Top 10 : Allemagne de l’Est

1 – Michael Ballack

Le natif de Görlitz a vu le jour vingt ans trop tôt. Intrinsèquement, Ballack est le joueur le plus doué de l’ancienne RDA. Même s’il n’a jamais porté le maillot des Azkals, le milieu de terrain de Chelsea avait tout pour faire carrière à l’Est. Robuste comme un tank soviétique, doté d’une force de frappe à faire rougir le Pacte de Varsovie, Ballack aurait été l’arme absolue dans la quête d’identité nationale.

Taux d’Ostalgie : 100% de regrets, 0% de faits. Ballack préfère les Livres londoniennes aux Marks teutons. Traître.

2 – Joachim Streich

Le chef du Politburo est-allemand vous salue. Recordman de sélections et de buts avec la squad de la DDR (55 buts en 102 sélections), Jojo était un tueur des surfaces. Formé à Rostock, il explosa au FC Magdebourg (aujourd’hui en troisième division) où il affola les compteurs avec 170 buts en dix piges. Il contribua grandement à la médaille de bronze décrochée par la RDA en 1972 à Munich. Surnommé le Gerd Müller de l’Est, Joachim était une arme de destruction massive dans la DDR-Oberliga.

Taux d’Ostalgie : 100% de fidélité au régime. Pour preuve, Streich est toujours le président de son club de coeur, le FC Magdebourg.

3 – Matthias Sammer

Le rouquin peut toujours se targuer d’être le seul joueur de l’Allemagne de l’Est à s‘être incrusté au palmarès du Ballon d’Or. Matthias étant un homme de première, il fût également le premier joueur de l’Est à intégrer l’équipe de football de l’Allemagne réunifiée. Fils d’un ancien international de la RDA, Sammer suit d’abord les traces de papa et commence sa carrière internationale chez les pauvres de l’Est. Une fois le Mur tombé, Matti est de tous les succès teutons réunifiés : Euro 1996, C1 1997 avec Dortmund. Il devient ainsi le premier défenseur à recevoir le Ballon d’Or depuis Franck Beckenbauer. Saloperie de destin.

Taux d’Ostalgie : 95% de succès en terres “ennemies”, celui que l’on surnommait “der Roter Baron” (le Baron roux) a su passer à l’Ouest quand il le fallait.

4 – Hans-Jürgen Dörner

Derrière sa crinière blonde se cachait un homme peu commode. Dur sur l’homme, le défenseur n’était pas du genre à s’encombrer d’une “carrière”. Fidèle au Dynamo Dresde durant l’intégralité de sa vie active, Dörner donna son corps pour l’équipe de la RDA. Médaille d’Or en 1976 aux JO, il emmena cinq fois son club en quarts de finale de Coupe d’Europe, excusez du peu. En bon germain, il aimait les chiffres ronds. 400 matches pour Dresde, 100 sélections pour la RDA.

Taux d’Ostalgie : 90 % de manque d’ambition en restant à vie en RDA, Dörner possède un palmarès low-cost : 5 titres de champion de DDR-Oberliga, 5 coupes. Triste.

5 – Andreas Thom

Avec Ulf Kirsten, il forma une attaque de feu dans la fin des années 80. Indiscutable au sein de l’attaque de Dresde, Thom fait figure d’épouvantail au sein d’une équipe qui rafle tout (cinq titres de champion entre 1984 et 1988). Une fois l’histoire du Mur oubliée, Andreas signe au Bayer Leverkusen avant de s’envoler au Celtic en 1995. L’âge avançant, Thom retourne aux racines du mal et revient à Berlin.

Taux d’Ostalgie : 85% de foi en son régime. Andreas comprit la supercherie et ira chercher le pognon en Ecosse.

6 – Hans-Jürgen Kreische

Encore un mec de Dresde, véritable fournisseur officiel de la DDR. Kreische n’était pas fait pour l’élégance. Un délit capillaire à faire pâlir Laurent Fournier, Häns-Jürgen empilait les buts comme les sélections (25 en 50 matches, pas dégueu). Fidèle au Dynamo durant plus de dix ans, Kreische finira sa carrière dans un anonymat général.

Taux d’Ostalgie : 80% d’amour envers le Dynamo Dresde, le reste a été gâché dans les faux papiers, les 33 tours de Queen et la Vodka.

7 – Ulf Kirsten

Le schizophrène allemand Ulf a eu deux carrières. La première entre 1983 et 1990. Un septennat passé à Dresde à dynamiter les défenses du pays sous le maillot du Dynamo et de la RDA. Puis, sentant le vent tourner, Kirsten passe à l’Ouest où il entame une nouvelle vie. La résurrection du buteur est exceptionnelle : 180 buts en 300 matches sous les couleurs du Bayer Leverkusen. Pis, il devient incontournable en Mannschaft avec 20 pions plantés en un peu plus de 50 sélections. Un monstre, puissant, trapu, bon des deux pieds.

Taux d’Ostalgie : 79% de buts estampillés RDA dans la conception. 5ème meilleur buteur de l’Histoire de la Bundesliga, sans compter ses pions marqués au Dynamo. Ça force le respect.

8 – Thomas Doll

Globe-trotter invétéré (sept clubs dans sa carrière, considérable pour l’époque), l’ancien milieu de terrain formé à Rostock fera partie de la dernière génération de joueurs à porter le maillot de la RDA. Malheureusement pour lui, il n’arrivera pas à suivre les traces de Sammer et Kirsten. Malgré un bon passage à la Lazio au milieu des années 90, Doll viendra péniblement finir sa carrière en Bundesliga (Francfort puis Hambourg).

Taux d’Ostalgie : 65% de souvenirs douloureux. Doll comprend très vite que son avenir est ailleurs. Il embrasse la carrière de coach au HSV avant de s’essayer au Borussia Dortmund. Sans succès. Actuellement en dépression sportive sur le banc de Gençlerbirligi. « La RDA ? Aucun souvenir… »

9 – Rainer Ernst

Les supporters bordelais gardent un souvenir ému du milieu de terrain allemand. En 1992, Ernst claque un triplé sur pénalty et permet aux Girondins de retrouver la première division. Rainer était comme ça, il aimait rendre service. On le comprend. Après quinze années de labeur au Dynamo Berlin, l’international est-allemand voulait voir du pays. Son vœu fut exaucé : Bordeaux pour le challenge, Cannes pour le soleil, Zurich pour planquer l’argent. Une vieille habitude.

Taux d’Ostalgie : 50% de services rendus à la Patrie. 50% de plaisir à l’étranger. Fonctionnaire.

10 – Jürgen Croy

1,90m sous la toise, Croy était un gardien de but impressionnant. Jürgen ne faisait rien comme les autres. Le portier évoluait dans un club en bois : le BSG Sachsenring Zwickau. Bien loin des ténors de l’Est comme le Dynamo Dresde, Carl Zeiss Iéna ou Magdebourg, Croy préférait la tranquillité de Zwickau. Quelques petits exploits sur sa ligne, un charisme évident, Croy figurera parmi les meilleurs gardiens de sa génération. Quelle idée de s’enterrer à Zwickau ?

Taux d’Ostalgie : 45% de fidélité à son premier amour. 55% de boulot pour la reconversion. Actuellement, Croy est directeur général de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Tourisme de Zwickau. Casanier ? A peine…

Pour les puristes, la RDA balle au pied, c’est deux médailles aux JO (Bronze en 1972, Or en 1976) et une participation au Mondial (1974 en… RFA pour une élimination au premier tour).

Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green