- C3
- Demies
- Villarreal-Liverpool
Top 10 : Aventures espagnoles de Liverpool
Depuis 1964 et la première sortie continentale de son histoire, le Liverpool FC n'a jamais été opposé à Villarreal, même à l'époque où Riquelme et Gerrard auraient pu offrir un duel de choix. Mais alors comment se comportent les Reds en Coupe d'Europe face à un représentant du pays de la Roja ? Tour d'horizon.
2 octobre 1968, 1er tour de C3 : Athletic Bilbao-Liverpool (2-1 ; 1-2)
En 1968, tandis que Liverpool rayonne musicalement à travers le monde grâce aux Fab Four, sur les prés continentaux, les Reds de Bill Shankly, depuis déjà neuf saisons aux manettes, peinent à reproduire leur verve leur permettant de signer une demi-finale de C1 contre l’Inter d’Helenio Herrera, en 1964. Même en C3, ça coince. Opposé au premier tour à l’Athletic Bilbao de Javier Clemente et du mythique gardien José Angel Iribar, futurs vainqueurs de la coupe nationale, le squad scouser perd 2-1 à l’extérieur. Bill Shankly reste fair-play et lâche : « Le public de Bilbao était très « sport ». J’ai aimé le côté cordial avec lequel ils nous ont fait tomber. » Un vent de bonté qu’on imagine dissipé assez vite après l’élimination de ses hommes au retour. Quatre mois après la qualification de l’Italie aux dépens de l’URSS de la sorte en finale de l’Euro, la place au tour suivant se joue à la pièce. Le capitaine du LFC se plante à pile ou face, et les 50 000 spectateurs d’Anfield plongent alors dans un mutisme aussi glacial qu’une nuit à la belle étoile un soir d’hiver dans les Highlands. Ron Yeats, roi du silence.
30 mars 1976, demi-finale de C3 : FC Barcelone-Liverpool (0-1 ; 1-1)
Quatre décennies plus tard, la performance tient toujours : Liverpool est la seule équipe d’outre-Manche à être allée imposer sa loi au Barça sur ses terres. Et pas n’importe quel Barça. En ce printemps 1976 où la France vire au vert, le onze blaugrana est conduit par les deux hémisphères d’un cerveau batave, Johan Cruyff et Johan Neeskens. En face, Bob Paisley bénéficie aussi d’arguments pour contrecarrer les plans du maître disparu le 24 mars dernier, entre le quatuor défensif emmené depuis des lustres par l’indéboulonnable Emelyn Hugues ou l’arme fatale offensive, « Mighty-Mouse » , alias Kevin Keegan. Le puncheur gallois John Toshack marque l’unique but du match aller, offrant un succès anglais qui met hors de lui le roi Johan, le philosophe de la tactique en complet désaccord avec son entraîneur allemand, Hennes Weissweiller. Une fois l’élimination actée après le nul du retour (1-1), celui qui a fait éclore Günter Netzer, Berti Vogts, Jupp Heynckes ou Allan Simonsen se fait lourder piteusement sur recommandation du vrai boss du Barça de l’époque pendant que Liverpool tape Bruges en finale.
27 mai 1981, finale de C1 : Liverpool-Real Madrid (1-0)
Que retenir de cette pauvre finale de Coupe d’Europe des clubs champions 1981, prétexte au premier affrontement entre Reds et Merengues ? Outre les débordements des « hools » anglais dans Paris et leur découverte des CRS avant la rencontre, peu de choses, à l’exception du but d’Alan Kennedy et de la joie de Dalglish, Souness ou McDermott, heureux de retrouver le trophée préféré depuis 1977, après l’avoir abandonné deux ans à Nottingham.
Vraiment rien à retenir, donc ? Si, la réunion, en ce soir de match au Parc des Princes, de deux des entraîneurs les plus titrés de l’histoire du football : l’un était sur le banc, le taiseux et rigoureux Bob Paisley, en train de bâtir son patrimoine gargantuesque de 19 titres en 9 saisons sur les bords de la Mersey, quand l’autre, Vicente del Bosque, homme de tous les succès en club comme en sélection, se démenait dans l’entrejeu madrilène, avec un autre futur « Mister » de la Maison-Blanche, José Antonio Camacho.
