- Dopage
- Aveux de Lance Armstrong chez Oprah Winfrey
Top 10 : Comme Armstrong, eux aussi devraient avouer
Devant la pression de l'évidence ou de la machine judiciaire, le temps de la contrition est donc venu pour Lance Armstrong. Après avoir longtemps et farouchement refusé de reconnaître son usage régulier de produits dopants, il a livré une confession parfaitement - et juridiquement - calibrée auprès de la prêtresse médiatique Oprah Winfrey. Plutôt malin, l'ancien septuple vainqueur de la Grande Boucle sait que s'il veut rebondir, il faut savoir en passer par ce genre de génuflexion cathodique. Surtout dans le sport, où la grande comédie de la lutte antidopage exige son lot de gentils repentis qui acceptent de se prendre quelques coups de fouet symboliques. En prenant la faute sur ses épaules et en évitant de balancer. Avec comme seule et peu surprenante révélation qu'il est impossible de gagner le tour sans « aides chimiques », comme on disait à la STASI du temps de la RDA. Bref, cette comédie ne vise au final qu'à permettre au système de continuer à refourguer son héroïsme ascétique et les produits dérivés qui l'accompagnent. Alors, peut-être que, dans le foot, certains pourraient en prendre de la graine et enfin admettre fautes et mensonges du passé. C'est dans l'intérêt supérieur du ballon rond. Il vous sera beaucoup pardonné, car vous avez beaucoup péché.
Le monde du foot sur le dopage
Commençons par l’évidence. Des compétitions (Mondial, championnat d’Europe des nations ou CAN) qui se concluent – quasiment – sans aucun contrôle positif, et une FIFA qui freine des quatre fers auprès d’un CIO déjà pas franchement enthousiaste. Bref le petit monde du ballon rond se promène toujours béatement sur son petit nuage de pureté. Sauf qu’à l’ère de la suspicion généralisée et des offs journalistiques à répétition, personne ne se laisse plus duper. Il serait temps de trouver son Lance Amstrong. « Il faut que tout change pour que rien ne change » , comme disait le prince Fabrizio Corbera de Salina dans Le Guépard.
Karl-Heinz Rummenigge et le match de honte du Mondial 1982
Ce 25 juin 1982 à Gijón, l’Allemagne et l’Autriche s’arrangent pour se qualifier conjointement sur le dos d’une équipe d’Algérie qui a de son coté bêtement laisser filer sa chance face au Chili. Tout le monde le sait. Tout le monde l’a vu. L’ambassadeur d’Allemagne en Espagne s’en est même excusé. Et outre-Rhin, ce souvenir se révèle bien plus douloureux pour la fierté nationale que « notre » traumatisme de Séville. Mais aucun des protagonistes sur le terrain n’a jamais reconnu franchement ce pacte du diable, très compréhensible bien que pas viscéralement fair-play ni avouable. Alors M. Karl-Heinz Rummenigge, un petit mot de repentance pour le bonheur de tout un peuple. Et de toute façon, ce n’est pas demain que la Mannschaft risque de revivre l’humiliation que les Fennecs leur avait infligée en Espagne.
Geoffrey Hurst en 1966
On peut être une quasi-légende, le Hammer le plus célèbre de l’histoire pour avoir offert à la nation qui a inventé le football le seul trophée de sa sélection nationale et en avoir gros sur la conscience. Ce but à la 101e minute contre l’Allemagne sent le sapin depuis la seconde où la transversale a tremblé. Ok, personne n’avait envie de pleurer sur la Mannschaft depuis le hold-up contre la Hongrie en 54. Puisque c’était pour le bien commun, inutile de persister à prétendre que le ballon aurait effectivement franchi la ligne. À moins qu’il s’agisse de protéger la gloire posthume de Tofik Bakhramov, le juge de touche soviétique qui a contribué à valider le goal et que l’Azerbaïdjan a sanctifié du nom d’un stade à Bakou. Dans ce cas, ce silence vous honore.
La balance du vestiaire français de Knysna
Dur de se fier à la version de Raymond Domenech, si tant est que le lecteur de son livre y ait compris quelque chose. Le lecteur a besoin de source. De la source. Celle qui aurait ruiné la bonne ambiance de l’équipe de France en 2010. Celle que Nicolas Anelka et Patrice Évra traquent de leur sourde colère. Celle que Franck Ribéry imagine tapie derrière son impopularité. Il faut sortir au grand jour. Montrer son visage. Quitte à endosser l’habit du traître, autant en récolter la postérité.
