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Top 10 : finales de « seconde main »
La planète football rêvait d'un Barça-Real en finale de C1. Sauf que le sort, Chelsea et le Bayern Munich en ont décidé autrement. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la Coupe aux grandes oreilles va se jouer via une finale que personne n'attendait.
1 – Steaua Bucarest – Barcelone (1986)
Helmuth Duckadam, gardien éphémère de Bucarest (il arrêtera sa carrière après un accident de tronçonneuse et des câlins trop près du corps de la police politique roumaine), restera l’homme d’un soir. Le 7 mai 1986 à Séville, le portier roumain du Steaua arrête les quatre premiers coups de pied barcelonais en finale. Suffisant pour offrir la C1 à la Roumanie, premier pays de l’Est à inscrire son blase au palmarès. C’est la première saison européenne après le Heysel. Sans les Anglais, le Barça, le Bayern et la Juventus ont la cote chez les bookies. Seuls les Espagnols parviennent à se hisser en finale. En face, les Roumains sont en mission étatique (la Coupe était érigée en priorité d’État par Nicolas Ceaucescu depuis deux ans, le club était préparé physiquement par un prof de karaté) et donnent leur vie. Laszlo Böloni et ses potes patientent 120 minutes sans prendre de but avant de laisser Ducadam devenir le héros.
2 – Nottingham Forest – Malmö (1979)
Ouvrez bien vos mirettes. Au printemps 1979, le tableau des quarts de finale de la C1 pique les yeux : Nottingham Forest – Grasshopper Zürich, FC Cologne – Glasgow Rangers, Wisla Cracovie – Malmö et Austria Vienne – Dynamo Dresde. Boum ! L’hiver a été rude. D’entrée, le double tenant du titre Liverpool passe à la trappe contre les voisins de Forest, dirigés par Brian Clough. Au cœur de l’hiver, c’est la Juventus Turin et le Real Madrid qui dégagent. Dans cette édition complètement folle, la finale oppose la team de Brian Clough à Malmö. Les Anglais sont réputés frileux. Clough nie à peine, d’ailleurs, avec son fameux « c’est notre jeu et notre système. Nous n’empêchons personne d’en faire autant. » Au bout d’une finale pauvre en matière de jeu (Forest jouait son soixante-seizième match de l’année), Trevor Francis claque le seul caramel du match et offre la Coupe à ses potes. Personne n’a vu venir le hold-up.
3 – PSV Eindhoven – Benfica Lisbonne (1988)
Le PSV Eindhoven se paye le luxe de remporter une compétition sans gagner un seul match à partir des quarts. Costaud. Présenté – à raison – comme le millésime le plus moche de l’Histoire, 1988 n’offre pas une image romantique du football néerlandais. Paradoxal à quelques semaines d’un Euro que les Oranjes survoleront avec grâce. Le réalisme du PSV aura eu raison des espoirs du Real Madrid en demi-finales (1-1, 0-0). Une équipe au sein de laquelle Éric Gérets et Jan Heintze font figure de génies. A Stuttgart, la finale se jouera dans les gants de Hans Van Breukelen, qui stoppera le sixième tir du Benfica dans une séance de penos à l’image de l’édition : chiante à mourir.
4 – Feyenoord Rotterdam – Celtic (1970)
Le sort est cruel. En huitièmes de finale, le Benfica d’Eusebio se fait salement lourder de la scène européenne par tirage au sort. Une pièce de monnaie envoie le Celtic au tour suivant (3-0, 0-3), faute de tirs au but. A partir de là, la chance ne quitte plus les Bhoys, qui trimballeront leurs bouches édentées jusqu’en finale à Milan. En face, ce n’est pas le grand AC Milan qui a le plaisir de recevoir les Écossais. Les Italiens se sont fait débusquer par le Feyenoord deux tours plus tôt. C’est donc une première finale anglo-saxonne qui est proposée au Vieux Continent. On ne va pas se mentir, cette finale fut ennuyeuse. Deux équipes frileuses qui ne se départageront qu’en prolongation (but d’Ove Kindvall à la 117e pour les Néerlandais). S’ensuit un bordel monstre à Rotterdam, à tel point que l’invasion de l’aéroport par les fans oblige l’avion des joueurs à se poser à… Amsterdam. Putain de hippies !
