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Top 10 : Entraîner à deux, c’est mieux ?
Cette semaine, l'entraîneur de Lorient Sylvain Ripoll a demandé à Franck Haise, entraîneur de la réserve des Merlus, de venir l'aider à redresser le club en cette fin de saison difficile. Pas la première fois qu'un duo d'entraîneurs se retrouve à la tête d'un club ou d'une sélection. Une décision souvent prise dans des situations d'urgence et pas toujours dans l'intérêt des clubs.
Lars Lagerbäck et Heimir Hallgrimsson (Islande, depuis 2013)
Depuis 2011, Lars Lagerbäck s’occupe de la sélection nationale islandaise. Plutôt bien, d’ailleurs puisque les Strákarnir Okkar sont seconds de leur groupe en préliminaires de l’Euro 2016 après avoir échoué en barrages de Coupe du monde 2014. Forcément, le technicien suédois n’a pas envie de foutre en l’air le travail colossal accompli sur le petit îlot scandinave lorsqu’il prendra une retraite bien méritée en 2016. Lagerbäck a donc invité son ancien adjoint, Heimir Hallgrimsson, à partager le banc du Laugardalsvöllur depuis 2013 pour que ce dernier puisse ensuite prendre la direction de la sélection sereinement. On dit comment « petit scarabée » en islandais ?
Jean-Guy Wallemme et Rudi Garcia (Saint-Étienne, 2001)
En 2000-2001, un an après avoir retrouvé l’élite française, l’AS Saint-Étienne passe une grosse saison de merde. L’affaire des faux passeports vient ternir l’image des Verts, relégables, tandis que John Toshack met les voiles en janvier après avoir remplacé Robert Nouzaret en septembre. Pour finir la saison, l’ASSE nomme un duo aussi inédit qu’inexpérimenté au haut niveau : Jean-Guy Wallemme et Rudi Garcia, respectivement joueur du club et assistant de Toshack. Un baptême du feu pour le duo qui ne peut éviter le naufrage stéphanois en Ligue 1. Au mercato, Wallemme se tire indemne au RC Lens, tandis que Garcia se fait virer. Rudi can fail, donc.
Paul Hart et Brian Kidd (Portsmouth, 2009)
Lorsque Harry Redknapp décide de monter à la capitale pour remplacer Juande Ramos à Tottenham, le club de Portsmouth doit trouver une solution de fortune, trois mois après le début de la saison 2008-2009. Tony Adams, adjoint de Redknapp à Pompey, s’installe logiquement dans le fauteuil de head coach. Pour finalement le quitter en février 2009 après n’avoir engrangé que dix points en seize matchs. Derrière, le duo Hart-Kidd fait légèrement mieux (dix-sept points en treize matchs) et sauve de la tragédie Pompey, qui fête alors son 110e anniversaire.
Très souvent sous Christian Constantin (FC Sion, depuis 2003)
En douze ans, le self made man et président du FC Sion Christian Constantin aura changé trente-neuf fois d’entraîneur, parfois pour rappeler ceux qu’il avait virés quelques mois auparavant, parfois pour leur en coller d’autres dans les pattes et composer des duos improbables (voire des trios comme en 2004 avec Tholot-David-Rebord). Christian Constantin lui-même s’offrira le luxe d’entraîner son équipe en compagnie de Christian Zermatten pendant cinq matchs en 2008, puis pour un petit match avec Sébastien Fontbonne en 2009. Après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Parole de self made man.
Célestin Mouyabi et Gaston Tchangana (Congo, 2005-2006)
En mars 2005, le sélectionneur Christian Létard a semblerait-il trop ouvert sa bouche. En tout cas, au goût du gouvernement et de la Fédération congolais, que l’ancien entraîneur du MUC et du Tours FC accusait de ne pas travailler pour l’équipe nationale. Résultat : lesdites institutions nomment fissa un duo d’entraîneurs acquis à sa cause, Célestin Mouyabi et Gaston Tchangana. Soit l’ancien capitaine des Diables rouges congolais lors de la CAN 1992, passé notamment par Beauvais, et l’ancien entraîneur du Congo, limogé quatre ans auparavant. La doublette ne fera qu’un an sur le banc des Diables rouges, remplacée par Noël Tosi… Qui sera lui aussi viré au bout d’un an au motif qu’il « passe beaucoup trop de temps en France » .
