Top 10 : couacs de tirages au sort

En ce jour du 16 janvier 1982, les vrais artistes n’étaient pas dans l’assemblée, mais bien sur scène. Alors que tout le monde est réuni pour tirer les groupes du Mondial 1982, le tirage électronique décide de faire des siennes. C’est la machine qui tire seule les boules. Les têtes de série avaient été désignées à la tête du client, et il avait été décidé que les pays d’Amérique du Sud ne pouvaient pas tomber ensemble. Pour appliquer cette règle, la Belgique et l’Écosse doivent finalement changer de groupe en plein tirage après que la machine a placé des nations sud-américaines dans la même poule. De quoi irriter le président de la Fédération belge, qui parlera de « manipulation à 200% ». La machine n’a décidément pas brillé, puisqu’elle s’enraye et coupe une des sphères en deux. Après réparation, le tirage pourra aller à son terme, avec à l’époque le sentiment que la machine ne remplacera pas tout de suite l’humain.

Difficile de faire ce top sans évoquer la fameuse technique des boules chauffées. Cette supposée technique, qui permet d’identifier l’identité de l’équipe dans une boule après qu’elle a été chauffée, a été remise sur le devant de la scène en 2006. En direct live, Lothär Matthaüs, chargé de tirer les boules, en prend une avant de la reposer pour en choisir une autre. Accusé d’avoir utilisé cette technique des boules chaudes pour donner un groupe difficile à l’Italie, l’ancien international allemand s’en défendra en disant simplement : « Les Italiens sont dingues s’ils pensent ça. » Heureusement pour lui que ce sont eux qui sont allés au bout cette année-là.

Si vous pensez que votre premier repas de Noël avec la belle-famille est gênant, vous n’avez pas été à la place de Bernard Lacombe en 2008. Lors du tirage au sort des demi-finales de la Coupe de France, l’ancien président de l’OL provoque un gros malaise. Après que Lyon a été tiré, Lacombe lance : « Aller chez l’adversaire, c’est toujours dur, on l’a vu hier. C’est vrai que Sedan a fait un exploit, mais jouer à la maison, c’est ce qu’on souhaitait. » Une déclaration assez normale, à ça près que l’adversaire des Lyonnais n’est pas encore connu à ce moment-là. On vous le donne en mille, l’OL héritera finalement de… Sedan. Et voilà la polémique lancée. Si beaucoup ont cru à un arrangement pour qu’une finale PSG-Lyon ait lieu, il est plus probable qu’il s’agisse d’un simple quiproquo, Bernard Lacombe ayant sûrement voulu faire allusion au fait que Sedan était la seule équipe à s’être qualifiée en jouant à l’extérieur. Ou alors l’OL a vraiment posé une valise pour être aidé.

La technique des boules chaudes était déjà passée de mode en 2013, laissant sa place à la théorie des boules vibrantes. Ahmet Cakar, ancien arbitre international turc, accuse à l’époque l’UEFA d’avoir truqué le tirage pour éviter une rencontre FC Barcelone-Real Madrid en quarts de finale de la Ligue des champions. Un dispositif aurait permis de faire vibrer les boules, ce qui fait que la main innocente n’avait plus qu’à choisir celle qui ne vibrait pas. Une théorie évidemment jamais vérifiée, mais qui a été appuyée par le tirage des deux équipes, les Madrilènes héritant de Galatasaray et les Catalans du PSG. Visiblement, c’est dans la triche qu’on innove le plus.

L’une des meilleures Coupes du monde de l’histoire n’a pas échappé aux traditionnelles théories du complot autour de son tirage au sort. Sauf qu’au vu des événements, il est aisé de comprendre que certains se soient estimés lésés. Quelques heures avant le tirage au sort, l’Italie et la France changent de chapeau. L’Italie finit dans le groupe de la mort, en compagnie notamment de l’Angleterre. Pour alimenter la théorie d’un truquage, rien de mieux que les images du président de la fédération anglaise qui mime un étranglement à la télé avant même que le tirage au sort n’ait débuté. En prime, les images en mondovision de Jérôme Valcke qui effectue des manipulations suspectes sur son pupitre pendant le tirage ont ajouté de la consistance aux accusations.