5 – Étoile Rouge Belgrade – Marseille (1991)
Une finale entre deux novices. On attendait le grand Milan, le Real, le Napoli ou le Bayern. Les quatre gros passeront à la trappe. Parfois de manière assez cocasse. A l’image du cours de Commedia dell’arte donné par les mecs de l’AC Milan quand, profitant d’une panne de projecteur au stade Vélodrome, ils quittent l’aire de jeu et tentent de gagner le match sur tapis vert. C’te blague. A l’inverse, le club écopera d’un an de suspension en Coupe d’Europe. Moins marrant, en revanche, la finale entre l’OM et l’Étoile Rouge de Belgrade à Bari. Une jeune équipe yougoslave talentueuse (Savicevic, Mihajlovic, Pancev, Prosinecki etc.) aura raison des nerfs olympiens au terme d’une séance de tirs au but qui pue encore le souffre…
6 – Real Madrid – Eintracht Francfort (1960)
Cinquième édition de la Coupe d’Europe des clubs champions. Le Real Madrid a remporté les quatre premières sans trop forcer. En Europe, ils sont peu à pouvoir contester la domination madrilène. A vrai dire, personne n’ouvre trop sa gueule. Sauf le voisin, déjà gourmand, du FC Barcelone. Entraîné par le génie Helenio Herrera et disposant d’une armada offensive unique (Evaristo, Villaverde, Martinez, Kocsis, Kubala, Czibor et le mutant Luis Suarez en poste six), ce Barça, champion d’Espagne, veut se faire le Real. En finale de préférence. Mais le sort en décide autrement et le clasico aura lieu en demi-finale. Les Catalans se font fesser deux fois. A l’aller et au retour (3-1 à chaque fois). Et c’est le faux champion allemand qui se présente en finale (la Bundesliga n’a été créée qu’en 1963 ; jusque-là, le champion était le vainqueur d’une compétition d’abord régionale et conclue par une épreuve à élimination directe). De finale, il n’y en aura pas. Devant 127 621 spectateurs (c’est toujours le record d’affluence), la Maison Blanche violente sans retenue les Allemands : 7-3 dont un quadruplé de Ferenc Puskás.
7 – Monaco – Porto (2004)
Une vague rouge et blanche emporte l’Europe. Enfin, la France surtout. En quarts et en demi-finales, l’AS Monaco de Didier Deschamps s’offre le Real Madrid et Chelsea. Sans vraiment savoir pourquoi, le club de la Principauté s’invite en finale. Son adversaire du soir est une autre surprise. Moins grande, il faut l’avouer : le Porto d’un certain José Mourinho, tombeur du Deportivo de Javier Irureta en demies. Une finale de seconde zone qui verra les Portugais démolir le club princier en marquant sur ses trois frappes cadrées du match. La légende de Mourinho est en marche. La dégringolade de Monaco aussi.
8 – Borussia Dortmund – Juventus Turin (1997)
Quatorze ans que l’Allemagne cherche à retrouver les sommets de l’Europe. En 1997, la Juventus est une formidable machine. On se dit que les Turinois sont capables de conserver leur couronne européenne. Et, dans une édition privée de l’AC Milan dès les matches de poules, la Juve se voit déjà affronter le Manchester d’Éric Cantona en finale. Pour ce faire, les Anglais n’ont qu’à boucler leur demi-finale contre une sympathique équipe de Dortmund. Sur les deux matches, les hommes de sir Alex Ferguson sont supérieurs en tout. Sauf en réalisme. Ils le paient cash (double défaite 1-0). La Juve s’en frotte les mains. Mauvaise tactique. Prenant un peu de haut l’équipe de Matthias Sammer, la Vieille Dame prend une gifle (3-1). Trois tirs cadrés, trois buts. Le réalisme allemand, sans doute.
9 – Ajax Amsterdam – Panathinaïkos (1971)
« Tout le monde attaque et tout le monde défend. » Quand Rinus Michels, le théoricien du football total, ouvre sa bouche, ce n’est pas pour enjamber les flaques d’eau. Un millésime 71 endeuillé par l’absence du Real Madrid. C’est une première depuis la création de l’épreuve. En attendant, il faut meubler. L’équipe de l’Ajax, pas encore titrée sur la scène européenne, séduit les romantiques avec son jeu sexy. A l’opposé, on attend monts et merveilles de l’Étoile Rouge du génial gaucher Dragan Dzajic. Les Yougos déploient un jeu léché et ultra offensif. Sauf que Djazic se prend quatre matches de suspension pour un mollard sur l’arbitre. En demi-finales, le Panathinaikos entraîné par Ferenc Puskás réalise un miracle face à l’Étoile Rouge (1-4, 3-0). C’est Maître Karamas qui qualifie les siens. Le défenseur est avocat le jour, footeux la nuit. En finale, le slip grec se serre au bout de cinq minutes et un but de Dick van Dijk laisse la voie libre au premier sacre de l’équipe au maillot le plus classe du monde (2-0 au final).
10 – AC Milan – Steaua Bucarest (1989)
Le plus beau Milan de tous les temps. Celui du trio Rijkaard, Gullit, van Basten. Si la finale contre Bucarest n’a aucun sens (4-0), c’est parce que les Italiens ont fait le plus dur un tour plus tôt. Contre le Real Madrid. Après un match aller houleux en Espagne (1-1), l’organisation drivée par Arrigo Sacchi danse sur le Real de Bernd Schuster. 5-0 à San Siro. Les Transalpins tutoient la perfection : lucidité, efficacité, virtuosité, élégance et force. Tout y est. On le sait déjà, la finale contre l’invité surprise roumain sera tronquée. En 47 minutes, le score est déjà de quatre à zéro. Dans sa liquette du Steaua, Gheorghe Hagi semble perdu. La finale a tourné à la boucherie.
Par Mathieu Faure