- 150 ans du football
Top 10 : Ces règles qui ont changé le visage du foot
Cette année, le football fête ces 150 ans. Un amusement parmi d'autres qui allait conquérir le monde et assurer son empire sur l’industrie des loisirs. Pourtant, pour en arriver là, il a fallu apporter quelques petites modifications à ce banal jeu censé occupé sainement les fils de l'élite britannique et autres gentlemen des collèges anglais. Voici les dix amendements aux tables de la loi qui ont fabriqué le football actuel.
1867 : Le nombre de joueurs est fixé à 11
Cette décision est peut-être aussi importante que le choix initial et séminal d’interdire le porté de la balle à la main. Elle définit finalement l’espace du jeu et la nature de la confrontation, en gros l’identité de ce sport. Et un triste soir de 1990, Gary Lineker finira par lâcher, après une abominable demi-finale de Coupe du monde : « Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. »
1877 : Autorisation d’effectuer la rentrée de touche dans toutes les directions
C’est en 1877 que l’ « association » et le rugby achèvent de se séparer. Avant, une remise en jeu devait se réaliser perpendiculairement à la ligne de touche, comme chez les sautillants frères ennemis de l’Ovalie. Maintenant, le foot, le vrai, sera porté vers le but, le regard tourné vers le goalkeeper, et donnera naissance à cet étrange poste, l’avant-centre. Imaginez le Brésil sans cela.
1890 : Première utilisation des filets de but
Du moment qu’ils ne sont pas troués, cet embellissement anodin et pratique (vérifier simplement et de visu la validité du but) a démontré son utilité et surtout son rôle dans la « spectacularisation » de ce sport. Sans les filets, les retransmissions télé et maintenant les jeux vidéos, tel Fifa 14, y perdrait grandement en théâtralité. L’avantage d’une innovation, c’est qu’on ignore en général à qui elle va profiter.
1891 : Introduction du penalty dans les lois du jeu
Comment dire ? Est-il possible de penser le football sans ce moment étrange où le match se suspend pour instaurer ce face-à-face titanesque entre un tireur et le gardien. Et à quoi servirait les journalistes sportifs et autres consultants s’il fallait se passer des pénos imaginaires et des décisions contestables. Et puis en 1976, Antonin Panenka put ainsi d’un geste « prolétaire » éponyme venger la Hongrie de 54 et quasiment tous les adversaires malheureux de la Mannschaft.
1896 : Les décisions de l’arbitre sont sans appel
Inventés en 1891, l’arbitre et ses deux assesseurs gagnent enfin leur fonction de juges suprêmes. Auparavant, ils ne pouvaient sanctionner que si l’équipe adverse les interpellait. Si cet amendement pouvait laisser croire à une belle promotion au sein de la famille du foot, elle se révélera un terrible cadeau empoisonné et le début de la malédiction pour les hommes en noir. Jusqu’à cette soirée de 1982 où la France rencontrera l’Allemagne sous le ciel de Séville …
1907 : Fin du hors-jeu dans son propre camp
Certaines expressions comme défendre haut ou aller chercher l’équipe adverse dans sa propre moitié de terrain n’existerait simplement pas si la ligne médiane n’avait servi dès lors à délimiter une sorte d’espace de Schengen sur la pelouse.
1924 : Il est permis de marquer directement sur corner
Plus que la distinction tardive entre coup franc direct et indirect, cette possibilité accentue encore davantage la fonction évidente du corner : empêcher le gardien d’y voir clair. Même le grand Lev Yachine, l’araignée noire qui fit les beaux jours de la sélection soviétique, paya son tribut sur l’autel de cet exploit brossé. C’était en 1962 contre la Colombie, son bourreau s’appelait Marcos Coll. On entre dans l’histoire comme on peut.
1935 : Expérimentation d’un match dirigé par deux arbitres à West Bromwich
Cette petite révolution n’a toujours pas réussi à convaincre les notables du foot mondial, largement éclipsée par le serpent de mer du débat sur le vidéo-arbitrage. Avec le sentiment dominant que ce serait seulement doubler le risque d’erreurs humaines. Les partisans misent au contraire sur la proximité du jeu et la concertation. Les anciens contre les modernes ?
1970 : Autorisation du remplacement des joueurs blessés
Qui n’a pas entendu son père ou son papy raconter que si l’équipe de France de Kopa et Fontaine avait eu le droit en 1958 de remplacer un Jonquet blessé lors de la demi-finale contre le grand Brésil de Pelé, le premier titre mondial des Bleus aurait fêté ses 40 ans en 1998. Et le destin du foot français aurait été tout autre. #uchronie
1998 : Le tacle par derrière est interdit, du moins dans les consignes de la FIFA
Vous désirez un exemple d’une révolution culturelle ? Malgré les réticences de l’International Board, très anglo-saxonne dans sa conception de la rudesse du jeu, la FIFA décide de mettre un terme au découpage de jambes en traître. Mais cette nouvelle attention à la santé des joueurs n’a semble-t-il pas toujours forcément eu l’impact espéré sur le jeu offensif durant les 90’s…
2006 : Il est possible d’inscrire un but sur le dégagement des six mètres
Soucieuse de coller à l’évolution technologique et à ce monde 2.0, le foot décide de fournir à Youtube et autres émissions d’après-match un peu de matériel vidéo gag (ou d’exploits, selon le point de vue). Seule nouvelle rassurante, lors de ce coup de pied de but, le gardien ou le joueur qui l’effectue ne peuvent pas marquer contre leur camp. Une volonté de lutter contre les matchs truqués ?
Par Nicolas Kssis-Martov