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Top 10 : Ces mecs que Football Manager a rendu fous

Par Kevin Charnay et Nicolas Taiana
11 minutes
Top 10 : Ces mecs que Football Manager a rendu fous

Florilège des anecdotes les plus dingues des fanas du jeu. Entre légendes urbaines, vérités vraies et attaques au mortier.

10. Il postule à Middlesbrough avec un CV basé sur le jeu

Après tout, si on peut gagner la Ligue Dech’ avec Niort, pourquoi ne pourrait-on pas être un bon entraîneur IRL ? C’est ce raisonnement qui a poussé John Boileau à tenter sa chance. En mai 2006, le jeune Britannique de 25 ans postule le poste de manager à Middlesbrough, qui vient de se séparer de Steve McLaren. John va directement au but et envoie sa candidature très détaillée au propriétaire du club, Steve Gibson. À part une expérience de coach d’une équipe U11 en 1999, le CV est entièrement basé sur ses performances sur Football Manager. Et John Boileau n’est pas peu fier, puisqu’il est parvenu à attirer « Zinidine » Zidane, Raúl, Francesco Totti, Roberto Carlos et Philippe Mexès à Rushden and Diamonds FC, faisant du petit club de League Two (quatrième division anglaise) un grand d’Europe. Et le plus beau dans cette histoire, c’est que Steve Gibson a répondu. « Après de nombreuses discussions, nous avons décidé de ne pas retenir votre candidature. Nous pensons que notre collaboration aurait été de trop courte durée, puisque votre immense talent aurait attiré les plus gros clubs européens. Mais nous considérons que le fait que quelqu’un comme vous pense à nous est un signe de notre progression » , a ironisé le propriétaire de Middlesbrough. Taquin.

Coefficient de vérité : 100 %. Classique parmi les classiques.

9. Il s’en prend à son attaquant qui l’a quitté pour la Juve

L’amertume est un plat qui se déguste saignant et fondant. En 2007, Jonathan Marum débarque à la fac de Sheffield. Son choix pour l’opus 2008 est donc tout indiqué : direction Sheffield United, tout juste relégué en Championship. « Mon joueur phare était James Beattie, qui a marqué un beau total de 37 buts pour la remontée. Malheureusement, il n’a jamais eu la chance de montrer ce qu’il valait en Premiership. Après avoir appris l’intérêt de la Juventus, il a demandé à partir et j’ai été forcé de le vendre pour 8,5 millions de livres. » Déçu, Jonathan garde cette rancœur au fond de lui. Pas pour longtemps. Début février 2008, il aperçoit le vrai James Beattie au Devonshire Chippy, un restaurant prisé dans le Yorkshire du Sud. « Juste après minuit, j’étais dans un état d’ébriété plutôt avancé et j’ai commencé à lui raconter comment il nous a quittés pour le côté plus glamour de Turin. Je n’oublierai jamais sa réponse, la bouche pleine de steak et de tarte à l’oignon : « Pourquoi diable j’aurais fait ça, vieux ? Je peux pas avoir de la bonne bouffe comme ça en Italie, si ? » » Non, juste des tagliatelles et des Scudetti. Coefficient de vérité : 99,9 %. Ça existe vraiment quelqu’un qui préfère la bouffe anglaise à l’italienne ?

8. Il part à l’autre bout de l’Europe pour rencontrer son joueur fétiche

Tous les joueurs de FM se sont entichés d’un joueur, un mec inconnu qui claque goal sur goal dans le jeu. C’est le cas d’Alessandro Colombini. L’été dernier, le jeune Italien de 19 ans profite d’un voyage avec des amis en Irlande du Nord pour rendre visite à Patrick McEleney, meneur de jeu de Derry City, qui fait le bonheur de sa partie de FM. « J’ai toujours été très intéressé par l’histoire politique de l’Irlande du Nord et en particulier par celle de la ville de Derry. Je n’ai pas seulement une sympathie pour le club d’un point de vue footballistique grâce à FM, il y a aussi une sympathie politique. Derry est une ville très à gauche et je suis aussi quelqu’un de gauche » , explique le Livournais. Après un Derry-Limerick qu’il passe dans les tribunes avec les Red partisans, les ultras locaux, Alessandro peut enfin approcher son idole et décrocher un autographe. La réponse de McEleney : « Tu es fou. » Ça valait le coup de faire le déplacement. Coefficient de vérité : 5 000 %. Comme le nombre de bornes avalées par Alessandro.

