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Top 10 : Espagnols d’Italie

Eric Maggiori
Top 10 : Espagnols d’Italie

Ce soir, dernier acte de l'Euro. C'est la grande finale, Espagne-Italie. Un match que tous les Espagnols espèrent remporter, même ceux qui ont, un jour, osé venir jouer en Serie A. Pour la plupart (tous ?), cela s'est révélé être un énorme four.

Luis Suárez

Que l’on ne s’y méprenne pas. Ce Luis Suárez-là n’est pas uruguayen, n’a pas des dents de lapin et ne mord pas les oreilles de ses adversaires. Luisito Suárez a aujourd’hui 77 ans, est espagnol et a joué à l’Inter pendant neuf saisons, de 1961 à 1970. C’était la période de la Grande Inter de Helenio Herrera, celle qui va remporter trois fois le Scudetto et deux fois la Ligue des champions. Au sein de cette formation interista, Suárez est un véritable maître à jouer. Il faut dire que le joueur, Ballon d’Or 1960 sous le maillot du Barça, avait à cœur de prouver à tous qu’il méritait d’être, à l’époque, le plus gros transfert de l’histoire (quelque 150 000 euros). À l’Inter, Herrera le transforme en play-maker, celui qui récupère les ballons devant la défense et qui oriente le jeu grâce à son sens tactique. Ses longues ouvertures, à destination de Jair et Mazzola, sont d’ailleurs restées célèbres. Encore aujourd’hui, lorsque Pirlo régale avec une ouverture parfaite, les commentateurs italiens adorent rappeler qu’il s’agit là d’une ouverture « à la Suárez » . L’attaquant de Liverpool pourra-t-il en dire autant dans 40 ans ?

Iván de la Peña

Eté 1998. La Lazio de Sergio Cragnotti a pour ambition de devenir le plus grand club d’Italie. Pour ce, le président met la main au portefeuille. Vieri, Salas, Mihajlović, Couto, Stanković, Conceição, l’équipe est renforcée dans tous les secteurs. Mais il manque la pépite. Et celle-ci doit venir d’Espagne. Au Barça, le jeune Iván De Le Peña vient de faire des débuts remarqués en Liga. Formé à la Masia, il joue avec l’équipe depuis 1995 et apprend au milieu de terrain aux côtés de Pep Guardiola. Mais, au lieu de rester en Catalogne, il prend la direction de Rome, après que la Lazio a gentiment donné un chèque de 18 millions d’euros au Barça. Premier match avec la Lazio, à Piacenza. De la Peña dribble deux joueurs et expédie une frappe de 30 mètres. Bing ! Sur la barre. Si elle avait terminé en pleine lucarne, peut-être que l’on serait en train de parler là d’une autre histoire. Le fait est qu’après cela, « Little Buddha » ne fera plus rien. À cause de pépins physiques, il ne dispute que 14 matches de Serie A, sans jamais réussir à trouver la joie du but. L’été suivant, il est vendu à l’OM. Où il jouera aux côtés de Jocelyn Gourvennec. Putain de classe !

Gaizka Mendieta

À Valence, Mendieta est considéré comme un demi-dieu. Arrivé au club à 19 ans, il guide son équipe pendant neuf saisons, lui permettant, entre autres, de remporter la Copa del Rey en 1999, d’atteindre deux fois la finale de C1 et d’être considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde. Impossible également d’oublier sa reprise de volée contre le Barça au Camp Nou, l’un des buts du siècle. Lors de l’été 2001, la Lazio, qui vient de vendre Nedvěd à la Juventus et Verón à Manchester United, le recrute pour 48 millions d’euros. Son histoire ressemble étrangement à celle de De la Peña. Son tout premier match, il le dispute contre Piacenza, comme « Little Buddha » , et rate une incroyable occasion alors que le score est de 1-1. Là aussi, cela aurait pu tout changer. Là aussi, la suite va être un bide monumental. Tout au long de la saison, Mendieta galère à s’imposer, ne marque pas le moindre but et fait même souvent peine à voir. Sans scrupule, et avec l’accord du joueur qui déprime en Italie, Cragnotti le prête au Barça l’année suivante. Puis à Middlesbrough, où il termine sa carrière dans l’anonymat. Un Espagnol que l’Italie a tué.

