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Top 10 : Caen tombe les gros de Ligue 1
Les tripes ne sont pas les seules spécialités caennaises. Depuis ses toutes premières apparitions en Ligue 1, le Stade Malherbe se fait un malin plaisir d'éborgner les ogres de l'élite tout en cultivant ses paradoxes. Capable de perdre à Metz ou Arles-Avignon, mais aussi de taper Lyon, Monaco et même Paris, son visiteur du soir.
Caen/Bordeaux (5-0), le 24 novembre 2007
Caen qui claque une manita à un Bordeaux réduit à 9, des erreurs girondines dignes d’une équipe de DH, la déclaration légendaire de Franck Jurietti en conférence de presse … Ce 24 novembre 2007 a emporté les spectateurs du stade Michel d’Ornano dans une autre dimension. Le SMC est alors dans son sempiternel costume de promu, mais déglingue stoïquement l’équipe du novice entraîneur bordelais, Laurent Blanc. Une équipe de Bordeaux d’ailleurs appelée à finir deuxième de Ligue 1 et qui deviendra championne un an plus tard. À Caen. Le Bordeaux 2007-2008 n’est qualitativement pas l’ogre le plus ronflant du tableau de chasse aux gros malherbiste. Mais c’est sans conteste la vénerie caennaise la plus mémorable. La plus large défaite de la carrière de Laurent Blanc dans un costume d’entraîneur, aussi.
Caen/Lyon (1-0), le 4 mars 2005
Caen est de retour en Ligue 1 pour cette saison 2004-2005, après avoir galéré sept ans en L2. Si le club fera au final ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire remonter dans l’ascenseur, il prendra le temps d’entretenir ses vieilles habitudes avec les gros de Ligue 1. Invaincu à l’extérieur jusqu’en mars cette saison-là, l’Olympique lyonnais vient s’embourber à D’Ornano. Sur un terrain gras et très limite, les hommes de Paul Le Guen se font battre 1-0 sur un coup de génie de Sébastien Mazure. « J’ai fait constater par huissier l’état du terrain avant la rencontre et je demande à être entendu par la commission d’éthique, avec l’arbitre M. Derrien et le délégué du match, » se plaindra notamment Jean-Michel Aulas après la rencontre. Le président lyonnais n’aura toutefois pas gain de cause : la victoire caennaise restera gravée dans le marbre et dans la boue.
Caen/Marseille (1-0), le 9 avril 1994
Contrairement à ce qu’il fait souvent subir à Lyon ou à Bordeaux, Caen ne bat pas souvent Marseille à D’Ornano. Ce n’est d’ailleurs arrivé que deux fois dans l’histoire du club en première division. Mais la première fois que le SMC s’offre les Olympiens en 94, il choisit bien son moment car ces derniers sont alors tout simplement champions d’Europe en titre. Et l’OM de 1994 a encore fière allure avec notamment Anderson, Deschamps, Boghossian ou Barthez. Tout ce petit monde se fera finalement dominer par Dangbeto et Lièvre et cèdera devant la frappe imparable de Mostovoï. Caen triomphe enfin de Marseille à D’Ornano et ne perdra pas l’habitude d’abîmer un peu les récents participants à la C1. Pour l’OM, cette défaite en Basse-Normandie est symboliquement la fin de sa grande époque.
Caen/Bordeaux (3-0), le 12 novembre 1988
Malherbe-Bordeaux 88 est un grand cru. C’est même le match fondateur de la chasse aux gros à la mode de Caen. Lors de cette saison 88-89, le club calvadosien découvre la Division 1 pour la première fois de son histoire. S’il trouve vite ses repères, le SMC tueur de grosses têtes va réellement « naître » ce 12 novembre 1988. Récemment champion puis deuxième du championnat, Bordeaux s’invite à Venoix en grand favori, mais déchante vite. Yvan Lebourgeois marque tôt dans le match, rapidement imité par Graham Rix sur coup franc. Après trente-trois minutes et un pénalty de Domergue, les Bas-Normands mènent 3-0 et ne perdront jamais cet avantage. C’est le premier succès de prestige de cette équipe novice en D1. Bordeaux, traumatisé par ce revers cinglant dans l’enfer caennais, ne trouvera plus la recette de la victoire pendant onze matchs consécutifs.
Caen/Lyon (3-2), le 15 août 2010
Encore une fois promu pour la saison 2010-2011, le Stade Malherbe hérite d’un calendrier démentiel pour faire face à d’éternelles retrouvailles avec l’élite. L’OM tenant du titre au Vélodrome puis son dauphin, l’OL, à D’Ornano, sont au programme des deux premières journées malherbistes. Terrible ! Bilan de l’opération pourtant ? Un joli 6/6 pour les Caennais et, après le scalp de l’OM, un Olympique lyonnais abattu sans complexe par El-Arabi et sa bande. On assiste ainsi à une joyeuse course-poursuite dans un stade comble, avec un Bafé Gomis auteur d’un doublé qui se bat pour éviter la sortie de route, mais au final, les Normands s’offrent une victoire méritée (3-2). C’est certainement le plus beau coup double de l’histoire de Caen en Ligue 1. Un Caen maintenu d’ailleurs lors de l’ultime journée cette saison-là.
