- Coupe du monde 2014
- Bilan
Top 10 : Arnaques post-Mondial
Tous les quatre ans, le mercato est agité par un évènement : la Coupe du monde. Durant la compétition, certains talents méconnus, à l'image du néo-Madrilène Keylor Navas, se révèlent, explosent et gagnent le contre de leur vie. Pourtant, dans le groupe des recrutés sur la foi d'une Coupe du monde, certains s'avèrent être de réelles arnaques.
Daniel Amokachi : Nigeria 94, du FC Bruges à Everton
Daniel Amokachi doit tout à la sélection. Appelé en 90 pour disputer la CAN alors qu’il évolue au Nigeria chez les Ranchers Bees, l’attaquant est scruté par le FC Bruges qui l’enrôle pour 4 ans. 4 ans et des buts (35 au total) qui le propulsent titulaire lors du Mondial 94 avec les Super Eagles. Buteur lors de deux matchs de poule, face à la Bulgarie et la Grèce, Daniel tape dans l’œil d’Everton, qui s’attache les services du « Buffle » à la sortie de l’évènement. Mais le coup de sabot d’Amokachi est moins puissant. Malgré un doublé en finale de FA Cup en 95 et un titre dans la compétition, Amokachi piétine et rumine dans les prés anglais (10 buts seulement). L’heure de l’exil au Beşiktaş pour 3 saisons pour une bête trop souvent blessée qui finira par enfiler le costume de coach au pays.
Ilie Dumitrescu : Roumanie 94, du Steaua Bucarest à Tottenham
Dumitrescu, c’est avant tout une rencontre. Un huitième de finale disputé face à l’Argentine en 1994, durant lequel le Roumain avait terrassé Batistuta et les siens d’un doublé et une passe décisive. Tottenham, ayant flairé le bon filon, décide de miser près de 4 millions d’euros sur le milieu offensif. Mauvaise pioche. Déçus de son rendement, les Spurs le prêtent dès sa première saison à Séville où Ilie n’impressionnera pas plus. West Ham, puis quelques clubs mexicains se refilent le boulet qui terminera finalement sa carrière au Steaua avant d’embrasser la profession de coach. Le talent de la Roumanie 94 était indéniable, celui d’Ilie Dumitrescu un peu surestimé.
Stéphane Guivarc’h : France 98, d’Auxerre à Newcastle
Guivarc’h… Un nom qui résonne plus que de raison sur les terrains amateurs après une action totalement ratée. Pourtant, réduire Steph’ à un gimmick de footballeur du dimanche serait injuste. Impressionnant pendant deux saisons en D1, l’attaquant de Rennes puis Auxerre débarque sous le maillot bleu pour tout casser lors du Mondial. Le grand plongeon avant le plat. Car avec les Bleus, Guivarc’h foire tout ou presque. Visiblement aveuglés par son titre de champion du monde, les dirigeants de Newcastle n’en ont cure. Recruté pour 30 millions de francs, Guivarc’h part écumer les pelouses de Premier League. Ou plutôt les visiter, lui qui ne disputera que 4 matchs (1 but) avec les Magpies. Désigné pire attaquant de l’histoire de la Premier League par le Daily Mail, il reviendra finalement sur les terres auxerroises (après un crochet chez les Rangers) pour y retrouver le chemin des filets. La suite, tout le monde la connaît : nul besoin de lui mettre encore la tête sous l’eau.
Robert Jarni : Croatie 98, du Real Betis au Real tout court sans passer par la case Coventry City
Avant le Mondial 1998, Robert Jarni n’avait pas plus de chance d’un jour évoluer au Real Madrid que la Croatie d’atteindre dès sa première tentative les demi-finales de la Coupe du monde. Et pourtant. Quelques jours après avoir acté son transfert vers Coventry City, Robert Jarni ouvre le score en quarts de finale de Coupe du monde. Contre l’Allemagne de Köpke, Bierhoff et Klinsmann, la Croatie s’imposera finalement 3-0 et Jarni crèvera l’écran. Lui, l’arrière gauche besogneux, devient le temps d’un tournoi le mec en vogue. À près de 30 ans, c’est donc le grand Real qui flashe sur le Croazia Express. En quelques heures, Jarni annule tout avec Coventry pour convoler vers le Bernabéu. Le choix de la raison pour Robert, un transfert tout pourri pour le Real. Un an plus tard, Robert part tout dégoûté vers Las Palmas avant d’aller se finir en Grèce du côté du Panathinaïkos.
