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Top 10 : Boycotts

Par Nicolas Kssis-Martov
Top 10 : Boycotts

Révoltés par les conditions de détention de Ioulia Timoshenko en Ukraine, plusieurs dirigeants européens (Allemagne, Belgique, Autriche...) pourraient boycotter « politiquement » l'Euro 2012. Alors, le boycott, kézako ? c’est en gros l’art de ne pas venir quand tout le monde vous attend, et souvent, pour être plus honnête, une façon de se faire remarquer quand personne ne vous prête attention. Avec autant de méthodes que de raisons d’y recourir. Top 10 d’une tactique qui redonne un peu de sens à l’Euro, au-delà de la menace terroriste, du fantôme du hooliganisme et du prix des chambres à Kiev.

1) 21 novembre 1973 : l’URSS de Brejnev vs le Chili de PinochetUn certain 11 septembre (1973), Pinochet a renversé le gouvernement Allende pour la plus grande joie des Américains et de quelques caciques réacs de la FIFA, qui balance donc son RAS quand il s’agit deux mois plus tard de jouer un match de barrage dans le stade « de la mort » national de Santiago où les militaires avaient parqué les opposants. L’URSS, trop heureuse de donner une leçon de Droits de l’homme à un Occident qui commence à découvrir l’ampleur du Goulag (l’œuvre majeure d’Alexandre Soljenitsyne est publiée cette même année), décide de montrer que « la patrie du socialisme » peut se passer d’un Mondial. C’est donc dans un simulacre de rencontre, puisque les adversaires du jour n’ont pas fait le déplacement, que le Chili se qualifie pour la Coupe du monde en Allemagne où il trouve le moyen de concéder un nul à la RDA. Tout ça pour ça.

2) Partizan Belgrade / Sepahan Ispahan 2012Petit préambule, Israël joue en UEFA car aucun des pays arabes de la Confédération asiatique ne reconnaît son existence. Résultat, la France est éliminée en 1993. Aujourd’hui c’est l’Iran, qui entre deux contrôles nucléaires, a repris le flambeau de la négation de « l’entité sioniste » par le sport. Ainsi l’entraîneur du club serbe du Partizan Belgrade, Avram Grant, nous a appris par voie de presse que le club iranien du Sepahan Ispahan, en raison de sa nationalité israélienne, avait annulé un match amical en Turquie. Et certains se demandent qui avait négocié cette rencontre.

3) Los Angeles 1984Evidemment, niveau foot, on pense rarement aux JO. Mais étant donnée l’approche de Londres, remémorons-nous l’époque où la politique l’emportait sur les sponsors et, dans la foulée, de la vague de boycott qui affecta l’univers des anneaux de 1976 à 1984, modifiant quelque peu le rapport des forces ordinaires au sein des disciplines inscrites au programme olympique. En particulier dans le football, où les pays de l’Est raflaient toutes les médailles d’or depuis Helsinki (1952 et la brillante Hongrie), surfant sur l’hypocrite définition de l’amateurisme instaurée par le CIO et les disputes avec la FIFA à ce sujet. En 1984 donc, pour se venger du boycott américain à Moscou pour cause de manœuvres militaires prolongées de l’Armée rouge à Kaboul, les Soviétiques et leurs affidés rendent la politesse à l’Oncle Sam et sa Californie capitaliste. L’occasion pour l’équipe de France d’y gagner une inespérée première place sur le podium. D’où peut-être l’affection que porta toujours L’équipe à Georges Marchais.

4) Argentine 1978En 1976, une junte militaire dirigée par le général Jorge Rafael Videla s’empare du pouvoir à Buenos Aires, menant une de ses « sales guerres » dont le sous-continent traîne l’habitude (peut-être 30 000 morts et disparus). En Europe, on pétitionne et on défile dès lors contre le « Mondial de la dictature » comme aux plus belles heures du refus des « JO de la Honte » à Berlin en 36. Grand favori, les Hollandais y perdent au passage Johan Cruijff (plus par peur que par conviction apparemment). Chez nous, Simone Signoret saisit sa plus belle plume pour écrire aux épouses des sélectionnés, afin de les inciter à réveiller la conscience de leurs maris, et un Comité pour le Boycott de l’organisation par l’Argentine (COBA) remplit la Mutualité. Mais Hidalgo, pas franchement un extrémiste de droite pourtant, ne veut pas priver les Bleus d’un retour parmi l’élite, attendu depuis 1966. Il découvrira toutefois lors du match contre le pays hôte qu’il ne s’agissait pas seulement de ballon.

