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Top 10 : Adieux gâchés

Par Eddy Serres
Top 10 : Adieux gâchés

Cela aurait dû être une fête pour tout le monde, ce ne fut finalement qu'un énorme bousillage. À l'image de Steven Gerrard le week-end dernier, sortant du terrain tête basse, faire ses adieux dans le milieu du foot n'est pas chose aisée. Une histoire qui en rappelle un tas d'autres. Léger florilège de sorties ratées, entre sifflets et larmes de croco'.

Steven Gerrard : Liverpool, 24 mai 2015

Dimanche après-midi, devant le multiplex de Premier League, les supporters de Liverpool priaient pour que la musique infernale annonçant un but sur l’un des terrains n’indique pas le Britannia Stadium de Stoke City. Car ce jour-là, les Reds en ont encaissé à foison (écrasés 6-1). Depuis le début de sa carrière professionnelle, Steven Gerrard, qui disputait son ultime joute avec la tunique rouge, n’avait jamais était défait par plus de 4 buts d’écart en championnat. L’homme qui a tout remporté avec son club sauf une Premier League plie donc bagage sur un cruel record. Un comble pour un type qui avait comme habitude de s’en tenir éloigné.

Paolo Maldini : Milan AC, 24 mai 2009

L’ancien grand défenseur du Milan garde assurément une impression mitigée de sa dernière apparition à San Siro. Si Maldini a été globalement salué par les tifosi présents au stade – malgré une défaite 3-2 face à la Roma -, une partie de l’enceinte (la Curva Sud, regroupant les supporters les plus radicaux) n’a pu s’empêcher de gâcher la fête. « Il n’y a qu’un seul capitaine » , pouvait-on ainsi lire sur la tribune, avec un énorme tifo floqué du numéro 6 de Franco Baresi. Comme la Curva ne fait jamais les choses à moitié, le fiston de Cesare Maldini a pu se délecter d’un autre message : « Pour tes 25 ans de carrière, tu dois te sentir reconnaissant des couleurs que tu as portées avec des mercenaires et des mendiants. » Hop-là, et c’est gratuit en plus.

Sylvain Kastendeuch : Metz, 19 mai 2001

Trois décennies de football pour finir K.O technique par un centre anodin mais puissant de Jérôme Bonnissel. Une sordide conclusion pour un homme éminent de l’histoire messine, face à Bordeaux, lors de la rencontre finale de l’année 2001. De quoi propulser le défenseur tricolore dans une profonde léthargie. « C’est dommage pour moi d’ailleurs, car le club avait prévu une grosse fête pour ma retraite, mais j’ai dû me sauver (rires) » , confessait il y a quelques mois de cela le « Laurent Blanc lorrain » . Pas de quoi anéantir son optimisme permanent pour autant : « J’aime ce côté un peu inédit, très franchement cela ne me laisse aucun regret. » Un grand bonhomme, décidément.

Frédéric Déhu : PSG, 26 mai 2004

« La fête est gâchée » , disait Fabrice Fiorèse après la Coupe de France glanée face à Châteauroux. Pourtant, c’est bien Frédéric Déhu lui-même qui se tira une bastos dans le pied. Quelques jours avant la finale, le capitaine du PSG est annoncé en partance pour Marseille. Durant la rencontre, l’ancien défenseur du Barça amasse du coup bon nombre de sifflets et insultes à chaque ballon touché. Pis, au moment de soulever le trophée devant son clan, il fond en larmes et se réfugie dans les vestiaires sous la colère des supporters parisiens. Une échappée qui représente le gaspillage de plusieurs années de capitanat et d’amour du Parc des Princes. Tout ça pour ça, quoi.

Emmanuel Adebayor : Arsenal, 10 mai 2009

« Pourquoi sifflent-ils ? Je ne sais plus quoi dire. Si, par exemple, Porto veut Adebayor, ce n’est pas la faute d’Adebayor. » Toujours avec humilité, l’attaquant togolais tentait d’expliquer le comportement de l’Emirates Stadium, qui lui envoyait une bronca lors de la sévère défaite face à Chelsea, 4-1. L’homme qui accusera plus tard sa mère de magie noire dispute alors sa dernière partie avec l’écusson des Canonniers. Une sortie gâchée après quatre années londoniennes, dont une monstrueuse saison 2007-08 (24 buts en PL). Mais c’est en septembre 2009 que le divorce atteint un point de non-retour : Adebayor, désormais à Manchester City, marque contre son ancienne écurie et traverse tout le terrain pour aller célébrer son but devant les supporters d’Arsenal. En 2012, le Togolais va jusqu’à signer chez l’ennemi juré, Tottenham. La vengeance se savoure glacée chez Manu.

