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Top 10 : Brésiliens d’Angleterre

Par Maxime Brigand
Top 10 : Brésiliens d’Angleterre

S'ils ont toujours rêvé d'Espagne ou d'Italie avant tout, les gosses de Manaus ont finalement craqué à leur tour : aujourd'hui, ils se baladent dans la rue en rêvant de jouer un jour pour Manchester City ou Chelsea. Alors que le Brésil a rendez-vous mardi soir à Wembley pour une joute amicale, retour sur les Brésiliens qui ont le plus secoué l'Angleterre.

1. Juninho Paulista

Une lueur au milieu d’une soirée dont tout le monde se cogne pas mal. Une nuit du printemps 1995, le stade Ramat Gan de Tel Aviv, le Brésil qui vient s’imposer (2-1) en Israël grâce à Túlio et Rivaldo, une parade comme une autre pour les champions du monde en titre. Avant la rencontre, dans le vestiaire, Dunga interpelle pourtant son boss, Mário Zagallo : « Coach, pourquoi avez-vous titularisé un écolier ? » Zagallo ne répond pas à son capitaine et attendra sa réaction 90 minutes plus tard. Un sourire : « Maintenant, tu sais pourquoi. » L’écolier a alors 22 ans, est surnommé Juninho, compile les titres depuis quelques mois avec le São Paulo de Telê Santana – notamment une Coupe intercontinentale en 1993, à Tokyo, face à l’AC Milan (3-2) – et est l’incarnation romantique de ce que Zagallo souhaite mettre en place avec la Seleção, un an après le sacre mondial de 1994.

Finalement, aujourd’hui, pourquoi se souvient-on de Juninho Paulista ? Pour ses années glorieuses à Middlesbrough, avant tout, où il a débarqué en octobre 1995, où il est devenu le Little Fella qui a rendu dingue le Riverside Stadium, inauguré quelques semaines plus tôt, et où il s’est surtout déguisé en pionnier pour les footballeurs brésiliens en Angleterre à une époque où l’on rêvait davantage devant George Weah que face aux exploits de Chris Armstrong. Juninho, c’était la première touche gracieuse, un danseur dans une boucherie, et un modèle d’intégration, l’histoire racontant qu’il tuait une belle partie de ses journées en jouant avec les gosses de la ville. Au bout, il y aura une League Cup remportée en 2004 avec Zenden, Queudrue et Joseph-Désiré Job, mais on retiendra aussi ses larmes lors de la relégation de Boro au printemps 1997. Un prince, un vrai.


2. Gilberto Silva

« Pourquoi me veulent-ils alors qu’ils ont déjà Thierry Henry dans leur équipe ? » Vaste réflexion que celle de Gilberto Silva au moment où Arsenal remporte la bataille pour le recruter avec Aston Villa, quelques semaines après son excellente Coupe du monde 2002. Au départ, celui qui évolue alors à l’Atlético Mineiro, dont le destin a été traversé par une extrême pauvreté et plusieurs années passées à l’usine avant d’être rattrapé au vol par des potes à la fin des années 1990, ne devait pas être titulaire, mais plutôt une simple doublure à Emerson, finalement out. Bascule : en Corée du Sud et au Japon, Gilberto Silva s’impose comme l’un des meilleurs milieux défensifs du monde, tient « le piano sur lequel Rivaldo et Ronaldo jouaient » (Veja, dans un numéro daté de l’été 2002) et confirmera dans la foulée chez les Gunners où sa part dans l’histoire du club est indélébile. Soit entre autres, le but le plus rapide de l’histoire du club – face au PSV en 2002 –, le premier but de l’histoire d’Arsenal à l’Emirates, mais aussi un statut de boulon indestructible au milieu des Invincibles de 2004. Et ce, jusqu’à un départ dans le silence quatre ans plus tard. Une autre conséquence des actes de Mathieu Flamini.