José Mari et Javi Moreno

Le Milan AC a connu Nordahl, Rivera, Van Basten, Schevchenko, Inzaghi, Zlatan… Mais il ne faut pas oublier que le club rossonero a également compté dans ses rangs deux attaquants espagnols à la fin des années 90 / début des années 2000 : José Mari et Javi Moreno. Le premier est arrivé de l’Atlético Madrid, le second d’Alavès. Leurs faits d’arme à Milan ? Bah, pratiquement aucun. En trois saisons avec l’équipe milanaise, José Mari réussit à marquer cinq buts, pour une coquette moyenne de 1,6 but par saison. Pas mal pour un attaquant. Javi Moreno ne va pas franchement faire mieux. Une saison en Lombardie, et deux buts au compteur. Tout ça en considérant que ces deux joueurs avaient cartonné dans leurs clubs respectifs juste avant de débarquer en Italie, Javi Moreno étant d’ailleurs le phare de cette équipe d’Alavès qui s’était hissée jusqu’en finale de Coupe UEFA contre Liverpool. Après leur expérience italienne, José Mari et Javi Moreno sont rentrés en Espagne, en signant tous les deux lors de l’été 2002 à l’Atlético Madrid. Comme deux vrais copains qui font tout ensemble et qui s’aiment d’amour.

Francisco Farinós

Avant de devenir une machine à gagner, suite à l’affaire Calciopoli et la relégation de la Juventus, l’Inter a été, pendant plus d’une décennie, une bonne vieille équipe de lose. Les entraîneurs se succèdent, les joueurs improbables débarquent. Parmi eux, les supporters nerazzurri ont certainement encore en tête Francisco Farinós, arrivé de Valence en 2000. Lui aussi faisait alors partie de la magnifique équipe valencienne, capable d’arriver en finale de la Ligue des champions. Mais celui qui était un titulaire indiscutable en Espagne ne va pas trouver la même fortune en Lombardie. Farinós joue trois saisons à l’Inter (de 2000 à 2004 avec, au milieu, un prêt d’un an à Villarreal), connaît cinq entraîneurs, dont Héctor Cúper qu’il avait déjà cotoyé à Valence, mais ne réussit jamais à s’imposer. Il rentre en Espagne lors de l’été 2004. Aujourd’hui, il joue à Levante. Et risque donc de retrouver l’Inter en Europa League la saison prochaine.

Pep Guardiola

28. Non, ce n’est pas le nombre de trophées remportés par Pep Guardiola à la tête du Barça. Il s’agit du nombre de matches disputés par le désormais ex-entraîneur du club catalan en Italie. Après avoir été pendant plus d’une décennie le milieu de terrain des Blaugrana, Guardiola entame un petit tour du monde, qui le mènera successivement en Italie, au Qatar et au Mexique. En Italie, Guardiola va rester deux ans. Deux années au cours desquelles il va porter les maillots de Brescia et de la Roma. Il dispute 11 matches lors de sa première saison, puis s’engage avec le club giallorosso. À Rome, il n’est aligné que quatre fois et revient à Brescia dès le mois de janvier 2002. L’équipe lombarde détient alors la plus belle équipe de son histoire, avec en pointe un certain Roberto Baggio, et sur le banc Carlo Mazzone. Son aventure italienne sera ternie d’une sombre affaire. Le 21 octobre 2001, Guardiola est contrôlé positif à la nandrolone : suspension de 4 mois et amende de 20 000 euros. Il faudra plus de six ans et de nombreux procès en appel pour que Pep soit blanchi.

Guillermo Amor et Javier Portillo

C’est amusant de voir combien des points de vue peuvent diverger. Parlez donc de Guillermo Amor aux supporters du Barça. Ils vous parleront d’un joueur exemplaire, vainqueur de 17 trophées avec le maillot catalan. Bref, un monstre sacré. Maintenant, faites la même chose avec les tifosi de la Fiorentina. Bon, cela risque d’être plus compliqué de tirer des compliments. Amor a joué deux ans à Florence, dans une équipe où se régalaient des Rui Costa, Batistuta et Edmundo. Mais lui ne s’est jamais régalé. Sous les ordres de Trapattoni, il ne joue quasiment jamais. 24 apparitions en tout, en l’espace de deux saisons. Merci, et bon retour en Espagne. Pas découragé par l’expérience d’Amor, un autre Espagnol, Javier Portillo, rejoint les rangs florentins quelques saisons plus tard. Il est prêté par le Real Madrid et on dit grand bien de lui. Même ritournelle : en Italie, Portillo ne fait rien et n’inscrit qu’un seul but avec le maillot viola. Tellement mauvais que la Fiorentina le refile au Real Madrid dès le mercato de janvier. Oui, c’est un peu humiliant…

