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Top 10 : Ces Portugais célèbres qui n’ont rien à voir avec le foot
Cristiano Ronaldo, José Mourinho, Luís Figo… Quand il s'agit de citer un Portugais célèbre du moment, il est presque toujours question de foot. Politiques, acteurs, écrivains ou mannequins, le Portugal regorge pourtant d'autres talents et figures médiatiques. Un top 10 garanti sans client de Jorge Mendes.
José Manuel Barroso
Président de la Commission européenne pendant presque dix ans, l’homme a incarné une certaine idée de l’Europe : libérale et technocratique. Parlant un français parfait comme tout bon fils de la grande bourgeoisie portugaise, Barroso a commencé sa carrière politique beaucoup plus à gauche. Après la révolution des Œillets, il est un leader étudiant d’obédience maoïste avant de virer à droite au début des années 80. Selon certaines sources, le jeune homme aurait surtout été une… taupe de la CIA à une époque où les États-Unis s’inquiètent de voir le Portugal glisser dans le camp communiste. Depuis son départ de Bruxelles, il est devenu professeur invité à l’université de Princeton. Un sens du placement inégalable pour celui dont Martin Schultz – président du parlement européen – disait : « Quand il parle aux socialistes, il est socialiste. Quand il parle aux libéraux, il est libéral. Il dit aux gens ce qu’ils veulent entendre. »
Sara Sampaio
Sara n’est pas contente. En vacances chez ses parents à Porto, la jeune mannequin de 24 ans ne supporte plus d’entendre ses fans frapper à la porte pour lui quémander une photo ou un autographe. Pour l’ancienne étudiante en mathématiques appliquées, c’est un peu la rançon de la gloire. Nouvel ange de Victoria’s Secret malgré son mètre 72 qui constituerait en temps normal une barrière infranchissable pour toute jeune femme souhaitant accéder au monde si fermé de la mode, la Portugaise défile aujourd’hui à Paris, Milan, Lisbonne et partout dans le monde. Elle a même déjà défilé au côté d’Irina Shayk. De quoi rendre fier un pays qui n’a pas l’habitude d’être représenté sur la scène mondiale sans pour autant prendre le melon. Quand elle enlève ses quatre couches de maquillage après une longue journée de labeur, Sara redevient la jeune femme friande de pizzas qui s’habille en H&M, comme si de rien n’était. Une certaine idée de la vie de mannequin.
Francis Obikwelu
À part le travail dans le bâtiment, rien ne lie Francis Obikwelu au Portugal, où le Nigérian d’origine se réfugie à 16 ans dans le but de trouver un club qui pourrait l’accueillir et le professionnaliser. Recalé par Benfica et le Sporting (non, il ne s’agit pas de football), c’est finalement à Belenenses que le jeune Francis atterrit grâce à l’aide de son professeur de portugais. Il continue de représenter le Nigeria malgré tout jusqu’aux jeux de Sydney, après lesquels il est abandonné par la Fédération nigériane. Cette dernière refuse de couvrir les frais médicaux liés à une blessure contractée par Obikwelu en Australie. Pour se venger, le coureur de Belenenses décide qu’il courra désormais pour son pays d’accueil. Quatre ans plus tard, à Athènes, c’est donc du Portugal qu’il devient le héros en décrochant l’argent olympique sur 100 mètres en 9 secondes 86, chrono qui lui permet en plus de battre le record d’Europe (marque égalée par Vicaud depuis). Et de Babangida.
Ricardo de Araújo Pereira
Lui, c’est le Chabat portugais. Comprendre, l’homme le plus drôle de Lusitanie. Comme Chabat, il a dans un premier temps brillé avec ses potes, Gato Fedorento (chat puant) à travers le petit écran et grâce à de poilantes parodies de personnalités politiques mais aussi sportives. Pinto da Costa, Paulo Bento, Scolari… Ricardo de Araújo Pereira imite tous les grands noms du football portugais avec une justesse étonnante. En prime, le fils de pilote à la TAP est également un intello engagé. Marxiste non léniniste de ses propres dires, il a été militant du Parti communiste dans sa jeunesse. Aujourd’hui, il met son engagement au service du très sérieux Visao, pour qui il écrit des chroniques régulièrement, mais continue de faire le pitre pour la célèbre Radio Comercial. Avant cela, il écrivait régulièrement dans le prestigieux journal A Bola, qui a fait confiance à sa science du jeu, celle-là même qui le pousse à publier un bouquin, Le football, c’est ça (ou alors c’est quelque chose de complètement différent). Polyvalent sur le fond, mais aussi la forme, il sort le disque du Benfiquistaet s’illustre dans une pièce de théâtre, en 2008. Bref, Araújo Pereira n’est pas loin d’être le meilleur portugais. Loin devant Cristiano Ronaldo.
