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Top 10 : Ces présidents qui devraient, eux aussi, renoncer

Par Alexandre Doskov et Maxime Brigand
Top 10 : Ces présidents qui devraient, eux aussi, renoncer

« Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle. » Le ton est grave, et la décision de François Hollande aussi soudaine qu'historique. Mais au-delà des conséquences sur la prochaine course à l'Élysée, le geste du président pourrait surtout donner des idées à certains de ses confrères du monde du football.

1. Waldemar Kita

Trop, c’est trop. Il y a un peu plus de dix ans, les supporters nantais poussaient de sacrées gueulantes contre le président Gripond, et étaient allés jusqu’à envahir des terrains ou lancer une bagarre à Sochaux en mai 2005. Mais depuis que le Polonais Waldemar Kita a repris la boutique en 2007, le ciel n’est pas beaucoup plus bleu pour les Canaris. Cette semaine, après le désolant 6-0 encaissé contre Lyon à la Beaujoire, les supporters nantais ont pour la énième fois demandé au président Kita de faire ses valises, et d’emmener avec lui sa grande gueule, son caractère de grand borné, et ses méthodes farfelues. Début novembre, une bande de supporters cagoulés a même envahi la tribune présidentielle, forçant Kita et sa famille à être mis en sécurité par des policiers. Pas effrayé pour un sou, il avait ensuite joué la carte de la provocation : « Ils essayent de m’impressionner. Ça dure depuis dix ans. Ils vont faire quoi ? Me tuer ? Et alors… La police et le préfet auront alors peut-être la mort de quelqu’un sur la conscience. » Un pupitre, un micro et un joli discours de sortie, et ces altercations deviendront de l’histoire ancienne.


2. Claudio Lotito

La Lazio cartonne et est en train de réaliser une saison de haut vol. Mais à la tête du club à l’aigle, la personne de Claudio Lotito ne passe toujours pas. Frimeur, arrogant, ayant du mal à concevoir que les autres existent autour de lui, n’hésitant jamais à prendre des libertés avec ce qui est légal ou non, il ne s’est jamais imposé dans le cœur du peuple laziale. On a même été jusqu’à lui prêter un passé de supporter de la Roma, affront suprême, et Lotito a passé l’essentiel de son mandat à mettre de l’huile sur le feu par des déclarations abusives et parfois presque démentes. Considéré comme responsable de tous les maux de la Lazio, tandis que les titres glanés ne font que très peu remonter sa cote de popularité, Claudio Lotito est à classer dans la catégorie des cas désespérés. Le pire, c’est que la comedia dell’arte dure depuis 2004. Lotito a cinquante-neuf ans, l’âge auquel Nicolas Sarkozy a tenté son retour boiteux en politique. Pour ne pas commettre la même erreur, un arrivederci giscardien serait sans doute le bienvenu.


3. Noël Le Graët

La caricature de l’homme de pouvoir qui s’accroche à son siège comme un mort de faim. Après avoir promis de laisser enfin la place, par-dessus le marché. En 2014, alors président de la FFF depuis 2011 et lancé dans un deuxième mandat qu’il jurait être le dernier, il promettait : « C’est le dernier mandat. Il sera temps de laisser la place à des plus jeunes. » Car son bail court jusqu’au printemps 2017, date à laquelle il aura déjà soixante-quinze ans. Mais l’échéance arrive, et bang bang, en novembre Le Graët tire au colt sur ses engagements en se marrant devant des journalistes : « Je me sens très jeune ! » Les ambitieux qui avaient commencé à affûter leurs lames peuvent les ranger illico presto, le patron est désormais bien décidé à se faire réélire, et de façon plus sérieuse, il annonçait officiellement sa candidature mi-novembre : « Je vous donne ma parole d’honneur, je n’ai pas de coup de mou. Je repars avec l’idée de faire quatre ans. » 2017 sera donc l’élection du renouvellement à la présidence de la République, mais pas à celle de la FFF.