Brian Mc Bride : USA 2002, de Colombus Crew à Everton
Être né dans un trou de l’Illinois et jouer au soccer jusqu’à ses 30 ans ne signifient pas forcément avoir raté sa vie de footeux. Brian Mc Bride en atteste. Pilier de la team USA depuis 1993, Mc Bride n’a pourtant pas attendu les trente glorieuses pour se persuader de ses qualités de finisseur. Avec 62 buts en 161 matchs avec la franchise de Colombus Crew, papy est en pleine bourre au moment d’aborder le Mondial asiatique de 2002. Un quart de finale pour les Yanks, deux buts pour Brian et une envolée inespérée (sous forme de prêt d’abord) vers la Premier League. Après Wolfsburg (1994-1995), c’est donc Everton qui se fait embobiner par ses coups de casque. Résultat : un échec cuisant et un deuxième retour aux States. La vie de Brian est pourtant bien faite. En 2004, Fulham cherche un arbre à planter devant et tombe sous le charme de ce marronnier de l’échec.
Salif Diao : Sénégal 2002, de Sedan à Liverpool
En 2002, Salif Diao, c’était un match de dingue face à la France, puis un but au terme d’une splendide action du Sénégal contre le Danemark. Pas mal quand on joue avec Papa Bouba Diop et Henri Camara en sélection, et à Sedan le reste de l’année. Face à ces performances au milieu de terrain, Liverpool voit rouge et aligne plus de 7 millions d’euros pour l’arracher des Ardennes et l’embarquer dans l’Eurostar. Malheureusement, Salif ne s’adaptera jamais à l’heure anglaise et traînera sa peine jusqu’à Stoke City avant de raccrocher les crampons. Finalement, le lion n’était que sanglier.
Fabio Grosso : Italie 2006, de Palerme à l’Inter Milan
Fabio Grosso, 4 buts avec la Squadra, mais surtout un qui a tout changé. Demi-finale du Mondial 2006, l’Allemagne reçoit l’Italie. On joue la 119e minute de la prolongation d’une demi-finale étriquée, quand Andrea Pirlo se décide à transformer la vie du bon Fabio en conte de fées. À 29 ans et après avoir écumé la botte pendant près de 10 ans, la carrière de Fabio Grosso va connaître un sérieux coup d’accélérateur. Quelques jours plus tard, c’est aussi lui qui inscrira le tir au but décisif en finale contre la France. Le longiligne arrière gauche est transféré dans la foulée vers l’Inter Milan. Une saison et un raté à six millions d’euros. Pourtant, si le Nord de la péninsule italienne ne convient pas à Fabio, le chef-lieu du département du Rhône ne sera pas beaucoup plus adapté. À Lyon, Grosso ne remplacera jamais Abidal, mais lui s’en fout. Le mec avait commencé sa carrière dans le Chieti, il la finira sur le petit banc de la Juve. Grâce à trois semaines d’euphorie.
Lukas Podolski : Allemagne 2006, de Cologne au Bayern
Difficile de ne pas mettre Lukas Podolski dans cette liste malgré ses qualités indéniables. Car le blondinet a souvent plus donné en sélection qu’en club. Abonné aux catégories jeunes de la Mannschaft, Podolski enquille également les buts avec le FC Cologne jusqu’en 2006. Mais la Coupe du monde de la même année va le faire passer dans une autre dimension. Élu meilleur jeune de la compétition, auteur de 3 buts, Lukas est désormais convoité et présente tout l’attirail du grand espoir. Le Bayern emporte la mise pour 10 millions d’euros, mais se borne à l’installer sur le banc jusqu’en 2009, date de son retour à Cologne. De toutes les campagnes nationales et utilisé avec parcimonie par Wenger à Arsenal, Podolski reste un joueur que seul le maillot blanc exalte. Mais lui s’en fout : il est champion du monde.
Anthony Annan : Ghana 2010, de Rosenborg à Schalke 04
En 2010, la sentinelle ghanéenne se nomme Anthony Annan. Un nom qui ne dit plus grand-chose aux amateurs de ballon rond, mais qui ne disait déjà rien de bon au spécialiste du foot norvégien il y a cinq ans. Et pourtant, Annan joue les cinq matchs de l’aventure des Blacks Stars qui mènent jusqu’en quarts de finale. Une belle petite perf’ qui vaudra au natif d’Accra un joli transfert vers la Bundesliga et Schalke 04. Une vraie promotion quand on vient de Rosenborg. Le hic, c’est qu’il ne rentabilisera jamais le contrat de trois ans et demi offert par le club de la Ruhr. Le scénario est alors beaucoup moins fun. De prêt en prêt, Annan voyage. Vitesse Arnhem, Osasuna, avant de finalement se décider à squatter l’infirmerie de Schalke. Aujourd’hui, le petit Anthony n’a toujours que 27 ans. En France, on appelle ça une Abou Diaby.
Par Martin Grimberghs et Raphael Gaftarnik