5) Angleterre 1930Plus qu’un boycott, une susceptibilité. Inventeurs du jeu et autoproclamés garants de son identité, les Britanniques supportent difficilement cette FIFA pondue par des Français. Cela se prolonge entre les deux guerres où, boudant la Fédération internationale, ils ratent les première Coupes du monde et, notamment pour les Anglais, l’opportunité de mesurer l’évolution du jeu sur le continent. Résultat : leur retour en 1950 se traduit par une défaite face aux États-Unis et une humiliation contre la Hongrie à domicile en 53. Cela dit, rien n’a vraiment changé. Le président de la Premier League, Dave Richards, ne déclarait-il pas encore cette année-là : « L’Angleterre a donné le football au monde, le meilleur héritage que l’on puisse lui donner. Puis 50 ans plus tard, un gars est arrivé et a dit «  Vous êtes des menteurs  » , et il nous a volé ce jeu. Ce gars s’appelait FIFA. »

6) Afrique du Sud 1976L’Afrique du Sud période Apartheid découvre durant les années 60 que le processus de décolonisation a quelque peu changé la donne au sein des instances du sport international (elle est exclue de la CAF en 58). Y compris dans une FIFA qui, jusqu’à présent, ne voyait pas trop où se situait le problème, notamment son président Stanley Roous, loin d’être un progressiste dans l’âme. Toutefois, de suspensions suspendues en ultimatums de mise en conformité avec les règlements, elle virera finalement la Fédération sud-africaine en 1976, juste après les émeutes de Soweto.

7) Le Parc des Princes 2011Suite à la décision de mettre fin aux abonnements dans les tribunes Auteuil et Boulogne, un certain nombre d’anciens supporters et ultras parisiens (en partie réunis dans l’association Liberté pour les Abonnés) décident d’organiser le boycott du Parc. Tous ne partagent pas ce choix et d’autres continueront, notamment en déplacements, de manifester leur existence à l’ombre du Plan Leproux. Surtou, le PSG version qatari remplit son stade (au point de songer à le quitter), même si l’ambiance n’y est plus (tout comme la violence d’ailleurs). Ce qui constitue un des principaux problèmes des actions des supporters (grèves ou boycotts) : pour être crédible, il faut que personne ne prenne votre place dans une enceinte désertée, au risque sinon de gueuler juste pour le principe. De ce point de vue, Messins ou Caennais possédaient dès le départ un net avantage sur la direction du club.

8) Algérie 1958On évoque souvent les boycotts que subissent les pays accueillant les événements de la FIFA qui en supporte par ricochet l’affront. On oublie que cette dernière a su également jouer les pousse-au-crime et utiliser cette arme, notamment afin de maintenir son hégémonie exclusive sur le foot mondial et les rencontres internationales, motivation originelle de son existence. Ainsi, les fédérations des équipes désirant rencontrer la formation montée par le FLN en 1958 se virent intimer l’ordre de refuser tout contact, au risque d’une exclusion. Le Maroc et même la CAF dans son ensemble durent s’y plier. Une fois l’indépendance actée, l’adhésion algérienne fut une formalité. La souplesse de la FIFA en la matière s’avéra toujours à géométrie variable, et ce depuis l’exemption dont bénéficièrent les quatre fédérations britanniques, dérogeant à la règle d’une seule structure par état.

9) Bolivie 2007En mai 2007, la Bolivie pose sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2014, contre l’ultra-favori brésilien. Seul problème, la FIFA la retoque au prétexte que ses stades se révèlent un peu trop perchés, c’est-à-dire au-delà de 2500 m. La Colombie, le Pérou et l’Équateur évoquent immédiatement, par solidarité, la possibilité d’un boycott de la Copa América 2007 au Venezuela puis du Mondial 2010 en Afrique du Sud. Evo Morales invoque de son coté le « droit légitime des peuples à pratiquer le football » , au nom de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de l’ONU et grimpe tâter le cuir à 6000 m afin de le démontrer. Il serait redescendu depuis, et le Brésil mène seul sa guérilla de souveraineté contre l’empire de Zürich.

10) Ukraine 2012Les responsables de l’UEFA ont sûrement découvert depuis deux semaines le nom d’Ioulia Tymochenko. Cet ancien premier ministre, porté par la Révolution orange de 2004, est aujourd’hui emprisonné pour 7 ans, dans des conditions de détention qui rappellent le traitement dont bénéficiaient les dissidents soviétiques. Sa situation suscitent des tensions régulières entre l’actuel gouvernement ukrainien et la Commission européenne, et c’est sûrement pour accentuer sa pression que cette dernière a annoncé qu’elle n’honorerait aucune des rencontres se déroulant en Ukraine de la présence d’un de ses représentants, suivie ensuite par l’Autriche et le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders. Et c’est au tour désormais d’Angela Merkel, ce qui pèse un peu plus du point de vue de la puissance footballistique, de soulever l’hypothèse d’une politique du « siège vide » . On attend avec impatience de connaître l’attitude de notre nouveau président de la République, puisque les Bleus sont concernés au premier chef. La Russie et le Qatar vont-ils devoir bosser leur dossier Droit de l’homme et de la femme ?

Denis Zakaria a plus d’un tour dans son sac

Par Nicolas Kssis-Martov

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