7. Il aurait pu jouer un rôle dans la signature de son buteur

FM, c’est aussi beaucoup d’amour. Sur l’opus 2010, Jonny Sharples prend Gateshead (D5 anglaise) et cherche un renard des surfaces. Bingo : Wesley Ngo Baheng, natif du Blanc-Mesnil, végète dans la réserve de Newcastle. Le début d’une grande histoire. « Il a fini meilleur buteur de Conference sur deux saisons. Après qu’on est montés en League Two, il a aussi été très bon et pareil en League One. Quand on est arrivés en Championship et en Premier League, il n’a pas été aussi prolifique, mais il est quand même devenu le meilleur buteur de l’histoire du club. » La romance ne s’arrête pas là. Jonny veut matérialiser son aventure avec Wesley. « Je ne pouvais pas lui construire une vraie statue, comme ils font pour les icônes dans la vraie vie, ou avoir une tribune à son nom, alors j’ai fait la meilleure chose que je pouvais faire et je me suis fait floquer un maillot. » Non seulement Sharples s’arrange avec la secrétaire de Gateshead pour avoir le flocage officiel, mais il modifie aussi sa page Wikipédia, écrit une chanson et fait imprimer un tee-shirt à sa gloire. Ironie de l’histoire, Ngo Baheng se retrouve réellement à Gateshead, en novembre 2010 pour un essai… Et qui sait ? Les deux tourtereaux se rencontreront peut-être bientôt. Coup de foudre assuré. Coefficient de vérité : 93 %. Blanc-Mesnil représente.

6. Il organise sa lune de miel en fonction de son équipe

Selon des scientifiques britanniques, Football Manager ferait partie des 35 causes de divorces les plus fréquentes. Une statistique qui est loin d’avoir effrayé Tim Pyke. En 2008, le Britannique se marie. Sa femme et lui hésitent entre l’Espagne, la Grèce et le Portugal pour partir en lune de miel. Il finit par la convaincre de partir en Bulgarie, à Nesebar. La raison ? Depuis près d’un an, Tim Pyke est chargé de tester la version beta de la Ligue bulgare de Football Manager. Il a choisi au hasard Nesebar, un équipe de seconde division ouest. Et bien sûr, il s’est beaucoup attaché à ses petits gars. Du coup, il emmène sa femme une semaine dans un bel hôtel non loin du stade. « On s’est fait de nouveaux amis sur place. J’ai réussi à convaincre les gars d’aller voir un match de football. Même si ma femme sait que j’y suis allé, aujourd’hui, elle ne sait toujours pas que j’ai choisi la Bulgarie pour cette raison » , explique Tim Pyke. Pour le meilleur et pour le pire, hein … Coefficient de vérité : 83 %. Comme le nombre de fois où Mme Pyke a menacé de le quitter s’il « ne décrochait pas un peu » .

5. Il utilise sa poignée de porte pour simuler une présentation officielle

Une chambre peut toujours se transformer en univers parallèle. Surtout quand un geek l’habite. Alors qu’il s’apprête à disputer une finale de FA Cup dans le jeu, un fou furieux pousse le délire jusqu’au bout et simule la présentation officielle de son équipe. Ses outils : son PC, un costume, une poignée de porte et sa folie. « La façon classique et établie de jouer àFootball Manager, c’est de mettre un costard ou d’écouter l’hymne national avant les matchs, souligne Iain Macintosh, auteur amusé de Football Manager Stole My Life. Mais lui, il a préféré aller plus loin et faire comme s’il était réellement le manager présentant ses joueurs à la princesse Michael de Kent(comme Diana ou Harry, elle se retrouvait souvent dans ce genre de présentations dans les nineties, ndlr). Il a alors serré plusieurs fois la poignée en énumérant le nom de ses joueurs : « Voici le gardien, voici notre attaquant », etc. » Nul doute que ce jeune homme doit avoir une vie sexuelle très imaginative. Coefficient de vérité : 89 %. Comme le nombre de nouveaux lits dispos dans le plus vieux centre psychiatrique de l’Ouest, le Bethlem Royal Hospital.

