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Top 10 : barrages français

Par Nicolas Kssis-Martov
10 minutes
Top 10 : barrages français

La LFP a annoncé le retour des barrages. Un affrontement entre le 3e de L2 et le 18e de L1 qui donne des envies de rétrospectives. Car oui, l'Hexagone a déjà vibré pour cette formule.

C’est donc officiel. Les barrages sont de retour. Faute d’avoir pu imposer deux seules descentes – saleté de Conseil d’État –, les pontes du foot pro, désormais orphelin de Frédéric Thiriez, sont bien obligés de maintenir la possibilité d’une troisième montée, conditionnée donc à une confrontation avec le 18e de L1. Le public a certes dû oublier depuis le temps à quel point cette prolongation du calendrier pouvait faire vibrer le palpitant de l’entraîneur en fin de contrat ou du président devant son bilan comptable. Fluctuant dans ses formules et ses modalités au gré des contours de l’élite (en 1958 , le passage de 18 à 20 clubs offrait l’occasion à quatre équipes de monter d’un coup), certains épisodes restent pourtant gravés dans les mémoires des supporters. Et ils peuvent même rappeler de mauvais souvenirs dans le contexte actuel.

8 juin 1952 : OM-Valenciennes : Marseille sauve sa peau à Bauer…

Nous parlons de l’une des pires saisons de l’OM. Alors que le tout jeune Olympique lyonnais fait l’ascenseur et que Strasbourg l’accompagne dans sa plongée, Marseille se trouve contraint de tenter la terrible expérience – inaugurée l’année précédente – du match de barrage contre le troisième de seconde division, en l’occurrence l’US Valenciennes-Anzin. Comme le réclame alors le règlement, les deux rencontres se déroulent en terrain neutre. C’est donc à Saint-Étienne que les Marseillais se font d’abord étriller 3 à 1. Tout semble dessiner le scénario d’une inévitable catastrophe. Le « retour » se tient le 8 juin 1952, à Saint-Ouen, dans l’antre du Red Star qui venait tout juste de revenir en seconde division parmi les pros. Devant plus de 15 000 spectateurs, essentiellement des Nordistes venus encourager les leurs (et la banlieue ouvrière ne vibrait pas particulièrement à l’époque pour les Phocéens). Le miracle s’accomplira par les pieds du grand suédois Gunnar Andersson (au destin tragique, noyé dans le pastis). Il va marquer à deux reprises, réanimant l’espoir, avant que ses équipiers ne salent davantage l’addition. L’OM sauve la face et reste parmi ses pairs. Les Valenciennois se lamentent alors d’avoir été privés de leur Antoine Pazur, parti en Indochine avec l’équipe de France militaire remonter le moral des troupes (avant de bientôt rejoindre les frères ennemis du LOSC). Ce sauvetage in extremis permet en tout cas de retarder quelque temps la chute amère en D2, qui ne se produira donc, pour la première fois, qu’en 1959.

1967-1968 – Les Lensois ne profitent pas de l’esprit de mai

Alors que la France sent encore bon les lacrymos et les discours trotskistes dans les amphis de la Sorbonne, le foot français décide de réduire son élite à 18 clubs. Conséquence de ce yo-yo numérique (une des grandes spécialités françaises), seul le SEC Bastia peut accéder à l’étage supérieur. Pour les autres, il faudra rejouer un autre mini-championnat, entre les deuxièmes et troisièmes de la D2 et les 15e et 16e de la première. Une vraie compétition avec matchs aller-retour et classement pour départager l’heureux couple qui viendra s’égayer avec les grands et les recalés qui devront ronger leur frein 365 jours supplémentaires. Bien qu’en rodage, ce concept qui semble tout droit sorti d’un alinéa du plan quinquennal roumain, se révèle pourtant étonnamment équitable : le RC Strasbourg garde son statut pendant que le Nîmes Olympique renvoie le RC Lens dans les limbes où il rejoint un Stade de Reims toujours en convalescence.

1951 – Le premier barrage pour colmater les fuites

Commençons malgré tout par rappeler d’où vient l’idée. Le championnat se reconstruit doucement après la guerre. Un temps, Strasbourg et Metz sont même épargnés en raison de leur annexion par le Troisième Reich. Après diverses formules, quatre descentes seront même imposées lors du passage en 46-47 de 20 à 18 clubs, le recours à un mini-championnat de barrage est instauré. Le principe semble plus juste, et permet aussi d’offrir une seconde chance aux pensionnaires de l’élite. Ce que confirme ce galop d’essai, puisque Lens et le FC Sète en profitent pour conserver leur place à la table des grandes instances. Besançon et surtout le FC Rouen, qui en outre dit adieu à son capitaine emblématique Roger Rio, peuvent de leur coté maudire les brillants dirigeants du foot tricolore, Emmanuel Gambardella en particulier (par ailleurs ancien ponte sétois, le monde est bien fait) d’avoir introduit ce joyeux procédé si favorable aux candidats au maintien.