3. Coutinho

Chaque été, le même refrain : une cargaison de petites pépites et de jeunes joyaux est déversée sur l’Europe du foot. Lorsqu’il débarque à Liverpool en janvier 2013, trois ans après une première étape à l’Inter couplée d’un prêt à l’Espanyol de Barcelone, personne ne sait vraiment de quoi est composé Philippe Coutinho si ce n’est d’un crochet facile, d’un passement de jambe fin et d’une conduite de balle légère qu’il a ramené du futsal. Plus de quatre ans plus tard, le voilà étiqueté « magique » , par Steven Gerrard, « merveilleux » par Jürgen Klopp, qui sait désormais qu’il lui faudra un peu plus que des mots doux pour empêcher son maestro de rejoindre (enfin) un Barça qu’il aurait pu embrasser dès cet été. Là aussi, à ses débuts en Angleterre, Coutinho a galéré face à un football qui ne parlait pas la même langue que lui et à une culture difficile à appréhender quand on a été taillé à Rio. C’est déjà oublié et le Brésilien est aujourd’hui le meilleur buteur brésilien de l’histoire de la Premier League devant Juninho Paulista. C comme Coutinho, C comme Classe.


4. Ramires-David Luiz-Willian-Oscar

Difficile de séparer les quatre bonhommes. Une raison simple : ils incarnent une forme de virage culturel pour les joueurs brésiliens et la Premier League. Une date dans tout ça, le 16 décembre 2012, jour de la finale de la Coupe du monde des clubs perdue par Chelsea face aux Corinthians de Tite (0-1), à Yokohama. Pour la première fois ce jour-là, une équipe brésilienne bat un groupe composé de trois membres de la Seleção (David Luiz, Ramires, Oscar, Willian n’ayant rejoint les Blues qu’en août 2013), et ce, alors que depuis plusieurs années, les dirigeants anglais avaient décidé de laisser les espoirs brésiliens entre les mains des Espagnols et Italiens, faute d’une acclimatation rapide. Depuis, Ramires, champion d’Europe et d’Angleterre avec Chelsea, s’est barré en Chine, Oscar aussi, alors que David Luiz et Willian sont encore au club, sans pour autant savoir si l’on se souviendra de leurs passages dans dix, quinze, vingt ans, autrement que par un point de repère.


5. Anderson

« Anderson ? C’est certainement le joueur le plus stupide avec lequel j’ai joué durant ma carrière. » Sacré Wes Brown. Anderson, c’est d’abord une idée de Jorge Mendes, un bonbon à 30 millions d’euros déballé entre les mains du FC Porto par Manchester United. Nous sommes alors en 2007, le gamin a 18 piges, une Copa América sur le CV, un trophée de Golden Boy qui l’attend et reste sur deux titres de champion du Portugal. Où est l’arnaque ? Juste derrière, car en sept saisons passées en Angleterre, la poupée brésilienne a alterné entre les espoirs et le bordel, consécutif à des projecteurs qui lui ont rapidement cramé l’encéphale. Difficile à accepter tant Anderson avait le coffre, la technique, une qualité de première passe merveilleuse, mais aussi une hygiène de vie rythmée par les excès. Ce qui donne, logiquement, des blessures, des rechutes, des crises, et ce, en affirmant encore en 2011, « si je le veux, je peux devenir un grand joueur » . On gardera alors en mémoire les breloques et les regrets. Et aussi un petit pont croquant glissé à Fàbregas.


6. Sandro

Un exploit, d’abord : lors de la saison 2012-2013, le colosse a été reconnu comme le joueur de champ le plus lent de Premier League avec un petit 26 km/h au galop. Solide, mais pas suffisant pour faire oublier le pivot central qu’a pu être l’éphémère international brésilien (17 sélections) lors de ses quatre années passées à Tottenham, qu’il compléta ensuite de trois saisons plus anecdotiques avec QPR. Oui, il suffit de se repasser la double confrontation face à l’AC Milan en février 2011, un truc qui lui suffira pour devenir The Beast à White Hart Lane. Sinon, il y aura aussi une praline parfaite calée dans la lucarne de David de Gea à l’hiver 2013, des teintures folles, un peu de guitare et beaucoup de fléchettes avec l’ancien pro Bobby George. Un homme qu’il ne faut pas oublier, comme Wilson Palacios et surtout Gilberto da silva Melo.