Si le dicton dit « mieux vaut deux fois qu’une », c’est parfois mieux de ne pas forcément le suivre. Lors du tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des champions en 2021, les organisateurs ont réussi à réaliser deux erreurs lors du même tirage. D’abord, Andreï Arshavin tire Manchester United au moment de déterminer l’adversaire de Villarreal. Mais impossible que cela se produise, car les deux clubs se sont déjà affrontés en poules. L’effet papillon étant bien réel, une seconde erreur va suivre, puisque lorsque l’Atlético a été tiré, Manchester United a été exclu de ses adversaires possibles. Alors même que les Mancuniens pouvaient être tirés à ce moment. Face à la confusion, l’UEFA reconnaît son fiasco et réorganise un tirage quelques heures plus tard. En sachant déjà que les Mancuniens n’allaient pas remporter la compétition, pas sûr que ça valait la peine de refaire le tirage.

En début d’année, le tirage au sort des quarts de finale de la Coupe de France a rappelé à tout le monde les joies des aléas du direct. Codiffusé par beIN Sports et France 3, le tirage a donné lieu à une sacrée mésentente entre les deux diffuseurs. En parallèle de la rencontre de Ligue 1 entre Lens et Lorient, beIN annonce les affiches des quarts de finale de la Coupe de France. Sauf que, sur France 3, le tirage au sort n’a même pas encore commencé. La cause de cette bourde : beIN a diffusé par erreur les affiches tirées lors du tirage au sort fictif. Et l’OL en a bien profité, puisque le club est passé du FC Nantes à Grenoble comme adversaire. Après, est-ce qu’il valait mieux perdre en quarts ou en demies contre Nantes, le débat est ouvert.

Pris la main dans le bol. Les magouilles lors des tirages sont un mythe qui n’a pas encore trouvé de réponse. Mais si de telles choses existent, les intéressés font au moins l’effort de se cacher un peu. Pas les organisateurs de la Coupe de l’Indre, jusque-là inconnus du grand public, qui ont fait parler tout leur talent début novembre pour percer. Lors du tirage au sort de la compétition, diffusé en live sur Facebook, Jacky Lhuilier, président de la commission des coupes au sein de l’instance départementale, est chargé de tirer les petits papiers. Sauf que son collègue lui glisse une boule avant de commencer le tirage, qu’il conserve, fait mine de mélanger le saladier et, grosse surprise, tire cette même boule qu’il avait en main. Démasqué, le district réalisera un nouveau tirage au sort quelques jours plus tard. Non pas qu’on encourage la triche, mais il s’agirait de faire un effort quand on décide de faire n’importe quoi.

On a d’abord pensé à un cri de joie de Gareth Southgate devant le groupe plus que clément dont a hérité l’Angleterre, mais en fait non. Pendant le tirage au sort des poules pour l’Euro 2024, un bruit d’orgasme a été entendu dans la salle. Tout le monde dans l’assemblée, y compris Giorgio Marchetti, chargé du tirage au sort, qui a fait preuve à cet instant d’un professionnalisme exemplaire, a dû se retenir d’exploser de rire en entendant ce son pour le moins perturbant. Ce canular, revendiqué par le youtubeur Jarvo 79, aura au moins eu le mérite de divertir un peu l’assemblée. Pour le reproduire, il suffit d’un téléphone placé dans la pièce que vous visez, doté d’une sonnerie orgasmique, et d’appeler ce cellulaire. Elle est là, la vraie magie de la technologie.

Le système des poules était incompréhensible, et le raté du tirage n’a pas aidé son cas. Pour la Copa América 2024, les pays de la CONCACAF (zone Amérique du Nord et centrale) participent à l’édition. La règle stipule qu’un groupe ne peut accueillir plus de deux équipes de la zone CONCACAF, ni plus de trois équipes d’Amérique du Sud. Mais pendant le tirage du chapeau 4, la Bolivie est envoyée dans la poule B, alors même qu’elle ne peut qu’aller dans la poule C. Le tirage continue, mais les organisateurs finissent par se rendre compte de leur erreur en tirant la dernière boule. S’ensuit un gros moment de flottement, durant lequel les écrans affichant les groupes ont été éteints, avant de se rallumer avec les bonnes compositions de groupes. Faire mine de faire les choses bien alors que la coupe est destinée à l’Argentine, c’est quand même culotté.