4. Jacques Rousselot

En parlant de Noël Le Graët, voilà l’un de ses amis. Le président de Nancy était l’un des proches du président de la FFF, mais en pensant que son pote ne se représenterait pas en 2017, il s’est senti pousser des ailes et était dans les starting blocks. Il faut dire qu’à la maison, à l’ASNL qu’il dirige depuis 1994, la vie n’est pas rose. À la recherche d’un acheteur, il pensait avoir trouvé la perle rare avec ces Chinois au dossier en béton. Mais les négociations ont traîné au point de ne rien donner et le rachat de Nancy semble aujourd’hui au point mort. Après avoir compris que la FFF ne lui ouvrirait pas ses portes, il s’en était pris à Le Graët : « Il m’avait semblé qu’il arrêtait, je devais lui succéder. Je suis très affecté par la situation. » Puis Rousselot avait essayé de voir s’il y avait moyen de gratter la présidence de la LFP, là aussi en se prenant un vent. Après tant de désillusions d’un coup, autant envoyer tout valdinguer, larguer Nancy une bonne fois pour toutes, et retourner gérer des magasins Leclerc comme quand il était jeune.


5. Laurent Blanc

Un surnom, « le Président » , pour un homme qui incarne la fermeté, la stature, l’homme fort. Un leader, un patron, une pierre angulaire, une clé de voûte. Laurent Blanc l’était sur le terrain, il conservera cette réputation une fois sur les bancs de touche. Les sourcils ? Toujours froncés. La bouche ? Toujours pincée, serrée, jamais pris en flagrant délit de grand sourire. Car c’est aussi ça, un président, quelqu’un qui ne verse pas dans la bouffonnerie. Des conférences de presse pleines de la langue de bois des grands fauves de la politique, une capacité à se faufiler régulièrement en quart de finale de Ligue des champions comme un chef d’État habitué aux G8, l’habileté dans la gestion des ego des meilleurs dirigeants, Laurent Blanc avait tout ça. Oui, mais maintenant, ça suffit. Il est temps de partir, et de renoncer à… Ah, mais non, fausse alerte. Laurent Blanc n’a ni démission à poser, ni élections auxquelles refuser de participer. Juste des vacances infinies à animer, et un gros compte en banque à vider.


6. Mike Ashley

D’un côté, il y a le tableau et la face d’un club qui semble se relever en apparence depuis sa chute en Championship en mai dernier. Après dix-huit journées de championnat, Newcastle a le torse bombé du leader autoritaire qui n’a trébuché que quatre fois sur les marches du pouvoir. Puis il y a les saloperies, les choses qui ne changent pas. Oui, le gros Mike Ashley n’a pas bougé et est toujours dans le viseur des frondeurs de St James’ Park. Ashley, c’est ce bonhomme qui n’a pas vraiment envie de s’emmerder avec les belles phrases et la communication et qui préfère avancer dans son mandat comme une autruche en dégageant la presse qui le dérange. L’histoire dure depuis mai 2007, et sa cote de popularité ne cesse de vriller. Le truc, c’est que quand le groupe que l’on dirige – Sports Direct – est dans le même temps pointé du doigt pour ses conditions de travail, ça fout le bordel à la vitrine. Alors, quand on ne peut plus rassembler, pourquoi continuer ? Hollande l’a compris. Mike Ashley ? Un adepte de la politique du roseau. Sauf qu’à force de jouer avec les institutions, on ne ressemble parfois plus à grand-chose. Chienne de vie.