7. Robinho

C’était un joyau, un mec qu’on allait un jour classer aux côtés de Pelé et il se trouve qu’une fois, barré par Robben à Madrid, Robinho a eu « la tête à Chelsea » . Mieux, il ne voulait jouer « que là-bas » . Bingo : les dirigeants des Blues mettent des maillots en vente à son nom, le jongleur brésilien monte dans un hélicoptère et s’installe face à la presse, le 1er septembre 2008. « Le dernier jour du mercato, Chelsea a fait une offre formidable que j’ai acceptée. » Silence. Un journaliste ose : « Vous voulez dire Manchester ? » Personne ne sait vraiment pourquoi – ni comment – Robinho a finalement signé à Manchester City ce jour-là. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que tout est ensuite parti en vrille malgré de belles premières semaines au cœur de la révolution en cours à ses côtés. Avec lui, on trouve un peu de tout : Jô, Elano, Gláuber, Benjani, Ireland, Vassell… Mais l’histoire se jouera rapidement sans lui, Robinho se barrant d’abord en prêt en janvier 2010 avant de rejoindre l’AC Milan quelques mois plus tard. La suite de plusieurs mois à se faire concasser par les tabloïds et des performances vaporeuses. Un bel outil pour YouTube, malgré tout.


8. Kléberson

Tout était parfait : le sourire de Fergie, le maillot Vodafone, la belle gueule à ses côtés, le lever de coude pour attraper l’écharpe Manchester United. Lorsqu’il ramène Kléberson, champion du monde un an plus tôt, lors de l’été 2003, Sir Alex Ferguson n’a qu’un objectif : densifier son milieu, amputé de Juan Sebastían Verón, parti à Chelsea, et seulement renforcé par Eric Djemba-Djemba durant les semaines précédentes. L’affaire est belle – quelque sept millions d’euros – et voilà pourquoi le bonhomme est présenté, toutes bagues sorties, en même temps que Cristiano Ronaldo. Problème, Kléberson a un corps d’adolescent et peine à comprendre ce qu’on lui raconte. Clap de fin deux ans plus tard, direction Beşiktaş et progressivement les souvenirs. Brutal.


9. Isaías

Une bribe, rien de plus. Et pourtant : Isaías Marques Soares est bien le premier joueur brésilien de l’histoire de la Premier League, en plus d’avoir été l’un des nombreux paris de Ron Atkinson lors de son passage à Coventry City (Strachan, McAllister, Dublin, Telfer, Calita…). Lui sort de cinq belles années à Benfica, ponctuées par un quart de finale de C1 perdu face à l’AC Milan. Alors, pourquoi pas l’Angleterre ? Bémol : à son arrivée en Premier League, Isaías pèse 31 années et ne disputera finalement que douze petites rencontres pour deux buts inscrits. En réalité, le vrai souvenir laissé par le milieu à l’Angleterre reste un doublé inscrit à Highbury en novembre 1991 (3-1). Historique, malgré tout.


10. Lucas Leiva

Des sifflets pour commencer, un silence pour terminer. Entre les deux ? Une boucle d’histoire : dix piges à cavaler derrière un titre de champion, près de 350 matchs de Premier League posés pour Liverpool, un rôle progressif d’ambassadeur pour les nouvelles recrues et les petits jeunes du club, mais surtout du cœur pour un Brésilien qui n’avait rien de technique. Lucas Leiva, c’était tout ça mais surtout ça, aussi.


Bonus : Rio Ferdinand

Frère d’Antonio Ferdinand et cousin de Lúcio Ferdinand. Légende des plages, historique des boîtes, chef de cartel, patron de son état. O Ferdi.

Ils auraient pu être cités : Alex, Alfonso Alves, Fábio Aurélio – oui ce but à Stamford Bridge était splendide –, Júlio Baptista, Juliano Belletti, Gabriel Jesus, Branco, Caçapa, Denilson, Guly do Prado, Doni, Doriva, Edu, Elano, Emerson, Geovanni, Fernando, Fernandinho, Filipe Luís, Mário Jardel, Ilan, Paulinho, Rafael & Fabio, Roque Júnior, Sylvinho, Fábio Rochemback, mais surtout Heurelho da Silva Gomes.

Dans cet article :
League Cup : sans pitié contre Middlesbrough, Chelsea se hisse en finale
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