16 juin 1973 : ASM-US Boulogne, 8 à la maison

Encore une nouvelle configuration. Désormais, il s’agit de sélectionner entre les seconds des groupes de la deuxième division. L’AS Monaco arrive donc en fin de saison contrainte de disputer son droit naturel à l’élite aux roturiers de l’US Boulogne. Ces derniers arrivent à maintenir le suspense lors du match aller en tenant en échec à domicile les Monégasques deux partout. Ils débarquent en principauté confiants dans leur capacité à réitérer l’exploit, dans un stade à peine garni de 4 500 spectateurs. La suite est un cataclysme, en grande partie sous la lame du bourreau Carlos Ruiter, joueur brésilien fraîchement arrivé des Girondins, et qui inscrit cinq buts. Au coup de sifflet final, le tableau d’affichage brille d’un terrible 8 à 1. Même entre formations de D2, les barrages servent d’abord les puissants…

4 juin 1974 – PSG-US Valenciennes-Anzin : le PSG enfin…

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Le LOSC et le Red star avaient décroché la timbale. Le PSG, alors second club parisien en construction, doit encore pour sa part se frotter à la rudesse de l’US Valenciennes-Anzin. À l’aller, le 31 mai, les joueurs de la capitale et de Saint-Germain-en-Laye s’étaient inclinés deux à un dans le Nord. Le match retour au Parc des Princes s’annonçait tendu. Devant une assistance pour une fois digne de ses ambitions, presque 20 000 spectateurs – on n’ose pas parler pour le moment de supporters –, les hommes de Just Fontaine retournent la situation en ce beau 4 juin, notamment grâce à un certain Mordechai Spiegler, international israëlien (auteur du seul but en Coupe du monde d’Israël) et surtout de Jean-Pierre Dogliani, auteur de deux buts, dont celui de la qualification, vivement contesté auprès de l’arbitre par les joueurs nordistes. 4 à 2, l’histoire commence… Les héros du soir portent leur entraîneur en triomphe. le PSG est en première division. Un barrage qui a changé la face du foot français, un hors-jeu sifflé, et tout aurait été peut-être différent..

14 juin 1979 – RC Lens 0-0 (3-2 tab) Paris FC : Lens au bout du compte

Il faut savoir souffrir pour être beau. Les Lensois en ont fait l’amère expérience tout au long de leur histoire. Et leur relation à l’épreuve des barrages n’aura rien à envier à celle des poteaux de Koh-Lanta. Pour retrouver le bonheur d’évoluer contre le FC Nantes de Demanes et Bossis, il leur aura d’abord fallu se débarrasser en prolongation d’Avignon. Toutefois, le pire calvaire les attend. Face au Paris FC, le foot de fin de saison se transforme en guerre de tranchée. À Bollaert, ce 14 juin, le stade bondé retient son souffle pendant que les deux formations se neutralisent d’angoisse et de maladresse. Le héros nordiste sera inattendu. Il s’agit de Francis Hédoire, le portier artésien. Il vit peut-être le grand moment de sa vie de footballeur, celle d’un honnête gardien de but qui aura effectué toute sa carrière entre Arras, Dunkerque et Lens (et une petite saison en doublure au PSG durant laquelle il se blessera lors d’un match de gala, ndlr). Les barrages possédaient parfois ce mérite. L’impression pour des braves soldats de remporter au moins une grande bataille, un trophée même virtuel ou de substitution. Roger Lemerre, son entraîneur du jour, et Daniel Leclercq, son coéquipier, futur coach du titre en 1998, peuvent le remercier également. Sans lui et sa main ferme lors de la séance de tirs au but, leurs destins à eux aussi auraient été bien différents. 