Apoula Edel et son certificat de naissance
C’est peu dire que le passage au PSG de l’actuel gardien de l’Hapoël Tel Aviv a laissé un souvenir mitigé auprès des supporters parisiens. Mais entre les histoires de passeports (arméno-camerounais, tout est dit), les histoires d’agents et les doutes sur son nom et son âge, peut-être que l’essentiel a échappé au commun des mortels. Comment ne pas souhaiter finalement qu’il avoue et que, du plus mauvais gardien de l’histoire du club parisien, il devienne son fake le plus classe. Mesrine ne revendiquait-il pas ses braquages et ses crimes, et parfois mêmes ceux des autres, de peur de tomber dans l’oubli ?
John Terry sur son pénalty
Toutes les vérités ne sont peut-être pas bonnes à dire. Qu’avait donc en tête John Terry lorsqu’il a raté cette saleté de penalty contre Manchester United ce 21 mai 2008 ? Ou plutôt qui ? Dans la longue liste de ses frasques, celle-là mérite un petit peu plus d’explications. Si, comme le joueur natif de Barking le raconte partout, « ce penalty me hantera toute ma vie » , ce serait presque une profitable psychothérapie que de s’allonger sur le divan médiatique. Un telle tragédie ne peut simplement se résumer à un geste raté.
Maradona et la main de Dieu
On l’aime tellement cette expression de « main de dieu » . Surtout pour quelqu’un qui possède sa propre église et à qui tous les incroyants pardonnent sa mégalo. Comment lui demander de quitter le champ du sacré pour rejoindre l’espace profane et ses petites bassesses. Seulement voilà, ce serait la bravade ultime, un moyen de rendre au foot tout ce qu’il lui a donné et pris. Un grand coup de pied dans la fourmilière de ce soi-disant sport de gentlemen. Le gouvernement britannique pourrait sûrement réfléchir à rétrocéder les Malouines en échange de cet instant de sincérité.
La Fifa et le Qatar
Sepp Blatter va-t-il longtemps continuer à nous faire gober qu’il veut simplement développer son sport, et sa dimension universelle, en faisant se dérouler le prochain Mondial dans un pays arabo-musulman (une larme pour le Maroc) ? Ne serait-ce pas plus honnête, comme un Jérôme Kerviel s’épanchant sur son appât du gain, d’admettre que le foot est à vendre, au plus offrant forcément. Oui, à la FIFA, nous aimons l’argent plus que la protection de l’environnement ou le bonheur des employées de maison philippines à Doha. Faute avouée à demi pardonnée.
Lukas Poldoski et le patriotisme polonais
On ne doit jamais oublier d’où l’on vient. L’ancien attaquant de Cologne et du Bayern l’avait promis, il ne célébrerait pas ses buts contre la patrie de ses parents, et un peu la sienne. Y compris lorsqu’il lui infligea un doublé lors de l’Euro 2008. On a du mal à saisir cette pudeur. Autant demander à ne pas jouer. Ou alors, à l’instar de tous les traîtres, le véritable plaisir ne fut-il pas justement d’être la main assassine des espoirs de la sélection polonaise ? Assez de fausse pudeur. Un bon Deutschland über alles, la couv’ de Spiegel, et on en parle plus.
Luciano Moggi et trente ans de foot italien
On ne sait par où commencer. Le Calcio est sûrement le football européen qui s’est trimbalé le plus de scandales ces trente dernières années. Avec un peu d’ironie, on dirait qu’au moins, de l’autre coté des Alpes, la pute n’est pas maquillée (cf. les récents évènements judiciaires et policiers du côté de la Commanderie). Au cœur de ces affaires de paris truqués et d’agents louches, un nom revient en boucle : Luciano Moggi. À son palmarès, une rétrogradation cauchemardesque et expiatoire en Serie B de la Juventus, d’où la Vieille Dame est finalement revenue plus belle et forte que jamais. Il n’empêche, on aimerait tant voir l’ancien directeur général des Bianconeri ouvrir grand sa bouche de repenti, avec escorte policière de protection, histoire de voler la vedette à son ancien ennemi juré, Silvio Berlusconi.
Par Nicolas Kssis-Martov