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Top 10 : champion surprise
Annoncé comme candidat au maintien en début de saison, Leicester trône au sommet de la Premier League avec 5 points d'avance sur Tottenham après 25 matchs. Et vu la forme de Mahrez, Vardy ou Kanté, on peut imaginer que Claudio Ranieri se sente apte à aller au bout. Retour sur les précédents qui peuvent donner des idées aux Foxes.
Montpellier 2012
En débarquant à Paris, QSI s’imagine que remporter le championnat ne sera qu’une formalité après avoir recruté Kevin Gameiro, Javier Pastore, Jérémy Ménez ou encore Blaise Matuidi. À la trève, les Qataris se permettent même de virer Antoine Kombouaré, pourtant premier, afin d’accélérer le projet. Aussi charismatique qu’il soit, Carlo Ancelotti ne peut cependant rien pour contrer la hype montpelliéraine en seconde partie de saison. Pourtant dérouillés à la maison 3-0 à l’aller, les hommes de René Girard viennent chercher un nul autoritaire au Parc (2-2) avant d’enchaîner les victoires sous l’impulsion de joueurs au sommet de leur art comme Younès Belhanda, Olivier Giroud, Rémi Cabella, Henri Bedimo ou même Mapou Yanga-M’Biwa. Mais plus dure sera la chute après les festivités et l’horrible crète de Loulou Nicollin. En Ligue des champions, la Paillade ne tiendra pas la route, Réné Girard se permettant même un pas très classe doigt d’honneur à l’intention du banc de Schalke 04.
Nottingham Forest 1978
On pourra dire tout ce que l’on veut de Brian Clough. Alcoolique ? Ok. Homophobe ? Possible oui. Totalement dépendant de son adjoint Peter Taylor ? Peut-être. Mais il n’en restera pas moins dans l’histoire comme l’un des meilleurs entraîneurs que le foot anglais ait connus pour sa capacité à transformer des effectifs limités en machine à gagner. Après l’exploit Derby County en 1972, le binôme Clough-Taylor remet ça lors de la saison 1977-1978 avec un Nottingham Forest qui n’a rien d’un prétendant. Promus dans l’élite de manière laborieuse, les Rouges sont un amalgame de briscards revanchards et de jeunes sans expérience. Et aussi d’inspirations de la part du staff technique, qui replace l’attaquant écossais Kenny Burns, recruté à Birmingham, comme défenseur central. Avec à la clé un titre de joueur de l’année décerné par l’association des Football Writers anglais. Contrairement à Montpellier, la belle histoire anglaise se conclut sur un double sacre européen, à défaut de gagner un nouveau championnat.
Kaiserslautern 1998
Viré du Bayern Munich en 1996, Otto Rehagel a pris la plus belle des revanches avec Kaiserslautern en 1998. Promus en Bundesliga en fin de saison précédente, les Diables rouges s’imposent d’entrée sur la pelouse du géant bavarois. Histoire de marquer leur territoire. Emmené par un Olaf Marschall qui enquille 21 buts, un Ciriaco Sforza qui dirige le jeu, et une défense de poètes – Reinke, Kadlec, Koch, Roos et Schjönberg encadrés par le vétéran Brehme – Kaiserslautern ne quitte pas le haut du tableau de la saison. Et devient le seul club à s’adjuger le titre allemand dans la foulée d’une montée dans l’élite. Pas de vraie confirmation néanmoins en 1998-1999, avec une cinquième place en Bundesliga et une élimination 6-0 par un Bayern revanchard en quarts de la C1.
Hellas Vérone 1985
Trente ans après, les supporters du Hellas ont explosé de joie à la 51e minute du derby contre le Chievo en mai dernier. La raison ? Le doux souvenir d’une saison 1984-1985 où le Scudetto est tombé du ciel dans leur escarcelle. Quoique, la réussite des hommes d’Osvaldo Bagnoli n’est pas si illogique si l’on considère que le Hellas reste sur plusieurs saisons réussies avant de décrocher le Graal. Le renfort du Danois Preben Elkjaer Larsen fait partie des ingrédients qui font pencher la balance et permettent à Vérone de battre les favoris présumés comme le Napoli de Diego Maradona ou la Juventus de Michel Platini. La plus grosse surprise des 30 dernières années en Italie n’aura cependant pas de second chapitre : le Hellas termine dixième la saison suivante, et quitte la Coupe d’Europe dès les huitièmes de finale face à la Juve.
Boavista 2001
Au Portugal, si ce n’est pas Benfica, c’est Porto. Si ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est alors le Sporting qui endosse le costume de champion. Sauf à quelques exceptions près, la plus récente remontant tout de même à 2001 avec le sacre de Boavista. Le second club de Porto est alors un outsider sérieux et régulier : entraînés par Jaime Pacheco, les Panthères restent sur une deuxième, puis une quatrième places, avec une participation en Ligue des champions. Ils feront d’ailleurs plus que figurer l’année suivant leur titre, en échouant à un point des quarts de finale en C1, et à cinq d’un nouveau titre portugais. Des héros de l’époque, dix se sont lancés dans une carrière d’entraîneur, Petit et Erwin « Platini » Sánchez étant les deux derniers coachs en date de Boavista.