3 novembre 1998, 16es de finale de C3 : Valence-Liverpool (0-0 ; 2-2)
Au sortir de la Coupe du monde en France, Gérard Houllier prend la direction des opérations à Liverpool. Sa première sur le banc d’Anfield en Coupe d’Europe lui offre comme défi le FC Valence de Claudio Ranieri, qui renaît de ses cendres après une décennie et demie de désert. Malgré deux lignes d’attaque Fowler-McManaman-Owen vs Claudio López-Mendieta-Illie-Angulo, aucun but n’est inscrit au match aller. Pour mieux défourailler au retour, dans un match épique à faire bondir Houllier des dizaines de fois de son banc : à l’ouverture du score de Claudio López, tout en punch et frappe de mule, Liverpool répond dans les dix dernières minutes par deux attaques placées conclues par McManaman et Berger, avant de finir la rencontre à neuf et d’encaisser un dernier pion de Lopez pour un dernier frisson. Et si ces Reds étaient au football ce qu’Hitchcock était au cinéma en matière de suspense ?
8 décembre 1998, 8es de finale de C3 : Celta Vigo-Liverpool (3-1 ; 1-0)
L’une des deux seules éliminations à la régulière des Scousers en Coupe d’Europe par un club espagnol est l’œuvre de l’alliance franco-russe formée au Celta à la fin des années 1990 par Victor Fernandez, l’actuel directeur du centre de formation du Real. À ce moment-là, Claude Makelele et Richard Dutruel sont les coéquipiers des majestueux tsars Valery Karpin et Alexander Mostovoi. D’autres talents purs sont aussi là pour amener le Celta à rivaliser durant sa parenthèse européenne, comme l’Israélien Revivo, le Brésilien Mazinho ou Michel Salgado.
Un collectif bien plus abouti que celui d’un Gérard Houllier encore riche devant, mais pauvre défensivement et dépourvu de McManaman et Ince, suspendus après leur exclusion à Valence. Le Celta s’impose aisément 3-1 à l’aller et va même l’emporter 1-0 à Anfield au retour. Depuis, les Galiciens ont mis une autre fois à l’amende leurs homologues anglais, mais sur le terrain des négociations : Iago Aspas, parti pour 9 millions vers le Royaume, est depuis revenu à la maison-mère claquer des buts pour presque rien.
19 avril 2001, demi-finale de C3 : Liverpool-FC Barcelone (0-0 ; 1-1)
Le Barça à la sauce hollandaise, le Liverpool polyglotte avec ses Tchèques, ses Allemands ou son ptit Suisse, le tandem Heskey-Owen, les grigris et l’intelligence de jeu sans égal de Rivaldo, la poésie de Puyol, Hyypiä ou Hamann, le « yeaaaaah » d’Anfield qui exulte comme un seul homme pour un but de ses gladiateurs en crampons, le « smash » en pleine surface de Kluivert… Tout dans cette opposition, favorable aux Reds grâce au seul penalty de McAllister pour faire la différence sur les deux matchs, rappelle l’époque sacrée de L’Équipe du Dimanche version Thierry Gilardi. Cette époque où les grands formats portaient bien leur nom, où les stades puaient la ferveur, où les yeux brillaient de mille feux devant le spectacle européen permanent, où les « waouh » sortaient de milliers de bouches reliées à la messe cathodique au moment des buts de Batistuta, des fulgurances de Zizou aux courses dévastatrices de Ronaldo.