19 mai 1984 – ASSE 0-2 RC Paris : la descente aux enfers de Sainté

L’ASSE, déjà devenu ancien grand club français, se remet à peine de l’affaire de la caisse noire. Ses principaux joueurs sont partis, Michel Platini en tête vers la Juventus, et Jean Castaneda dans les bois ne peut réaliser à lui seul l’impossible. Les Verts se retrouvent acculés, misant leur survie lors des barrages. Un sursis, alors que l’OM revient dans l’élite. Cependant, ils vont boire le calice jusqu’à la lie, fidèles à ce destin biblique qui les caractérise aux yeux de l’opinion depuis Glasgow. Le cauchemar est complet, car l’élimination se déroule à domicile, après un nul plutôt encourageant obtenu à la capitale. Le match retour est électrique. Le peuple vert garnit de 45 000 spectateurs des gradins qui chauffent le Chaudron à l’image d’un soir de rencontre européenne contre Kiev. Seulement, le RC Paris a les crocs, et un investisseur, Jean-Luc Lagardère, qui commence à recruter. C’est de la sorte Eugène Ekéké, futur héros de la Coupe du monde de 1990 avec le Cameroun, qui, en inscrivant le second but parisien à la 66e minute, achève définitivement les espoirs de toute une ville.







29 avril 1986 – ASNL 3-0 FC Mulhouse : Wenger 1 Domenech 0

Arsène Wenger n’est encore qu’un ex-bon joueur du championnat français reconverti en coach, quand il doit mener une mission essentielle : sauver Nancy contre l’un de ses anciens clubs, le FC Mulhouse. Ce dernier désire ardemment retourner en D1 pour enfin accomplir la prophétie du second « grand club » alsacien capable de voler la vedette au Racing. Bref, le Haut-Rhin veut sa part de lumière au-delà de son destin industriel. Un téléfilm policier, Trois morts à zéro, diffusé en 1983, lui inventait d’ailleurs une stature capable de taquiner les géants italiens en Coupe d’Europe. Seulement, la vie n’est pas fiction, y compris de FR3, et l’ASNL enterre d’un cinglant 3-0, dès le match aller, les illusions que caressaient ses adversaires et leur joueur-entraîneur Raymond Domenech. La victoire du FCM 2-0 au retour ne changera pas la donne. « Et Jésus dit aux apôtres, méfiez-vous des Lorrains. » Vieux dicton de Kronenbourg…

10 juin 1988 – Caen 3-0 Niort : Caen c’est l’heure…

Encore divisée en deux groupes, la D2 expédie Strasbourg et Sochaux à l’étage supérieur. Il reste aux suiveurs à se départager. Le Stade Malherbe, dépassé à la différence de buts par les Alsaciens, sort de ces pré-barrages la tête haute, après avoir notamment sorti un Olympique lyonnais désormais aux mains d’un tout jeune président, Jean-Michel Aulas, qui doit encore faire du Minitel pour exprimer son mécontentement. Le rendez-vous est donc pris avec les Chamois niortais au Stade de Venoix pour décrocher le tant désiré troisième ticket. Le duo Franck Dumas, enfant du Calvados, et de l’ex-international yougoslave Slavoljub Nikolić fera une dernière fois merveille, mais c’est Éric Pécout qui, d’un doublé, rend à la Normandie sa présence légitime dans l’élite. Un indiscutable 3-0 sous le sifflet vigilant de Joël Quiniou clôture les débats. Les Deux-Sèvres ne connaîtront, pour le moment, jamais la L1… Saloperie de décentralisation.

13 mai 1992 – RCS 4-1 Rennes : Strasbourg enfin…

Pour cette der des ders des barrages, nous sommes en plein Drang nach Osten. Strasbourg joue son va-tout face à des Rennais qui espèrent évidemment sauver leur place. Il y a de quoi avoir la rage sur les bords du Rhin. Deux fois que les Alsaciens se cassent les dents en trébuchant sur la dernière marche ( bloqués dans leur élan par Lens en pré-barrage inter D2, et atomisés en plein ciel azuréen par Nice). Les coéquipiers de Frank Lebœuf ramènent cette fois-ci un bon nul de Bretagne, qui laisse présager un petit miracle. Le retour à la Meinau s’effectue devant 35 000 spectateurs, qui croient dur comme fer à la énième renaissance du Racing. Ceux qui regardent aussi le match sur Antenne 2 en ce 13 mai, qui pleure la disparation de Jacqueline Maillant, admirent donc un José Cobos inspiré ouvrir le score de la tête dès la cinquième minute, avant qu’une égalisation ne vienne doucher l’enthousiasme des tribunes. Heureusement, un boulet de canon de l’international nigérian Stephen Keshi met tout le monde d’accord et offre un quasi-sacre à la formation coachée par Gilbert Gress, qui parfait à cette occasion son statut de sauveur.

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