Javier Zanetti : Inter Milan, 18 mai 2014

« Pupi » n’aura pas eu l’achèvement qu’il méritait. En 2013, déjà, Zanetti se pète le tendon d’Achille. Proche de la retraite, l’ex-latéral argentin décide néanmoins de continuer pour une saison supplémentaire, en dépit d’un arrêt forcé de 6 mois. Un exercice durant lequel Zanetti ne prendra part qu’à 12 rencontres, laissant son Inter finir à une bien terne 5e place de Serie A. Avec son historique numéro 4 sur le dos et le brassard au biceps, « Il Capitano » réalise ses adieux à son club de – presque – toujours par une défaite sur le terrain du Chievo Vérone (2-1). La faute à un doublé de Victor Obinna, l’un de ses anciens coéquipiers, qui plus est. Ou quand le sort s’acharne.

Zinedine Zidane : Real Madrid – Équipe de France, mai/juin 2006

Le double Z aura laissé deux images de fin dans les mémoires collectives. La première, à Madrid, où Zizou quittera le club merengue après une saison sans titre, ponctuée par un revers face à Séville en guise de match d’adieux. La seconde, plus évidente, tirée d’un soir de juillet 2006, entre une panenka, le torse de Marco et cette funeste marche en direction des vestiaires du stade olympique, sans même regarder le trophée de la Coupe du monde. Un dénouement tristement épique, quasi romantique, finalement.

Lampard : Chelsea, mai 2014

Après 13 années passées du côté de Stamford Bridge et un statut de meilleur buteur de l’histoire du club (211 buts), Frank Lampard déplore encore le peu de considération que la direction de Chelsea a daigné lui accorder. « Le manager m’a appelé durant la dernière semaine de la saison (2013-2014, ndlr) et m’a dit que le club allait me laisser partir. J’ai pris la décision comme un grand garçon. Mon seul regret est de ne pas avoir eu la chance de dire au revoir lors d’un match à la maison. J’aurais aimé avoir la chance d’annoncer mon départ et de faire mes adieux de la bonne manière. » Tant pis pour les célébrations, « Lamps » n’a pas besoin de ça pour être éternel dans le cœur des Blues.

Iker Casillas : Real Madrid, 23 mai 2015

« Allez vous faire foutre ! Fait chier, qu’ils sont lourds, putain ! Allez vous faire enculer avec vos sifflets de merde ! » Après un but concédé face à Valence il y a deux semaines, les mots du portier espagnol étaient crus et directement adressés aux supporters madrilènes, qui ne cessent de le conspuer depuis des mois. Samedi, pour ce qui était vraisemblablement son dernier match avec le Real, « San Iker » a ramassé trois fois le cuir au fond de ses filoches, tout en étant de nouveau sifflé par une partie du Bernabéu. Pas la meilleure des façons de clôturer une relation de 25 ans, faite de 3 Ligues des champions ou encore 5 titres de Liga. « Tant qu’on hait, on aime encore » , disait Alphonse Karr…

Turin et la génération Heysel : 29 mai 1985

La première coupe aux grandes oreilles remportée par la Vieille Dame (1-0 face au Liverpool de Dalglish, Rush…) aurait pu être une histoire merveilleuse à raconter. Seulement, avec les 39 cadavres retrouvés sous les grilles du stade belge, il s’agit plutôt d’un jour à oublier. À la suite de cette finale, pas moins de cinq joueurs importants de la Juve partiront : Cesare Prandelli, Zbigniew Boniek, Paolo Rossi, Beniamino Vignola ainsi que Marco Tardelli. Si ces exils ne sont pas directement liés au drame – Rossi, par exemple, sortait d’une saison très poussive -, ils n’en demeurent pas moins amers. Toujours est-il que Turin n’a pas encore fini son deuil.

Et si Riquelme n’avait pas été remplacé lors d’Allemagne-Argentine 2006 ?

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