4. Il joue une finale en mode réel, et la police rapplique

C’est presque devenu une hype. Enfiler un costard pour jouer et ressembler à un Pep Guardiola des grands soirs. Adam Clery le sait. Il y a dix ans, il rentre chez ses parents sur son 31 et décide de le rester pour disputer une finale UEFA, Hibernian-Wolfsburg. En mode réel, pour un match de 90 minutes qu’il diffuse sur la grande télé de son salon. « Je suis passé de l’ado bizarre jouant sur son PC à celui de manager de haut niveau. Comme le match était très ouvert, je me suis logiquement de plus en plus excité. Je suppose qu’un acteur dirait que je me suis simplement perdu dans mon rôle. » Alors qu’il perd 1-0 à dix minutes de la fin, son équipe égalise… « J’étais probablement à mon plus haut niveau de décibels. Et puis, ensuite, un de mes joueurs s’est fait salement découper alors qu’il courait vers le but. J’ai complètement explosé. Quelques instants plus tard, la sonnette retentissait. Deux policiers et mon voisin étaient devant la porte. » Son voisin, assez âgé, s’inquiète surtout pour son état de santé. « J’ai été m’excuser auprès de lui un ou deux jours après et j’ai tenté de lui expliquer. Il n’avait pas vraiment l’air de comprendre mon explication… » Mais le mieux reste la réaction du plus jeune des deux policiers, probablement adepte lui aussi : « Je comprends, mec. » Coefficient de vérité : 130 %. Le prix en livres pour un bon gros tapage nocturne à Edimbourg.

3. Il fout le feu à une poubelle pour se mettre dans l’ambiance

Avant un match important, il faut se mettre en condition. Pour mieux sentir le match, un joueur acharné n’a pas hésité à recréer l’ambiance du stade de Galatasaray. À Istanbul, ville des mille lumières, des lampions sont accrochés un peu partout. Alors pourquoi pas faire pareil à la maison ? « Du coup, il a suspendu une poubelle à sa fenêtre, il l’a bourrée de vieux papiers et il y a foutu le feu. Il voulait sûrement rendre sa venue plus réaliste et atmosphérique » , rembobine Iain MacIntosh. « Football Manager peut vraiment vous faire faire des choses complètement folles… » Ah bon ? Coefficient de vérité : 50 %. Parce que après de longues recherches, on n’a aucun nom, mais on a vraiment envie d’y croire.

2. Il célèbre un titre en faisant le tour de la ville en bus

C’est le succès de sa vie. Il y a « trois ou quatre ans » , Tony Jameson remporte la Ligue Europa avec les Blyth Spartans, modeste squad du Nord-Est de l’Angleterre. « On a gagné 3-0 contre Valence. C’était mon premier titre européen. La saison précédente, j’avais perdu une finale de Ligue des champions contre la Lazio… » Alors Tony voit grand. Il achète un trophée et se poste à l’étage ouvert d’un bus-tour de Newcastle, à quelques kilomètres de Blyth. Histoire de célébrer comme en vrai… « J’ai pensé que c’était la façon la plus marrante de le faire. J’ai pris mon PC pour que mes joueurs en profitent aussi. Il y avait 15-20 personnes qui devaient se dire : « OK, c’est un chic type, mais on ne sait pas ce qu’il est en train de faire… » Ils essayaient de visiter la ville, et moi, j’étais là, avec mon PC et mon trophée ! Mais le plus stupide, c’est que j’ai défilé le lendemain de la victoire. Après 7 heures de sommeil, je pensais toujours que c’était une bonne idée. » Si bien que l’ancien prof de littérature tourne aujourd’hui un peu partout avec son one-man show, Football Manager ruined my life. « C’est de l’ironie, je dirais plutôt qu’il a fait ma vie… » Coefficient de vérité : 90 %. Parce que dans le bouquin de Macintosh (avec Neil White et Kenny Millar), Tony raconte la même histoire, mais évoque une victoire avec Chelsea en FA Cup.

1. Il joue pendant une attaque au mortier en Irak

On a tous joué à FM à des moments ou des endroits qui ne s’y prêtaient pas vraiment. Quand ta mère hurlait depuis une demi-heure pour que tu te mettes à table, quand ta copine te demandait de lui prêter attention, en cours, au travail ou pendant les révisions, aux toilettes, en soirée… Mais là, ce mec a complètement surclassé le genre. Neil White, autre auteur du bouquin, se souvient de l’histoire de ce soldat britannique, plutôt accro au jeu, qui l’a contacté par mail. « Il jouait àFootball Manageren pleine guerre, en Irak et en Afghanistan, même pendant une attaque au mortier sur ses bases avancées. Il m’avait seulement dit : « Quelques potes et moi avions affronté l’enfer jusqu’à notre dernière campagne, mais à la fin, la seule chose qui nous obsédait, c’était de parler de nos équipes respectives. » » Le sens des priorités. Coefficient de vérité : 33,3%. Parce que statistiquement, un homme sur trois est inconscient.

Propos recueillis par Nicolas Taiana, sauf ceux d’Alessandro Colombini, recueillis par Éric Marinelli, et ceux de Tim Pyke et Jonathan Marum, tirés de Football Manager Stole My Life.

Les notes d’Arsenal-Monaco

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