Caen/Monaco (1-0), le 26 septembre 1991
1991-1992 est sans conteste la plus belle saison de Ligue 1 de l’histoire du club bas-normand. Il l’achèvera d’ailleurs à la cinquième place synonyme de Coupe d’Europe. Si l’équipe coachée par le légendaire Daniel Jeandupeux gagne l’essentiel de ses points contre des équipes modestes du championnat, elle s’offre toutefois le plaisir d’abattre en plein vol une AS Monaco visiblement lancée vers le titre. Lors de la 12e journée de D1, Xavier Gravelaine enflamme Venoix par un croche-pied fatal aux joueurs de la Principauté. Ces derniers perdront 1-0, puis perdront pied tout simplement en laissant l’OM prendre les commandes du championnat sans jamais les lâcher. Caen n’est pas qu’un briseur de gros. C’est aussi, parfois, un vrai briseur de rythme.
Caen/Paris (2-0), le 4 octobre 1989
Les grandes équipes du Paris Saint-Germain ont ça de commun avec leurs rivales marseillaises : dans leur histoire, ce n’est pas à Caen qu’elles ont laissé le plus de plumes. L’une d’entre elles s’est pourtant bien cassé les dents face aux irréductibles Normands. Paris et ses Sušić, Calderón et Vujović débarquent à Venoix le 4 octobre 1989 dans un costume de vice-champion en titre difficile à assumer. Caen, qui vit sa deuxième saison de D1, va ainsi mener la vie dure à un PSG complètement surpris par l’accueil dans le 14. Rudi Garcia, Philippe Montanier et leurs copains assomment leur adversaire en trente minutes grâce à Rix et Rio. Le château Ducal résistera alors aux assauts franciliens pendant plus d’une heure et Caen l’emportera 2-0. La première victoire de l’histoire de Malherbe contre Paris. Pas la dernière.
Caen/Monaco (1-0), le 21 août 2004
Lorsqu’il en a eu l’occasion, Caen n’a jamais raté l’opportunité de s’offrir un récent finaliste de Ligue des champions. Certes, il n’y en a pas eu une ribambelle, mais après avoir battu l’OM de 94, les Caennais se sont offert le malheureux vaincu de Gelsenkirchen, Monaco, en 2004. Quand les hommes de Didier Deschamps débarquent à D’Ornano lors de la 3e journée de championnat, ils viennent de remporter leurs deux premiers matchs de la saison. Et alors qu’on les croit de nouveau partis vers une folle cavalcade, une réalisation de Cyrille Watier en première période suffit à les faire flancher. L’ASM subit sa première défaite en match officiel depuis son revers contre Porto (3-0). Elle terminera quand même troisième de Ligue 1. De son côté, Caen croit s’embarquer dans une belle saison, mais sera finalement relégué.
Caen/Bordeaux (4-2), le 9 novembre 1994
En 1994, Bordeaux n’est pas complètement un ogre de Ligue 1, mais demeure une équipe de haut de tableau difficile à bouger et qui amasse les foules. Le Stade Malherbe vit, lui, les derniers mois de sa grande époque. Avant son inéluctable relégation, il s’offre un dernier succès de prestige contre une de ses proies favorites. Alors que Christophe Dugarry croit avoir donné un avantage définitif à ses partenaires qui mènent 2-1 à d’Ornano à 15 minutes de la fin, Kennet Andersson et sa tête blonde s’offrent un triplé avant qu’Amara Simba ne conclue la marque. Caen renverse Bordeaux et triomphe par 4 buts à 2. Dutruel, Sommeil et Dedebant viennent alors de vivre l’un de leurs derniers moments de joie intense sous le maillot rouge et bleu.
Caen/Lyon (1-0), le 8 décembre 2007
Lyon encore, Lyon toujours. 2007-2008 n’échappe pas à la règle pour les Gones puisqu’ils s’inclinent une fois encore à D’Ornano contre le promu caennais lors d’une saison de titre. À quatre jours d’un match de Ligue des champions décisif à Glasgow, Alain Perrin pense qu’une équipe remaniée va suffire à empocher les trois points en Normandie. Son onze se montre pourtant friable face à la discipline normande. Gouffran marque l’unique but de la rencontre en profitant de l’extrême lenteur de la défense lyonnaise. Devant la rigueur tactique caennaise, Perrin n’a plus le choix. Survient ainsi le grand moment de la rencontre. On joue la 68e minute : Juninho, Govou et Benzema entrent en même temps pour inverser la tendance. Les 21 000 supporters caennais frémissent d’effroi à l’unisson devant le débarquement de ces trois soldats. Mais ce sont bien les Normands qui remporteront la guerre (1-0).
Par Aurélien Renault