7. Gianni Infantino

Le foot est un sport de crapules et c’est peut-être aussi pour ça qu’on l’aime fort. Alors autant le faire à fond. La recette ? Pour nettoyer le parquet glissant, la FIFA a vu débarquer il y a quelques mois un homme tout propre, tout beau, aussi lisse que les boules qu’il s’est amusé à palper pendant de longues années chez la petite sœur de l’UEFA : Gianni Infantino, en pleine force de la quarantaine. Chouette donc. Surtout que le nouveau boss jongle aussi bien avec ses mains qu’avec les cinq langues qu’il maîtrise avec justesse pour pouvoir prononcer avec facilité Dniepr Dniepropetrovsk quand l’occasion le demande. Sinon ? Sinon, Infantino, c’est aussi un joli carnet d’adresses tiré de son passé de juriste, mais aussi une faculté à planter le maître Lennart Johansson pour plonger dans le tapis grisonnant de Michel Platini quand il faut. Le même Platini qu’il dribblera finalement, les affaires judiciaires aidant, pour accéder à la fonction suprême. Le pouvoir a un prix. Infantino le sait et, au fond, la manière n’est pas toujours regardée. Sauf que le destin peut être un piège de cristal. L’histoire l’a prouvé. Et comme le temps veut de la nouveauté dans le paysage, la tribune est par là. Reste à savoir ce qu’il va y faire.


8. Michel Seydoux

Ah l’inspecteur Seydoux. Pour lui, il y a eu le temps de l’apprentissage à l’OL avec le frère Jérôme d’abord, puis le plaisir avec son LOSC qu’il s’est mis à présider à partir de 2002. Michel Seydoux s’est bien marré, a souvent tout fait pour aider son club et le foot français, mais maintenant, il veut passer à autre chose. Alors, les négociations de couloir ont commencé, et le voilà qui discute avec vigueur avec le gourmand Gérard Lopez. Le même Gérard Lopez qui prétend pouvoir ramener Bielsa en Ligue 1 et même dans le Nord. De quoi imaginer Julian Palmieri en soldat et un stade Pierre-Mauroy plein. Oui, tout le monde a le droit de rêver. Un mandat de quatorze ans, Seydoux en rêvait. Mais il ne veut pas faire la campagne de trop. On connaît la leçon. On l’imagine déjà derrière son pupitre avec son discours écrit par sa plume Rio : « J’ai toujours tout donné pour mon asso… euh, pardon. Certains veulent plus pour plus avec du moins pour plus. Simple, non ? » On n’a toujours pas compris.


9. Guy Cotret

Un air de Lionel Jospin, la rhétorique affûtée pour défendre les « sans-grade » contre les « cadors » , aucun doute, Guy Cotret a les codes. Alors Guy Roux enfonce son bonnet pour ne rien entendre et tente de sauver les meubles d’une maison AJA qui vacille avec danger. Cotret, c’est ce président de club de campagne historique, ancien banquier au visage rond, qui ne se laisse jamais impressionner. Le bonhomme de fer, c’est lui et il en est fier. Mais voilà, maintenant que l’AJ Auxerre vient d’être vendue après des négociations bordéliques, il est temps de faire peau neuve et Cotret, qui cristallise les tensions au sein de son propre club, pourrait être le prochain à glisser dans les prochains mois. Alors autant le faire avec les honneurs de la fonction et par la grande porte. Un maintien en Ligue 2 ? Il faudrait déjà éviter de perdre à Tours. Une coupe ? Non, ça, c’était avant, et Lionel Mathis ne peut rien y changer. Alors un beau discours poignant, de l’émotion et un au revoir, ce sera suffisant.


10. Jean-Marc Morandini

Il y a Laurent Ruquier, le « millionnaire du service public » , et il y a Jean-Marc Morandini, le monsieur qui aurait fait des bêtises avec des jeunes qui voulaient bosser. Deux cibles différentes pour des cas radicalement opposés, mais une même place pour assurer son image. Parfait ? Non, parce que Morandini a aussi fait dégager le quart d’une rédaction, a bousculé l’antenne d’une chaîne pendant des élections américaines et est devenue une piñata sur laquelle on aime taper quand on veut se défouler. C’est pratique et plutôt puissant. Reste que la situation ne peut pas être éternelle et l’animateur ne peut pas flinguer toutes les mèches comme il l’entend. Jouer avec non plus d’ailleurs, mais c’est une autre histoire. Il a une lucarne pour le faire avec une belle fréquence, quelques accros qui restent. Ne reste plus qu’à prononcer les mots. Le changement peut encore être maintenant.

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