Maria de Medeiros
Maria de Medeiros, ce n’est pas le Portugal. C’est Lisbonne, l’élitiste. Fille d’une journaliste et d’un chef d’orchestre, l’actrice devenue célèbre depuis son second rôle dans Pulp Fiction passe les premières années de sa vie à Vienne avec sa famille qui a décidé de fuir la dictature. À neuf ans, et à la faveur de la révolution des Œillets, elle retrouve Lisbonne, mais poursuit sa scolarité dans des collège et lycée français. Portugal, France. Maria de Medeiros incarne à elle seule le match qui aura lieu ce soir entre les deux sélections. Portugaise, elle s’installe en France à peine majeure pour y effectuer ses études supérieures. École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, Conservatoire, elle suit un parcours de prestige, à la hauteur de son talent. Loin des grosses productions (outre Pulp Fiction et Henry and June), elle tourne dans beaucoup de films indépendants partout dans le monde. Elle reste néanmoins fidèle au Portugal à qui elle dédie l’immense Capitaines d’avril, retraçant la nuit de la révolution des Œillets. À cette occasion, elle rend l’hommage qu’il mérite au plus beau personnage portugais du XXe siècle : le capitaine Salgueiro Maia.
Tony Carreira
Quelque part entre Julio Iglesias et Frédéric François, l’histoire de Tony Carreira est d’abord celle d’un enfant de l’immigration portugaise. Arrivé à Dourdan à 10 ans, Tony rêve de gloire et de chansons, mais travaille comme ouvrier dans une usine de salaison. Après avoir écumé les bals de la communauté portugaise, il rencontre le succès la trentaine passée dans son pays natal. Aujourd’hui, le gamin de l’Essonne donne des concerts géants à Lisbonne, passe des week-ends chez son ami Cristiano Ronaldo à Madrid et s’invite tout un dimanche sur le canapé rouge de Michel Drucker. Pas mal pour un type recalé en 1988 aux sélections de l’Eurovision. Un message d’espoir pour Lisa Angell.
Antonio Lobo-Antunes
Si, vu de France, le Portugais est souvent maçon, carrossier ou carreleur, voilà quand même un pays qui a choisi comme date pour sa fête nationale le 10 juin, jour de la mort du poète Luís de Camões. De Fernando Pessoa à José Saramago, la littérature portugaise offre une certaine richesse. Né dans le quartier de Benfica et ancien médecin, Lobo-Antunes est la grande plume du Portugal actuel. Une plume acerbe qui interroge le pays sur son héritage colonial, son passé salazariste et l’oppression de l’individu par la famille, la religion ou la patrie. Souvent cité pour recevoir le Nobel de littérature, il a mal vécu d’être doublé en 1998 par son rival Saramago au style plus classique. Depuis, il guette à chaque début d’automne un éventuel appel de Stockholm.
Rui Costa
L’autre. Enfin, l’autre… Celui-là a été champion du monde. Ironiquement, c’est à Florence, où son homonyme aux chaussettes basses s’est illustré par le passé, que le cycliste portugais enfile le maillot arc-en-ciel en 2013. Devant Azevedo (l’ancienne chaudière et locomotive d’Armstrong), mais derrière la légende Agostinho, le leader de la Lampre a le cul entre les classiques de printemps et les grands tours, dans lesquels il ne s’est jamais illustré. Ses victoires sur le Tour de Suisse, sa troisième place sur le Dauphiné, sa régularité sur le Tour de Romandie et sur Paris-Nice, et ses échecs sur le Tour (même si on ne l’a jamais vraiment vu à fond sur la Grande Boucle) laissent penser que Rui Costa ne peut pas viser plus que des courses d’une semaine. Ses récentes quatrièmes places sur l’Amstel Gold Race et Liège-Bastogne-Liège, elles, pourraient bien l’encourager à se concentrer sur les classiques du printemps. Et si, en fait, Rui était le Valverde du pauvre ?
Joaquim de Almeida
Avant de camper un chef de chantier bourru du XVIe arrondissement dans La Cage dorée, Almeida a souvent incarné le séducteur dans le cinéma portugais. En 1997, il joue un curé qui lutte contre les désirs de la chair dans le très controversé Tentação. Mais Almeida est d’abord un acteur international au CV aussi étoffé que le carnet d’adresse de Jorge Mendes. Capable de passer de film d’auteurs à des superproductions américaines (Fast and Furious 5,En Territoire ennemi), il présente le même éclectisme en matière de séries, passant de la très bavarde À la Maison Blanche à la beaucoup plus musclée 24 heures chrono. Bref, un homme de grand écart et un citoyen du monde comme il se définit lui-même. Cela jusqu’en amour, puisqu’il a été successivement marié à une pianiste hongroise, une ballerine américaine ou une designer portugaise. Le charme du maçon sans doute.
Joana Vasconcelos
Scandale à Versailles. Après Jeff Koons ou Takashi Murakami, la plasticienne portugaise est invitée à exposer chez Louis XIV à l’été 2012. Vasconselos ne coupe pas à la polémique inévitable qui accompagne ce mélange des genres entre art contemporain et défense du patrimoine. Sa création La Mariéeest ainsi déprogrammée. Illustrant la question de la place de la femme dans le monde, ce lustre géant avec pour bougies des tampons hygiéniques sera finalement exposé au Centquatre à Paris. Malgré elle, l’artiste (née à Paris en 1971) tient le scandale qui vous permet de vous faire un nom et une réputation.
Par Alexandre Pedro et William Pereira