Diego Tristán

Oui, c’est totalement incroyable, mais Diego Tristán, l’immense buteur de La Corogne, a bel et bien joué en Italie. À la Juve ? Non. Au Milan AC ? Non. À la Lazio ? Même pas. Non. Après avoir fait trembler les défenses de Liga pendant huit saisons, inscrivant la bagatelle de 106 buts en championnat (Pichichi en 2001-02), Tristan veut un nouveau challenge. Il trouve celui-ci en Italie et signe un contrat d’un an avec possibilité d’une deuxième année avec… Livourne. Son agent est un salopard, sincèrement. Lors de la saison 2007-08, Tristan porte donc les couleurs grenats de Livourne. Il inscrit son premier but en Serie A le 9 décembre, contre la Roma. Son compteur est enfin débloqué, se dit-on alors. Bah non. Il ne se débloquera plus après cela. 21 matches, un seul but : voilà pourquoi, en juillet, il ne demande pas à prolonger d’une deuxième année et se tire en Angleterre, où il ne fera guère mieux. Bon, à ce propos, il devient quoi, Roy Makaay ?

Didac Vilà

L’énorme bide, plus encore que les autres, il est peut-être là. Didac Vilà. Déjà, un joueur qui, dans son nom, porte une partie du nom « Dida » n’aurait pas dû inspirer la confiance aux supporters milanais. Défenseur né en 1989, Didac Vilà fait ses débuts très jeune avec le maillot de l’Espanyol Barcelone. De 2009 à 2011, il fait ses armes en Liga, étant titularisé de plus en plus souvent. Mais lors du mercato 2011, une opportunité tombe à ses pieds : le Milan AC souhaiterait le recruter en vue du rush final vers le Scudetto. Ni une, ni deux, l’Espagnol accepte et vient renforcer le secteur défensif rossonero. Oui, sauf qu’en fait, il renforce surtout le banc. Pendant les mois qui suivent, Massimiliano Allegri ne le titularise jamais et lui offre seulement son baptême lors de la dernière journée de Serie A, alors que le Milan AC est déjà sacré champion depuis deux semaines. Du coup, deux semaines plus tard, Didac Vilà est prêté à son club formateur, l’Espanyol Barcelone. Il y dispute une bonne saison, ponctuée par 37 matches et 2 buts. Oui, mais il s’agissait seulement d’un prêt. Dans quelques jours, à la reprise des entraînements, il devra se pointer à Milanello. En attendant de connaître son sort.

José Ángel et Bojan Krkić

Eté 2001. La Roma, qui, pour une fois, ne termine pas deuxième mais sixième, change tout. Un nouveau président américain débarque, ramène avec lui un nouveau staff et un nouvel entraîneur. Il s’agit de l’Espagnol Luis Enrique, qui était jusqu’ici coach du Barça B. L’entraîneur veut transformer le visage de la Roma et souhaite donc ramener à Rome quelques poulains à lui. Après avoir vainement tenté de convaincre le Barça de laisser partir Messi et Iniesta (non, c’est une blague), il ramène dans ses valises deux joueurs : José Ángel, latéral gauche de Gijón, et Bojan, attaquant du Barça. C’est peu dire que Luis Enrique compte sur eux. Mais les prestations sur la pelouse ne vont pas être à la hauteur des attentes. José Ángel, qui ressemble à Greco, un autre joueur de la Roma, est exclu dès son premier match, contre Cagliari. Quant à Bojan, il a du mal à marquer des buts avec régularité. Celui qui est censé être un cousin éloigné de Messi se ressaisit toutefois en deuxième partie de saison, inscrivant entre autres un fort joli but contre l’Inter. Bilan : les deux auront une deuxième chance la saison prochaine, malgré le départ de Luis Enrique. Avec Zeman aux commandes, qu’ils s’attendent à marquer au moins 20 buts chacun…

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