Dundee United 1983
En Écosse, le schéma est comparable au Portugal : Rangers ou Celtic. Aberdeen dans les années 80 ? Cela ne compte pas, car ils étaient entraînés par Alex Ferguson. La vraie surprise dans le pays du kilt et des bourses à l’air, c’est Dundee United FC, qui braque le titre de champion en 1983, avec un final d’anthologie contre le rival local Dundee FC. Sous la direction de Jim McLean, les Tangerines vivent un âge d’or qui les voit remporter deux League Cup et un championnat en une décennie. Avec également une demi-finale en C1 l’année post-titre, puis une finale de Coupe de l’UEFA en 1987. Histoire de créer la surprise à l’échelle européenne.
Deportivo La Corogne 2000
Présent en Liga depuis 1991, le Deportivo La Corogne n’apparaît pas comme un potentiel champion à l’aube de la saison 1999-2000. D’une part car le Barça, le Real ou même Valence sont largement au-dessus question moyens financiers. D’autre part car le club galicien est dans le dur avec une 12e place en 1998 et une sixième en 1999. Sous la houlette de Javier Irureta depuis un an, l’armée mexicaine – 10 nationalités différentes dans l’effectif – se transforme pourtant en rouleau compresseur, bien aidé il est vrai par l’arrivée de Roy Mackay en provenance de Tenerife. L’attaquant néerlandais plante 22 buts grâce notamment au travail créatif du Brésilien Djalminha et à une maison défensive bien gardée par les grosses cuisses de Mauro Silva, impérial en sentinelle. Avec cinq points de plus que le Barça de Louis van Gaal, le Super Depor atteint son millésime national. L’âge d’or s’achève quatre ans plus tard, après une demi-finale de Ligue des champions perdue contre le FC Porto.
La Gantoise 2015
En tirant La Gantoise dans son groupe en début de saison, Lyon pensait pouvoir tranquillement s’assurer une place au second tour de la Ligue des champions, au pire un repêchage en Ligue Europa. Et pourtant, c’est bien le club belge qui affrontera Wolfsburg la semaine prochaine, avec l’espoir d’atteindre les quarts de finale. Moins de 20 mois plus tôt, un tel destin n’avait rien d’une évidence : bien que l’un des plus vieux clubs du pays, Gent n’a jamais été titré, sort de deux saisons sportivement compliquées après avoir eu d’énormes soucis financiers au tournant des années 2000. Mais les dirigeants ont la bonne idée de nommer un entraîneur au nom imprononçable : Hein Vanhaezebrouck. Loin d’être con, car le technicien a réalisé des miracles avec Courtrai par le passé. En une saison, il bâtit une équipe à son image, en refourguant notamment Habib Habibou à Rennes pour aller chercher Laurent Depoître à Ostende. Si le démarrage est poussif avec une cinquième place à la trêve, les Gantois montent en puissance dans l’année 2015, au point de remporter le titre une journée avant la fin. Les Buffalos sont toujours sur leur lancée : leader en Jupiler League et donc en course en Champions.
Auxerre 1996
Marseille relégué en seconde division depuis déjà une saison, le PSG apparaît comme le grand favori du championnat. Il faut dire qu’avec un entraîneur de « talent » , Luis Fernandez, et un effectif de stars – Djorkaeff, Raí, Dely Valdés -, le club de la capitale est hors catégorie. Auxerre, toujours placé, jamais titré, va pourtant mettre à mal les plans parisiens. Les arguments auxerrois ? L’inamovible 4-3-3 de Guy Roux et une génération dorée – Martins, Cocard, Charbonnier, Lamouchi, Laslandes – sublimée par le recrutement surprise de Laurent Blanc. À partir de mars, les Bourguignons ne perdent plus un match et surclassent même le PSG à domicile lors de la 32e journée, pour ce qui s’apparente à la finale du championnat (3-0). Paris se consolera avec la Coupe des coupes quand l’AJA sortira un T-shirt collector Duc de Bourgogne avec la liste de son effectif imprimé au dos.
Atlético de Madrid 1996
Atlético de Madrid et champion surprise, cela ne colle pas forcément, même si l’on est au pays du Barça et du Real. À l’été 1995, les Matelassiers sortent d’une quatorzième place en Liga, leur dernière présence en première partie de tableau remonte à 1996 (6e). Mais avec un nouvel entraîneur, Radomir Antić, le second club madrilène se lance dans un nouveau cycle : Pantić, Penev ou encore Molina débarquent. La mayonnaise prend avec les cadres déjà présents comme José Luis Caminero, qui plante une dizaine de buts et dicte le rythme au milieu, quand Diego Simeone y fait régner l’ordre. La hype est telle que l’Atlético ne se contente pas de la Liga, mais rafle également la Coupe du Roi. Vingt ans plus tard, Diego Simeone est revenu comme entraîneur et a refait le coup en 2014. En réussissant cette fois à pérenniser l’équipe au sommet.
Auraient pu être dans cette liste : Leipzig 1964, Derby County 1972, Aston Villa 1981, Sampdoria 1991, Leeds 1992, Lierse 1997, Lens 1998, Jean-Marie Le Pen 2002, Lanus 2007, Wolfsburg 2009, Alkmar 2009, Bursaspor 2010, Viktoria Plzeň 2011, Cobresal 2015…
Par Nicolas Jucha