Dominique D’Onofrio et Sergio Conceição (Standard Liège, 2010-2011)
Avec beaucoup plus de cheveux blancs et beaucoup moins de Pento, Sergio fait des Conceição et accepte de revenir au Standard Liège pour épauler un Dominique D’Onofrio qui vient de virer László Bölöni, s’improvisant pour la troisième fois entraîneur des Rouches. Le duo portugo-italo-belge parvient à accrocher in extremis une place en play-offs de Jupiler League pour finalement obtenir une qualification en Ligue des champions. Des suites de cette performance, les deux co-entraîneurs se retirent à l’été 2011 et D’Onofrio lâche un « Sergio fut mon meilleur assistant au Standard » . Depuis, les hommes sont restés en bons termes. La preuve :
Jean-Louis Gasset et Xavier Gravelaine (FC Istres, 2005)
En 2004-2005, le FC Istres passe la toute première saison de son histoire dans l’élite du football français. Forcément, les débuts sont difficiles. Mehmed Baždarević, héros de la saison précédente, se voit remercié en janvier 2005 et remplacé par la doublette Gasset-Gravelaine pour avoir critiqué le recrutement du Brésilien Leandro Amaral. Jean-Louis et Xavier ne resteront ensemble que quelques mois, le temps d’assurer la relégation du club provençal en Ligue 2. De son côté, Leandro Amaral ne jouera qu’un seul match pour les Violets avant de se tirer à… Veracruz. Ça ne s’invente pas.
Louis van Gaal et Hans Eijkenbroek (AZ Alkmaar, 1986-1988)
À 35 ans, Louis van Gaal vient finir doucement sa carrière de joueur au sein du tranquille club d’Alkmaar. En plus d’un statut de pré-retraité, il obtient un poste d’assistant-coach de Han Berger pour apprendre les rouages du métier. En décembre 1986, Hans Eijkenbroek remplace Berger. Sauf qu’Eijkenbroek a la santé qui valdingue. En réalité, l’ancien entraîneur de Roda JC ne servirait que de prête-nom à un Van Gaal sans diplôme, mais avec les pleins pouvoirs. Régnant en petit despote tandis qu’Eijkenbroek reste dans son bureau à fumer des clopes, Van Gaal se fera dégager en 1988, puis intégrera l’Ajax comme assistant de Spitz Kohn. La suite, on la connaît.
Edgar Davids et Mark Robson (Barnet, 2012)
À Barnet, Edgar Davids et Mark Robson l’ont joué remake d’Un Fauteuil pour deux. Nommé en octobre 2012, le duo ne s’en sort pas trop mal sur le terrain à la tête d’une équipe qui lutte avec acharnement pour son maintien en League Two. En coulisses, c’est un peu moins rose. Lorsque Robson demande fin décembre à ce que son implication en tant que coach soit clarifiée, les dirigeants lui préfèrent l’inexpérimenté mais néanmoins médiatique Edgar Davids. Trois mois seulement après sa nomination, comme une vulgaire période d’essai en CDI non reconduite. Quelques mois plus tard, Barnet est relégué en Conference Premier. Entraîneur-joueur lors de la saison 2013-2014, le Pitbull montre qu’il n’a rien perdu de sa niaque en prenant trois rouges en huit matchs joués. Avant de claquer sa démission en janvier 2014. Propre.
Smaïl Khabatou et Abdelhamid Zouba (MC Alger, 1976)
En 1976, le MC Alger marche déjà depuis plusieurs années sur l’Algérie du foot. Mais lorsque le club algérois a l’idée d’allier l’actuel entraîneur Zabou à l’ancien sélectionneur algérien et pionnier du foot algérien Khabatou (formé comme entraîneur en même temps que Batteux, Leduc ou encore Herrera), l’effet est le même que celui de Goku fusionnant avec Vegeta. Invincible, Zoubatou rafle tout ce qu’il était possible de rafler lors de sa seule année d’existence : championnat d’Algérie, Coupe d’Algérie et Coupe d’Afrique des clubs champions.
Par Matthieu Rostac