16 mai 2001, finale de C3 : Liverpool-Deportivo Alavés (5-4)
Supporters des Reds, avant le quart de légende contre le BvB, la dernière fois que votre club vous a fait vibrer en Coupe d’Europe lors d’une rencontre où les rôles ne sont pas bien définis entre le chat et la souris, c’était à… Dortmund, face au Deportivo Alavés. Aujourd’hui en lutte pour retrouver l’élite, le club basque, qui fut à la Coupe UEFA ce que fut Calais à la Coupe de France, se présente avant même cette finale comme un futur perdant magnifique, après avoir sorti l’Inter et Kaiserslautern. Perdant ? Dans le sillage de leur matador d’alors, Javi Moreno, auteur de ses 28e et 29e buts cette année-là, les Espagnols bousculent toutes les certitudes et poussent le favori en prolongation avec une égalisation à la 88e de Jordi Cruyff, le fils prodigue. Mais comme le père 25 ans plus tôt, ce dernier voit les siens finalement craquer de façon cruelle, sur un CSC de Delfi Geli à deux minutes de la fin de la prolongation. Fin du rêve.
21 février 2007, 8es de finale de C1 : Barcelone-Liverpool (1-2)
Vous l’avez lu plus haut, Liverpool est le seul club du royaume à avoir fait tomber les Blaugrana dans leur arène antique. Le pire dans tout ça ? Cette performance a été réalisée par deux fois, avec un second opus conduisant à l’élimination dès les huitièmes de finale de Ligue des champions du tenant du titre ! Un champion en titre qui mène vite au score, mais semble tout de même grimaçant et vieillissant à l’image de Lilian Thuram, avec un Ronaldinho dont les dribbles font moins recette que les sorties de boîte, un Deco moins tranchant et un Rijkaard en perte d’autorité sur son groupe.
Alors quand Bellamy marque d’une tête que Valdés emmène dans son propre but juste avant la mi-temps, le sang-froid culé s’effrite. Puis la sérénité et la toute puissance s’effacent avec le coup de grâce de Riise, à un quart d’heure du terme, pour emprunter la route de la finale face à Milan (1-2). Le pire dans tout ça ? Qu’il ne l’ait pas inscrit avec son pied gauche en acier trempé !
10 mars 2009, 8es de finale de C1 : Liverpool-Real Madrid (1-0 ; 4-0)
Avant le duo Sturridge-Suárez et ses 55 buts en 2013-2014, les Merseysiders ont connu bien des paires de saints buteurs, à l’image du tandem Torres-Gerrard, qui brille de mille feux en 2009-2010 avec 41 buts, dont 24 rien que pour le génial général au numéro 8. Un duo qui, bien épaulé par la colonie hispanique et de précieux Kuyt et Babel, s’en va signer un précieux succès 1-0 dans un Bernabéu épuisé par trois ans de règne de Ramon Calderón. Au retour, le festival est total et Torres et Gerrard inscrivent trois des quatre buts encaissés ce soir-là par Iker Casillas. Pourtant, celui qui a le plus mal à la tête en revoyant cette feuille de match à l’addition salée pour la Maison-Blanche n’est pas San Iker, mais Lassana Diarra, entouré à cette époque-là d’Arjen Robben, Wesley Sneijder, Gaby Heinze ou Gonzalo Higuaín. Putain de changement climatique.
29 avril 2010, demi-finale de C3 : Liverpool-Atlético (0-1 ; 2-1)
Au pays du kop chantant, le dépassement de soi et le retournement de situation sont des valeurs refuges. De tout temps, à toute époque. Lorsqu’en avril 2010, Alberto Aquilani et Yossi Benayoun marquent en demi-finale retour après une courte défaite inaugurale à Vicente-Calderón, tout le peuple rouge se prend à rêver d’un Atlético donné favori repartant les pieds devant. « J’ai parlé avec celui qui s’occupe du linge du club, qui m’a dit que ce match lui rappelait la qualification face à l’Olympiakos en 2005. Il avait misé sur un dernier but à la fin pour l’emporter 3-1. C’est vrai que le public, le staff et les joueurs avaient le même comportement, le même espoir » , avait même conté Rafa Benítez pour illustrer ce sentiment général. Mais l’accomplissement d’un exploit fait rarement bon ménage avec la possibilité d’un trou dans la défense, comme le prouve cette autoroute à quatre voies laissée par Agger, Carragher et Mascherano à Diego Forlán pour marquer le providentiel but à l’extérieur. À la 102e minute… Une pathologie affectant le placement et l’alignement qui a depuis rattrapé Mamadou Sakho ou Dejan Lovren.
Par Arnaud Clément