? Les Samis (le véritable nom des Lapons), éparpillés en Norvège, Finlande, Suède et Russie, ont désormais une équipe pour démontrer que, malgré leur répartition géographique dans plusieurs états, leur peuple existe bel et bien. Depuis 1985, elle multiplie les apparitions dans les diverses compétitions hors Fifa existantes. À son palmarès, trois Viva World Cup mises en place par le NF Board (fédération internationale de football regroupant des équipes non reconnues par la FIFA), dont une brillante victoire 21-1 contre Monaco (la sélection « nationale », pas le club). Toutefois, leur revendication sont bien loin par exemple de celles des Kurdes, dont le destin s’écrit les armes à la main entre Syrie, Irak et Turquie, avec la légitime ambition que leur actuelle sélection devienne bientôt celle d’un état officiellement reconnu.

Les Maoris, pour oublier le rugby ? Le problème des Maoris avec le football se résume très simplement. D’abord, quasi personne en Nouvelle-Zélande ne s’intéresse au soccer. Ensuite, le rugby a pour le moins su témoigner son amour et son respect pour la culture des premiers habitants du pays. Quelques petites et timides tentatives ont néanmoins vu le jour, comme le Maori Football NZ fondé pour pour attirer les jeunes Maoris vers le ballon rond, avec la louable ambition de former aussi les futurs dirigeants d’un football authentique dans cette minorité autochtone. Bon courage.

Jeux mondiaux des peuples autochtones Bien loin de la caricature des jeux anthropologiques de Saint-Louis en 1904, les jeux mondiaux des peuples autochtones se sont tenus pour la première fois à Palmas, dans la capitale de l’État de Tocantins, au Brésil, du 20 octobre au 1er novembre 2015. Certes, un peu en guise de pied de nez aux JO de Rio. 2000 athlètes, issus de 46 éthnies provenant de vingt pays différents, rivalisent non seulement lors d’épreuves de disciplines traditionnelles, mais aussi dans certaines plus classiques et contemporaines comme le football. Et dire que nous avons tous raté le match entre la tribu Pataxo et celle de Xerente…

Mon indien au Canada Depuis 1958, quelque part en Colombie britannique, une ligue de soccer est exclusivement composée d’équipes issues des « premières nations » , principalement au départ des Musgamagw. Dans ce coin du canada, le football a connu une certaine popularité parmi les populations autochtones amérindiennes car il leur servait de couverture pour tenir des rassemblements traditionnels, pourtant interdits par la loi (abolie depuis). Le foot et la résistance…

Ouïghours, sois chinois et tais-toi Alors que la Chine a décidé d’étendre son empire au monde du football, le sort de la minorité ouïghours – peuple turcophone et musulman installé dans le Xinjiang, à l’ouest du pays – reste toujours en suspens. Petit exemple : le déplacement en juillet 2012 en Suède lors de la Gothia Cup – sorte de Coupe du monde du football de la jeunesse (plus de 80 délégations nationales) – d’une équipe ouïghours fut passée sous silence par la presse officielle. Cette formation avait pourtant remporté le tournoi local de la jeunesse et était donc désignée pour représenter la Chine. Les bonnes habitudes coloniales ne se perdent pas si facilement.

Bonus : L’équipe nationale de Corse À en croire le haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, les autochtones sont « les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l’époque où des groupes de population de cultures ou d’origines ethniques différentes y sont arrivés et sont devenus par la suite prédominants, par la conquête, l’occupation, la colonisation ou d’autres moyens » Nul doute que de nombreux Corses doivent se reconnaître, à tort ou à raison, dans cette définition. Pour le coup, le football a toujours joué un rôle essentiel dans l’affirmation de l’identité corse, que ce soit par les clubs de l’île, comme le SC Bastia ou l’AC Ajaccio, ou par cette fameuse squadra corsa qui, sans être officielle, a pu disputer de nombreux matchs contre des équipes pros du continent. Sans oublier cette victoire légendaire 2-0 contre la France, le 25 février 1967 à Marseille.
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Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green
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Par Nicolas Kssis-Martov

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